dim 3 jan 2021
Mgr TSHIBANGU/ Témoignage: « Itinéraire intellectuel et spirituel de Mgr Tshibangu, un africain de notre temps : des sources du Lualaba/Fleuve Congo jusqu’a Kinshasa/Pool Malebo » -Par Professeur KAUMBA Lufunda
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Quand on parle de Mgr Tshibangu, un prisme communément répandu tend spontanément à voir et à regarder d’abord son état clérical pour ne considérer qu’ultérieurement son statut scientifique. Le moment est arrivé de faire appel aux opticiens pour nous amener à corriger cette perception : daltonisme ou presbytie, je ne saurais le dire.
Au Congo belge, l’école était entre les mains des missionnaires qui, charité bien ordonnée oblige, sélectionnaient les meilleurs élèves pour les orienter vers les séminaires et les destiner à la prêtrise. Il ne fallait guère en déduire que tous les séminaristes étaient des intellectuels patentés. Quelques figures éminentes s’étaient pourtant distinguées à l’époque, parmi lesquelles l’abbé Stefano Kaoze(1886-1951), l’abbé Malula (1917-1989) et l’abbé Vincent Mulago (1924-2012).Dans ce champ aux multiples fruits, Tharcisse Tshibangu sera identifié très tôt par le curé de la paroisse sainte Barbe de Kipushi, prêtre bénédictin, comme un esprit vif, curieux et plein d’imagination.
Aîné de sa famille, il avait le sens du devoir et les aptitudes d’encadrement des plus jeunes. Il anticipait sur les problèmes et prenait sans cesse des initiatives. Cela sera une constante chez lui durant toute sa formation au petit séminaire de Kapiri-Kakanda, au grand séminaire de Baudouinville/Moba, à l’Université Lovanium et à l’Université Catholique de Louvain. Toujours gai et enthousiaste, c’était un esprit positif qui savait encadrer des compagnons plus jeunes que lui dans les mouvements kiro ou scout. S’il arrive souvent que des hommes férus de recherche et de savoir soient représentés comme des individus solitaires et apathiques, l’étudiant Tshibangu est un bosseur, un chercheur-né, un lecteur infatigable, un écrivain fécond, qui s’intéresse aux cult ures locales, demeure ouvert au monde en correspondant avec les grands esprits de son époque alors qu’il n’a même pas encore de diplôme universitaire. Il ne vit pas dans une tour d’ivoire et s’efforce de mobiliser sans cesse ses camarades, ses collègues pour les conduire plus haut, plus loin, vers plus de connaissances et plus de savoirs.
Nous savons tous que les bénédictins sont des gens d’études, attachés à leurs monastères et engagés dans la conservation et la transmission de la culture classique. Saint Benoît (vers 480-547) considéré comme l’évangélisateur de l’Europe est aujourd’hui le saint patron de l’Europe, proclamé tel par le Pape Paul VI en 1964. Quand on a été nourri dès son jeune âge du lait des bénédictins, s’investir dans la culture ne saurait être une corvée. Mais, saint Benoît luttait pour la foi, ce problème ne se pose pas outre mesure pour le jeune Tshibangu, bercé par la jamaa takatifu (sainte famille) depuis sa tendre enfance. Croire semble aller de soi, le problème est celui de la promotion et la diffusion de la culture. Les bénédictins sont une bonne école, parmi les moines les plus ordonnés dans la construction, le style de vie et le sens de la recherche sur le long terme.
Parti avec ses bagages bénédictins à Baudouinville, il se frotte aux nouvelles traditions des Missionnaires d’Afrique connus sous le nom des Pères blancs, à cause de leurs tenues blanches, et qui se distinguèrent par des travaux d’ethnographie et de géographie africaines, lesquels firent d’eux des références en matière d’exploration scientifique du continent africain.
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