Ce livre est la publication de la deuxième partie de notre thèse de doctorat en philosophie.
PREFACE
 
Sans fin l’horloge de l’histoire se balance allant de droite à gauche, de gauche à droite en passant par le milieu, sans s’arrêter quelque part. La dialectique continue sa marche inexorable, se posant comme thèse, antithèse et se transcendant dans une synthèse qui devient à son tour thèse. Et la roue de l’histoire tourne !
La dynamique de la pensée, de la pratique et de la praxis humaines exige la remise en question permanente, la contestation continuelle, car le contingent est susceptible de perfectionnement.
Les idées-forces, celles qui deviennent des idéologies, surgissent comme des gouttes d’eau qui deviennent une source jaillissante, puis grossissent en rivière, en fleuve dont les flots ont la force de balayer tout sur leur passage. Telle est la puissance de l’idée, une fois engendrée elle mène sa vie propre, se renforce, grandit, survit même au cerveau qui l’a faite naître, puis décline et subit la loi de l’entropie.
Chaque idéologie se rattache à une réalité ou articule plusieurs éléments du réel : l’individu, la société, la nature, le capital, etc. Le libéralisme met l’accent sur la liberté de l’individu, sur sa capacité d’initiative, sa créativité, la force de sa volonté, sa combativité. Le socialisme valorise l’autorité de l’Etat, la justice sociale. L’écologisme se préoccupe de la préservation de l’environnement, de la conservation de la Nature et de la vie dans toutes ses formes. Le capitalisme donne la primauté au capital sur le travail, dans la production de la richesse, etc.
Lorsque la liberté humaine s’absolutise, la vie communautaire devient impossible. Chacun fait ce qu’il veut, c’est l’anarchie, le combat de chacun contre tous, qui transforme la société en une jingle où « homo homini lupus », l’homme devient un loup pour l’autre homme. Lorsque l’autorité écrase la liberté, comme ce fut le cas dans les régimes communistes, elle se prive du pouvoir de créativité, de combativité et de dynamisme que déploie l’individu lorsqu’il travaille dans la liberté. La faillite économique du communisme trouve sa cause surtout dans cette suppression de la liberté.
Le réductionnisme libéraliste supprime l’Etat, le holisme socialiste le rend inefficace et néfaste. La vérité n’est pas dans les extrêmes. « Μηςεν λγαν » disaient les grecs. Rien de trop, il faut garder la mesure !
La liberté se supprime lorsqu’elle s’absolutise, l’autorité se suicide quand elle devient dictature. La vérité est dans la dialectique qui met en dialogue l’autorité et la liberté. L’autorité devient capable de respecter et de promouvoir la liberté. Elle devient autorité-service et non plus autorité dominatrice. Une liberté véritable est celle qui respecte les autres libertés et accepte l’autorité. Connectée à d’autres libertés, formant ainsi un cerveau collectif, la liberté acquiert une grande puissance de création et d’action lui permettant de réaliser de grandes choses et de laisser sa trace dans l’histoire.
Poussé par l’appât du gain et servi par les progrès de la techno-science, le capitaliste s’est jeté dans l’exploitation anarchique des ressources naturelles, sans se soucier des perturbations que cela pouvait causer sur l’écologie et la biodiversité. L’industrie a amené de la richesse, mais, revers de la médaille, aussi la pollution de l’air et des eaux et l’effet de serre autour de notre planète, perturbant les saisons, provoquant le réchauffement de la terre, les tempêtes et orages, les inondations, etc. Comme un apprenti sorcier, l’homme est en train de scier la branche sur laquelle il est assis ! En mettant en danger la vie sur notre planète et la vie de notre planète, le capitalisme menace la vie même de l’homme. C’est contre cela que s’insurge le mouvement écologique.
Selon Albert Michel, le capitalisme, bien que préparé de longue date et plongeant ses racines tant dans « ORA ET LABORA » des monastères du Moyen-âge qui éduquèrent l’homme à l’amour du travail, aux banquiers de la Renaissance qui formèrent le capital, à la reforme protestante qui insistèrent sur l’épargne et l’investissement du surplus dans la création des entreprises au profit des pauvres, le capitalisme naît officiellement en 1791, pendant la Révolution Française lorsque les députés votent une loi abrogeant le monopole des Rois sur le commerce internationaux. Désormais, chacun était libre de se lancer dans le commerce triangulaire qui a fait la richesse des monarques, et devenir à l’intérieur de son pays propriétaire des richesses du sol et du sous-sol. Le capitalisme est né comme une révolution contre l’Etat, une victoire de la liberté sur l’autorité.
Mais, petit à petit, le libéralisme va devenir exploitation de l’homme par l’homme. Poussés par l’appât du gain, les capitalistes vont réduire les autres en esclavage et les plonger dans la misère. Les ouvriers, les femmes et même les enfants sont exploités sans vergogne. La conscience de l’humanité gronde ; des voix s’élèvent pour dénoncer la propriété privée et le libéralisme tant politique qu’économique. Les socialistes clament la primauté de l’Etat sur l’individu, de l’autorité sur la liberté. L’Etat, garant de la justice sociale, doit encadrer l’économie voire même devenir le seul détenteur des moyens de production.
En 1891, les idées socialistes ont fait du chemin. Tout le monde accepte le rôle régulateur de l’Etat dans le marché. Il est le garant de la justice distributive et de la sécurité sociale. Monsieur l’Abbé Mpala, qui a beaucoup étudié le Marxisme avant de se pencher sur l’Altermondialisme, analyse avec pertinence la critique marxiste du libéralisme ainsi que le keynésianisme. Ces deux réactions contre le capitalisme proposent des alternatives. L’extrémisme socialiste qui se concrétisera dans le communisme impose un holisme politique et économique à planification dirigiste où l’Etat devient seul propriétaire des moyens de production. La propriété privée est abrogée, considérée comme un vol. Mais le « Grand soir » promis par le socialisme vire au cauchemar. Persécution, arrestations arbitraires, tortures, camps de concentration, asiles psychiatriques étouffent toute liberté et toute créativité. L’économie socialiste, loin de faire des bonds espérés, plonge dans l’atavisme et le marasme, faute du dynamisme et de gestion saines, propres au secteur privé. L’empire soviétique craquelle et M. Gorbatchev n’aura qu’à faire le constat dans son « Perestroïka ». Il déplore l’atavisme et l’attentisme du peuple soviétique et propose des réformes. Mais l’empire s’écroule, entraînant l’auteur des réformes. L’autorité sans liberté ne peut qu’engendrer un Léviathan, un monde monstrueux.
Poussés par les idées keynésiennes, les pays occidentaux vont plutôt opérer des réformes. L’Etat encadre l’économie. Par les impôts sur revenus et des taxes multiples, il opère la redistribution des richesses. Par le système de sécurité sociale et des lois pour rendre le travail plus humaines, l’Etat protège le travailleur. L’allocation au chômage illustre le droit de chaque citoyen au travail. Mais le système n’est pas parfait. Les hausses de salaires continuelles, les impôts toujours plus élevés étranglent les opérateurs économiques, qui petit à petit vont grogner contre l’Etat-Providence et réclamer plus de marché, moins d’impôts, moins d’Etat.
Si Albert Michel place en 1991 l’avènement du capitalisme à la place de l’Etat, la Révolution néolibérale trouve son origine dans la doctrine économique de F.A. von Hayek et de la société du Mont Pelérin en 1947. Cette idéologie est l’ennemie jurée du keynésianisme. Il combat les mesures de solidarité imposées par l’Etat-Providence pour préparer les fondements d’un autre type de capitalisme dur et pur, libéré de toute règle, où seules les lois du Marché feraient l’histoire.
Mais pendant les trois décennies, de 1945-1975, appelées les « Trente glorieuses » où triomphait l’Etat-Providence qui diminuait le bénéfice des gagnants au profit des perdants, mettait en pratique des projets de développements locaux, défendait l’industrie locale, régulait le flux des capitaux et considérait la justice sociale et la fiscalité comme critères de progrès social, les idées de Hayek et de la société du Mont Pelérin furent enfermées dans les oubliettes, attendant le moment favorable pour faire surface. L’occasion vint avec le choc pétrolier et la grande crise de 1974. F.A. von Hayek et ses compagnons accusèrent les syndicats et le mouvement ouvrier d’être la cause de la crise. Leurs idées gagnèrent du terrain.
Selon le néolibéralisme, le marché est le seul maître, la seule instance de régulation politique et sociale, la seule source du bonheur et non l’Etat. La richesse est placée au-dessus de l’homme et de la vie. L’Etat encourage la paresse par la sécurité sociale au lieu de stimuler l’initiative privée, estimée valorisante pour la personne humaine. Par l’impôt, la justice sociale et la fiscalité, l’Etat décourage les audacieux. Donc il faut déréglementer, faire reculer l’Etat, réduire son champ de compétences et surtout le mettre au service des investissements privés. Il lui est reconnu seulement un rôle de répression contre les syndicats et de contrôle de l’évolution des flux monétaires. L’Etat doit s’abstenir des dépenses sociales, d’interventions économiques et restaurer un taux naturel de chômage pour affaiblir les syndicats. Les réformes fiscales doivent être introduites pour réduire les impôts sur les revenus les plus élevés et les produits des sociétés pour inciter à épargner et à investir.
Mais c’est avec l’arrivée de Margaret Thatcher en 1979 et celle de Ronald Reagan en 1980 que sont officiellement appliquées les idées néolibérales. Le triomphe de ce modèle engendrera la mondialisation néolibérale.
Alors qu’entre les deux guerres mondiales le Président F. Roosevelt fut gagné par les idées keynésiennes et qu’en 1945 les Institutions de Bretton Woods furent constituées dans cette philosophie et le plan Marshall exécuté dans cet esprit, une véritable conversion épistémologique s’est emparée de l’Amérique de Reagan, de la Grande Bretagne de Margaret Thatcher et des institutions internationales, installées sur le sol américains pour la plupart. Leurs alliés européens, asiatiques et africains n’osent manifester une résistance. C’est ainsi que les gouvernements, les transnationales et les institutions mondiales deviennent des instruments au service de la mondialisation néolibérale, qui impose aux pays du Sud des réformes structurelles, des disciplines budgétaires, des réformes fiscales, des redéfinitions des priorités en matières des dépenses publiques, des libéralisations des taux d’intérêts, du commerce et des investissements étrangers, des taux de change compétitif, des privatisations, des déréglementations, les droits de propriété pour les transnationales au détriment des premiers occupants.
Les nouvelles technologies de l’information et de la communication, en transformant le monde en village planétaire, jouent un grand rôle dans la mondialisation. Celle-ci articule plusieurs interdépendances quant à la production, aux échanges, au commerce et aux marchés financiers.
Dans la production, il y a disparition des frontières géographiques et abaissement des barrières tarifaires. Mues par la logique du profit maximal, les transnationales opèrent des délocalisations. Concernant les échanges et le commerce il y a une intégration mondiale facilitée par des changements politiques visant à promouvoir l’efficacité économique et l’instauration de la libéralisation et de la déréglementation des marchés nationaux, le désengagement de l’Etat de plusieurs activités économiques, la restauration de l’Etat-Providence et les innovations technologiques.
La première guerre du Golf, baptisée « Tempête du désert » en 1991, en pleine période de l’implosion soviétique, instaure un ordre mondial nouveau où les Etats-Unis deviennent les maîtres incontestés de la Planète. Mais comme jadis Rome après la chute de Carthage, l’Empire américain (et alliés) doit se créer un ennemi fictif qui lui permet de survivre, les nouveaux barbares du Sud, qu’il faut contenir chez eux par une politique stricte de l’immigration. Comme jadis, les barbares sont divisés en trois zones : les limitrophes à l’égard de qui on applique la politique du bâton et de la carotte, les réserves des matières premières surveillées étroitement par les satellites de l’empire et la zone des ombres abandonnée à la misère et à la mort. La mondialisation, c’est le droit que s’octroient les maîtres du monde de piller les richesses de la Planète, écrasant la vie des millions des personnes.
C’est dans ce contexte qu’il faut situer les deux guerres du Congo qui ont fait quatre millions de morts et plus de dix millions d’infestés de SIDA. Il était question de prendre les matières premières du pays, dont le coltan indispensable dans la télécommunication, pour la construction de la station spatiale internationale qui devait remplacer la station soviétique MIR, devenue obsolète. Le maître d’œuvre de cette entreprise macabre faut une transnationale qui armera trois pays voisins pour envahir le Congo sous des prétextes politiques fallacieux de chasser un dictateur…
Mais heureusement, comme il fallait s’y attendre, l’humanité a en elle des réserves d’énergies qui lui permettent de réagir pour mettre la pendule à l’heure. Ici c’est le mouvement altermondialiste.
 L’Auteur de ce livre, grâce à l’Internet, a suivi de près les Forums sociaux Mondiaux (FSM). Avec pertinence et efficacité, il en a dégagé l’idéologie, montré sa fécondité et ses limites.
L’altermondialisme se présente comme une idéologie de la complexité, au sens d’Edgar Morin. Elle lutte pour la liberté de l’individu, les droits des l’Homme et des peuples, l’autorité de l’Etat qui doit assurer la justice et la protection sociales, la conservation de la nature, source de toute vie. Plutôt que de les séparer, l’Altermondialisme, dans une logique d’inclusion, articule, l’Homme, la société et la Nature.
Au slogan de Margaret Thatcher « There is not alternatif » (TINA), « Il n’y a pas d’alternative au néolibéralisme », l’Altermondialisme oppose un autre slogan « Un autre monde est possible », un monde où les droits de l’homme et le souci de la vie seraient au-dessus du grand marché mondial unique, intégré et autorégulateur. Le néolibéralisme a trouvé des ressorts pour relancer la croissance économique, mais il ne se soucie pas de distribuer équitablement ses fruits. Cette croissance économique aggrave la fracture sociale entre les riches et les pauvres. Elle s’accompagne de la pauvreté, de l’insécurité alimentaire, de la perte de l’emploi et de la sécurité sociale. Elle provoque l’endettement d’un côté et l’enrichissement de l’autre. L’appât du gain provoque la destruction de la nature, accélère l’effet de serre qui risque de précipiter la mort de notre planète. Trop de gain tue la vie ! L’altermondialisme refuse la pensé unique, le laminage des cultures et dénonce les effets incontrôlés de la techno-science. Il catalyse l’opposition contre les conférences des Davos, celles des pays les plus riches de la planète, le G8 ; contre les grandes organisations internationales comme la Banque Mondiale ( B.M), le Fonds Monétaire International (FMI), l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), l’Organisation Atlantique Nord (OTAN), le veto à l’ONU…et contre les Transnationales, pour les forcer à changer de vision du monde. Le Manifeste du Porto Alegre, capitale de la démocratie participative et du Budget participatif, exige une mondialisation au visage humain, basée sur la fraternité, la solidarité, l’égalité entre l’homme et la femme et le respect de la Nature. Elle combat la dette extérieure qui étrangle les pays pauvres, les privatisations qui tuent l’Etat, les bas salaires qui enlèvent toute dignité à l’homme. Elle lutte contre le racisme, les violences sexuelles faites à la femme, la destruction de l’environnement, la transformation de l’atmosphère, l’eau, la terre et les êtres humains en marchandises : « Le monde n’est pas à vendre ! ». Elle clame la primauté de la vie et de la santé sur l’économie.
L’Altermondialisme est apolitique, il coordonne la Société Civile Mondiale, non pour prendre le pouvoir mais pour forcer les décideurs politiques et économiques à corriger les effets négatifs de la mondialisation. Idéologie de synthèse et de complexité, l’Altermondialisme nous interpelle. L’humanité doit garder et synthétiser les différents héritages. L’héritage du libéralisme : la liberté de l’individu est la principale source du développement. Mais trop de liberté tue la liberté. L’héritage du socialisme : l’Etat doit encadrer l’économie, mais trop d’Etat tue l’Etat. L’héritage de keynésianisme de l’Etat-Providence, mais trop de paternalisme provoque l’attentisme. L’héritage néolibéral : trop d’impôt asphyxie l’économie. L’héritage du mouvement écologique : trop de gain tue la vie. L’exploitation effrénée du sol, du sous-sol provoque la désertification, les pertes de la biodiversité, le réchauffement de la planète et les catastrophes naturelles.
J’espère que cet ouvrage deviendra le livre de chevet de chaque congolais et de chaque africain, désireux de comprendre la marche actuelle du monde, de l’Afrique et du Congo. Nos peuples, organisés sous l’égide de l’Altermondialisme, deviendraient peut-être un appui solide pour pousser nos dirigeants, écrasés entre le marteau et l’enclume, à ruser avec la mondialisation pour éviter que continue le pillage éhonté de nos richesses, le déplacement et l’expropriation de notre peuple par les Transnationales Minières. En lisant ce livre, j’ai le pressentiment que la liste des martyrs n’est pas encore close au Congo. Après Lumumba et Kabila, d’autres encore risqueront de verser leur sang sur l’Autel de l’impérialisme néolibéral.
L’Altermondialisme est un humanisme, mais un humanisme sans transcendance. L’homme n’est pleinement homme aux yeux d’un autre homme qu’en présence de la Transcendance qui les subsume. La métaphysique vive donnerait un socle plus solide sur lequel se fonderait les Droits de l’Homme, le respect de l’Autorité de l’Etat et la conservation de la Nature. C’est le même mouvement qui nous transporte dans l’Adoration de Dieu, la Vénération de l’Homme et le Respect de la Nature !
 
                                                             Professeur NKOMBE Oleko
 
 
Etudes
__________________________________________
MPALA Mbabula Louis
 
 
 
 
L'ALTERMONDIALISME A L’ASSAUT DE LA MONDIALISATION
REGARD CRITIQUE
 
 
Préface du Pr NKOMBE Oleko
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
EDITIONS MPALA
LUBUMBASHI
 
 
 
Quelques publications de MPALA  Mbabula Louis aux Editions MPALA
 
1-Que dit la Bible sur la consultation de devin ? 1990
2-Où est  Dieu ? Essai philosophico-théologique sur la souffrance 1990
3-Quel discours pour quel développement ? De la philosophie de la conversion mentale (en collaboration avec MISENGA Nkongolo et BADIBANGA Mputu) 1991
4-Les béatitudes pour qui et pourquoi faire ? 1991
5-Du découpage du Katanga 1992
6-À propos matérialisme dialectiques et de ses lois 1992
7-Où est l’homme ? Essai sur l’hypocrisie 1992
8-Du royaume de Dieu sur la terre katangaise. Vol.1 1993
9-Le chrétien face à la politique ou l’éducation à la révolution intégrale 1993
10-Attention à la démocratie consociative du philosophe IRUNG Tshitambal ! 1994
11-Bioéthique biblique ou appel à la conscience humaine 1995
12-Science et foi ou appel à la maturité humaine. Préface de KASAMWA Tuseko 1995
13-Education à la conscience et à la raison. Introduction à la philosophie de Masada 1995
14-Lecture matérialiste de « La philosophie bantoue » de Placide TEMPELS. Préface de MAYELE Ilo  1999,  
       2000
15-Critique de l’anthropologie philosophique de Karl  MARX 1999
16-Actualité et limites de la Bolingocratie du Philosophe MVU MBI 2000
17-La dialectique : de Héraclite d’Ephèse à Georges Gurvitch 2000
18-Philosophie pour tous. Cours d’introduction à la philosophie, 2000, 2002
19-La dialectique comme méthode de recherche scientifique 2001
20-Pour vous chercheur. Directives pour rédiger un travail scientifique. Préface de NGOIE Mafuta2001
21 « Hors-jeu » pour le philosophe MABASI. Etude critique de « Science et philosophie en Afrique » 2002 et en ligne (Internet)
22-L’histoire a-t-elle un sens ? Petite introduction à la philosophie de l’histoire de Karl MARX et de Friedrich ENGELS 2002
23-La conception du travail chez Karl MARX. Préface critique de Tom ROCKMORE2002
24-Pouvoir et limites de la raison. Cours d’histoire de la philosophie moderne occidentale 2002
25-Euthanasie : pour ou contre ? Approche philosophique. Préface de Maurice CAILLET2002 en ligne (Internet)
26-La passion de connaître et la recherche du bonheur. Cours d’histoire de la philosophie antique 2003
27- A quand « L’identité post-tribale au Congo-Kinshasa » de Malemba ? 2004
28-Petite introduction aux sources d’information. Préface de E. BANYWESIZE2005
29-Pour vous chercheur. Directives pour rédiger un travail scientifique suivi de Recherche scientifique sur Internet 2006
©EDITIONS MPALA, Lubumbashi, 2007
Dépôt   légal Numéro  02.20.2007.57 1er trimestre
Tél 0997021002                     0815475142
E-mail : abbelouismpala@yahoo.fr
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
A son Excellence DIKANGA Kazadi et au Professeur Ordinaire KAUMBA Lufunda pour m’avoir aidé à réaliser le projet de réfléchir et d’écrire sur la mondialisation et l’altermondialisme.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
REMERCIEMENTS
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Je remercie toutes les personnes qui m’ont aidé à franchir un pas scientifique qui me permet de détenir un doctorat en philosophie. Particulièrement je pense au Professeur Ordinaire Kaumba Lufunda, au Professeur Ordinaire Nkombe Oleko et au Professeur Ngoi-Mukena.
Je suis encore reconnaissant envers le Professeur Ordinaire Nkombe Oleko qui a accepté de préfacer cet essai. L’étudiant Vénance Mwenda mérite aussi mes remerciements pour avoir saisi ce texte
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
ABREVIATIONS ET SIGLES
 
 
 
ABONG : Associaçâo Brasileira de Organizaçôes Nâo Governamentais (Association   Brésilienne des ONG)
AGCS : Accord Général sur le Commerce des Services
AIT : Association Internationales des Travailleurs
AMI : Accord Multilatéral sur l’Investissement
ASEAN : Association of South East Asian Nations (Association des Nations du Sud Est Asiatique)
ATTAC : Association pour une Taxation des Transactions financières pour l’Aide aux Citoyens
BM : Banque Mondiale
CBJP : Commission Brésilienne de Justice et de Paix (du conseil national des Evêques)
CEDEAO : Comité Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest
CI : Conseil International du Forum Social Mondial
CIVES : Association Brésilienne des Entrepreneurs pour la Citoyenneté
CNCUCED : Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement
CRID : Centre de Recherche et d’Information pour le Développement
CUT : Centrale Unique des Travailleurs
FSE : Forum Social Européen
FSM : Forum Social Mondial
IBASE : Institut Brésilien d’Analyses Sociales et Economiques
IR : Internationale de Résistance
MERCOSUR : Marché Commun Sud Américain
MST : Mouvement des travailleurs Sans Terre
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique
OGM : Organisme Génétiquement Modifié
OIT : Organisation Internationale du Travail
OME : Organisation Mondiale de l’Environnement.
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
ONU : Organisation des Nations Unies
ORD : Organe de Règlement des Différends
SADC: Southern African Developpment Community
TINA: There is No Alternative.
 
 
PREFACE
 
Sans fin l’horloge de l’histoire se balance allant de droite à gauche, de gauche à droite en passant par le milieu, sans s’arrêter quelque part. La dialectique continue sa marche inexorable, se posant comme thèse, antithèse et se transcendant dans une synthèse qui devient à son tour thèse. Et la roue de l’histoire tourne !
La dynamique de la pensée, de la pratique et de la praxis humaines exige la remise en question permanente, la contestation continuelle, car le contingent est susceptible de perfectionnement.
Les idées-forces, celles qui deviennent des idéologies, surgissent comme des gouttes d’eau qui deviennent une source jaillissante, puis grossissent en rivière, en fleuve dont les flots ont la force de balayer tout sur leur passage. Telle est la puissance de l’idée, une fois engendrée elle mène sa vie propre, se renforce, grandit, survit même au cerveau qui l’a faite naître, puis décline et subit la loi de l’entropie.
Chaque idéologie se rattache à une réalité ou articule plusieurs éléments du réel : l’individu, la société, la nature, le capital, etc. Le libéralisme met l’accent sur la liberté de l’individu, sur sa capacité d’initiative, sa créativité, la force de sa volonté, sa combativité. Le socialisme valorise l’autorité de l’Etat, la justice sociale. L’écologisme se préoccupe de la préservation de l’environnement, de la conservation de la Nature et de la vie dans toutes ses formes. Le capitalisme donne la primauté au capital sur le travail, dans la production de la richesse, etc.
Lorsque la liberté humaine s’absolutise, la vie communautaire devient impossible. Chacun fait ce qu’il veut, c’est l’anarchie, le combat de chacun contre tous, qui transforme la société en une jingle où « homo homini lupus », l’homme devient un loup pour l’autre homme. Lorsque l’autorité écrase la liberté, comme ce fut le cas dans les régimes communistes, elle se prive du pouvoir de créativité, de combativité et de dynamisme que déploie l’individu lorsqu’il travaille dans la liberté. La faillite économique du communisme trouve sa cause surtout dans cette suppression de la liberté.
Le réductionnisme libéraliste supprime l’Etat, le holisme socialiste le rend inefficace et néfaste. La vérité n’est pas dans les extrêmes. « Μηςεν λγαν » disaient les grecs. Rien de trop, il faut garder la mesure !
La liberté se supprime lorsqu’elle s’absolutise, l’autorité se suicide quand elle devient dictature. La vérité est dans la dialectique qui met en dialogue l’autorité et la liberté. L’autorité devient capable de respecter et de promouvoir la liberté. Elle devient autorité-service et non plus autorité dominatrice. Une liberté véritable est celle qui respecte les autres libertés et accepte l’autorité. Connectée à d’autres libertés, formant ainsi un cerveau collectif, la liberté acquiert une grande puissance de création et d’action lui permettant de réaliser de grandes choses et de laisser sa trace dans l’histoire.
Poussé par l’appât du gain et servi par les progrès de la techno-science, le capitaliste s’est jeté dans l’exploitation anarchique des ressources naturelles, sans se soucier des perturbations que cela pouvait causer sur l’écologie et la biodiversité. L’industrie a amené de la richesse, mais, revers de la médaille, aussi la pollution de l’air et des eaux et l’effet de serre autour de notre planète, perturbant les saisons, provoquant le réchauffement de la terre, les tempêtes et orages, les inondations, etc. Comme un apprenti sorcier, l’homme est en train de scier la branche sur laquelle il est assis ! En mettant en danger la vie sur notre planète et la vie de notre planète, le capitalisme menace la vie même de l’homme. C’est contre cela que s’insurge le mouvement écologique.
Selon Albert Michel, le capitalisme, bien que préparé de longue date et plongeant ses racines tant dans « ORA ET LABORA » des monastères du Moyen-âge qui éduquèrent l’homme à l’amour du travail, aux banquiers de la Renaissance qui formèrent le capital, à la reforme protestante qui insistèrent sur l’épargne et l’investissement du surplus dans la création des entreprises au profit des pauvres, le capitalisme naît officiellement en 1791, pendant la Révolution Française lorsque les députés votent une loi abrogeant le monopole des Rois sur le commerce internationaux. Désormais, chacun était libre de se lancer dans le commerce triangulaire qui a fait la richesse des monarques, et devenir à l’intérieur de son pays propriétaire des richesses du sol et du sous-sol. Le capitalisme est né comme une révolution contre l’Etat, une victoire de la liberté sur l’autorité.
Mais, petit à petit, le libéralisme va devenir exploitation de l’homme par l’homme. Poussés par l’appât du gain, les capitalistes vont réduire les autres en esclavage et les plonger dans la misère. Les ouvriers, les femmes et même les enfants sont exploités sans vergogne. La conscience de l’humanité gronde ; des voix s’élèvent pour dénoncer la propriété privée et le libéralisme tant politique qu’économique. Les socialistes clament la primauté de l’Etat sur l’individu, de l’autorité sur la liberté. L’Etat, garant de la justice sociale, doit encadrer l’économie voire même devenir le seul détenteur des moyens de production.
En 1891, les idées socialistes ont fait du chemin. Tout le monde accepte le rôle régulateur de l’Etat dans le marché. Il est le garant de la justice distributive et de la sécurité sociale. Monsieur l’Abbé Mpala, qui a beaucoup étudié le Marxisme avant de se pencher sur l’Altermondialisme, analyse avec pertinence la critique marxiste du libéralisme ainsi que le keynésianisme. Ces deux réactions contre le capitalisme proposent des alternatives. L’extrémisme socialiste qui se concrétisera dans le communisme impose un holisme politique et économique à planification dirigiste où l’Etat devient seul propriétaire des moyens de production. La propriété privée est abrogée, considérée comme un vol. Mais le « Grand soir » promis par le socialisme vire au cauchemar. Persécution, arrestations arbitraires, tortures, camps de concentration, asiles psychiatriques étouffent toute liberté et toute créativité. L’économie socialiste, loin de faire des bonds espérés, plonge dans l’atavisme et le marasme, faute du dynamisme et de gestion saines, propres au secteur privé. L’empire soviétique craquelle et M. Gorbatchev n’aura qu’à faire le constat dans son « Perestroïka ». Il déplore l’atavisme et l’attentisme du peuple soviétique et propose des réformes. Mais l’empire s’écroule, entraînant l’auteur des réformes. L’autorité sans liberté ne peut qu’engendrer un Léviathan, un monde monstrueux.
Poussés par les idées keynésiennes, les pays occidentaux vont plutôt opérer des réformes. L’Etat encadre l’économie. Par les impôts sur revenus et des taxes multiples, il opère la redistribution des richesses. Par le système de sécurité sociale et des lois pour rendre le travail plus humaines, l’Etat protège le travailleur. L’allocation au chômage illustre le droit de chaque citoyen au travail. Mais le système n’est pas parfait. Les hausses de salaires continuelles, les impôts toujours plus élevés étranglent les opérateurs économiques, qui petit à petit vont grogner contre l’Etat-Providence et réclamer plus de marché, moins d’impôts, moins d’Etat.
Si Albert Michel place en 1991 l’avènement du capitalisme à la place de l’Etat, la Révolution néolibérale trouve son origine dans la doctrine économique de F.A. von Hayek et de la société du Mont Pelérin en 1947. Cette idéologie est l’ennemie jurée du keynésianisme. Il combat les mesures de solidarité imposées par l’Etat-Providence pour préparer les fondements d’un autre type de capitalisme dur et pur, libéré de toute règle, où seules les lois du Marché feraient l’histoire.
Mais pendant les trois décennies, de 1945-1975, appelées les « Trente glorieuses » où triomphait l’Etat-Providence qui diminuait le bénéfice des gagnants au profit des perdants, mettait en pratique des projets de développements locaux, défendait l’industrie locale, régulait le flux des capitaux et considérait la justice sociale et la fiscalité comme critères de progrès social, les idées de Hayek et de la société du Mont Pelérin furent enfermées dans les oubliettes, attendant le moment favorable pour faire surface. L’occasion vint avec le choc pétrolier et la grande crise de 1974. F.A. von Hayek et ses compagnons accusèrent les syndicats et le mouvement ouvrier d’être la cause de la crise. Leurs idées gagnèrent du terrain.
Selon le néolibéralisme, le marché est le seul maître, la seule instance de régulation politique et sociale, la seule source du bonheur et non l’Etat. La richesse est placée au-dessus de l’homme et de la vie. L’Etat encourage la paresse par la sécurité sociale au lieu de stimuler l’initiative privée, estimée valorisante pour la personne humaine. Par l’impôt, la justice sociale et la fiscalité, l’Etat décourage les audacieux. Donc il faut déréglementer, faire reculer l’Etat, réduire son champ de compétences et surtout le mettre au service des investissements privés. Il lui est reconnu seulement un rôle de répression contre les syndicats et de contrôle de l’évolution des flux monétaires. L’Etat doit s’abstenir des dépenses sociales, d’interventions économiques et restaurer un taux naturel de chômage pour affaiblir les syndicats. Les réformes fiscales doivent être introduites pour réduire les impôts sur les revenus les plus élevés et les produits des sociétés pour inciter à épargner et à investir.
Mais c’est avec l’arrivée de Margaret Thatcher en 1979 et celle de Ronald Reagan en 1980 que sont officiellement appliquées les idées néolibérales. Le triomphe de ce modèle engendrera la mondialisation néolibérale.
Alors qu’entre les deux guerres mondiales le Président F. Roosevelt fut gagné par les idées keynésiennes et qu’en 1945 les Institutions de Bretton Woods furent constituées dans cette philosophie et le plan Marshall exécuté dans cet esprit, une véritable conversion épistémologique s’est emparée de l’Amérique de Reagan, de la Grande Bretagne de Margaret Thatcher et des institutions internationales, installées sur le sol américains pour la plupart. Leurs alliés européens, asiatiques et africains n’osent manifester une résistance. C’est ainsi que les gouvernements, les transnationales et les institutions mondiales deviennent des instruments au service de la mondialisation néolibérale, qui impose aux pays du Sud des réformes structurelles, des disciplines budgétaires, des réformes fiscales, des redéfinitions des priorités en matières des dépenses publiques, des libéralisations des taux d’intérêts, du commerce et des investissements étrangers, des taux de change compétitif, des privatisations, des déréglementations, les droits de propriété pour les transnationales au détriment des premiers occupants.
Les nouvelles technologies de l’information et de la communication, en transformant le monde en village planétaire, jouent un grand rôle dans la mondialisation. Celle-ci articule plusieurs interdépendances quant à la production, aux échanges, au commerce et aux marchés financiers.
Dans la production, il y a disparition des frontières géographiques et abaissement des barrières tarifaires. Mues par la logique du profit maximal, les transnationales opèrent des délocalisations. Concernant les échanges et le commerce il y a une intégration mondiale facilitée par des changements politiques visant à promouvoir l’efficacité économique et l’instauration de la libéralisation et de la déréglementation des marchés nationaux, le désengagement de l’Etat de plusieurs activités économiques, la restauration de l’Etat-Providence et les innovations technologiques.
La première guerre du Golf, baptisée « Tempête du désert » en 1991, en pleine période de l’implosion soviétique, instaure un ordre mondial nouveau où les Etats-Unis deviennent les maîtres incontestés de la Planète. Mais comme jadis Rome après la chute de Carthage, l’Empire américain (et alliés) doit se créer un ennemi fictif qui lui permet de survivre, les nouveaux barbares du Sud, qu’il faut contenir chez eux par une politique stricte de l’immigration. Comme jadis, les barbares sont divisés en trois zones : les limitrophes à l’égard de qui on applique la politique du bâton et de la carotte, les réserves des matières premières surveillées étroitement par les satellites de l’empire et la zone des ombres abandonnée à la misère et à la mort. La mondialisation, c’est le droit que s’octroient les maîtres du monde de piller les richesses de la Planète, écrasant la vie des millions des personnes.
C’est dans ce contexte qu’il faut situer les deux guerres du Congo qui ont fait quatre millions de morts et plus de dix millions d’infestés de SIDA. Il était question de prendre les matières premières du pays, dont le coltan indispensable dans la télécommunication, pour la construction de la station spatiale internationale qui devait remplacer la station soviétique MIR, devenue obsolète. Le maître d’œuvre de cette entreprise macabre faut une transnationale qui armera trois pays voisins pour envahir le Congo sous des prétextes politiques fallacieux de chasser un dictateur…
Mais heureusement, comme il fallait s’y attendre, l’humanité a en elle des réserves d’énergies qui lui permettent de réagir pour mettre la pendule à l’heure. Ici c’est le mouvement altermondialiste.
 L’Auteur de ce livre, grâce à l’Internet, a suivi de près les Forums sociaux Mondiaux (FSM). Avec pertinence et efficacité, il en a dégagé l’idéologie, montré sa fécondité et ses limites.
L’altermondialisme se présente comme une idéologie de la complexité, au sens d’Edgar Morin. Elle lutte pour la liberté de l’individu, les droits des l’Homme et des peuples, l’autorité de l’Etat qui doit assurer la justice et la protection sociales, la conservation de la nature, source de toute vie. Plutôt que de les séparer, l’Altermondialisme, dans une logique d’inclusion, articule, l’Homme, la société et la Nature.
Au slogan de Margaret Thatcher « There is not alternatif » (TINA), « Il n’y a pas d’alternative au néolibéralisme », l’Altermondialisme oppose un autre slogan « Un autre monde est possible », un monde où les droits de l’homme et le souci de la vie seraient au-dessus du grand marché mondial unique, intégré et autorégulateur. Le néolibéralisme a trouvé des ressorts pour relancer la croissance économique, mais il ne se soucie pas de distribuer équitablement ses fruits. Cette croissance économique aggrave la fracture sociale entre les riches et les pauvres. Elle s’accompagne de la pauvreté, de l’insécurité alimentaire, de la perte de l’emploi et de la sécurité sociale. Elle provoque l’endettement d’un côté et l’enrichissement de l’autre. L’appât du gain provoque la destruction de la nature, accélère l’effet de serre qui risque de précipiter la mort de notre planète. Trop de gain tue la vie ! L’altermondialisme refuse la pensé unique, le laminage des cultures et dénonce les effets incontrôlés de la techno-science. Il catalyse l’opposition contre les conférences des Davos, celles des pays les plus riches de la planète, le G8 ; contre les grandes organisations internationales comme la Banque Mondiale ( B.M), le Fonds Monétaire International (FMI), l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), l’Organisation Atlantique Nord (OTAN), le veto à l’ONU…et contre les Transnationales, pour les forcer à changer de vision du monde. Le Manifeste du Porto Alegre, capitale de la démocratie participative et du Budget participatif, exige une mondialisation au visage humain, basée sur la fraternité, la solidarité, l’égalité entre l’homme et la femme et le respect de la Nature. Elle combat la dette extérieure qui étrangle les pays pauvres, les privatisations qui tuent l’Etat, les bas salaires qui enlèvent toute dignité à l’homme. Elle lutte contre le racisme, les violences sexuelles faites à la femme, la destruction de l’environnement, la transformation de l’atmosphère, l’eau, la terre et les êtres humains en marchandises : « Le monde n’est pas à vendre ! ». Elle clame la primauté de la vie et de la santé sur l’économie.
L’Altermondialisme est apolitique, il coordonne la Société Civile Mondiale, non pour prendre le pouvoir mais pour forcer les décideurs politiques et économiques à corriger les effets négatifs de la mondialisation. Idéologie de synthèse et de complexité, l’Altermondialisme nous interpelle. L’humanité doit garder et synthétiser les différents héritages. L’héritage du libéralisme : la liberté de l’individu est la principale source du développement. Mais trop de liberté tue la liberté. L’héritage du socialisme : l’Etat doit encadrer l’économie, mais trop d’Etat tue l’Etat. L’héritage de keynésianisme de l’Etat-Providence, mais trop de paternalisme provoque l’attentisme. L’héritage néolibéral : trop d’impôt asphyxie l’économie. L’héritage du mouvement écologique : trop de gain tue la vie. L’exploitation effrénée du sol, du sous-sol provoque la désertification, les pertes de la biodiversité, le réchauffement de la planète et les catastrophes naturelles.
J’espère que cet ouvrage deviendra le livre de chevet de chaque congolais et de chaque africain, désireux de comprendre la marche actuelle du monde, de l’Afrique et du Congo. Nos peuples, organisés sous l’égide de l’Altermondialisme, deviendraient peut-être un appui solide pour pousser nos dirigeants, écrasés entre le marteau et l’enclume, à ruser avec la mondialisation pour éviter que continue le pillage éhonté de nos richesses, le déplacement et l’expropriation de notre peuple par les Transnationales Minières. En lisant ce livre, j’ai le pressentiment que la liste des martyrs n’est pas encore close au Congo. Après Lumumba et Kabila, d’autres encore risqueront de verser leur sang sur l’Autel de l’impérialisme néolibéral.
L’Altermondialisme est un humanisme, mais un humanisme sans transcendance. L’homme n’est pleinement homme aux yeux d’un autre homme qu’en présence de la Transcendance qui les subsume. La métaphysique vive donnerait un socle plus solide sur lequel se fonderait les Droits de l’Homme, le respect de l’Autorité de l’Etat et la conservation de la Nature. C’est le même mouvement qui nous transporte dans l’Adoration de Dieu, la Vénération de l’Homme et le Respect de la Nature !
 
                                                             Professeur NKOMBE Oleko
 
AVANT-PROPOS
L’Altermondialisme à l’assaut de la mondialisation, tel est le titre de notre essai[1]. Cet essai reprend toute la deuxième partie et y ajoute le chapitre consacré au Regard critique. Ce dernierestle sous-titre de notre livre.
Par cette publication je voudrais contribuer à la lutte pour l’avènement d’un autre monde possible plus juste. Celui-ci ne peut être « engendré » que grâce à une exigence, celle de  penser autrement la manière d’habiter le monde.  Ce « penser autrement » nous permettra d’élaborer une  nouvelle philosophie de l’histoire. Ainsi, saurons-nous actualiser cet « autre monde possible  plus juste » par un modèle démocratique participatif et prosôponiste basé sur un nouveau paradigme, à savoir  le paradigme de la rencontre. Telle est ma thèse.
Comme d’aucuns peuvent le deviner, cet essai nous met sur la voie nous conduisant à la réalisation de ma thèse.
Je soutiens que la mondialisation et l’altermondialisme sont deux visions du monde différentes ou mieux elles constituent deux philosophies de l’histoire différentes. La mondialisation néolibérale- puisque c’est d’elle qu’il s’agit dans mon essai- prend le marché (vivant de la concurrence) pour une instance de régulation politique et sociale. De ce fait, le marché, pour la mondialisation néolibérale, devient le moteur de l’histoire. S’il en est ainsi, le  sens de l’histoire n’est rien d’autre que l’évolution inévitable vers la constitution du grand marché mondial unique, intégré et autorégulateur. C’est contre cette philosophie de l’histoire que l’altermondialisme s’oppose et va en guerre en en proposant une autre. Celle-ci voit en la  lutte pour la reconnaissance le moteur de l’histoire et le  sens de l’histoire est dans la réalisation d’ « un autre monde possible ».
Ces deux philosophies de l’histoire charrient deux projets de société différents, et ce du point de vue politique, économique, social et culturel.
A travers ces deux philosophies de l’histoire et projets de sociétés, c’est l’homme  qui est  en jeu. En d’autres termes, ce sont deux conceptions de l’homme qui s’affrontent à travers les hommes.
Toutefois, me considérant comme un des héritiers critiques de Karl Marx, je voudrais être pris pour un altermondialiste critique et non fanatique. Ceci étant, mon  Regard critique  relèvera les mérites et les limites de l’altermondialisme, et ce depuis 1996 à 2006. C’est de ce façon critique, je pense, que l’on peut aider l’altermondialisme à venir à bout, un jour (lequel ?), de la mondialisation néolibérale. Faute de quoi il risque de sombrer comme le marxisme.
     Je dois avouer qu’en République Démocratique du Congo l’altermondialisme serait le bienvenu pour une meilleure lutte contre les multinationales vampires.
Mon souhait, à la suite du Professeur Nkombe Oleko, est de voir cet ouvrage devenir le livre de chevet de chaque congolais et de chaque africain, désireux de comprendre la marche actuelle du monde, de l’Afrique et du Congo. Il y va de notre survie.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
INTRODUCTION
 
La mondialisation néolibérale et l’altermondialisme sont deux paradigmes en compétition. Autre face accompagnant la mondialisation, l’altermondialisme monte à l’assaut de la mondialisation. Sans nier la mondialisation, l’altermondialisme se veut « une autre mondialisation » pour « un autre monde possible ». Dans sa lutte contre la mondialisation néolibérale, l’altermondialisme n’est pas loin d’une  utopie, car « tout comme l’utopie, le mouvement altermondialiste prend en compte un projet de société différent »[2]. C’est ici que le concept  utopie  doit être explicité. D’après Michèle Riot-Sarcey, « l’utopie est inscrite dans le présent politique et permet d’éclairer la tension permanente entre les mots censés exprimer une réalité face à un réel rétif à l’imposition d’une signification dominante. En d’autres termes,  la prise en compte de l’écart, entre ce qui est et ce qui est censé être, permet l’intelligibilité de l’histoire dans le concret de son élaboration. Plus que la politique -dont les règles consistent à prévenir le désordre-,  l’utopie répond aux demandes, déplaçant les limites de l’ordre existant. Elle n’apparaît insolite que parce qu’elle met en cause le donné de l’histoire »[3]. Cette définition de l’utopie rejoint la finalité du projet altermondialiste. Identifié à une forme d’utopie, l’altermondialisme vise le changement du monde en transformant la mondialisation néolibérale en une mondialisation à visage humain. Pour y arriver, il propose des alternatives préfigurant un autre monde idéal de société. Voilà qui anoblit la lutte altermondialiste.
Comme toute utopie, l’altermondialisme est porteur d’un principe d’espérance. « Or, une des caractéristiques fondamentales de ce principe c’est que, même décliné de plusieurs manières, il a toujours instauré un rapport dialectique entre le présent, le passé et l’avenir. Puisant dans les leçons de l’humanité, soucieux d’un avenir encore incertain, le mouvement altermondialiste véhicule l’espérance, avec la ferme volonté d’imprimer des changements qualitatifs au quotidien des individualités et des populations »[4].
Pour faire voir en quoi consiste l’assaut altermondialiste, je me propose, dans le premier chapitre, de parler du  nouveau concept de la mondialisation. Il sied de signaler que le concept mondialisation est nouveau même si la réalité qu’elle reflète est ancienne. C’est ainsi que l’on peut parler de la mondialisation comme phénomène humain et économique.
Comme phénomène humain, Edgar Morin fait de la préhistoire « une première mondialisation ». Cependant, nous devons entendre par « mondialisation », dans ce cas, le fait de devenir mondial, i.e. le fait de se trouver dans le monde entier. En effet, E. Morin affirme, à la suite de certains historiens, qu’ « à partir d’un vraisemblable foyer africain, les rameaux humains se propagent en Europe et en Asie, certains passent, peut-être encore sur terre ferme, en Amérique, d’autres s’éparpillent en Océanie, d’où il est très possible que, par aventure ou par dérive, quelques-uns s’implantent sur les côtes andines »[5].
Cette affirmation prend en considération un fait : à un moment donné, les continents furent habités par l’espèce humaine, et ce en partant d’un continent. C’est cela qu’E. Morin appelle la «  grande diaspora »[6].
C’est au cours de cette diaspora, argumente-t-il, que s’est   produite « une extraordinaire diversité de langues, de cultures, de destins, sources d’innovations et de créations dans tous les domaines, source aussi de méconnaissances réciproques »[7]. Même si les humains séparés ont oublié leur identité commune, et de ce fait devenus étrangers les uns aux autres, « la diaspora de l’humanité, insiste E. Morin, n’a pas produit de scission génétique : comme il a déjà été dit, Pygmées, Noirs, Jaunes, Indiens, Blancs relèvent de la même espèce, disposent des mêmes caractéristiques fondamentales d’humanité »[8] .
 E. Morin, en faisant de la grande diaspora la première mondialisation au sens ci haut indiqué, touche du doigt un aspect très important, à savoir l’identité humaine commune. De celle-ci doit surgir une conscience biologique. Cette dernière devrait être le moteur de l’universel.
 C’est après que la mondialisation sera vue comme un phénomène économique. En effet, depuis la Renaissance il y a une deuxième phase de la mondialisation comme phénomène qui commence à être économique d’une façon prédominante. Voila pourquoi beaucoup d’auteurs feront de la Renaissance un nouveau point de départ de la Mondialisation.
André Fourçans situe les premiers assemblages de la mondialisation[9] aux alentours de la prise de Constantinople par les Turcs[10], et ce en 1453. De Senarclens abonde dans le même sens quand il écrit que «  les premières étapes de la mondialisation au contour de changements culturels, matériels et politiques complexes (…) [eurent lieu] dans l’Europe de la Renaissance et de la Réforme »[11]. Et à ce propos, il convient de souligner avec Olivier Dollfus que « la première mondialisation issue de l’Europe, a d’abord été intercontinentale et transocéanique »[12]. De Senarclens le développe d’avantage. Pour lui  les exploitations maritimes et les conquêtes coloniales des Amériques au XVIIIe siècle, ont permis l’intégration des Amériques dans le système des économies européennes. Ainsi, le développement des modes de production et d’échanges capitalistes a constitué une étape importante de ce mouvement d’intégration. « La construction des voies fluviales, des routes, l’amélioration des voyages maritimes, des chemins de fer ont facilité les transports de masse, l’intensification des échanges internationaux des biens et des personnes, et surtout des mouvements des capitaux »[13].
Comme on le devine, cette période coïncidera avec de nouvelles vagues de conquêtes impérialistes, et celles-ci ont été facilitées par l’évolution des armements, et, d’une manière générale, par la supériorité des industries et des systèmes administratifs des colonisateurs. Et comme conséquence, il y eut une domination du mode de production capitaliste, et ce aux dépens des économies traditionnelles. Cette situation provoqua des mutations au sein du monde d’alors[14].
Marx-Engels s’opposeront à cette « mondialisation » en proposant la société communiste, société sans classes sociales.
Le concept mondialisation sera forgé au xxè siècle, et ce pour mettre en évidence le triomphe du néolibéralisme.
La compréhension de l’Altermondialisme exige, de prime abord, que l’on parle de la mondialisation néolibérale[15] dans ses différentes articulations. Voilà pourquoi ai-je dit que le premier chapitre présentera le nouveau concept de la mondialisation .Celle-ci se montre comme une nouvelle époque historique. Nous savons que la mondialisation est étudiée par plusieurs disciplines scientifiques. Mais les discours sur la mondialisation sont différents. De ce fait, l’angle philosophique sous lequel nous aborderons la mondialisation nous présentera celle-ci comme un stade historique, une époque historique, une phase historique du capitalisme que Michel Albert nomme volontiers le « Capitalisme à la place de l’Etat »[16].
Apparu à une période de l’histoire, le concept de mondialisation doit être situé dans le contexte, lequel appelle à son tour la circonscription de l’Altermondialisme. Celui-ci apparaît dans le contexte de la mondialisation néolibérale.
Le deuxième chapitre se penchera sur l’Altermondialisme, sur son l’idéologie et sa critique de la mondialisation néolibérale. Cette dernière apparaît clairement lors des Forums Sociaux Mondiaux.
Le troisième chapitre abordera les alternatives altermondialistes pour un autre monde possible et indiquera le sens de l’histoire selon l’altermondialisme. Il sied de signaler que tout les discours et les combats altermondialistes se font sous l’influence d’un paradigme que nous nommons « paradigme altermondialiste » opposé au paradigme mondialiste néolibéral.
Le quatrième et dernier chapitre jettera un regard critique sur la façon dont l’altermondialisme s’attaque à la mondialisation. Il s’agira d’une appréciation critique.
PREMIER CHAPITRE
 
UN CONCEPT NOUVEAU : LA MONDIALISATION

 
En présentant « la première mondialisation », il a été possible de mettre en exergue les éléments tels que la Révolution industrielle, le colonialisme et le commerce, ayant caractérisé cette époque, époque de la première mondialisation, la mondialisation libérale. A présent, nous avons un nouveau concept de la mondialisation, inaugurant une nouvelle époque, celle de la mondialisation néolibérale
Il y a des critères d’après lesquels nous affirmons que le monde est entré dans l’époque de la mondialisation néolibérale. « Dans l’immense majorité des cas, il semble que le critère déterminant soit celui des transformations économiques »[1]. Celles-ci ont mis en déroute le système mondial ancien pour en créer un autre qui se présente, dans ses grandes lignes, de la manière suivante[2] : le système mis en vigueur après la seconde guerre mondiale est remplacé par un modèle à pôle unique ; il y a omniprésence et domination du capitalisme néolibéral ; on constate une mobilité croissante et un renforcement de l’emprise des entreprises transnationales, et ce, à travers des stratégies d’ajustement au niveau national, régional et international ; il y a, par ailleurs, prédominance du capital financier qui est de plus en plus mobile, décentré et transnational, et ce, grâce aux nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC en sigle) et aux changements intervenus en faveur du libre échange . Riccardo Petrella a soutenu, à sa façon, cette idée quand il écrivait que « (…) la mondialisation actuelle de l’économie, des marchés, des entreprises, des capitaux serait en train, de pair avec la « révolution technologique » liée, notamment, aux nouvelles technologies d’information et de communication, d’enterrer le XXe siècle et d’enfanter le troisième millénaire »[3].
 En outre, on assiste à l’expansion générale de la production des entreprises transnationales et une grande partie du commerce international se fait au travers des firmes multinationales ; l’on vit une mainmise des Etats-Unis (parfois contestée) sur les importantes institutions à vocation supranationales (ONU, BM, FMI, OMC) ; on constate visiblement l’échec à programmer et à mettre sur pied (que ce soit au niveau national, régional et international ) de nouvelles formes de souveraineté, d’organisation sociale et politique, etc.
A dire vrai, un « tournant de civilisation » (l’expression est d’Etienne Balibar) s’est opéré. Il a été provoqué par plusieurs éléments dont deux retiennent notre attention. « Le premier (…) est économique : c’est l’apparition des firmes multinationales dont la capacité financière excède celle de la plupart des Etats et qui acquièrent ainsi la possibilité de délocaliser et transporter leurs activités vers n’importe quelle région où les facteurs de production sont disponibles à des prix avantageux, avec pour contrepartie la constitution d’un seul système d’échange des capitaux et des monnaies, opérant « en temps réel » et reliant entre elles toutes les places financières du monde(…). Le second événement sans lequel (…) il n’y aurait pu être question de « mondialisation » (…), est l’effondrement du système socialiste soviétique, entraînant la fin de la « division  du monde » en « camps antagonistes »[4].
On peut retenir trois critères pour parler de l’entrée dans l’époque historique de la mondialisation néolibérale, à savoir les critères économique, technologique (NTIC) et politique.
Cependant, nous devons savoir que l’entrée dans l’époque historique de la mondialisation néolibérale a été rendue possible par l’Idéologie du néolibéralisme.
La connaissance de l’idéologie néolibérale facilite la compréhension ou mieux permet la saisie de la mondialisation néolibérale dans son essence même.
Le néolibéralisme relève d’un choix et n’est pas naturel comme la pluie. Né après la seconde guerre mondiale en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord, le néolibéralisme se pose en s’opposant théoriquement et politiquement à l’interventionnisme étatique et à l’Etat social, le Welfare State.
Selon Perry Anderson, le livre de Friedrich August von Hayek, The Road to serfdom (traduit par La route de la servitude), publié en 1944, constitue, en quelque sorte, « la charte  fondatrice du néolibéralisme. Une attaque passionnée contre toute limitation par l’Etat du libre fonctionnement des mécanismes du marché y est développée. Ces entraves sont dénoncées, car elles contiennent, à son avis, une menace mortelle contre la liberté économique mais aussi politique »[5]
Le nom de F.A von Hayek reste lié au néolibéralisme pour son rôle imposant. En effet, en avril 1947, Hayek a convoqué des intellectuels qui partageaient son orientation idéologique et les a réunis au Mont Pèlerin, dans le canton de Vaud. Nous sommes en Suisse. L’assistance était bien choisie. Ainsi, Milton Friedman, Karl Popper en faisaient partie. «  A la fin de cette rencontre est fondée la société du Mont Pèlerin, une sorte de franc- maçonnerie néolibérale, bien organisée et consacrée à la divulgation des thèses néolibérales, avec des réunions internationales, régulières » [6].
Cette société s’est fixé un objectif précis : « D’une part, combattre le Keynésianisme et les mesures de solidarité qui prévalent après la seconde Guerre mondiale et, d’autre part, préparer pour l’avenir les fondements d’un autre type de capitalisme, dur et libéré de toute règle »[7].
En effet, pendant que Hayek et ses compagnons réfléchissent pour l’instauration d’un nouveau capitalisme dur et libéré de toute règle, l’Occident (Europe de l’Ouest et l’Amérique du Nord) vit le triomphe de l’Etat-Providence. Celui-ci joue un rôle redistributif grâce à la solidarité sociale. Ce rôle permet d’atténuer la montée des inégalités et les menaces de fracture sociale. Par les impôts progressifs et les politiques de lutte contre la pauvreté, l’Etat-Providence diminue quelque peu le bénéfice des gagnants pour en donner une partie aux perdants. Cet Etat-Providence conçoit et met en pratique des projets de développement qui répondent aux besoins locaux. Il défend, en outre, l’industrie locale contre l’invasion étrangère et régule le flux des capitaux. La protection sociale est considérée, pendant ce temps, comme un critère de progrès de la société. La justice sociale et la fiscalité sont à l’ordre du jour. L’Etat est partout présent. La croissance est particulièrement rapide et l’égalitarisme est recherché. C’est ainsi que l’on parle de « Trente Glorieuses », la période allant de 1945-1973. Ces trente années sont celles de l’expansion économique et du bien être social[8]. Hayek et la société du Mont Pèlerin lèveront des boucliers et fustigeront cet Etat-Providence.
Leurs thèses néolibérales s’énoncent sous forme des principes, mots d’ordre, hymne, etc. Le principe des principes  est celui qui fait du MARCHE le seul maître[9] . Il y a l’apologie du Marché  appréhendé « comme une instance de régulation politique et sociale »[10]. Autrement dit, ce n’est plus l’Etat qui joue le rôle de régulation politique et sociale. Seul le Marché est vu comme source de bonheur. En d’autres mots, « ouvrez, privatisez, et le marché fera votre bonheur ». Considéré comme une panacée au détriment de l’Etat et de ses fonctions essentielles, le marché est au-dessus de tout et la richesse, ipso facto, est placée au dessus des hommes.
L’économisme et l’utilitarisme sont les deux philosophies qui sous-tendent le néolibéralisme. De ce fait, le libre échange est l’unique voie de la croissance et de la prospérité, et est bon tout ce qui le favorise, mauvais tout ce qui le contrarie. Alors le Marché est bon et l’Etat est mauvais. Ce dernier, par la protection sociale, encourage la paresse au lieu de stimuler l’initiative privée, individuelle qui doit être estimée valorisante pour la personne humaine. Par l’impôt, la justice sociale et la fiscalité, l’Etat décourage les individus les plus audacieux. C’est pourquoi « il faut déréglementer, faire reculer l’Etat, réduire son champ de compétence et surtout le mettre au service des investisseurs privés »[11]. D’où l’hymne du néolibéralisme : «  Moins d’Etat, peu d’Etat, pas d’Etat, chacun pour soi et le marché pour tous ». Ainsi, le mot d’ordre est clair : « Remplacer la politique et l’Etat par l’Economie ». Dans cette logique, il faut suivre l’ordre du Marché, contenir le pouvoir, détrôner la politique et considérer la justice sociale comme un concept inutile et nuisible. Au contraire, il faut accorder le primat au Marché et au libre échange, encourager la concurrence pour une bonne maximisation (profit, rentabilité, satisfaction) et ainsi provoquer la croissance. Par ailleurs, les « prophètes »[12] du néolibéralisme, Hayek, Friedman, Mises, Murray, enseignent la convergence des intérêts contradictoires s’annulant dans le marché jouant le rôle d’autorégulateur. Cet enseignement se base sur un postulat métaphysique de l’harmonie naturelle des intérêts[13].
Ces thèses néolibérales seront lettres mortes durant les Trente Glorieuses. Cependant, le grand tournant aura lieu en 1974 quand « tout change dès l’éclosion de la grande crise du modèle de l’après-guerre »[14].
Cette situation permettra aux idées néolibérales de gagner du terrain. F.A. von Hayek et ses camarades hausseront leur voix pour pointer les syndicats et le mouvement ouvrier comme les racines de la crise. « Selon eux, les syndicats ont sapé  les bases de l’accumulation privée (de l’investissement) par leurs revendications salariales et par leurs pressions visant à ce que l’Etat accroisse sans cesse des dépenses sociales parasitaires »[15].
Pour sauver la situation, F.A. von Hayek et sa Société préconiseront un remède, celui de « maintenir un Etat fort, capable de rompre la force des syndicats et de contrôler strictement l’évolution de la marre monétaire (politique monétaire). Cet Etat doit, par contre, être frugal dans le domaine des dépenses sociales et s’abstenir d’interventions économiques. La stabilité monétaire doit constituer l’objectif suprême de tous les gouvernements. Dans ce but, une discipline budgétaire est nécessaire, accompagner d’une restriction des dépenses sociales et de la restauration d’un taux dit naturel de chômage, c’est-à-dire de la création d’une « armée de réserve des salariés » (de bataillons de chômeurs qui permettent d’affaiblir les syndicats). En outre, des réformes fiscales doivent être introduites afin d’inciter les « agents économiques » à épargner et à investir. En d’autres termes, cette proposition implique simplement une réduction des impôts sur les revenus les plus élevés des personnes et sur les produits des société »[16].
Pour F.A. von Hayek et ses camarades, si le remède est appliqué, la croissance reviendra naturellement, et pour ce faire, l’on doit bien tenir à la défiscalisation, à la déréglementation, etc. Le triomphe de ce remède engendrera la Mondialisation néolibérale.                
L’arrivée de Margaret Thatcher en 1979 et de celle de Ronald Reagan en 1980 constitue ce que Christophe Aguiton appelle la Révolution conservatrice[17].
 En effet, signalons que la fin des années 70 a connu la mise en place des éléments constitutifs du nouveau « régime d’accumulation mondialisée à dominance financière »[18]. Ceci a eu lieu grâce au rôle essentiel joué par trois acteurs, à savoir le patronat, les milieux financiers et les pouvoirs politiques. Le patronat, avec la crise du choc pétrolier, poussé par les thèses néolibérales, s’est mobilisé et a «  lancé une « croisade idéologique » contre les politiques des gouvernements et de la communauté Européenne et engagé le conflit avec le syndicalisme pour imposer la modération salariale, la flexibilité, l’aménagement du temps de travail et le travail à temps partiel »[19]. La modération des salaires eut lieu et la précarité se développa. La remise en cause du droit de travail et de la protection sociale commença. L’offensive néolibérale porta ses fruits. Les milieux financiers entrèrent aussi dans la danse.
En août 1971, les Etats-Unis abrogèrent la parité entre le dollar et l’or. Cette parité datait des accords de Bretton Woods. Cette abrogation accéléra la spéculation financière. Cependant, il sied de souligner que le vrai tournant eut lieu entre 1979 et 1981 avec l’établissement de la « dictature des créanciers », i.e. la « libéralisation des marchés obligataires publics et de la « titrisation »[20] de la dette des Etats, et d’abord celle des Etats-Unis »[21]. Cela provoqua une croissance rapide du capital financier et le début de la «  dictature des rentiers » commença. Eh bien, celui qui possède s’enrichit et celui qui s’endette s’appauvrit.
 Les pouvoirs politiques, comme troisième acteur, se firent sentir. Dès 1976-1977,   « Raymond Barre en France et Helmut Schmidt en RFA ont lancé leurs premiers plans d’austérité, avec comme politique affirmée la restauration du taux de profit »[22]. D’où la célèbre formule du chancelier allemand : «  Les profits d’aujourd’hui sont les emplois de demain »[23].
Le virage brutal intervient avec l’élection de Margaret Thatcher en 1979 et de Ronald Reagan en 1980. Margaret Thatcher, partisane des thèses néolibérales, s’affronta directement avec le monde du travail  et fut totalement intransigeante face aux mineurs en grève. Elle remit en cause la protection sociale et appliqua la limitation des droits syndicaux. A qui voulait l’entendre, elle disait qu’il n’y avait pas d’autre système économique que le capitalisme néolibéral. C’est le «  There is no Altenative » (TINA en sigle).
Ronald Reagan, de sa part, mettra en pratique certaines recommandations de la « Heritage Foundation ». De fait, dans les années 70, les Etats-Unis sont en perte de vitesse et se font rattraper économiquement par l’Europe et par le Japon. Les dirigeants américains ressentent durement la défaite au Vietnam et en Indochine.
Devant la situation socio-économique intenable, une contre offensive fut imaginée. « C’est dans ce cadre qu’est créée en 1973 la Heritage Foundation, un groupe de réflexion très conservateur. C’est la famille Coors, qui s’est enrichie dans le commerce de la bière au Colorado qui finance les premiers pas de l’organisation : 250.000 dollars »[24]. Ces dirigeants ont décidé d’élaborer un programme gouvernemental, un plan ultra-droitier. Ce dernier sera publié au début 1981 au moment où Reagan accède à la présidence. L’administration Reagan appliquera 60 % de leurs recommandations. L’ouvrage a comme titre Mandate for Leadership. Politic management in a conservative administration (Mandat pour diriger. Gestion de la politique dans une administration conservatrice). Selon Henri Houben, ce livre a fourni des bases à la politique américaine et a encouragé l’orientation néolibéraliste[25]. Ce document présente une vision globale. On y parle de la baisse des impôts, de la  déréglementation, de la réduction des dépenses sociales et on insiste sur la défense. On plaide pour la refondation majeure de la défense et d’une forte augmentation de son budget. On y propose aussi une politique agressive vis-à-vis de l’ennemi numéro un de l’époque, à savoir l’URSS. La Heritage Foundation recommande au nouveau gouvernement américain de s’orienter clairement « vers une politique internationale pour réaffirmer ses velléités hégémoniques sur la planète et que cela passe nécessairement par un renforcement militaire, seul moyen de le faire »[26].
Ronald Reagan sera entouré de certains intellectuels organiques dont Michael Novak et George Gilder. Ce dernier sera son idéologue le mieux écouté . Pour lui, le capitalisme « sert » son prochain de la manière la plus moderne[27]. M. Novak dira à Genève : « Pour nous, propager la démocratie est un moyen de garantir l’économie de marché que doivent adopter les régimes qui sont nos amis »[28]. Peter Berger est aussi à compter parmi les intellectuels organiques du règne de Ronald Reagan. Pour lui, « notre monde ne peut rien trouver de meilleur que le système libéral-capitaliste, auquel il n’y a point d’alternative. C’est à l’intérieur de ce cadre, martelait-il, qu’il nous faut œuvrer »[29]. Dans son application du néolibéralisme, D. Reagan a affronté directement le monde du travail. L’option néolibérale le poussa à licencier des aiguilleurs du ciel.
 Les années 80 connaissent la victoire du néolibéralisme et le déclin du mouvement ouvrier. Ce déclin fut structurel, en ce sens que les syndicats ont perdu environ la moitié de leurs membres et la gauche était en crise du point de vue idéologique. A dire vrai, on assista à l’échec des modèles keynésiens ou « fordistes ».
Le capitalisme, comme le souligne Michel Albert, était entré dans son troisième âge et l’époque historique est devenue celle « du capitalisme à la place de l’Etat ».[30] C’est durant ce troisième âge que nous devons signaler le passage de la mondialisation comme phénomène ancien à la mondialisation comme concept nouveau. En effet, c’est en 1983 que Théodore Levitt introduit le terme anglais globalization qui sera traduit en français par le concept mondialisation. « Dans un article de la revue Harvard Business Review, [cet] économiste désignait [par mondialisation] la convergence des marchés pour les produits des grandes firmes multinationales ».[31] C’est en 1990 que le terme a été popularisé par Kenichi Ohmae dans son ouvrage intitulé The Bordless Word ; Power and Strategy in the Interlinked.[32] A travers   le concept de mondialisation, il indiquait une nouvelle étape dans le développement des multinationales.
Toujours du point de vue politique, nous devons parler des événements des années 90. De fait, entre 1989 et 1991, un séisme politique a secoué le bloc Est dirigé par l’ex URSS. En 1989, le Mur de Berlin s’écroula et c’est durant cette année   que le Consensus de Washington vit le jour. Il s’agit d’un document de référence énumérant dix références qui étaient, selon John Williamson[33], considérées par tous à Washington comme nécessaires au développement de l’ Amérique latine. John Williamson a
baptisé ce programme de réformes du nom de « Consensus de Washington ».   Les dix réformes préconisées sont :
« 1. Discipline budgétaire. Dans presque tous les pays d’Amérique latine, les déficits budgétaires étaient   considérables, entraînant des crises de la balance des paiements, et l’inflation élevée pénalisait surtout les pauvres, car les riches pouvaient transférer leur argent à l’étranger.
2. Redéfinitions des priorités en matière de dépenses publiques : il s’agissait de réorienter les dépenses au profit de la croissance et des pauvres, en abandonnant les aides discrétionnaires, e.g., au profit des soins de santé de base, de l’éducation et des   infrastructures.
3. Réforme fiscale : l’objectif était d’établir un régime   combinant une large assiette fiscale et des taux d’imposition marginaux modérés. 
4. Libéralisation des taux d’intérêts (…).
 5. Taux de change compétitif (…), c’est-à-dire de régimes de change intermédiaires.[A Washington, on privilégiait] la doctrine selon laquelle un taux de change doit soit être fixe, soit flotter   sans soutien..
6. Libéralisation du commerce : (…) il était admis par tous qu’il fallait effectivement s’engager sur cette voie.
7. Libéralisation des investissements directs en provenance de l’étranger (…).
8. Privatisation (…).
9. Déréglementation : il s’agissait en particulier d’assouplir les barrières à l’entrée et à la sortie des marchés(…).
10. Droits de propriété : l’objectif premier était de donner   au secteur informel la possibilité d’obtenir des droits de propriété à un coût acceptable »[1]. Ce programme a été appliqué ailleurs comme recette au grand dam de John Williamson. Ainsi, ce document a déclenché un « mouvement historique » faisant de notre histoire une scène colorée de l’économisme.
Par ailleurs, l’arrivée de Mikhaïl Gorbatchev à la tête de l’URSS en 1985 est une donne importante. Gorbatchev a fait   un diagnostic impitoyable de l’état de la société soviétique : « Mikhaïl Gorbatchev regrette : la mentalité d’assistés (ijdivenstvo) qu’il décèle chez ses concitoyens et dont les conséquences sont néfastes sur tous les plans, la coupure croissante entre la société et le parti et la faiblesse structurelle de l ‘économie, de plus en plus visible et problématique ».[2]
De ce fait, Mikhaïl Gorbatchev passera aux réformes et deux mots-clés seront lancés : GLASNOST (= « publicité » conduisant à la transparence). « Cela consiste à tenir au peuple un langage et des méthodes de vérité pour le sortir de sa léthargie et l’associer aux réformes à venir, ce qui implique   de rétablir une certaine liberté de discussion »[3]. Nous avons à faire à une stratégie méthodologique qui remet la parole au peuple afin de   l’inciter à être artisan de son propre destin en acceptant et en appliquant des réformes censées le promouvoir. Le second mot-clé est Perestroïka (= « restructuration », du titre de l’ouvrage de Mikhaïl Gorbatchev). « C’est le nom donné à l’ensemble des réformes devant concilier, à ses yeux [Mikhaïl Gorbatchev], socialisme et démocratie. Concrètement, il s’agit sur le plan économique de permettre une accélération (Ouskoreni) de la croissance. Au plan politique, il faut   construire, un Etat de Droit et rendre l’appareil d’Etat plus autonome de celui du parti ».[4]
 Pour Mikhaïl Gorbatchev, la Perestroïka, a un but : la consolidation du régime communiste. Mikhaïl Gorbatchev était resté assis sur deux idées , à savoir la dictature du prolétariat et la propriété étatique des biens de production. Glasnost et Perestroïka sont des « références dictées par l’évolution de la société et indispensables, dans l’esprit de Mikhaïl Gorbatchev, au maintien du communisme. Tel est bien le but ultime ».[5] En effet, avec Mikhaïl Gorbatchev, des changements concrets se manifesteront: libéralisation des médias, achèvement de la déstalinisation , rappel officiel de son exil de A. Sakharov en décembre 1986 , libération de « faux » malades mentaux et de certains prisonniers politiques, et ce, dans la ligne   du XXe congrès ; la politique étrangère devient très active et pacifique et conduit à la fois aux accords avec la Chine en octobre 1988 sur leur frontière orientale et à la limitation des armements, au retrait de l’Afghanistan, à l’attitude plus souple envers les démocraties populaires, à la facilitation du retrait des Vietnamiens du Cambodge ; la loi du 30 janvier 1987 est promulguée pour permettre aux particuliers de faire un recours   juridique contre les actes illégaux des fonctionnaires. Ainsi, on parla de la « légalité socialiste ».[6] Il y a, sur le plan économique, une décentralisation assurant une autonomie plus large aux entreprises et par sa philosophie   de « rapprocher l’homme de la propriété », Mikhaïl Gorbatchev fit louer « la terre aux paysans sous forme de contrat de sous-traitance familiale »[7].
Mikhaïl Gorbatchev rencontra des obstacles sur son chemin des réformes : la Nomenklatura n’y trouva pas son intérêt et freina l’avancée des réformes . La catastrophe de Tchernobyl ( 26 avril 1986 ) élargit la contestation populaire qui réclamait la démocratie à l’occidentale par rapport au communisme et , contrairement   aux espoirs , la situation économique se dégrada très sensiblement. Les revendications nationalistes se firent aussi entendre de plus en plus. A dire vrai, la « ruse » de l’histoire était au travail et n’a pas permis à Mikhaïl Gorbatchev de voir que les changements et les réformes mettaient en péril l’existence même du régime. 
Ainsi progressa l’histoire de l’implosion de l’URSS :
Þ                   1990 :
février 1990 : il y a abandon du rôle dirigeant du PCUS. Cela donna naissance au multipartisme. Six Républiques se déclarent indépendantes. Mikhaïl Gorbatchev refuse d’utiliser la force. 
décembre 1990 connaît la démission de E. Chevardnadze qui dénonce « l’avancée de la dictature » , et B. Eltsine s’en prend au vote de pouvoirs spéciaux à Mikhaïl Gorbatchev.
Þ                   1991 :
janvier 1991   vit l’intervention sanglante de l’armée à Vilnus et à Riga. Ceci provoqua une indignation générale.
17 mars 1991 : le référendum approuva à 76%, le   maintien de l’union , mais faisons remarquer que ce référendum n’a eu lieu   que dans les 9 Républiques qui n’avaient pas déclaré leur indépendance . Le peuple s’est prononcé pour l’union qui consacrait aux Républiques la souveraineté.
Le 12 juin 1991, B. Eltsine est élu   Président de la Fédération Russe.
 Du 19 –21 août 1991 : le putsch conservateur eut lieu et retint Mikhaïl Gorbatchev prisonnier en Crimée, et pour cause, Mikhaïl Gorbatchev avait annoncé le passage graduel vers l’économie de marché. Ce qui excéda les conservateurs. Cependant le putsch échoua , car   il était mal préparé et sous la direction symbolique de B. Eltsine, « la population a réagi plus activement que prévu défendant notamment (…) la « Maison Blanche » (le parlement russe). Mikhaïl Gorbatchev sort affaibli de ce putsch, l’Etat et le parti encore davantage, tous ayant fait montre de leur manque de ressort ».[8] Ce putsch désavoué   accéléra la fin de l’URSS.
26 août 1991 : on assista à l’auto dissolution du Soviet Suprême.
06 novembre 1991 : on vit le PC de Russie s’autodissoudre.
Il fallait s’y attendre : la disparition du parti communiste entraîna celle de l’URSS. Cette disparition fut proclamée le 08 décembre 1991 par les signataires de la communauté des Etats Indépendants (CEI). Le 25 décembre 1991 , Mikhaïl Gorbatchev annonça sa démission à la télévision en déclarant : « La ligne du démembrement du pays et de la dislocation de l’Etat a gagné, ce que je ne peux pas accepter » [9]. La volonté de Mikhaïl Gorbatchev n’a pas eu raison de la « marche » de l’histoire.
Signalons, par ailleurs, la Guerre du Golf dont le nom de code donné par la coalition fut « tempête du désert ». Cette guerre , du fait qu’elle a eu lieu en 1991, période de l’implosion de l’URSS, donna lieu à un 
Nouvel Ordre Mondial de facto. La guerre froide venait de prendre fin. Seuls les Etats-Unis s’imposaient.
On comprend le sens d’être de la Révolution Conservatrice préparée par F.A. von Hayek et sa société, et réalisée par Margaret Tchatcher et Ronald Reagan, tous deux épaulés, peut-être malgré lui, par Mikhaïl Gorbatchev.
Cependant, à côté des acteurs (patronat, milieux financiers et pouvoirs politiques), il sied de citer la révolution provoquée par les nouvelles technologies de l’information et de la communication pour bien expliquer et comprendre l’époque historique de la mondialisation néolibérale. 
Du nouvel ordre mondial ci-haut évoqué, la mondialisation néolibérale ne peut être appréhendée que si elle est considérée comme « l’accroissement massif de l’interdépendance ».[2]
En effet , et ce, grâce à l’idéologie néolibérale, la mondialisation néolibérale se caractérise par plusieurs interdépendances dont quatre sont les plus importantes ou fondamentales.
Nous trouvant devant la suprématie du Marché, la première interdépendance de la mondialisation néolibérale est relative à la production. Cette interdépendance par les marchés   relative à la production se traduit par la disparition des frontières géographiques   et par l’abaissement des barrières tarifaires et non tarifaires. Mues par la logique de la recherche d’un profit maximal, les firmes transnationales (FTN) font la délocalisation de leurs activités industrielles consistant en une  séparation des lieux de production ou de transformation de certaines marchandises de leurs lieux de consommation. La délocalisation entraîne une décomposition internationale des processus productifs. « Chacun des segments est localisé dans des espaces différents, pour des raisons liées aux coûts de production, aux dimensions du marché, à des risques ou à des réglementations ». [3]
La deuxième interdépendance est relative aux échanges et au commerce. Cette interdépendance, en  connexion avec la première, se caractérise, comme la première, par une décomposition internationale des processus productifs. Celle-ci «  s’appuie sur un réseau de filiales ou de sous-traitants de filiales et le nomadisme de segments entiers  des appareils de production selon la logique des avantages comparatifs »[4].
En outre, par   les voyages et les médias, s’installe une croissance exponentielle des échanges d’idées, des produits et d’information. Cela entraîne une intégration mondiale   facilitée par des changements de politiques visant à promouvoir l’efficience économique, et ce par l’instauration de la libéralisation et la déréglementation des marchés nationaux, par le désengagement de l’Etat de nombreuses activités économiques, par la restructuration de l’Etat providence et surtout par les innovations dans la technologie de l’information et de la communication.
La troisième interdépendance de la mondialisation néolibérale a trait aux marchés financiers. Elle procède « d’une interconnexion des places financières mondiales fonctionnant vingt-quatre heures sur vingt-quatre grâce à la conjugaison de trois éléments que sont la déréglementation, le décloisonnement des marchés et la désintermédiation ».[5]   C’est ici que l’on parle de 3D. La déréglementation abolit les réglementations du marché de change et, ainsi, facilite-t-elle la circulation du capital. Le décloisonnement supprime certains compartiments des marchés et la désintermédiation permet aux entreprises et aux Etats de ne plus passer par les intermédiaires financiers et bancaires quand il leur faut effectuer des opérations de placement et d’emprunt aux marchés financiers afin de satisfaire leur besoin de financement. Y. Crozet et ses collaborateurs font remarquer que la globalisation financière a un élan irrésistible suite à cinq éléments : « La marchéisation des financements, la désintégration, le décloisonnement et la déréglementation financière, la gestion de la dette publique, le caractère spéculatif des placements et le réinvestissement des profits des filiales des FMN [firmes multinationales] ».[6]
Insistons sur un fait propre à cette globalisation financière : son caractère spéculatif des placements. « Les entreprises, lorsque leur situation financière le leur permet, préfèrent (…) les placements financiers, plus rémunérateurs que l’investissement productif qui pâtit d’une double incertitude : la faible progression de la demande dans un contexte où les ménages et les Etats consacrent une part croissante de leurs revenus au règlement des intérêts de leurs dettes, [et] l’ajournement des profits escomptés et leur faible ampleur face à des placements financiers immédiatement rémunérateurs ».[7]
Retenons, par ailleurs, que dans la globalisation financière, il y a des opérations financières et des transactions papiers qui prennent une grande ampleur par rapport aux opérations physiques. Voilà qui modifie les rapports sociaux de production.
La quatrième interdépendance de la mondialisation néolibérale est relative aux technologies de l’information et de la communication.  Cette interdépendance par les nouvelles technologies de l’information et de la communication favorise, avec les transferts, la mobilité et la flexibilité des capitaux, des biens, des services et des personnes . En effet, les NTIC déclenchent « une explosion des activités économiques, recomposent les territoires industriels et de la planète.   Ce sont elles qui font précisément   du monde un village planétaire. Des milliers de kilomètres de fibre optique se croisent en permanence et relient des continents. Et 24 heures sur 24, des contrats, des transactions, des informations de toutes sortes traversent les fuseaux horaires, les frontières et les cultures. Les nouvelles routes commerciales sont des éclats de laser et des rayons de satellites. Les marchandises   transportées sont le savoir et la technologie ».[8]
Il va sans dire que nous vivons dans une époque où il y a un essor inéluctable des services au détriment de l’industrie, où la modification des notions d’espace et de temps est évidente, car « les moyens modernes de communication ont supprimé  les distances, qu’il s’agisse de se déplacer ou de communiquer » .[9]
Cette mondialisation néolibérale, donc économique et financière, transformera, sur son passage, le rôle des Etats, le social et le culturel[10].
Pour devenir réellement un phénomène global, la mondialisation néolibérale a ses propres acteurs[11]. Parmi ses grands acteurs, nous retiendrons les Etats, les FTN et les Institutions internationales (FMI, BM, OMC). Tous ces acteurs sont des éléments de la propagation de la mondialisation néolibérale « dans la mesure où intervenant sur une partie du monde ou dans le monde entier, [ils] dialoguent avec les Etats, les combattent parfois, agissent sur les opinions publiques, et par leurs interventions contribuent à l’échange généralisé, qui est l’essence de la mondialisation »[12].
Nous pouvons, à présent, nous résumer en disant avec Mbaya Kankwende que « le phénomène de la mondialisation [néolibérale] recouvre à la fois une réalité à savoir la globalisation de la production et des échanges économiques et non économiques, mais aussi une idéologie et un projet normatif à réaliser. En tant que réalité, il désigne le processus d’élargissement et d’intensification des flux marchands, financiers et d’informations à l’intérieur d’un marché de plus en plus mondial, unique et intégré.   En tant qu’idéologie, il prescrit la plus grande libéralisation possible des marchés nationaux et mondiaux avec le postulat que la libre circulation des biens et services, des capitaux et de l’information produira un résultat optimal en terme de croissance économique et de bien-être humain».[13] 
L’on remarquera que, pour nous, les concepts mondialisation et globalisation ont la même teneur et que nous nous sommes accroché à la mondialisation néolibérale. Celle-ci est soutenue par un paradigme qui lui est propre.
Ce paradigme, comme pour tout paradigme selon la définition morinienne, contient, pour tous discours s’effectuant sous son empire, les concepts fondamentaux ou les catégories maîtresses de l’intelligibilité en même temps que le type de relations logiques entre ces concepts ou catégories[14].
Ce paradigme néolibéral a des concepts fondamentaux ou des catégories maîtresses de l’intelligibilité de la pratique économico-socio-politique de notre époque historique. Nous pouvons en citer quelques uns : délocalisation, déréglementation, décloisonnement, discipline budgétaire, réforme fiscale, Etat minimal, libéralisation, investissement direct d’étranger (IDE), firme transnationale, globalisation réelle, globalisation financière, marché régulateur, taux de change compétitif, privatisation, dumping, euro-dollar, restructuration,   spéculation financière, taux flottant, marchés organisés, production internationale, approvisionnement international, commerce intra entreprise, etc.
Avec cette batterie conceptuelle, le paradigme néolibéral ou le mondialisme joue le rôle sémantique, celui d’offrir un cadre d’intelligibilité et donne sens au capitalisme néolibéral. Son rôle logique n’est pas à démontrer, car il saute aux yeux. De   par sa logique, ce paradigme détermine des opérations maîtresses et la plus importante est celle d’exclusion-inclusion. Les firmes transnationales excluent l’Etat-Providence, le diabolisent et le traduisent devant la « justice » de l’OMC, l’ORD.   Elles incluent l’Etat quand elles ont besoin de lui pour la privatisation, pour briser le pouvoir des syndicats et des mouvements ouvriers, pour réprimer toute manifestation anti ou altermondialiste. Elles incluent aussi l’Etat quand celui-ci accepte d’être minimal en laissant la régulation au marché lui-même. Cela fait jouer au mondialisme son rôle idéologique. Celui-ci consiste à déterminer   nos idées, et de ce fait, nos comportements pour nous adapter au rythme néolibéral. 
Nous pensons plus à l’Avoir qu’à l’Etre. L’homme, par ce rôle idéologique, est devenu homo oeconomicus, laborans et consumans. Comme tout paradigme, le mondialisme est non falsifiable. Il est à l’abri de toute infirmations-vérification empirique.  Seules les pratiques politico-économiques (ex : la privatisation, la destruction écologique dans l’exploitation des ressources naturelles, etc.) se réclamant de lui sont falsifiables et décriées.   Par ailleurs, ce paradigme néolibéral dispose du principe d’autorité axiomatique et il est fondateur des axiomes, dont « il n’y a pas d’autres systèmes économiques que le capitalisme néolibéral », « le libre échange est l’unique voie de la croissance et de la prospérité », « est bon tout ce qui favorise le libre échange, mauvais tout ce qui le contrarie », « il n’y a qu’un maître : le marché, il n’y a qu’une liberté : celle de «la  main » invisible du marché », « chacun pour soi, le marché pour tous », « plus le monde  sera ouvert, plus la croissance sera élevée, plus le bien-être se généralisera », « ouvrez, privatisez, et le marché fera votre bonheur », etc. L’autorité de ces axiomes légitime le mondialisme[15]
Celui-ci dispose, en outre, d’un principe d’exclusion. Il exclut des données, des énoncés qui ne lui sont pas conformes ainsi que des problèmes qu’ il ne connaît pas. Cela explique son aversion contre le Keynésianisme et l’Etat-Providence. Le paradigme néolibéral s’oppose à la superstructure (morale, politique, philosophie, pratique juridique, etc.) bâtie sur l’infrastructure keynésianiste.   Ainsi, le mondialisme instaure-il une autre vision du monde, une autre pratique sociale, politique et économique où le bonheur de l’homme se trouve dans le marché[16].
Autrement dit, le monde sera meilleur et heureux, seulement et seulement si le monde est un marché. De ce fait, « le sens actuel de l’histoire  des sociétés contemporaines  est  celui de l’évolution nécessaire, inexorable et inévitable vers la constitution d’un grand marché mondial unique, intégré, autorégulateur (The Single Market Place) »[17]. Cet idéal étant en voie de concrétisation, nous nous trouvons dans un contexte engendrant les effets de la mondialisation néolibérale.
DEUXIEME CHAPITRE
 
 
 
ALTERMONDIALISME
IDEOLOGIE ALTERMONDIALISTE ET CRITIQUE DE LA MONDIALISATION NEOLIBERALE
2.1. Contexte de la naissance de l’altermondialisme
La mondialisation néolibérale a son cortège de malheurs, et ce à cause de la dictature du marché et du fait qu’elle veut faire du monde et de tout ce qui s’y trouve une marchandise.
Le système marchand est devenu dominant à l’échelle de la planète et détruit au passage toutes les formes économiques sociales et politiques locales. La dictature du marché fait que toutes les ressources de la planète soient mobilisées pour la production marchande, et ce à partir des pays dits développés. Rien d’étonnant, car elle met en pratique les thèses du néolibéralisme : l’Etat doit laisser faire, encourager la libre concurrence et le libre échange, protéger la propriété privée, garantir la liberté individuelle, faciliter la privatisation, instaurer le règne du marché, appliquer la déréglementation. A ce propos, le Subcommandant Marcos a une image intéressante. Il dit que « dans le cabaret de la mondialisation, l’Etat se livre à un striptease au terme duquel il ne conserve que le strict minimum indispensable : sa force de répression. Sa base matérielle détruite, sa souveraineté et son indépendance annulées, sa classe politique effacée, l’Etat-nation devient un simple appareil de sécurité au service des méga-entreprises. Au lieu d’orienter l’investissement public vers la dépense sociale, il préfère améliorer les équipements qui lui permettent de contrôler plus efficacement la société »[1].
 Ceci lui facilitera la tâche de laisser le néolibéralisme s’exprimer «  par
 1. la libéralisation (« celle des prix de tous les produits et services qui, pour une raison ou pour une autre, avaient été fixés à partir de critères politiques ou sociaux »[2]),
 2. la déréglementation (qui conduit « au démantèlement des agences publiques et autres organismes qui avaient pour fonction d’encadrer la prestation du travail-normes de travail, salaires minima, durée du travail-, de surveiller la dépense de certains services, comme le trafic aérien, d’accorder des licences d’exploitation-radio, télévision-, ou encore de veiller à la protection de certains actifs collectifs, comme l’environnement »[3]),
3. la privatisation (qui consiste « à transférer au secteur privé l’exploitation et/ou la distribution de produits ou de services qui étaient jusque là mis en marche par les pouvoirs publics »[4]) et par
4. la réduction des politiques sociales et des programmes sociaux (qui consiste « à limiter l’accès à certains programmes sociaux, à réduire le montant des prestations elles-mêmes, ou encore à restreindre le nombre et la qualité des services fournis »[5]).
 En outre, André Linard ajoute que le néolibéralisme « se traduit aussi par une affirmation de l’individu (valorisation du corps, de l’image, des jeux de hasard), par des réticences envers les institutions et la militance, par la prétendue « fin des idéologies », etc. »[6].
La mondialisation, capitalisme à la place de l’Etat, utilise le FMI, la BM, l’OMC[7] et l’AMI pour s’imposer partout. Elle fait appel aux Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) pour une gestion mondialisée de l’entreprise. On est passé de l’économie internationale à l’économie mondiale. Cela fait partie des métamorphoses du capitalisme[8] dont l'avant dernière fut l'économie internationale. Celle-ci est respectueuse des souverainetés étatiques et met en rapport les parties autonomes d’un tout non encore intégré, à travers des flux d’échange, d’investissement et de crédit. Et Jacques Adda ne se trompe pas quand il signale que cette économie correspond à une phase de l’histoire du capitalisme, « phase au cours de laquelle les marchés nationaux, largement protégés, voire régulés par les Etats, constituaient la base première de l’accumulation du capital. L’échange, tout comme l’investissement international, restait fondé pour l’essentiel sur des critères de complémentarité »[9]. Autrement dit, là où il y a l’économie internationale, il y a l’existence des nations entretenant entre elles des relations de plus en plus étroites. « Il y a internationalisation, ajoute Albert Samuel, quand les Etats s’entendent pour établir entre eux des rapports conformes à leur intérêt commun. Ils conviennent alors de règles organisant leurs divers échanges. Ils créent des organismes pour codifier et faire respecter ces règles »[10]. A cette économie correspondent les Multinationales. Celles-ci ont des racines dans les pays d’origine et des intérêts vaguement nationaux. Elles produisent « sur plusieurs marchés nationaux des biens adaptés à chaque marché. La production des filiales n’est donc pas spécialisée. Chaque filiale est un centre de profit en soi qui entretient des relations verticales avec la maison mère mais non avec les autres filiales »[11]. Ce qui précède nous prouve que dans l’économie internationale, « les entreprises multinationales se développent, échangent et investissent dans le monde, mais elles n’en conservent pas moins une base nationale clairement identifiable, et sont sujettes à des régulations nationales. L'économie internationale est intégrée"[12].
 Dans cette économie, l'Etat garde un certain contrôle, une certaine influence sur les opérations. Ainsi, par les droits de douane et autres barrières tarifaires, par les contrôles de change, par les règles de nationalité, d’octroi de visa et d’entrée sur le territoire, l’Etat peut-il freiner l’entrée ou la sortie de tel ou tel produit, conserver la main mise sur les populations migrantes, protéger certains pans de son économie et s’assurer les rentrées fiscales nécessaires[13]. La souveraineté étatique y était.
Au contraire, l’économie mondialisée est construite en opposition avec l’économie internationale. Cette nouvelle économie échappe de plus en plus au contrôle des Etats et porte atteinte à certains attributs essentiels de leur souveraineté, tels le contrôle monétaire et la gestion des finances publiques. En outre, cette économie encourage l’organisation de la production sur une base transnationale et concourt à la mondialisation des normes de consommation. Surtout, cette économie remplace la complémentarité de l’économie internationale par « une concurrence généralisée pour la maîtrise des marchés et des ressources (matières premières, main-d’œuvre, réseaux de distribution, savoir-faire, matière grise, épargne, etc.) »[14].
Cette économie a engendré les Transnationales. Nomades, celles-ci dressent leurs tentes de luxe là où il leur convient, selon les intérêts du moment[15]. Contrairement aux Multinationales, les Transnationales visent à unifier la gamme des produits au niveau mondial et à faire de «chaque filiale une unité spécialisée dans la fabrication d’un composant particulier du produit fini (…). La coordination de la production au niveau mondial est assurée par la maison mère, qui centralise les activités. La location de la production entre les différents pays est effectuée en fonction des avantages comparatifs de chacun et de considérations logistiques »[16]. Avec les autres entreprises, les Transnationales entretiennent des rapports « oligopolistiques » et leurs stratégies sont déterminées en fonction de celles de leurs « adversaires-partenaires » ; par ailleurs, elles se concurrencent entre elles ; et entre elles, elles mènent des combats commerciaux, technologiques ou financiers. Parmi elles, elles se considèrent souvent comme des adversaires dangereux. Cependant, compte tenu du déploiement sur le monde qui coûte cher, il y a « des ententes entre firmes déjà géantes pour couvrir le monde (…). Leurs stratégies reposent sur une connaissance de la situation du marché du travail dans le monde, sur le choix de telle ou telle technologique, qu’il faut avoir les capacités de développer, sur l’analyse des marchés de chaque région, avec leurs règles, leurs habitudes »[17].
Elles ont aussi un siège social dans un, ou à la rigueur, deux pays. Elles ne sont pas totalement apatrides ; d’où elles peuvent avoir une culture d’entreprise souvent liée à leur origine. Et d’ailleurs Siemens reste allemand, Toshiba japonais, Renault français, etc. O. Dollfus le reconnaît aussi : « Le transnational a ses lieux qui répondent à une histoire, qui ont une situation et qui se trouvent nécessairement sur le territoire d’un Etat. Ce qui compte ici c’est la relation entre les lieux par réseaux, c’est la logique du réseau qui l’emporte sur celle du territoire.»[18]
Cette situation économique a des répercussions sociales, écologiques et politiques. Cela conduit à créer un monde fortement asymétrique. Nous vivons dans un contexte de paradoxes et d’inégalités.
Le premier paradoxe est la dualité relative à la fracture sociale entre riches et pauvres. Au Nord se trouvent à la fois la richesse et la pauvreté et cette dualité se vit aussi au Sud  parce que la mondialisation néolibérale est un excellent moteur de croissance et un très mauvais instrument de distribution de ses fruits. Nous sommes, à dire vrai, dans une dynamique des marchés à la Darwin et cette dynamique est discriminatoire : elle privilégie la survie des plus forts et récompense généreusement les gagnants et n’a rien pour les perdants. Cela ressort de l’idéologie néolibérale telle que nous l’avons exposée. En pratique s’installe "une double contradiction entre croissance et équité d'un côté, entre universel de marché et universel démocratique de l'autre"[19]. La croissance économique s'accompagne de la pauvreté, de l'insécurité alimentaire, de la perte de la sécurité de l'emploi et de la sécurité sociale, de l'endettement d'un côté et de l'enrichissement de l'autre côté. L'équité n'y est pas. Si le marché est devenu universel par la mondialisation, il n'en est pas de même de l'universalité démocratique. Les transnationales n'exigent pas d'un Etat une bonne gouvernance pour se localiser chez lui. Ceci montre comment notre histoire actuelle est multiforme.
Le deuxième paradoxe est celui de la dualité entre le travail et le chômage. En effet, il s’est créé un chômage structurel creusant un fossé entre « inclus », i.e. ceux qui ont un travail rémunéré, et « exclus ». Reconnaissons que ce chômage structurel est un indicateur d’abondance pour ceux qui travaillent et non un indicateur de rareté comme cela fut le cas jadis. Ce chômage, du fait qu’il est structurel, oblige l’emploi à se déplacer et à se recomposer par la pratique de la délocalisation. Celle-ci contraint certains à devenir chômeurs et d’autres, sous d’autres cieux, à avoir de l’emploi. Voilà qui explique pourquoi il n’y a pas de contrat de travail conduisant à l’engagement définitif et parfois les travailleurs ne sont pas couverts par l’assurance maladie, vie. L’Etat ne sait rien dire ou mieux il est devenu, tout simplement, acteur propageant ce mode de travail.
Signalons, par ailleurs, le troisième paradoxe de la dualité relative à l’impuissance des acteurs dans l’interdépendance. Comment assurer une interdépendance efficace dans les domaines comme ceux de l’environnement, de la maladie comme le Sida, de la désertification ? Le changement climatique à l’échelle mondiale ne respecte aucune souveraineté nationale et les Etats, à la remorque des transnationales, ne savent pas coordonner leurs politiques pour combattre la pollution sous toutes ses formes. Le principe selon lequel le pollueur doit payer, encourage la pollution, car il suffit de payer pour avoir droit de continuer à polluer. Les maladies comme le Sida ne connaissent pas non plus de frontières. Au nom de la marque déposée, les transnationales refusent à ce que les copies de médicaments soient faites. La désertification, surtout en Afrique, prend de l’ampleur et la soi-disant Communauté Internationale ne se mobilise pas. Et pourtant, on a besoin des actions collectives et universelles pour maîtriser et l’environnement et le Sida et la désertification.
Le quatrième paradoxe est celui de la dualité relative à la faim. On veut combattre la faim dans le monde où certains sont dans l’abondance et les autres dans le dénuement. Cependant, les transnationales, par souci de profit, mettent en marche des mécanismes pour que la faim soit une source de l’argent. La transnationale Mosanto, e.g., a, depuis 1998, le brevet Terminator . La technique terminator consiste à « introduire un transgène tueur qui empêche le développement du germe grain récolté et le rend donc stérile. L’objectif : interdire à l’agriculteur de prélever une part de sa récolte pour semer l’année suivante, et l’obliger ainsi à racheter (cher) de nouvelles semences à Mosanto (…). Quant à la suppression des produits polluants, il suffit de savoir que les acheteurs de semences transgéniques Mosanto sont tenus par contrat de ne traiter leurs cultures qu’avec l’herbicide de la marque : le glyphosate »[20] .
C’est devant et contre cette mondialisation néolibérale, qui veut faire du monde une marchandise, que surgira l’Altermondialisme. Celui-ci plonge ses racines dans la critique et la contestation du système marchand. Ainsi l’Altermondialisme, en apparaissant après la chute du Mur de Berlin et en s’opposant à la pensée unique à sens unique, se présente-t-il comme une culture socio-politico-économique de synthèse s’articulant en plusieurs refus. De ce fait, il refuse la financiarisation du capitalisme actuel, les échanges et les inégalités structurels du monde entre le Nord et le Sud. Il refuse le laminage des modes de vie, des cultures et des communautés et dénonce les effets incontrôlés de la science et de la techno-science. Voilà pourquoi contre le TINA de Thatcher et des idéologues néolibéraux, il dit : « Un autre MONDE est possible ».
 
2.2. Naissance et nature de l'altermondialisme
Une coutume qui date de 1999 seulement fait remonter l'acte fondateur de l'Altermondialisme aux manifestations de Seattle contre l'OMC[21]. Elles ont eu lieu du 30 novembre au 3 décembre 1999. En réalité, l'on doit situer ce mouvement vers le début des années 90.
Le 27 juillet 1996 s’ouvrit, au Chiapas, une rencontre qui réunit environ deux mille personnes provenant de 43 pays et avait été convoquée par l’armée zapatiste de libération nationale. Elle démarra par un message expliquant la démarche. Le Subcommadant Marcos y avait dit, entre autres, ceci :
 «  Frères et sœurs d’Asie, d’Afrique, d’Océanie, d’Europe et d’Amérique : bienvenu dans les montagnes du Sud-est mexicain. Nous voulons nous présenter : nous sommes l’Armée zapatiste de
libération nationale (…). La voix qui s’arme pour se faire entendre. Le visage qui se cache pour se montrer. Le nom qui s’efface pour être nommé. L’étoile rouge qui appelle l’homme et le monde à écouter, à voir, à nommer. Le lendemain qui se récolte dans l’hier. Derrière notre visage noir, derrière notre voix armée, derrière notre nom indicible, derrière les nous que vous voyez, derrière, c’est vous que vous voyez, derrière, c’est vous que nous sommes (…)
Frères et sœurs, nous vous avons invités à cette rencontre pour chercher, pour vous retrouver et nous retrouver (…).
Aujourd’hui, des milliers de couleurs des cinq continents se vivent ici, dans les montagnes du Sud-est mexicain, pour l’humanité et contre le néo-libéralisme (…)
Aujourd’hui, des milliers de petits mondes des cinq continents tentent un commencement ici, dans les montagnes du Sud-est mexicain, le début de la construction d’un monde nouveau et bon, d’un monde où tous les mondes auront leur place (…)
Aujourd’hui, des milliers d’hommes et de femmes des cinq continents inaugurent ici, dans les montagnes du Sud-est mexicain, la première rencontre intercontinentale pour l’humanité et contre le néo-libéralisme »[1].
La même année, entre les 26 et 28 juillet, la sixième rencontre du Forum de São Paulo eut lieu dans la ville de San Salvador. Ce « Forum se veut un espace anti-impérialiste de rencontre, d’action, de solidarité et de formation de projets alternatifs pour le mouvement démocratique révolutionnaire de la région, dans lequel convergent des courants de diverses origines (…). [Il se bat, car] la politique néolibérale est la forme que revêt aujourd’hui la domination du capitalisme. Le combat contre ce courant forme donc la condition essentielle d’accession à des modes d’organisation économique, politique et sociale qui suppriment les injustices de la société capitaliste. En effet, après deux ans d’application du modèle économique néolibérale [entendez le Consensus de Washington], les résultats pour l’ensemble des pays d’Amérique latine et de la Caraïbe sont semblables partout. Ils détruisent chaque fois plus de nouveaux secteurs de l’économie nationale et ils affaiblissent l’intégration existante (…). [Pour réussir son combat] le Forum de São Paulo est ouvert aux mouvements sociaux et à la créativité ouvrière et populaire. Il est disposé à contribuer à recréer l’espérance, décidé à construire la paix et la justice et à remplir de joie et de bonheur la vie de tous les défavorisés, les désemparés et les oubliés de notre Amérique opprimée. Il est prêt à manifester une solidarité sans limite avec toutes les causes justes et les luttes émancipatrices de l’ensemble de l’humanité »[2].
 Ce Forum avait reçu 187 délégués appartenant à 52 organisations membres, 144 organisations invitées, représentées par 289 participants et 44 observateurs appartenant à 35 organisations d’Amérique, d’Europe, d’Asie et d’Afrique.
Le fait que les premières initiatives de rencontre contre la mondialisation néolibérale commencent en Amérique latine ne doit pas nous surprendre, car c’est en Amérique latine que le programme du Consensus de Washington a été expérimenté pour la première fois. Ceci explique ce premier cri contre le néolibéralisme.
En 1996, à l’occasion de son vingtième anniversaire d’existence, le CENTRE TRICONTINENTAL (CETRI) que dirige François Houtart, prit l’initiative, à travers les participants venus de trois continents, de proposer un contre Davos. L’idée fit son chemin de telle sorte qu’en 1998 la résolution fut prise d’organiser un contre Davos. Sitôt dit, sitôt fait. Une première réunion eut lieu à Zurich et une conférence de presse s’est tenue à Davos au même moment que se tenait la réunion du Forum Economique Mondial (FEM)[3]. Etaient présents à cette réunion antinéolibérale le MST (Mouvement des Sans Terre) du Brésil, ATTAC (Association pour une Taxation des Transactions financières et pour l’Aide aux Citoyens), CCAMI (Coodination Contre l’AMI), FMA (Forumn Mondial des Alternatives), SAPRIN (Structural Adjustment Participary Review International), PICIS (Policy & Information Center for International Solidarity) de Corée du Sud et FENOP (Fédération nationale des organisations paysannes) du Burkina Faso[4].
En 1998[5], il y eut aussi un autre événement du fait qu’on publia l'annonce de la proposition d'un Accord multilatéral d'investissement (AMI en sigle). "Cet accord avait été discuté, dans le plus grand secret, au sein de l'OCDE et était censé devenir une sorte de charte mondiale du capital, auquel il octroyait tous les droits-surtout dans le tiers-monde, qui recevait les "investissements" – et pratiquement aucune obligation"[6]. Les pays les plus riches devraient le signer avant d'être "imposé" aux autres pays du monde. Le mouvement Public Citizens, dirigé par Ralph Nader, publia un article signé par Lori Wallach, son avocate. L’article dénonçait cet accord. Le journal français Le monde Diplomatique reprit et diffusa cet article. C'est de la réaction à cet accord que naquit un mouvement social de contestation, fin 1998. Ce mouvement contraignit la France à se retirer des négociations.
Tous ceux qui ne voulaient pas que le monde soit entièrement contrôlé par les intérêts du capital, commencèrent à s'organiser et à organiser des manifestations contraires aux réunions des acteurs de la mondialisation néolibérale. La manifestation de Seattle fut une de plus connues de par ses répercussions médiatiques.
Signalons un autre nom, celui d’ Oded Grajew. Comme les maîtres du monde se retrouvaient chaque année, depuis une bonne vingtaine d'années, dans un forum baptisé Forum économique mondial à Davos (petite et luxueuse station suisse de sports d'hiver), certains économistes et universitaires européens opposés au néolibéralisme commencèrent à réaliser déjà des rencontres nommées  Anti-Davos. Oded Grajew eut l'idée d'organiser une rencontre de portée mondiale fondée sur le social et où seraient présentes toutes les organisations poursuivant le même but (cette idée n’est pas originale en ce sens, comme nous venons de le souligner, elle a été devancée par la manifestation organisée par François Houtart et les autres). Il fallait, pour que cette rencontre ait une dimension symbolique, l'organiser à la même date que celle de Davos en 2001 (François Houtart et les autres l’ont fait en 1988) et qu'il devrait en être ainsi chaque année. Franscisco Whitaker et Oded Grajew présentèrent l'idée à Bernard Cassen, alors directeur du Monde Diplomatique. Bernard Cassen mordit à l'hameçon et leur proposa d'organiser le forum social mondial au Brésil et leur suggéra Porto Alegre, "capitale d'un Etat dont le prestige s'accroît à chaque jour qui passe en vertu de ses expériences démocratiques et de sa lutte contre le néolibéralisme"[7].
Au retour du Brésil, Oded Grajew et Francisco Whitaker identifièrent les organisations et associations pouvant participer activement au forum social mondial. Le 28 février 2000 se tint une réunion, à Sâo Paulo, des représentants de huit organisations (ABONG, ATTAC Brésil, CBJP, CIVES, CUT, IBASE, MST, Réseau social de justice et des droits de l'homme). Ayant souscrit un "accord de coopération », ils n'avaient qu'un but : organiser le Forum social mondial en mars 2000. Une délégation, se rendit à Porto Alegre pour consulter Olivio Dutra et Raul Pont. Le premier était, à l'époque, gouverneur de l’Etat de Rio Grande du Sud et le dernier, maire de Porto Alegre. Les deux acceptèrent de recevoir le Forum social mondial. Après on monta un Comité brésilien d'appui au Forum.
En janvier 2001 eut lieu le premier Forum social mondial à Porto Alegre et un slogan en sortit : "un autre monde est possible". C'est de cette façon que débuta une nouvelle étape dans le combat contre l'assujettissement de l'être humain aux intérêts du capital.
On constate que l'Altermondialisme fut avant tout un mouvement de contestation. C'est ainsi qu'il se nomma, à ses débuts, Anti-mondialisation. Il refusait la mondialisation sous sa forme néolibérale. Ayant compris qu'il fallait une autre mondialisation à visage humain, basée sur la fraternité au lieu de l'argent, le mouvement passa de l'Anti-mondialisation à l'Altermondialisme ou Altermondialisation[8]. De fait, le terme d'altermondialisme a été adopté lors du contre-sommet de G8 d'Evian en juin 2003.
L'Altermondialisme, mouvement citoyen mondial[9] selon le CRID, se pose en s'opposant à la mondialisation néolibérale et marchande[10] qui veut "marchandiser" le monde et qui est à la source de tant de maux. Avec son système marchand, cette mondialisation détruit au passage toutes les formes économiques sociales et politiques locales en se servant de l'OMC, mobilise toutes les ressources de la planète pour la production marchande à partir des "pays développés", se sert des moyens de transport et de communication pour gérer les multinationales et ainsi relativiser le pouvoir des Etats-Nations, toujours par l'OMC et l'AMI , et valorise le capital non seulement à partir de la production-vente, mais surtout de plus en plus massivement par spéculation financière.
Cette mondialisation libérale ou néolibérale engendre d'autres maux que l'"Appel de Porto Alegre"[11] fustige. Cet "Appel" accuse la mondialisation libérale de renforcer "un système sexiste, patriarcal, qui favorise l'exclusion et la féminisation de la pauvreté. Il exacerbe toutes les formes de violence à l'encontre des femmes". Contre ce système, l'Altermondialisme fait de l'égalité homme-femme une dimension centrale de son combat et affirme que sans cette égalité, un autre monde ne sera jamais possible.
L'Altermondialisme combat également le racisme que déchaîne la mondialisation libérale et appelle "tous les mouvements à se solidariser avec le peuple africain, du continent et ailleurs dans le monde, pour défendre son droit à la terre, à la citoyenneté, à l'égalité et à la paix à travers la reconnaissance de la dette historique et sociale".
L'Altermondialisme s'attaque aussi à la mondialisation libérale, car elle détruit l'environnement et transforme l'atmosphère, l'eau, la terre et les êtres humains également en marchandises. De cela l'Altermondialisme affirme la vie et la santé comme droits fondamentaux et exige de soumettre toutes les décisions économiques à ce principe.
 Par ailleurs, l'Altermondialisme va en guerre contre la mondialisation libérale qui a provoqué la concentration des terres et "a favorisé une agriculture transnationaliste, néfaste à l'environnement et aux structures sociales". Contre cette pratique, l'Altermondialisme exige "une Réforme Agraire démocratique qui donnerait au paysan l'usufruit de la terre, de l'eau et des graines". Il veut favoriser des systèmes agricoles d'autosuffisance.
Dans son combat contre la mondialisation néolibérale, l'Altermondialisme s'attaque à la Dette Extérieure des pays du Sud et s'en prend aux marchés financiers exploitant les richesses et les ressources des populations pour qui ils ne font rien. Il remet en question la soumission des économies nationales aux va-et-vient des spéculateurs qui créent des paradis fiscaux. Le mouvement citoyen mondial qu'est l'Altermondialisme crie contre les privatisations transférant les biens publics et les ressources aux multinationales. Ces dernières contrôlent la production mondiale grâce au chômage massif (qu'elles provoquent sur leur passage), aux bas salaires (qu'elles exigent sous peine de délocaliser les industries) et au travail peu qualifié (qu'elles préfèrent pour bien exploiter les travailleurs).
On comprendra pourquoi le FMI, la BM, l'OMC et l'OTAN sont dans les collimateurs des altermondialistes qui les qualifient des acteurs de la mondialisation néolibérale[1].
A dire vrai, si l'Altermondialisme aiguise ses armes contre la mondialisation néolibérale et marchande et s'il a étendu la critique économique à la critique "politique" et culturelle, c'est au nom d'une certaine philosophie qu'il veut défendre et instaurer. C'est celle d'un nouvel humanisme[2]. Patrick Viveret l'exprime bien : "Quand on parle d'altermondialisation, c'est non seulement comme alternative à la globalisation capitaliste et à la dictature des marchés financiers, mais en tant qu'altermondialisation qui pense l'humanité comme un sujet capable de vivre autrement sa propre histoire, d'assurer les conditions de son auto-gouvernance et de son auto-émancipation, et par conséquent de devenir sujet de sa propre histoire"[3]. On veut replacer la personne humaine au cœur de toute la problématique de la mondialisation.
Comme tout mouvement, l’Altermondialisme a une structure. Nous entendons par structure la composition du mouvement citoyen mondial quant à ce qui concerne ses membres et ce qu'on appellerait, improprement, ses organes. La typologie de cette structure repose sur la dialectique de l’unité et de la diversité.
L'Altermondialisme est composé de plusieurs mouvements sociaux et associations. Certains préfèrent l'appeler "mouvement des mouvements". Toutefois cette qualification est rejetée par la majorité du fait qu'il n'y a pas que des mouvements en son sein.
Il y a plusieurs classifications des membres. Généralement, l'Altermondialisme est composé des forces originaires du monde entier, bien que de façon inégale. Nous avons des mouvements syndicaux (avec mention spéciale au syndicalisme paysan), des mouvements tiers-mondistes et de développement, des mouvements de femmes, des mouvements environnementalistes (dont Amis de la terre, Greenpeace), des mouvements des "Sans" (Sans emploi, Sans papiers, Sans logement, Sans terre…), ATTAC, CRID, des Organisations thématiques proposant des expertises et des mobilisations (Jubilée 2000 ou le CADTM sur la question de la dette, Globalization sur l'AMI, l'OMC…).
En effet, il y a plusieurs courants au sein du mouvement social mondial qu'est l'Altermondialisme. Ainsi, avons-nous d'abord les marginaux de l'Altermondialisme. Les médias en parlent beaucoup. Ces marginaux sont plus visibles lors de grands meetings de protestations et lors des interviews télévisées. Il existe trois catégories de marginaux, à savoir les casseurs, les Démonteurs et les simples Contestataires[4].
 Les Casseurs sont sans scrupules et se cagoulent pour ne pas se faire connaître. Ils dévalorisent le mouvement. Ils font parler d'eux lors de grands rassemblements de protestation. Les Démonteurs sont des casseurs avec scrupules. Ce sont les saccageurs de "Mac Dos", les faucheurs de champs de culture d'OGM. Différents des casseurs sans scrupules, ces Démonteurs acceptent les règles de la démocratie et ciblent leurs actions destructrices. Reconnaissons que ces actions font, parfois, le grand tort à l'image du mouvement altermondialiste.
Les simples contestataires sont souvent les jeunes ayant l'âge de la contestation et ils ont de bonnes raisons de contester: ils rêvent d'un monde exempt d'injustice, d'un avenir sûr, etc. Ils campent dans des champs, font du folklore et ne manquent pas d'apparaître à la télévision pour les interviewes lors des grands meetings de manifestation.
A côté des marginaux, vivent les Politiques d'extrême gauche. Propulsés par l'idéologie marxiste-léniniste, ces politiques d'extrême gauche comptent parmi eux des "nostalgiques" et font du tapage médiatique lors des manifestations altermondialistes. Lors des défilés, ils portent des banderoles revendicatrices.
Les Politiques de gauche y sont aussi. Présentés par les politiques d’extrême gauche comme des socio-libéraux ou des réformistes, les politiques de gauche font aussi partie du mouvement altermondialiste. Soulignons que tous les politiques viennent individuellement au sein de l'Altermondialisme. Autrement dit, ils ne représentent pas leurs partis mais chacun y vient avec ses propres convictions qu'il a à défendre sans les imposer aux autres.
Enfin, viennent les Apolitiques. C'est dans ce courant que se trouvent les Educatifs, les Ecologistes, les Psychologues-Philosophes, les Artistes-poètes, les Religieux, les Associatifs et les Egocentriques.
Les Educatifs sont reconnus par leurs approches éducatives. Certains proposent l'éducation par l'information (ex. Monde Diplomatique), par l'école et d'autres par les diverses associations avec l'objectif d'une éducation citoyenne orientée vers l'action, notamment par le biais des FSM (ex.: ATTAC).Les Ecologistes sont soucieux et de l'humain et du naturel. Intellectuels, les Psychologues-Philosophes apportent leur savoir ou les fruits de leurs réflexions aux actions apolitiques et ils sont aussi éducatifs et écologistes. Les Artistes-poètes contribuent à la marche du mouvement social mondial par leurs productions littéraires et cinématographiques. Sans imposer leurs dogmes, les Religieux  proposent leurs approches à caractère moral et spirituel. Les  Associatifs  ont des actions ponctuelles ou sectorielles comme antiracisme, antipauvreté, antidette, antiguerre. Ils sont actifs dans l'Altermondialisme. Les Egocentriques supportent l'Altermondialisme par l'envoi de petits chèques et refusent les idéologies. Ils ne veulent pas se faire "embarquer" ou "embrigader". Ils s'abstiennent de toute action autre que verbale, et ce par le dénigrement.
Une autre classification peut être aussi proposée si l'on veut mettre l'accent sur le sens et l'importance donnés à l'"alter" et si l'on focalise le regard sur la nature et l'intensité du changement souhaité. On aura des altermondialistes matérialistes et des altermondialistes culturalistes voire spiritualistes. Les premiers n'objectent pas de voir ce monde rester prioritairement matérialiste et tourner vers l'économique, quitte à rendre humaines et justes les conditions de travail, de répartition des richesses créées, de justice sociale. Ils sont plus nombreux. Les seconds veulent un tout autre monde à priorité non matérialiste, mais à dominante culturelle voire spirituelle.
Comme on le constate, plusieurs classifications peuvent être suggérées, mais c'est lors de débats que les tendances sont plus visibles. De par les différentes classifications précitées, on comprendra que l'Altermondialisme est un mouvement citoyen mondial hétérogène et non homogène.
Ses organisations ou ses "organes" essaient de tout coordonner pour que les rencontres puissent avoir lieu à des dates prévues.
L'Altermondialisme se veut un mouvement social mondial horizontal et non hiérarchisé, centralisé et autoritaire. Toutefois pour le besoin de la cause, l'Altermondialisme a un Conseil International et plusieurs Comités de mobilisation  à travers le monde.
Le Conseil International a son siège au Brésil[5] et il est en charge des axes stratégiques et politiques du FSM. Il a un secrétariat International qui a des Commissions de méthodologie et du contenu et Thématique pour bien sélectionner des groupes agglutinateurs correspondant à chaque thème. Les Commissions contactent des entités pour leur proposer la formation des groupes agglutinateurs. Une fois la proposition approuvée, le groupe dispose de quelques semaines pour proposer un agenda commun. Alors le premier défi du Conseil International est de proposer un ensemble d'Ateliers et des séminaires ayant des points de vues divers. En outre, le Conseil International définit les "grandes activités"[6] à partir d'une consultation générale. Il est à noter que depuis le 4e FSM de Mumbai, il y a une nouvelle méthodologie : les "grandes activités", loin d'être simplement définies par de nombreux acteurs politiques, elles sont naturellement liées aux ateliers et aux Séminaires.
En outre, le Conseil International est en charge de trouver des fonds pour permettre aux réseaux et aux mouvements, ayant peu de ressources, de participer au FSM. Par ailleurs, il est du devoir du Conseil International d'inciter les organisations et mouvements sociaux de leur pays à participer à l'événement du FSM, notamment en contribuant à la création de Comité de Mobilisation. Sachons que le Conseil International est pluraliste et représentatif de la société civile. Une cinquantaine de réseaux, de mouvements sociaux, d'ONG, de syndicat en font partie[7].
Chaque Comité de Mobilisation nationale a une mission, celle de faire connaître le FSM et de mobiliser les organisations sociales du pays. Il doit les conduire à participer à l’événement, moment vital du FSM. Il est recommandé que la composition des Comités de Mobilisation nationaux soit large et plurielle. Comme on peut le deviner, le Conseil International anime ou rend vivant l’Altermondialisme en organisant les FSM.
 
2.3. Ideologie altermondialiste à partir de la charte des principes du FSM
L’altermondialisme comme mouvement citoyen mondial a sa Charte des principes du Forum social mondial, a sa façon d’organiser ses Forums sociaux mondiaux et tient beaucoup à Porto Alegre. Les quatorze points de la Charte nous donneront la définition du FSM et ses fondements philosophiques se trouvent dans sa conception de l’homme, de la nature et de l’histoire.
La Charte a été approuvée et signée à São Paulo, le 9 avril 2001 par les instances qui constituent le Comité d’organisation du Forum social mondial. Mais, c’est le 10 juin 2001 que le Comité International du Forum social mondial l’approuva avec des modifications.
La Charte, dans son premier point, déclare que le FSM est un espace de rencontre ouvert. Il vise l’approfondissement de la réflexion, le débat d’idées démocratiques, la formulation de propositions, l’échange en toute liberté d’expériences. Le FSM est l’espace où les instances et les mouvements de la société civile s’opposant au néolibéralisme et à la domination du monde par le capital et toute forme d’impérialisme, et s’employant à bâtir une société planétaire axée sur l’être humain, articulent leurs points de vue en vue d’actions efficaces.
Le Deuxième point, en partant du slogan « un autre monde est possible » issu de Porto Alegre, fait du FSM un processus permanent où la recherche et l’élaboration des alternatives se feront. Ainsi le FSM ne sera-t-il pas réduit aux manifestations sur lesquelles il s’appuie.
Le troisième point fait du FSM un processus à caractère mondial. Toutes ses rencontres ont une dimension internationale.
Le quatrième point donne les couleurs des Alternatives du FSM : elles s’opposent au processus de la mondialisation capitaliste commandé par les multinationales, les gouvernements et les institutions internationales au service de leurs intérêts. Ses alternatives n’ont qu’un but, à savoir faire prévaloir une mondialisation solidaire respectant les droits universels de l’Homme et l’environnement. Voilà une nouvelle étape de l’histoire du monde  soutenue par des systèmes et institutions internationaux démocratiques au service de la justice sociale, de l’égalité et de la souveraineté des peuples.
Le cinquième point refuse au FSM de prétendre être une instance représentative de la société civile mondiale, car il réunit et articule seulement les instances et les mouvements de la société civile.
Le sixième point explicite le cinquième en déclarant que le FSM n’a pas un caractère délibératif dans ses rencontres. Raison pour laquelle le FSM ne fait pas de déclaration finale à la fin de ses rencontres. Les FSM ne constitue pas une instance de pouvoir et se garde de se constituer en l’unique alternative d’articulation et d’action des instances et mouvements qui en font partie.
Le septième point octroie aux instances prenant part aux rencontres du FSM le pouvoir de délibérer en toute liberté sur des déclarations et des actions qu’elles ont décidées de mener, seules ou en coordination avec d’autres participants. Le FSM, au contraire, doit diffuser largement ces décisions sans imposer d’orientations, de hiérarchies, de censures et de restrictions. Ainsi se trouve confirmée l’autonomie des instances dans leurs décisions et actions.
Le huitième point vient soutenir le septième en faisant du FSM un espace pluriel et diversifié, non confessionnel, non gouvernemental et non partisan. Le FSM prône la décentralisation dans sa façon d’articuler, en réseau, des instances et mouvements engagés dans des actions tant au niveau local qu’au niveau international. Mais, retenons que le FSM n’articule que des instances et mouvements visant à bâtir un autre monde. Ce huitième point instaure l’hétérogénéité  au sein du FSM.
Le neuvième point persiste et insiste sur l’affirmation selon laquelle le FSM sera toujours un espace ouvert au pluralisme et à la diversité des engagements et actions d’instances et de mouvements y participant. Ce point affirme aussi que le FSM reconnaît la pluralité des sexes, ethnies, cultures, générations et capacités physiques. Il y a le refus de l’uniformisation sous toutes ses formes. En outre, ce même point interdit aux représentants des partis et des organisations militaires d’y participer en tant que tels et déclare qu’à titre personnel, les gouvernants et les parlementaires assumant les engagements de la Charte pourront y être invités.
Contrairement aux points précédents, le dixième se prononce sur l’économie et annonce l’opposition du FSM à toute vision totalitaire et réductrice de l’économie, du développement et de l’histoire, et à l’usage de la violence comme moyen de contrôle social par l’Etat. A cette vision totalitaire, réductrice et à la violence de l’Etat, le FSM oppose le respect des droits de l’Homme, la véritable pratique démocratique, participative, et ce par des relations égalitaires, solidaires et pacifiques entre les personnes, les races, les sexes et les peuples. A la fin, le FSM s’engage à condamner toutes les formes de domination comme l’assujettissement d’un être humain par un autre. Ce point a, à la fois, l’allure économique et politique et opte pour le pacifisme, la solidarité, l’égalité et la non discrimination sociale et sexuelle.
Le onzième point semble sauter par-dessus le dixième pour retourner aux précédents en réaffirmant le FSM comme un espace de débat  et un mouvement d’idées, stimulant la réflexion et diffusant des fruits de cette réflexion. Celle-ci porte sur les mécanismes et instruments de la domination du capital, sur les moyens et actions de résistance et la façon de dépasser cette domination, et sur les alternatives. Celles-ci sont proposées afin de résoudre les problèmes d’exclusion et d’inégalité sociale créés au niveau international et dans chacun des pays par le processus de la mondialisation capitaliste avec ses composantes racistes, sexistes et destructrices de l’environnement. Ce point donne la nature de la réflexion altermondialiste sur son objet de recherche et pointe son ennemi qui est la mondialisation capitaliste. 
Le douzième point définit le FSM comme espace d’échange d’expérience. Cette nature du FSM fait qu’il y a connaissance et reconnaissance mutuelle des instances et mouvements y participant. De ce fait, les participants valoriseront leurs échanges et celles-ci porteront en particulier sur ce que la société est en train de bâtir afin d’axer l’activité économique et l’action politique dans le but de prendre en compte les besoins humains et dans le respect de la nature, aujourd’hui et pour les générations futures. Ce point met au centre de l’économie et de la politique l’être humain et la nature. C’est ici que le FSM rejoint les préoccupations du Développement durable ou soutenable qui demande à l’homme, dans la satisfaction de ses besoins, de ne pas détruire la nature (ressources renouvelables et non renouvelables) car il faut penser aux générations futures[9].
Le treizième point qualifie le FSM d’espace d’articulation. En cette qualité, le FSM cherche à créer et à fortifier de nouvelles articulations nationales et internationales entre les instances et mouvements de la société civile. Ce point souligne aussi la capacité de résistance sociale pacifique au processus de déshumanisation qu’on vit et à la violence de l’Etat.
Le quatorzième et dernier point de la Charte fait du FSM un processus stimulant ses membres participants à situer, à un niveau local ou national, leurs actions tout en cherchant à prendre une part active dans les instances internationales et ainsi , introduiront-ils dans l’agenda mondial les pratiques transformatrices exprimées dans la construction d’un monde nouveau.
De cette Charte, nous savons que le FSM est un « espace de rencontre ouvert », un « processus permanent », un « espace pluriel et diversifié, non confessionnel, non gouvernemental et non partisan », un « espace de débat », un « espace ouvert au pluralisme », un « mouvement d’idées », un « espace d’échange d’expérience », un «espace d’articulation ». Luttant pour un autre monde possible où l’être humain et le respect de la nature sont au centre, le FSM combat la mondialisation capitaliste et son cortège des malheurs, et veut faire de l’homme le sujet de sa propre histoire. Comme la société est tissée des rapports sociaux de l’économie marchande, le FSM la dénonce et cherche à construire un Autre monde possible. De par son caractère non délibératif et anti-autoritaire, le FSM reconnaît l’autonomie des instances et mouvements y participant, dans leurs décisions et actions. Hétérogène, le FSM ne niera pas ses contradictions.
L’Altermondialisme, à travers ses FSM, se trace une ligne de conduite, organise sa vie, propose ses alternatives et présente sa philosophie humaniste[10] et environnementaliste.
Sachons que depuis son origine comme mouvement social et citoyen mondial, l’Altermondialisme a organisé quelques FSM et quelques forums sociaux continentaux.
La Charte nous dévoile l’idéologie altermondialiste. Tous les mouvements de la société civile, membres de l’Altermondialisme, s’opposent au néolibéralisme et à la domination du monde par le capital et toute forme d’impérialisme, et s’emploient à bâtir une société planétaire axée sur l’être humain et la nature, articulent leurs points de vue pour mener des actions efficaces. De ce fait, tous les mouvements membres s’opposent au processus de la mondialisation capitaliste commandée par les multinationales, les gouvernements et les institutions internationales au service de leurs intérêts. Leurs alternatives n’ont qu’un but, à savoir faire prévaloir une mondialisation solidaire respectant les droits universels de l’Homme et de l’environnement. En d’autres termes, l’idéologie altermondialiste est aussi mondialiste et cherche une autre forme de mondialisation, mondialisation solidaire, à visage humain, une mondialisation sans marginalisation. Voilà qui explique que leurs rencontres ont une dimension internationale. Pour ce faire, ces mouvements s’opposent à toute vision totalitaire et réductrice de l’économie, du développement et de l’histoire, et à l’usage de la violence comme moyen de contrôle social par l’Etat. A cette vision totalitaire, réductrice et à la violence de l’Etat, l’idéologie altermondialiste oppose le respect des droits de l’Homme, la véritable pratique démocratique, participative, et ce par des
relations égalitaires, solidaires et pacifiques entre les personnes, les races, les sexes et les peuples. Cela étant, cette idéologie se prononce contre toutes formes de domination comme l’assujettissement d’un être humain par un autre. Par conséquent, elle opte pour le pacifisme, la solidarité, l’égalité et la non discrimination sociale et sexuelle.
Par ailleurs, cette idéologie épouse les thèses du Développement durable. Tout mouvement membre doit lutter pour axer l’activité économique et l’action politique dans le but de prendre en compte les besoins humains et dans le respect de la nature, aujourd’hui et pour les générations futures. Ce point met au centre de l’économie et de la politique l’être humain et la nature.
En dernière analyse, cette idéologie disqualifie tout argument  selon lequel «  la réalisation des idéaux moraux (la liberté et le bien-être pour tous) passe par la médiation de l’économie de marché et par la représentation politique »[1]. Au contraire, elle prône la coopération internationale, car l’homme a la capacité de coopérer avec un autre homme, il a la compassion envers un autre homme et tout homme a la capacité de la créativité et de choix responsable. Cette vision optimiste de l’homme pousse cette idéologie à recentrer les priorités globales, nationales et locales sur l’objectif de créer des sociétés humaines saines, durables, et visant à réaliser le bien-être de tous.
 
2.4. Critique de la mondialisation neoliberale
 
La critique de la mondialisation néolibérale se fait systématiquement lors des FSM. Ainsi, nous passerons en revue les différentes éditions du FSM pour voir comment les altermondialistes s’attaquent à la mondialisation néolibérale.
Jusqu’à ce jour, il y a six FSM organisés.
Le Forum social mondial I a eu lieu à Porto Alegre du 25 au 30 janvier 2001. Tenu aux mêmes dates que le Forum économique de Davos, ce premier FSM s’est situé dans une dynamique de propositions qui a donné naissance au fameux et historique slogan  « Un autre monde est possible », réaction directe à la TINA de Margaret Thatcher.
Il y a eu des délégués de 122 pays. 10.000 participaient tous les jours aux carrefours et ateliers. 1500 journalistes étaient au rendez-vous et 400 députés de 27 pays y étaient présents[2]. Le matin, les rencontres se faisaient dans quatre carrefours et l’après-midi dans des ateliers dont plus de 400 étaient proposés. Quatre thèmes étaient traités dans les quatre carrefours. Il s’agissait de la production des richesses et de la reproduction sociale (où on fustigeait le commerce international, le système financier, etc.), de l’accès aux richesses et de durabilité (on y parlait des biens publics globaux, des OGM, etc.), de l’affirmation de la société civile et des espaces publics, et du pouvoir politique et éthique dans la société nouvelle (on discutait sur le futur des Etats – Nations et on proposait la démocratisation du pouvoir mondial, etc.). Les thèmes des ateliers de l’après-midi portaient sur la marche mondiale des femmes, sur les OGM, sur les stratégies à prendre pour bien s’opposer au FMI et à la BM, proposaient la démocratie participative et dénonçaient la dette des pays pauvres.
Le Forum social mondial II eut encore lieu à Porto Alegre du 31 janvier au 5 février 2002[3]. Ce FSM, aux dires des ses organisateurs et participants, eut un succès à plusieurs niveaux. Quantitativement, 50.000 personnes étaient accréditées, dont 15.000 délégués issus de 5.000 organisations différentes de 120 pays et 2800 journalistes. Il y eut un forum des autorités locales (1000 représentants), un forum mondial des parlementaires (1.145 députés et sénateurs), un forum des juges, un forum de préparation au Sommet mondial du développement durable de Johannesburg, un forum social mondial des enfants.
Survenu après le sinistre 11 septembre 2001, ce FSM a souffert de certaines critiques le liant aux terroristes. Si les militants américains étaient quasiment absents lors du FSM 2001, cette fois-ci, il y avait 400 délégués. Les Africains y étaient aussi. 27 conférences ont été tenues le matin, 96 séminaires ont été organisés et leur finalité était de permettre d’identifier, d’élaborer et d’approfondir des thématiques spécifiques. Cela facilitait un débat public et la socialisation des réflexions stratégiques. 622 ateliers ont été formés dans le seul but d’ouvrir des espaces de rencontre et d’échange d’expériences. On y réfléchissait, entre autres, sur les actions de mobilisations présentes et futures.
Le FSM 2002 a retenu quatre axes thématiques qu’on a retrouvés au FSM 2001. Le CRID a fait la synthèse de trois conférences portant sur la dette extérieure[4], sur la souveraineté alimentaire[5], et sur la dignité et les droits humains[6].
La dette extérieure appartient à l’Axe I Production de richesses et reproduction sociale. Il a été reconnu que la dette est un obstacle majeur au développement, qu’il y a une co-responsabilisation entre prêteurs et emprunteurs dans son accumulation, qu’elle est illégitime (surtout que les prêts ont été accordés dans le cadre de la défense d’intérêts politiques et économiques des prêteurs et non pour le développement économique et social des populations), qu’elle est un instrument de coercition du Nord sur le Sud. De ce constat est sortie une série de propositions : il est recommandé de briser la spirale infernale de la dette, d’élaborer des plans d’allègement à la hauteur de l’enjeu, de mettre en place de nouveaux mécanismes de financement du développement, d’associer les sociétés civiles au suivi des annulations de dette, de procéder à la rétrocession des « biens mal acquis », de réparer la dette historique contractée par le Nord auprès du Sud, de mettre fin aux plans d’ajustement structurel, et de mettre en place des instruments de régulation internationaux justes, transparents et équitables. 
La souveraineté alimentaire ressort de l’Axe II Accès aux richesses et durabilité. Certaines questions, dont pourquoi la faim et la malnutrition augmentent-elles chaque jour dans le monde ? Pourquoi les peuples perdent-ils la souveraineté de leurs ressources productives ? Dispose-t-on des capacités de production suffisantes pour nourrir la population mondiale ? , ont été proposées.
 Après analyse révélant que « la faim et la malnutrition ne sont pas le résultat de la fatalité, ni le simple fait de situations géographiques particulières ou de phénomènes climatiques défavorables »[7], mais qu’elles résultent de la méchanceté des organisations internationales, des transnationales imposant à l’échelle mondiale leurs politiques économiques, agricoles et commerciales, certaines propositions ont été émises. Nous en retenons cinq :
1.                  la reconnaissance du droit à l’alimentation comme un droit humain fondamental ;
2.                   l’accès équitable aux ressources productives, principalement la terre, l’eau et les forêts, ainsi qu’aux moyens de production, de financement et de formation ;
3.                  le refus d’une quelconque ingérence de l’OMC dans les questions d’alimentation, d’agriculture et de pêche et dans les politiques nationales qui les régulent ;
4.                  la reconnaissance du rôle fondamental des femmes dans la production, la récolte, la commercialisation et la transformation des produits de l’agriculture et de la pêche, ainsi que dans la préservation et la reproduction des cultures alimentaires ;
              5.       le développement et la promotion de systèmes alimentaires durables[8].
   Reconnaissons que si le consensus sur le droit des peuples à pouvoir s’alimenter et à produire leurs propres aliments, sur le droit des peuples à accéder aux ressources naturelles et la reconnaissance de ces ressources comme patrimoine de l’humanité, sur la régularisation démocratique et participative des échanges commerciaux agricoles, etc., était acquis, les divergences étaient apparues quant à ce qui concerne principalement les actions à mettre en œuvre pour appliquer le principe de souveraineté alimentaire. « Qui » les ferait et « comment » les appliquer ? le « Qui » et le « Comment » étaient au centre du débat.
L’Axe III a comme titre Affirmation de la société civile et des espaces publics. Les différents thèmes portent sur la lutte contre la discrimination et l’intolérance, la démocratisation des communications et des médias, la production culturelle, l’identité, les perspectives pour le mouvement mondial issu de la société civile, la violence domestique, les migrations, le trafic d’êtres humains (femmes, enfants), les réfugiés et l’éducation. De la formulation des thèmes, on voit que l’altermondialisme a du pain sur la planche et que sa lutte se situe, à ce niveau, sur le plan social, i.e. sur « les troubles » sociaux qu’engendre la mondialisation néolibérale.
La dignité et les droits humains font partie de l’Axe IV – Pouvoir politique et éthique dans la société nouvelle. Après avoir constaté les violations des droits économiques sociaux, humains et culturels suite à la violence étatique, à l’expansion de la culture de masse et de la propagation de « la pensée unique », de la philosophie de l’économie néolibérale interdisant toute alternative, un soutien fut apporté à la création d’un forum permanent sur les droits économiques, sociaux et culturels. Ce forum sera destiné à constituer un mécanisme légal et politique afin de poursuivre des objectifs, dont « le respect des droits humains par les organisations financières internationales telles que le FMI, la Banque mondiale et l’OMC, ainsi que par les entreprises transnationales »[9], et, sans doute, le « contrôle par la société civile du respect de droits humains par les Etats »[10].
Nous nous sommes beaucoup appesanti sur le FSM 2002 compte tenu de son apport à la vie de l’Altermondialisme. Marc Deluzet, dans son Bilan du 2ème Forum social mondial, parlant de quatre aspects essentiels méritant d’être retenus, souligne la radicalisation de la contestation et l’amorce de solutions[11].
Le Forum social mondial III s’est tenu, encore une fois, à Porto Alegre du 21 au 28 janvier 2003. Ce FSM 2003 a connu une participation en hausse sensible[12]. Il y a eu 100.000 participants et plus de 4.000 journalistes.
Le FSM 2003 a travaillé sur cinq axes thématiques :
1- développement démocratique et durable,
 2- principes et valeurs, droits de l’homme, diversité et égalité,
3- médias, culture et contre hégémonie,
4- pouvoir politique, société civile et démocratie,
5- ordre mondial démocratique, combat contre la militarisation et promotion de la paix.
La méthodologie du travail est restée la même : Conférences (environ 25), séminaires (environ 140), ateliers (environ 1246) , les témoignages et les tables de dialogue et de controverse (où la confrontation des points de vue entre délégués de la société civile et les représentants de partis politiques, des gouvernements et d’organisations de l’ONU a eu lieu) ont été aussi organisés.
La forme générale du FSM 2003 n’a pas vraiment changé : le rejet de la mondialisation libérale a été réaffirmé, l’anti-américanisme était au rendez-vous. Les ateliers et conférences ont davantage perçu le caractère multipolaire de la mondialisation. Comme réponse, on proposa le « développement d’espaces régionaux intégrés sur le plan économique, politique et social »[13] et la construction européenne fut prise comme un exemple d’un cadre légitime de régulation. On y parla aussi des différences de situation et d’intérêts entre les populations et les salariés du Nord et ceux du Sud. En outre, on a vu des Africains s’exprimer davantage dans les différents ateliers et séminaires. Les intervenants ivoiriens et sénégalais ont insisté sur le respect des codes de bonne conduite par les multinationales investissant en Afrique. Ils demandèrent aussi la solidarité effective et plus forte des pays riches.
L’élection présidentielle de Lula, ancien syndicaliste et candidat du Parti des travailleurs (PT), a conduit certains acteurs brésiliens à profiter du FSM 2003 pour approfondir leur réflexion et faire mûrir leur positionnement dans la nouvelle situation politique.
Reconnaissons que, même si le discours de Lula devant plus de 80.000 personnes a été un des moments les plus importants et les plus émouvants du Forum, certains participants ne se sont pas reconnus en lui du fait qu’il est allé parler à Davos. Lula s’est justifié en arguant qu’il y est allé pour apporter la dimension humaine qui s’exprime à Porto Alegre, pour introduire l’agenda social de l’OIT et du Forum. 
Une autre figure de proue qui marqua le FSM 2003 est Noam Chomsky[14]. Celui-ci y exposa sa théorie de « l’empire » dans laquelle il fustigeait les Etats-Unis, l’Etat le plus puissant qui veut dominer le monde par la force. C’est ainsi que Chomsky, sous un ton pessimiste, affirmait que la guerre en Irak aura bien lieu et achevait sa conférence par une question : « y aura-t-il une vie après la mort du capitalisme ? »[15] . Cette question fait, sans doute, référence, pensons-nous, à La fin de l’histoire, livre de Francis Fukuyama[16].
C’est au FSM 2003 que les acteurs brésiliens souhaitèrent que le FSM 2004 soit organisé ailleurs qu’au Brésil. Ils estimaient avoir des enjeux nationaux beaucoup plus importants à assurer avec l’arrivée du nouveau gouvernement Lula. Craignant de voir leur « enfant » (FSM) s’engager sur des chemins moins empreints de tolérance et d’ouverture politique, ces acteurs ont demandé et obtenu de conserver le secrétariat du Conseil International qui a présidé à l’organisation du forum en Inde et à cette occasion il fut décidé d’organiser le FSM 2005 à Porto Alegre.
Le Forum social mondial IV se tint à Mumbaï (Bombay) en Inde du 16 au 21 janvier 2004. Didier Blain nous donne le chiffre de 75.000 délégués[17] au moment où CONTROLARMS parle de 100.000 personnes. Prix Nobel de la paix en 2003, Shirin Ebadi a ouvert ce 4ème FSM.
La méthodologie de travail est restée la même. Au niveau des conférences on a retenu certains sujets : terre, eau et souveraineté alimentaire ; militarisme, guerre et paix ; mondialisation, sécurité sociale et économique ; guerre contre les femmes, femmes contre la guerre ; les médias, culture et connaissance ; exclusion et oppression ; racisme et castes ; labeur et monde du travail ; religion ; ethnie et langues. Les tables rondes et panels ont focalisé leurs regards sur les sujets suivants : mondialisation, gouvernance mondiale et Etat-Nation ; partis politiques et mouvements sociaux ; mondialisation et ses alternatives et avenir du forum social mondial[18].
Irène Khan, secrétaire générale d’Amnesty International, participa au débat « guerre contre les femmes, femmes contre les guerres ».
Le 4ème FSM a constitué aussi un cadre propice au travail de campagne en faveur d’un traité sur le commerce des armes.
Mais le FSM 2004 a connu une sorte d’apothéose quand le prix Nobel d’économie, auteur du best-seller sur la mondialisation La grande désillusion, Joseph Stieglitz, a tenu une conférence sur le thème mondialisation, sécurité économique et sociale. Le Conférencier vedette a remis en question les institutions financières internationales qui ont manifesté leur incapacité à mettre en place des protections sociales pour les plus défavorisés. Il a, par ailleurs, proposé « de mettre à l’ordre du jour des
grands décideurs mondiaux la mise en œuvre de politiques favorisant le développement de la protection sociale et la création d’emploi »[1].
Le FSM 2004 a aussi parlé de la rémunération des multinationales. Celles-ci rémunèrent souvent mieux leurs salariés que les entreprises locales, mais elles pratiquent une discrimination salariale entre les locaux et les expatriés qui, ayant la même formation que les locaux, reçoivent des salaires colossaux. En outre, les multinationales sont souvent responsables d’entraves à l’activité syndicale par les licenciements et les mutations d’office.
Il sied de signaler que les communistes indiens investis dans le comité d’organisation ont marqué fortement de leur empreinte la manifestation. Cela est apparu dans le choix des interventions aux discours teintés d’anti-capitalisme et d’anti-impérialisme, et se voyait par l’omniprésence de la faucille et du marteau, symboles, du parti communiste.
Le FSM 2005 vient d’avoir lieu à Porto Alegre, et ce du 26 au 31 janvier 2005.Ce FSM a eu 120.000 participants venus de 50 pays[2].
Considéré comme le forum de l’ « âge de raison »[3] parce que « plus constructive qu’idéologique »[4], le FSM V a inscrit à l’ordre du jour onze thèmes, à savoir
 « 1.Assurer et défendre les biens communs de la Terre et des peuples, comme alternative à la marchandisation et au contrôle des multinationales,
2. Economies souveraines pour et par les peuples-Contre le capitalisme néolibéral,
3. Paix, démilitarisation et lutte contre la guerre, le libre-échange et la dette,
4. Pensée autonome, réappropriation et socialisation des savoirs et des technologies,
5. Défendre la diversité, la pluralité et les identités,
6. Luttes sociales et alternatives démocratiques-Contre la domination néolibérale,
7. Ethique, cosmovisions et spiritualités-Résistances et défis pour un nouveau monde,
8. Communication : pratiques contre-hégémoniques, droits et alternatives,
9. Art et création : construire les cultures de résistance populaire,
10. Droits humains et dignité pour un monde juste et égalitaire,
11. Vers la construction d’un ordre démocratique international et l’intégration des peuples »[5]. Cela étant, quatre axes thématiques ont été retenus : 
« 1.L’émancipation sociale et la dimension politique des luttes,
2. La lutte contre le capitalisme patriarcal,
3. La lutte contre le racisme,
4. Les questions de genre »[6].
Signalons que 2000 ateliers ont été formés. Le FSM V a aussi parlé de la priorité contre la pauvreté. C’est ainsi que l’organisation Jubilée South a réclamé «  l’annulation pure et simple de la dette des pays pauvres, qualifiée par le Prix Noble de la Paix 1980, l’Argentin Adolfo Pères Esquivel de « génocide social » »[7].Voilà qui a conduit les ONG à lancer un « appel mondial à l’action contre la pauvreté »[8]. Ainsi, plusieurs initiatives furent prises pour redynamiser le Processus du Millénaire « qui vise à réduire de moitié en 2015 la pauvreté dans le monde »[9] .
 Parlons aussi du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, dit LULA. Ce dernier, à mi-mandat[10], a lancé un « Appel global contre la faim et la pauvreté », appel qu’il devait répéter à Davos quelques jours plus tard. En effet, du 26 au 30 janvier 2005, s’est tenu à Davos le XXXVe Forum Economique Mondial (FEM) dont le thème fut « Assumer la responsabilité de choix difficiles ». Le fondateur et organisateur de l’événement, Klaus Schwab, a proposé douze « choix difficiles », à savoir
« 1.la pauvreté,
2. la Chine,
3. les mutations climatiques,
4. la globalisation équitable,
5. l’Europe,
6. l’économie globale,
7. la gouvernance globale,
8. l’Islam,
9. le Moyen Orient,
10. le leadership des Etats-Unis,
11. les armes de destruction massive et
 12. le commerce mondial »[11].
Doit-on voir dans le choix de ces « douze choix difficiles » « un infléchissement majeur de la part des grands décideurs économiques et politiques qui auraient renoncé à la poursuite d’un capitalisme sans visage au profit d’un « capitalisme compassionnel », comme l’a suggéré A.C.Husson ? »[12]. Dorval Brunelle en doute. Cependant, nous pensons qu’il serait bon de se prononcer là-dessus quand on aura à juger les promesses du FMI et de la BM. En effet, pour la première fois, le FMI et la BM ont été admis à se présenter à Porto Alegre et ont promis « aux altermondialistes de tenir compte de leurs appels et de lutter plus activement contre la pauvreté dans le monde »[13]. Comme on le voit, la cinquième édition du FSM est « tolérante », car elle admet que ses « ennemis jurés » participent à ses assises.
Il nous semble important de signaler aussi la présence du président vénézuélien Hugo Chavez. Celui-ci a appelé le FSM à passer à l’action et s’est posé en victime de l’ « impérialisme » américain[14].
 A la fin du FSM V, un groupe de 19 intellectuels, emmené par Bernard Cassen, président d’honneur d’Attac et cofondateur du FSM, a lancé un appel connu sous le nom de « Le manifeste de Porto Alegre »[15]. Celui-ci est constitué de douze propositions destinées à prendre le contre-pied du Consensus de Washington, pilier des thèses libérales. Ce manifeste ne se confond à « la déclaration finale du FSM ». Cela irait contre l’esprit du FSM. Et Cassen est explicite à ce propos : « On signe un truc à titre perso. Chacun peut s’emparer du texte, le critiquer »[16].
En outre, le FSM V a pris une option pour les déclinaisons. On entend par déclinaison « la multiplication des rassemblements et autres grandes réunions qui s’inspirent de la formule mise au point par le FSM, que ce soit au niveau géographique, dans d’autres pays et dans d’autres localités, ou encore au niveau sectoriel, voire au niveau thématique »[17]. Les déclinaisons permettront de bien montrer la parenté de vue et d’esprit entre le FSM et ces autres initiatives. Cela facilitera les échanges entre les participants à ces autres forums (qui peuvent avoir lieu avant, pendant ou immédiatement après le FSM) et les participants du FSM.
Par ailleurs, le FSM V a proposé la délocalisation de la sixième et de la septième édition. De ce fait, le FSM 2006 se tiendra sur trois continents simultanément « afin d’impliquer des populations plus diverses et d’organiser des manifestations à taille humaine »[18]. Cependant le FSM 2007 sera organisé sur le continent africain, un des grands absents depuis le premier FSM.
             Le FSM VI est polycentrique, i.e . il se tient dans plusieurs continents à la fois. Ainsi, du 19 au 23 janvier 2006 s’est tenu à Bamako (Mali) un FSM.
           Ayant remarqué une convergence des propositions concernant les thèmes et sous thèmes mis en avant par le processus du FSM et par les autres comités polycentriques, à Bamako, on a beaucoup réfléchi sur la manière de conduire les débats que sur les sujets des débats. Dans cet esprit on a proposé l’organisation d’un nombre significatif de tables rondes thématique en plus des activités auto-organisées, propres aux mouvements présents à Bamako.
            Les thèmes[19] majeurs de discussion furent :
1. Guerre, sécurité et paix
2. Libéralisme mondialisé: apartheid à échelle mondiale et paupérisation
3. Marginalisation du Continent et marginalisation des peuples, Migrations, Violation des droits économiques, sociaux et culturels
4. Agression Contre les sociétés paysannes
5. Alliance entre le Patriarcat et le néolibéralisme et marginalisation des luttes des femmes
6. Culture, médias et communication : critique et reconstruction, violences symboliques et exclusions
7. Destruction des écosystèmes, diversité biologique et contrôle des ressources
8. Ordre international : Nations Unies, Institutions internationales, droit international, reconstruction du front du sud
9. Commerce international, dette et politiques économiques et sociales
10. Les alternatives qui permettront des avancés démocratiques, le progrès social et le respect de la souveraineté des peuples et du droit international
 
Claude Quémar en a fait un bilan à chaud[20] . La participation globale à ce forum a été d’environ 20.000 personnes, soit moins que ce qui était espéré. Mais ce nombre reste tout de même très significatif. L’écho médiatique a permis de donner un écho local aux travaux : utilisation des radios locales pour préparer le forum, présence massive et enregistrements lors des ateliers. La télévision publique malienne a même tenu chaque soir un journal spécial de 10 minutes, consacré au forum, donnant largement la parole aux intervenants.
En définitive, ce forum a permis l’émergence au premier plan de la problématique de la dette et ces relations avec les questions concrètes qui se posent aux populations en particulier d’Afrique sub-saharienne et nord africaine.
A Caracas (Venezuela) s’est tenu un autre FSM polycentrique, et ce du 24 au 29 janvier 2006. Les axes thématiques[21] sont les suivantes :
1.
Pouvoir, politique et luttes pour l’émancipation sociale 
Dans cet axe, il a été question de plusieurs thèmes : nouveaux modèles de pouvoir global: relations entre les mouvements, les organisations sociales, les partis et l’État. Bilan et perspectives des luttes contre le capitalisme néolibéral sur le continent américain et dans le monde. Les relations entre politique et économie. On est revenu sur le rôle de l’État: le public et le privé. Les luttes pour la démocratie. Les pratiques sociales de résistance: nouvelles cultures politiques, nouvelles formes d’organisation. Le Forum Social Mondial: processus et perspectives. Projets politiques et propositions pratiques. Solidarité et le nouvel internationalisme. Féminisme, luttes contre le patriarcat et contre toute forme de domination et de violence. La conjoncture continentale et les nouveaux chemins de construction d’alternatives. Luttes et projets politiques des peuples et des indigènes. Luttes des jeunes. Perspectives de changement et transformation sociale: d’autres socialismes, sont-ils possibles?
2. Stratégies impérialistes et la résistance des peuples
Plusieurs thèmes on été abordés dans cette axe : néolibéralisme de la guerre et de l’ordre impérialiste. Militarisation, criminalisation des luttes et de la pauvreté, la terreur, le terrorisme et la culture de la peur. Politiques de “coopération” militaire: bases militaires, occupations et accords d’immunité en Amérique Latine et dans les Caraïbes. La “guerre des civilisations” comme nouvelle stratégie d’expansion impérialiste. La marchandisation de la vie et ses instruments juridiques et institutionnels: le “libre-échange”, la dette extérieure, les institutions financières internationales, l’OMC, la ZLEA et l’ALENA, les entreprises multinationales. Le modèle énergétique et la géopolitique de l’énergie. La crise des institutions du système de Nations Unies et du droit international. Les luttes pour les droits humains et les droits des peuples. Souveraineté et luttes contre le colonialisme. Les relations Sud-Sud. Des nouveaux chemins pour l’intégration des peuples. Débattre sur le développement. Résistances, la désobéissance civile et les luttes pour la paix.
3. Ressources et droits pour la vie: alternatives au modèle prédateur de civilisation
Le débat a porté sur plus d’un thème : le capitalisme et ce qui menace la vie: le réchauffement de la planète et les catastrophes naturelles, la perte de la biodiversité, la désertification. L'appropriation impérialiste et la privatisation des ressources. Les luttes pour l’accès, le redéploiement et la protection des ressources: la terre, la biodiversité, l’eau, les semences et l'énergie. Autonomies indigènes et territoires. Crise et ségrégation urbaine, l’exclusion sociale et la violence. Les luttes pour de nouvelles relations et espaces urbains. Modèles de connaissance hégémonique et construction de connaissances anti-hégémoniques. Dialogues des connaissances. Propriété intellectuelle et appropriation des connaissances. Droit à la santé et pratiques alternatives de santé. Droits sexuels, droits reproductifs et décriminalisation de l’avortement.
4- Diversités, identités et cosmovisions en mouvement
Les thèmes suivants y ont été inscrits : pluralité et inter-culturalité. Peuples et nationalités indigènes et peuples d'origine africaine. Le racisme et le maintien et la reproduction de l´ordre colonial. Identités latino-américaines et régionales. Identités locales. Savoirs, spiritualités et dialogue interreligieux. Identité de genre et diversité sexuelle. Identités et cultures des jeunes. Espaces et droits pour les personnes avec des besoins spéciaux.
5- Travail, exploitation et marchandisation de la vie
Il y avait des thèmes ci-après : précarisation, exclusion, inégalité et pauvreté dans le Nord et le Sud. Travail et inégalité de genre. Travail, syndicats et organisations sociales. Migrations et nouvelles formes d´exploitation. Travail des enfants. Trafic des personnes. Résistances et nouvelles formes de socialisation au travail. Formes non mercantiles de reproduction de la vie: réciprocité, communauté indigène, agriculture familiale, économie solidaire, coopératives et autogestion. Travail ‘invisible’ et économie d'assistance.
6- Communication, culture et éducation: dynamiques et alternatives pour la démocratisation
Les thèmes suivants ont fait l’objet de discussion : droits à la communication pour renforcer la citoyenneté et la démocratie participative. Résistances à la marchandisation de la communication et à la concentration des médias. La communication de l'agenda social et la construction des alternatives. L'appropriation sociale des technologies de l'information et de la communication et résistances sur le Réseau (internet et les systèmes de téléphonie portable). Défense du public dans la communication, la culture et l´éducation. Marché et industrie culturelle. Diversité linguistique et langage critique. Production artistique anti-hégémoniques. Mouvements sociaux comme forme de résistance populaire. Droits à l´éducation et luttes estudiantines. Modèles éducatifs anti-hégémoniques et expériences d´éducation populaire.
          Du 24 au 29 mars 2006, s’est tenu un autre FSM polycentrique à Karachi (Pakistan) et l’espace thématique[22] suivant a été proposé :
1. Impérialisme, militarisation, conflits armés régionaux et mouvements pacifiques
- Initiatives de paix; Inde- Pakistan, Burma-Thaïlande, Palestine-Israël, Iraq, Iran-Ouest+ EU, Afghanistan.
- Impérialisme, guerres, mouvement de résistance, militantisme, armes.
- Violence intégrée de l’Etat et autres tendances militaristes.
- Militarisation d’état et de société
- Séditions armées.
- Désarmement nucléaire, démilitarisation.
- Humanisme et paix.
- Colonisation de la société civile par les forces armées.
- Effets des guerres et des tests nucléaires.
- Terrorisme et violence sectaire.
- Conflits locaux.
- Séditions
- Petites armes et prolifération des armes légères.
-Militantisme et violence: femmes et enfants/enfants dans les conflits armés.
- Police (autorité) sociale représentée par des partis/groupes religieux.
- Montée et promotion des groupes ethniques et sectaires par les Etats.
- Impacts du 11 septembre 2001 sur les sociétés globales, régionales et les forces locales.
2. Droits aux ressources naturelles, contrôle et privatisation et conflits transfrontaliers
- Ressources naturelles: eau, gaz, minéraux, pêche, pâturage, forêts, pétrole, autres ressources naturelles.
- Privatisation, période de fermeture des industries, retranchement du travail et compression des droits de travail.
- Distribution de l’eau et conflits.
-Droits de la terre.
- Contrôle des ressources (naturelles, humaines, salariales/fiscales)
3. Développement du commerce et mondialisation
- Commerce-OMC –zone de libre-échange de l'ASEAN; enjeux en Asie-Pacifique, libre commerce et zones de libre-échange.
- FMI, BM et autres IFIs régulatrices d’économies.
- Technologie des OGM et production et distribution d’aliments non-organiques.
- Âge post-moderne de l’analyse de la globalisation.
- Commerce régional commun.
- Impact des politiques néo-libérales et de la globalisation.
- Croissance de la pauvreté et des inégalités (entre régions, provinces et classes), pauvreté rurale et hausse de l’extrême pauvreté.
4. Justice sociale, droits humains et gouvernance
- Démocratie; institutionnalisation des systèmes politiques, support d’un gouvernement/régime militaire.
- Pauvreté, enfants, femmes, minorités et enjeux touchant les droits humains.
- Droits fondamentaux d’expression, discours.
- Victimisation politique.
- Droits des familles divisées, particulièrement en Inde et au Pakistan.
- Socialisme comme alternative au capitalisme.
- Politiques de soins de santé « amicales » et inventions.
- Questions de justice sociale et de gouvernance.
- Trafic et exploitation sexuelle des enfants et des femmes.
- Prisonniers outre-mer.
- Droits à la terre – droit de travailler dans les zones de libre-échange.
- Droits des minorités.
- Mouvements de main-d’oeuvre libre.
- Corruption des institutions d’Etat.
- Droits économiques
- Droits nationaux
- Droits historiques
- Formes de travail couvertes par un cautionnement d'employés.
- Education, soins de santé.
- Décentralisation.
5. Etat et religion, pluralisme et fondamentalisme
- Déformation et « indoctrinisation » de l’histoire.
- Intolérance religieuse et oppression contre les communautés minoritaires.
- Etat, religion, fondamentalisme, tolérance et minorités.
- Fondamentalisme religieux et sa promotion.
6. Nation, nationalités et identités ethniques et culturelles
- Violence intégrée de l’Etat et autres tendances militaristes.
- Nation, nationalités, Etat et identités.
- Culture comme moyen d’expression et rapport politique.
- Médias comme instrument de forces de corporation.
7. Stratégies de développement, pauvreté, chômage et déplacement de population
- Femmes en zones de conflits.
- Personnes déplacées; conflits internes et méga projets.
-. Socialisme comme alternative au capitalisme.
- Développement de stratégies, méga projets et déplacement.
8. Stratégies de réduction de la pauvreté et approches.
- Aide au développement et conditionalisation.
- Droits à la terre.
9. Mouvements de personnes et stratégies alternatives
- Mouvements de personnes, mode de vie, droits basés sur l’autodétermination.
- Communautés de pêcheurs, défis et problèmes.
- Droits des peuples autochtones.
10. Femmes, patriarcat et changement social
- Femmes en zones de conflits et immigration.
- Tueries d’honneur et femmes victimes du militarisme.
- Militantisme et violence: femmes et enfants.
11. Environnement, écologie et modes de vie
- Rôle des IFIs et dégradation de l’environnement.
- Pollution des cours d’eau et de la terre.
- Barrages.
Problèmes des méga villes (Infrastructure, environnement, transport, hébergement, violence, influx incontrôlable de la population.)
Thèmes transversaux
- Mondialisation impérialiste
- Patriarcat
- Castes, racisme et exclusions sociales
- Sectarisme religieux, politique d’identité, fondamentalisme
- Militarisme et paix.
Comme on le voit le FSM 2006 est très riche et essaie de tenir compte du contexte dans lequel il est organisé      
En outre, grâce au processus d’essaimage, l’Altermondialisme vit aussi à travers les forums sociaux continentaux. Ainsi en janvier 2002 et 2003 furent organisés les Forums Sociaux Panamazoniens à Belém au Brésil, en janvier 2003 un Forum Social Asiatique eut lieu en Inde ; au début de janvier 2002 Bamako abrita le Forum Social Africain. L’Europe organisa son premier Forum Social Européen à Florence en Italie et son deuxième Forum à Paris, St Denis, Bobigny et Ivry en France, du 12 au 15 novembre 2003 et le tout dernier du 14 au 17 octobre 2004 à Londres. Reconnaissons qu’au sein de l’Altermondialisme existent l’unité et l’hétérogénéité.
Du 20 au 25 janvier 2007 a eu lieu à Nairobi (au Kenya) le septième FSM. Nous en parlerons dans un autre écrit, si Dieu nous permet de vivre encore.
 Il est bon de savoir que ces différentes manifestations de l’Altermondiaalisme ne cachent pas l’unité et l’hétérogénéité propres à ce mouvement.
TROISIEME CHAPITRE
 
 
 
ALTERNATIVES ALTERMONDIALISTES     
     
Les alternatives altermondialistes pour un autre monde possible sont de plusieurs natures. Elles vont de la vie dialectique à la politique en passant par l’humanisme et l’économie.
3.1. Vie dialectique au sein de l’altermondialisme
3.1.1. Unité et hétérogénéité au sein de l'altermondialisme
Dans cette section il s’agira de l’unité et de l’hétérogénéité qu’on expérimente au sein de l’Altermondialisme. L’homme étant un être social, il ne peut pas ignorer que le vivre-ensemble a ses propres problèmes dont la divergence des idées. Toutefois, les difficultés ne doivent pas conduire à la division ; au contraire, elles doivent pousser les humains à se remettre mutuellement en question et d’œuvrer ensemble pour la réussite du pourquoi on a choisi de vivre ensemble. Héraclite a parlé de l’Un dont l’existence suppose la présence du Multiple, le bien allant avec le mal, le froid appelant le chaud et vice versa, la maladie rendant la santé agréable, la faim désirant la satiété, la fatigue réclamant le repos, la vie collée à la mort, la nuit liée à la journée[1], etc. C’est le couple des contraires. Cela se vérifie aussi au sein de l’Altermondialisme. Celui-ci est un comme mouvement et multiple dans ses prises de positions à travers ses différents membres.
De par la Charte des principes du Forum social mondial, nous trouvons des points unifiant les différentes instances et mouvements, composantes de l'Altermondialisme. Le premier point parle d'instances et mouvements de la société civile s'opposant au néolibéralisme, à la domination du monde par le marché et à toute forme d'impérialisme, et qui s'emploient à bâtir une société planétaire axée sur l'être humain. Il ressort de ce point que l'opposition au néolibéralisme, à la domination du capital et à toute forme d'impérialisme, et la volonté de bâtir une autre société planétaire axée sur l'être humain constituent le premier socle d'unité. Tous, contre la TINA de M. Thatcher, proclament qu'"un autre monde est possible".
Du quatrième point de la Charte du FSM, nous apprenons que tous visent à faire valoir une mondialisation solidaire respectant les droits universels de l'homme, ceux de tous les citoyens et citoyennes de toutes les nations, et l'environnement. Voilà qui fait que l'on passe de l'anti-mondialisation à l'Altermondialisme. Le vœu d'une mondialisation solidaire respectant l'être humain sous tous les cieux et l'environnement est le deuxième socle de leur unité.
Le sixième point et le septième déclarent respectivement le caractère non délibératif du FSM et l'autonomie assurée à chaque groupe participant au FSM quant à ses décisions et actions, rassemblent les instances et mouvements sociaux. Voilà le troisième socle de l'unité.
Le refus de l'uniformisation confessionnelle, gouvernementale et partisane des points huit et neuf de la Charte consacre le caractère hétérogène de l'Altermondialisme. Ceci constitue le quatrième socle d'unité.
Le dixième point proclame l'opposition à toute vision totalitaire et réductrice de l'économie, du développement et de l'histoire, et à l'usage de la violence comme moyen de contrôle social par l'Etat. Cette opposition à la "pensée unique et à sens unique" du point de vue économique, développemental et historique et le rejet de la violence étatique se posent comme le cinquième socle d'unité.
Le onzième point recommande la réflexion sur les mécanismes et instruments du capital, sur les moyens et actions de résistance et la façon de dépasser cette domination, sur les alternatives proposées, et la diffusion transparente des fruits de cette réflexion. Réflexion et diffusion des fruits de cette réflexion forment le sixième socle d'unité.
Le douzième point, établissant l'égalité de toutes les instances et mouvements membres, invite à la connaissance et reconnaissance mutuelle. La connaissance et la reconnaissance mutuelle, fruits de l'égalité, sont le symbole du septième socle d'unité. Il y a donc sept socles d'unité.
De ce qui précède, on peut parler – et en cela Daniel Martin a raison[2] - d'une série de phobies ou mieux d’oppositions. Tous les Altermondialistes ont la phobie de l'OMC[3] et de l'AMI qui instaurent, à leurs yeux, la dictature des marchés financiers, imposent la dérégulation généralisée et fragilisent les Etats-Nations, démantèlent les services publics, traduisent en justice tout Etat qui veut protéger sa souveraineté. Ils ont aussi la phobie du FMI[4] et de la BM dont les conditions contribuent à la dévaluation de la monnaie nationale, à la libéralisation des prix, à la réduction ou au blocage des salaires, à l’engouement de licenciements, à l’augmentation du taux de chômage, à la diminution des dépenses de l'Etat à l'égard de la population, à la privatisation des entreprises publiques, à l’endettement, à l'ajustement structurel et à la structuration. Ils ont, en outre, la phobie des OGM qui menacent les cultures indigènes et leurs semences, en voulant imposer les semences des multinationales ayant des engrais appropriés (ainsi personne ne peut aller se procurer ailleurs les engrais) ; la phobie de la destruction de l'environnement ; la phobie de la domination mondiale de la culture américaine et de la politique impérialiste américaine.
L'autonomie de décisions et d'actions accordée aux instances et mouvements membres de l'Altermondialisme est signe visible de l'hétérogénéité. Ici nous pensons à la problématique de l’un et du multiple. L’un appelle toujours le multiple. L’Altermondialisme est un et multiple à la fois. Ce caractère fait de lui un mouvement original. Cela fait même sa force et le distingue d’autres mouvements sociaux qui sont nés avant lui.
Pour Pierre Tartakowsky d'ATTAC, l'hétérogénéité est revendiquée par "le mouvement altermondialiste comme signe de sa représentativité (car le monde n'est pas homogène, plusieurs mondes sont possibles), de sa nature démocratique (le débat est mené, dessine une convergence mais dont la mise en œuvre n'étouffe personne), de sa capacité à porter des alternatives (les problèmes sont à la fois trop globaux et trop complexes pour se voir appliqués des solutions ou des propositions ready made)"[5].
Effectivement, durant les FSM ou les Forums sociaux continentaux, l'hétérogénéité se vit à travers les prises de position sur les problèmes cruciaux.
Philippe Merlant, dans son compte rendu d'un ouvrage collectif des altermondialistes, présente quatre questions où l'hétérogénéité laisse chacun tenir à sa position[6]. Voici les quatre questions clés : "1. Le processus des forums mondiaux et continentaux constitue-t-il un espace de dialogue ou une sorte de "mouvement des mouvements"?… 2. Entre le programme d'unification, réducteur et centralisation, et la dispersion totale des acteurs et des initiatives, y a-t-il place pour d'autres manières de construire des perspectives politiques ?… 3. Comment convient-il de caractériser "l'ennemi" face auquel le mouvement altermondialiste cherche à formuler un projet émancipateur?… 4. Comment réussir à élargir la base sociale et culturelle du processus ?[7]
Pour la première question, Chico Whitaker, l'un des initiateurs brésiliens du processus, refuse d'assimiler le FSM à « un mouvement des mouvements » au moment où Christophe Aguiton, membre de la commission internationale d'ATTAC, et Bernard Cassen, président d'honneur d'ATTAC, veulent passer du concept espace à celui de mouvement des mouvements. Rappelons que ce débat dure, car dans le séminaire du 5 mai 2003 ayant comme thème Responsabilités nouvelles des acteurs de l'altermondialisation, il avait séparé les Séminaristes et ceux-ci se sont contentés d'affirmer les divergences.
Pour la deuxième question, l’argentin Miguel Benasayag renvoie dos-à-dos ceux qui prônent l’unification et ceux qui défendent la dispersion et plaide, en dernière instance, pour la reconnaissance de la multiplicité des situations. A dire vrai, la question fondamentale demeure: "La diversité et le pluralisme actuels du mouvement altermondialiste (que tout le monde s'accorde à reconnaître) constituent-ils pour lui un handicap (qu'il faudrait dépasser le plus vite) ou un atout (à préserver et à développer)?"[8].
A la troisième question, Patrick Viveret, l'un des initiateurs du livre et dont le nom nous est familier, demande de "passer de la situation d'un mouvement de contestation intra-occidental à dominante économique, à un mouvement potentiellement (mais pas encore réellement) mondial, à dominante politique et culturelle"[9]. Brièvement, le débat est ouvert entre ceux qui restent attachés à la croissance tout en reconnaissant les dégâts provoqués par certains de ses excès, ceux qui jugent le développement durable, malgré ses ambiguïtés, comme la véritable alternative à la croissance productiviste, et ceux qui souhaitent ardemment une décroissance soutenable. Toutefois Bruno Rebelle, ancien président de Greenpeace France, exige un retour au concept d'éco-développement contenant l'économie qui serait au service des sociétés humaines.
La quatrième question pousse les auteurs à reconnaître la sous-représentativité de ceux qui auraient pourtant le plus à gagner d'une émancipation du système actuel, à savoir les classes populaires et les pays du Sud. Bernard Cassen propose, pour les recruter, une mobilisation à caractère politique où le discours réaffirme leur dignité et étaye des propositions radicales en leur faveur. Gustave Massiah, président du CRID, quant à lui, suggère une action volontariste passant par les forums continentaux et locaux et rappelle que l'élargissement se gagne en travaillant les dimensions sociales, culturelles et idéologiques.
Si Philippe Merlant ne retient que quatre questions clés pour le débat, nous devons en ajouter d'autres concernant l'engagement politique de l'Altermondialisme, son rapport avec le pouvoir, avec les partis politiques et le gouvernement, l'articulation des questions sociales, économique et environnementale, et la conception de la démocratie[10].
Unis pour une cause commune, les altermondialistes optent et proposent pour une philosophie humaniste.
La philosophie humaniste de l'Altermondialisme revendique une certaine nouveauté, compte tenu du contexte dans lequel émerge ce mouvement, prône la construction d'une société planétaire axée sur l'être humain et le respect de l'environnement. Ceci justifie le slogan "un autre monde est possible". Nous avons affaire, à vrai dire, à une anthropologie philosophique où l’homme est conçu comme un être digne de respect, car son statut ne permet pas de le réduire à un objet.
Comme le disait Patrick Viveret, il s'agit de proposer une alternative à la globalisation capitaliste, à la dictature des marchés financiers et de penser, au même moment, l'humanité comme un sujet capable de vivre autrement sa propre histoire, d'assurer les conditions de son auto-gouvernance et de son auto-émancipation. Autrement dit, l'être humain doit devenir sujet de sa propre histoire, car avec la mondialisation libérale, l'économie est le sujet de l'histoire et l'homme est devenu une marchandise comme tant d'autres. C’est pourquoi comme un seul homme, les Altermondialistes crient: le monde n'est pas une marchandise.
D'où, il est impérieux de mettre les droits de l'Homme au-dessus du commerce et l'économie durable est souhaitée, car elle seule aura la finalité de libérer l'être humain et non de le transformer en consommateur. En d'autres mots, l'on doit placer le marché sous l'hégémonie des valeurs humaines. Ainsi, doit-on combattre les politiques agressives de déréglementation, de privatisation, de libéralisation et de la mondialisation capitaliste qui donne le primat à l'initiative et à la liberté individuelles sur l'action publique et l'Altermondialisme refuse le renvoi de l'individu à ses seuls talents, capacités et prévoyance, et voulant renverser les cours des choses, il veut lier l'homme à ses semblables et à l'environnement, veut porter son attention à la vie sous toutes ses formes, refuse de voir le vivant minéraliser et devenir marchandise, cherche à se mettre aux antipodes des cultes mortifères de la guerre, du terrorisme, de la hiérarchisation raciale, de l'exclusion religieuse, aux antipodes de toute haine, identitaire ou autre.
Tartakowsky insiste aussi sur la nouveauté de cet humanisme qu'il ne faudrait pas trouver "tant en ce qu'il en renouvellerait profondément les termes mais en ce qu'il inscrit comme alternative dans l'espace monde défini par le libéralisme. Egalement en ce qu'il affronte les défis existentiels que l'humanité se pose à elle-même au travers de la menace   de guerre mais aussi des vertiges technoscientifiques qui menacent l'espèce (…). C'est cette dimension humaniste qu'exprime le mot d'ordre ancien "le monde n'est pas à vendre"[11](expression négative). Reconnaissons que la phase actuelle du capitalisme a atteint une phase nouvelle de la marchandisation, pas celle de l'homme qui a toujours existé et qui prend, sans doute, une nouvelle forme d'esclavage, mais celle du vivant par la brévetisation rendant propriétaire telle multinationale qui aura découvert "une molécule, ou le génome, par la manipulation génétique, dépossède l'agriculteur de ses graines (…)"[12].
En résumé, en proposant le mot d'ordre "un autre monde est possible" (expression positive), l'Altermondialisme propose de remettre l'économie au service de l'homme et non pas l'homme au service de l'économie, de sauver la nature et de garantir une vie meilleure aux générations présentes et futures. Cette philosophie appelle, à son tour, d’autres alternatives.
L'Altermondialisme s'est refusé d'être antimondialisation quand il est passé de la protestation à la proposition. C'est à cette condition qu'un autre monde serait possible.
Critique de la mondialisation libérale et de la dictature du marché financier, l'Altermondialisme propose toute une série d'autres alternatives pouvant conduire à la construction d'un autre monde, meilleur que celui que nous expérimentons.
Du point de vue économique, l'Altermondialisme propose une économie durable, sociale et solidaire. Walden Bello, de l'organisation Focus on a Global South basée en Thaïlande, intellectuel philippin et militant célèbre de l'Altermondialisme, a parlé de l'économie soutenable lors du FSM 2004 de Mumbai. Selon lui cette économie a la finalité de libérer "l'être humain et non pas de le transformer en consommateur"[13]. Cette économie mettra le commerce au service de l'être humain et respectera la nature.
Cette économie soutenable se veut solidaire en partant de la parole de M. Gandhi: "Il y a assez pour satisfaire les besoins de chacun, mais pas assez pour satisfaire la voracité de chacun"[14]. Solidaire et sociale, cette économie soutenable redistribuera les revenus et la terre, abandonnera la priorité accordée aux exportations, recentrera l'économie sur le marché domestique qui sera revitalisé grâce à la redistribution des richesses, encouragera le développement soutenable ou durable préservant l'environnement en le mettant au-dessus des lois du commerce et engageant à la réduction de l'empreinte écologiste des pays riches dont 20% de la population utilisent 80% des ressources mondiales, récompensera les gens équitablement, i.e. les travailleurs seront "rémunérés en fonction de la pénibilité de leur travail et non pas en fonction de leur pouvoir ou de leur propriété"[15], tiendra compte des réalités urbaines et rurales, construira un "complexe économique" englobant, en son sein, les entreprises privées, publiques et les coopératives tout en excluant les firmes multinationales[16], permettra à chacun d'occuper un emploi enrichissant et de prendre sa part des travaux inintéressants et pénibles, défendra les valeurs humaines tout en célébrant la diversité, éradiquera la pauvreté par le développement des pays du Sud en interdisant les subventions versées par les USA et l'UE à leurs agricultures respectives, en diminuant et en échelonnant la dette des pays en voie de développement, en mettant dans le domaine public des brevets des médicaments permettant de lutter contre les pandémie de type VIH, malaria et tuberculose, investira massivement dans l'éducation, donnera des moyens d'auto-développement économique et humain à la population du Sud, institutionnalisera les initiatives du type microcrédit[17], préservera les services publics menacés aujourd'hui par l'Accord Général sur le Commerce des Services (AGCS), renforcera la coopération régionale et les entités régionales comme MERCOSUR, SADEC, etc., mettra en place la chambre de compensation mondiale souhaitée par Keynes en 1944 à Bretton Woods et "elle obligerait les pays dont le commerce est excédentaire à financer les pays dont le commerce est déficitaire. Les pays ne seraient plus obsédés par la compétitivité et les pays déficitaires ne seraient plus enchaînés à la dette"[18].
Pour que cette économie durable, solidaire et sociale réussisse, les Altermondialistes exigent, du point de vue de la politique internationale, la réforme de la gouvernance mondiale. Autrement dit, l'ONU doit être réformée et devenir une gouvernance pluraliste où le droit de veto n'existerait pas et ainsi l'équilibre s'établirait et on laisserait à chaque Etat concevoir des politiques nationales autonomes correspondant à ses besoins. Ceci réclame la réforme décentralisant les institutions internationales. Voilà qui conduirait à réduire à presque rien le pouvoir de la BM, du FMI et de l'OMC. Walden Bello demande même de les démanteler, ou, dans le meilleur des cas, de les transformer en institutions de recherche sans pouvoir de décision et il propose, par la même occasion, de renforcer le rôle des agences de l'ONU comme la CNUCED, l'OIT et les divers fonds écologiques[19]. A dire vrai, on veut abolir les Institutions de Bretton Woods et les remplacer par les nouvelles. Tout ceci exige, comme le fait remarquer l'écrivain britannique Georges Mondio, une action globale en élisant un parlement mondial au suffrage universel direct[20]. Et il poursuit : "Un parlement serait légitime mais aussi démocratique. Les Nations-Unies d'aujourd'hui ne peuvent incarner ce parlement mondial. Pour commencer, le conseil de sécurité doit être aboli. Mais il faut plus"[21].
De cette gouvernance mondiale proviendront une nouvelle institution chargée du commerce mondial équitable axé sur le développement humain, une Cour de Justice Internationale capable de condamner des dirigeants d'entreprises multinationales et des dirigeants politiques pour "crimes écologiques contre l'humanité", une Cour de Justice Internationale spécialisée dans la lutte contre la corruption[22]. Il est bon de créer aussi une entité internationale chargée de faire le trait d'union entre la défense des milieux naturels et la défense des sociétés qui y vivent[23].
En dernière analyse, les altermondialistes exigent une économie soutenable et une gouvernance mondiale sous le contrôle de la société civile. Ainsi, on luttera mieux contre les paradis fiscaux, le secret bancaire, le libre-échangisme Nord-Sud, la dette tiers-mondiste, on instaurera la taxe Tobin[24] et tous auront accès aux services de base (accès à l'eau potable, services sociaux et de santé, services d'éducation).
Sur sept FSM tenus, quatre ont eu lieu à Porto Alegre. Pourquoi seulement cette ville ? Porto Alegre est une ville symbolique d’un autre monde possible, car elle construit la démocratie, la citoyenneté et la qualité de la vie. Cette démocratie a un fondement philosophique, à savoir l’homme doit choisir sa destinée et ne doit pas subir le destin. Cela se vérifiera dans la pratique de cette démocratie.
Depuis une quinzaine d’années, Porto Alegre élabore des politiques alliant le développement économique à la qualité de la vie. Capitale de Rio Grande du Sud, Porto Alegre s’oppose ainsi au projet néolibéral implanté dans le Brésil. De ce fait, Porto Alegre adopte des politiques luttant contre l’exclusion et la misère, radicalise sa démocratie et prône un développement économique durable. Ce modèle de gestion est devenu une référence internationale et la ville, suite à ce modèle, a remporté des titres et des récompenses. Grosso modo, Porto Alegre, reconnue par différents pays et organismes dont l’ONU, est devenue une référence de démocratie, de citoyenneté et de qualité de vie.
Le budget participatif implanté depuis 1989 à Porto Alegre est séductif. Cependant, il a ses principes. François Polet, nous invite à nous représenter « le dispositif du Budget participatif comme un ensemble d’assemblées et de réunions permettant à la population de décider des priorités d’investissement et aux délégués qu’elle choisit démocratiquement d’élaborer le budget municipal et de contrôler l’intégralité de son exécution. Ces assemblées et réunions, qui ont lieu dans toute la ville et durant toute l’année, constituent un espace publique complexe, où la population discute des problèmes de la municipalité, petits et grands, et se met d’accord sur une hiérarchie de demandes d’investissement que des représentants intègrent dans une proposition budgétaire. Cette proposition budgétaire est ensuite prise telle quelle par l’exécutif de la ville qui l’exécute fidèlement l’année suivante »[26].
 De ceci découle une expérience de démocratie participative du fait que la population participe « librement et directement au processus de prise de décision publique, en l’occurrence l’élaboration du budget municipal. Elle prend la forme non pas de votes isolés sur des options proposées par l’administration, comme dans le cas du référendum, mais d’assemblées délibérantes, où les habitants s’expriment et argumentent publiquement afin de se mettre d’accord sur les priorités d’investissement public »[27].
François Polet nous présente, en outre, les quatre principes fondamentaux qui régulent les fonctionnements du Budget participatif :
1. participation universelle (tout habitant de Porto Alegre de plus de 16 ans a le droit de participer aux assemblées plénières et d’y jouir du droit de parole et de vote. Il a le choix d’y participer en tant que membre d’une organisation associative de n’importe quel type ou en tant que simple citoyen),
2. décentralisation en régions et thématiques. Ceci pour dire que la participation se réalise sur une base géographique et thématique. Comme chaque région a son histoire, son mode d’organisation et de mobilisation, sa propre réalité sociale, c’est à travers les assemblées de leur région divisée en micro-régions ou quartiers que les habitants s’engagent dans le processus de distribution des ressources publiques. Les espaces thématiques passent par la santé et l’assistance sociale, le transport et la circulation, l’organisation de la ville et le développement urbain et environnemental, l’éducation, le sport et les loisirs, le développement économique et la fiscalisation, en finissant par la culture. « La méthodologie utilisée dans le partage du budget entre thématique et régions procède de principes de justice distributive. Elle repose sur des critères objectifs et précis, déterminés consensuellement par l’administration et les représentants communautaires, permettant de trouver des solutions « justes » au problème de la pénurie des ressources dans une situation de demandes sociales illimitées. Ces critères sont la priorité attribuée par chacune des régions aux différents thèmes (secteurs d’investissement) ; la carence de service ou d’infrastructure de chaque région ; la population totale de chacune des régions »[28] ;
3. cogestion et
4. application des critères de distribution objectifs.
Selon François Polet, il y a plusieurs acteurs du Budget Participatif. Principalement, nous avons d’un côté la société civile et de l’autre côté la préfecture, c'est-à-dire le pouvoir municipal. Du côté de la société civile, nous avons des habitants qui sont représentés par les associations, des clubs de mères, des conseils populaires, des associations professionnelles, des syndicats, des groupes culturels, etc. Du côté de la préfecture, il y a deux organes spéciaux dont le but est d’assurer le bon déroulement de l’élaboration participative du Budget. Il y a tout d’abord « la Coordination de la Relation avec la Communauté (CRC), qui organise et enregistre les différentes réunions et assemblées dans le cadre du Budget participatif (…). [Les coordinateurs ont une] tâche (…) délicate car ils doivent d’une part garantir le respect des règles démocratiques de la discussion du Budget sans jamais interférer directement dans les décisions, d’autre part stimuler la participation de certains groupes moins organisés et inaptes à se mobiliser au sein du Budget participatif. Il y a ensuite le Cabinet de la Planification (GAPLAN), qui va rassembler les demandes exprimées par la population et les fondre avec certains projets de l’exécutif au sein d’une proposition budgétaire qui devra être ratifiée par le Conseil du Budget participatif »[29].
Quant à ce qui concerne la participation au Budget Participatif, nous avons deux niveaux, à savoir le niveau micro-régional et le niveau régional. Au premier niveau, figurent des réunions par quartier. Celles-ci sont des lieux de rencontre où l’on discute entre voisins des problèmes locaux affectant directement la vie quotidienne du quartier. Les discussions sont comme des exercices d’argumentations généralisés et chacun est prié de monter au créneau, afin de s’exprimer pour faire valoir l’importance pour la communauté de l’investissement demandé. S’il arrive qu’aucun consensus ne soit atteint, alors on passe au vote pour départager les différents défenseurs. Au dernier niveau, nous avons les différents délégués de différents quartiers constituant la région. Ils se réunissent au sein des forums régionaux et thématiques. Chaque délégué expose les demandes de son quartier et les défend publiquement. Chacun a aussi le devoir d’écouter l’autre. Le forum des délégués joue un rôle crucial, car il sert de courroie de transmission entre l’instance décisionnelle (conseil du Budget participatif) et la population organisée. Signalons que le Conseil du Budget Participatif est l’instance suprême du Budget Participatif. Il est composé d’un nombre limité de conseillers « qui sont élus directement (et non pas par les délégués) lors d’assemblées plénières ayant lieu dans chaque région (2 conseillers par région) et pour chaque espace thématique (2 conseillers par espace thématique). Leur rôle est effectivement important car les attributions du conseil sont l’appréciation, la proposition, la vérification, la délibération des matières de dépenses et de recettes du Pouvoir Public Municipal. Autrement dit, tout ce qui concerne le budget de la Municipalité de Porto Alegre doit être approuvé par le Conseil du Budget participatif »[30]. François Polet attire notre attention sur le fait que les conseillers n’ont pas les mains libres pour décider ce qu’eux-mêmes estiment être le mieux pour leur communauté.
On comprend que le Budget Participatif est un processus relativement complexe et exige une certaine information et formation, sans oublier une sensibilisation active.
Grâce à ce modèle de gestion adopté et à la démocratie participative, Porto Alegre a une situation financière équilibrée quand bien même la crise économique serait subie par le pays et bien que la centralisation fiscale du gouvernement fédéral existe.
Porto Alegre, par son Administration Populaire (AP), applique la politique culturelle engendrant  la préservation du patrimoine, l’édition de disques et de livres, l’organisation d’expositions et de festivals, de séminaires, le financement direct à la culture, le soutien à des fêtes traditionnelles et populaires, etc.
En outre, Porto Alegre a une politique environnementaliste. Ainsi,  la citoyenneté et le gouvernement municipal ont-ils implanté une politique de qualification de l’environnement. De ce fait, on traite les déchets solides avec une collecte et un stockage de qualité, la Mairie contrôle les ressources hydriques pour combattre la pollution industrielle, l’éducation environnementale se fait dans et hors de l’école, on traite des égouts, on plante des arbres, on réhabilite des parcs, des places et des trottoirs.
Par ailleurs, l’Administration Populaire de Porto Alegre a institué  le plan de Développement économique (PDE) qui stimule la création de coopératives, d’entreprises d’aide à la création entreprenariale et technologique, et promet des cours de qualification professionnelle.  Voilà qui fait de Porto Alegre une capitale pour investir. De ce qui précède, comment s’étonner que ceux qui croient qu’ « un autre monde est possible » ne viennent pas à Porto Alegre pour y tenir les FSM ? Voilà qui pousse l’Altermondialisme à proposer une démocratie à la Porto Alegre.
      De Woot et Delcourt nous apprennent que « l’éthique [est une] inquiétude (…). L’inquiétude devrait être au cœur ce que le doute est à l’intelligence »[31]. Inquiétude, cette éthique doit lever ses défis pour que tous les peuples du monde se sentent réellement frères et sœurs et membres d’une même communauté ou habitants d’un même village planétaire. C’est la seule condition pour affirmer la dignité de la personne humaine, la solidarité des peuples et la sauvegarde de la nature.
   L’Altermondialisme prône une éthique où l’homme et la nature sont au centre et pris comme les valeurs des valeurs et devant eux un impératif moral s’impose. Toutes les fois que l’on doit poser des actes, il faut se demander si l’acte réalisé est pour servir l’homme et pour sauvegarder la nature. Cette façon d’agir est, pour l’Altermondialisme, comme l’aiguille de la boussole.
    Cela étant, le défi humanitaire que cette éthique doit lever consistera à sortir de la logique qui réduit l’homme à «  la dimension d’un patrimoine à faire fructifier : moins que l’individu, simple atome de société cher à l’économie libérale ; et encore moins que la personne porteuse de valeurs –aspiration à plus de justice et de solidarité – qui donne sens à sa vie. Les valeurs qui conduisent à modérer les appétits, sont une entrave pour l’économie de cupidité »[32]. L’homme n’est pas à réduire à une dimension marchande. De ce fait, l’homme, comme valeur, interdit de faire la poursuite du gain une valeur socioculturelle suprême. En d’autres termes, l’homme ne pèse pas la somme de son argent, ou mieux l’argent n’est pas la mesure de l’homme. C’est le contraire qu’il faut affirmer.
 Valeur suprême, l’homme de l’Altermondialisme voudrait déccouvrir dans la technologie un instrument de la réalisation de la proximité humaine et non une occasion de rupture humaine. C’est dans cet ordre d’idées que la machine relevant l’homme doit être à la source de son bonheur et non une occasion d’un chômage et d’exclusion sociale.
Ainsi, l’Altermondialisme interdit-il de faire de l’homme ou de la personne une « ressource humaine ». Cette expression est en vogue et il est rare que les intellectuels la remettent en question. Si l’homme devient une « ressource humaine » dans ce monde néolibéral, alors son existence est « fonction du degré d’utilité (employabilité et rendement) pour le capital. Tant qu’une « ressource humaine » est utile à la production de richesses, elle aura droit à un revenu et à une responsabilité sociale. Ces « droits » lui sont enlevés dès qu’elle devient moins rentable (ne fût-ce que par rapport à une « ressource humaine » d’un autre pays) »[33]. Devenu ressource humaine, l’homme n’est plus « un sujet social ayant des droits, des envies, des besoins. [Il] n’est plus qu’un coût pour l’entreprise à comparer aux autres ressources de l’entreprise selon les critères d’efficacité et de performance (en termes de rentabilité, de profit) fixés et évalués par ceux qui ont le pouvoir de direction et de contrôle de l’activité de production »[34]. Riccardo Petrella attire notre attention sur cette expression consacrée dans le monde néolibéral et contre ce défi, il propose une solution comportant, entre autres, « une redéfinition générale des finalités et des principes d’organisation du système d’éducation et de formation. Elle implique une réappropriation du statut de personne en opposition à la réification de l’humain et du social opérée par nos sociétés « développées » à travers la technologisation et la marchandisation de la condition humaine »[35]. Ainsi, évitera-t-il la marchandisation qui attribue à toute expression humaine une valeur économique. Cette marchandisation est à la base des dévastations socio-économiques.
En outre, cette éthique, dans son impératif moral, fait saisir l’homme comme microcosme dans un macrocosme qui est la nature. Voilà pourquoi cette dernière est à sauver contre le « Terminator » Marché. La nature est saccagée par la course productiviste. D’où la déforestation croissante de l’état environnemental de notre planète, le changement climatique dont les catastrophes naturelles (Tsunami, en Inde, Catherina aux USA, etc.), la pollution des mers et de la Terre, tout cela crée la « crise écologique mondiale ». L’homme scie la branche de l’arbre sur laquelle il est assis. Menacer la nature, c’est menacer l’homme qu’elle porte. L’homme pourra mourir, mais la nature continuera à être. De la santé écologique dépend celle de l’homme. Voilà pourquoi l’Altermondialisme, dans sa lutte contre l’omnimarchandisation, lie la lutte pour l’homme à la lutte pour la nature.  Le monde n’est pas une «  marchandise », car il est notre planète-mère. Celle-ci nous porte comme la mère porte son fœtus. D’où la vie en symbiose. Ne pas le reconnaître serait un suicide collectif.
Voilà pourquoi, contre ce fléau, Riccardo Petrella réclame une « narration alternative » où la sécurité de vie pour tous est la vraie richesse du monde[36]. Ici nous pensons à la sécurité contre les catastrophes « naturelles » créées par l’homme.
Cette éthique, comme celle de Kant, fait appel à la Raison humaine et à la bonne volonté et surtout elle tient au couple homme-nature comme mesure de toute action. Il y va de la vie de toute l’humanité présente et future. La mise en pratique de ces alternatives économiques et politiques, bâtira un autre monde possible. L’Altermondialisme s’avère être une nécessité historique pour nos sociétés du Nord et du Sud et non un paravent des élites libérales.
Ces alternatives pour un autre monde possible sont soutenues par une conception du temps, du moteur de l’histoire et du sens de l’histoire.
Basé sur la logique d’exclusion, l’Altermondialisme exclut le temps cyclique. Il est pour le temps linéaire, temps monochronique. Ses actions sont plus tendues dans le futur où il faut construire un autre monde possible. Ce projet est à long terme. Cependant cet « à long terme » fait confiance à l’idée de progrès et au travail qui se fait dans le présent
Cette conception du temps va de pair avec l’idée de moteur de l’histoire. L’Aletrmondialisme met l’accent sur la lutte contre la mondialisation néolibérale. C’est la lutte qui fait aller l’histoire de l’avant. Cette lutte s’exprime à travers les mobilisations et les FSM. Comme on peut le deviner, cette lutte est à la fois sociale et intellectuelle.
La lutte a lieu parce que l’Altermondialisme pense que l’histoire a un sens, à savoir la construction d’un autre monde possible. C’est ce sens qui justifie, en dernière analyse, le sens d’être de l’Altermondialisme.
L’Altermondialisme est sous-tendu par une épistémologie qui relativise le discours mondialiste propulsé par un paradigme s’abreuvant à la source de la modernité[37] . Son épistémologie apparaît bien dans son paradigme.
L’Altermondialisme est aussi un « métarécit », une « nouvelle narration du monde ». Et sous cette forme, il est un paradigme.
Comme tout paradigme, l’Altermondialisme contient, pour tous discours s’effectuant sous son empire, des concepts fondamentaux ou des catégories maîtresses de l’intelligibilité de la pratique économico-socio-politique de notre époque. Il joue le rôle sémantique de par ses « armes conceptuelles » dont « dictature du marché financier », « auto-gouvernance », « auto-émancipation », « budget participatif et démocratie participative », « économie sociale », « solidaire et durable », « développement durable », « mondialisation solidaire et à visage humain », « réforme de la gouvernance mondiale », « parlement mondial », « Taxe Tobin », « connaissance et reconnaissance mutuelle », etc. Ces concepts, et tant d’autres, sont des outils de travail et se présentent dans un contexte où ils offrent un cadre d’intelligibilité et donnent sens aux luttes altermondialistes.
Son rôle logique se montre dans la détermination des opérations maitresses, dont celle d’exclusion-inclusion est la plus importante. L’Altermondialisme exclut le capitalisme néolibéral ou la mondialisation néolibérale et veut l’inclure sous forme réformée. Ceci fait qu’il lutte pour une autre forme de mondialisation et motive la proposition des alternatives politico-économiques.
Son rôle idéologique est évident. Toutes les rencontres à l’échelle nationale, régionale, continentale et mondiale contre la mondialisation néolibérale relèvent du rôle idéologique. C’est ici, par ses actions, que l’Altermondialisme devient Altermondialisation. Ce concept met plus l’accent sur l’agir, l’action au moment où le concept Altermondialisme sous-entend la doctrine ou les idées conduisant à des actions. Altermondialisme se veut aussi et surtout une certaine conception de l’histoire où l’homme et la nature (environnement) sont au centre et où l’économie est remise au service de l’homme.
Comme tout paradigme, l’Altermondialisme est non falsifiable. Il se met ou est à l’abri de toute infirmation-vérification empirique. Seules les pratiques se réclamant de lui sont falsifiables. Pensons à la destruction des champs des OGM, aux casses durant les manifestations contre la mondialisation néolibérale. Disposant d’une autorité axiomatique, le paradigme altermondialiste est fondateur des axiomes parmi lesquels nous retenons ceux-ci : « Un autre monde est possible », « le monde n’est pas à vendre », « Economie au service de l’homme et non l’homme au service de l’économie », « Sauver la nature et garantir une vie meilleure aux générations présentes et futures ».
Le paradigme altermondialiste s’illustre par son principe d’exclusion. Il exclut des données, des énoncés qui ne lui sont pas conformes ainsi que des problèmes qu’il ne connaît pas. En dernière instance, le paradigme altermondialiste se pose en s’opposant principalement à la mondialisation néolibérale. De ce fait, il s’oppose à la pratique politico-économico-sociale de celle-là et cherche à la réformer et en lui substituant des alternatives afin de bâtir « un autre monde possible » où règnera une mondialisation solidaire et à visage humain. A dire vrai, ce sont deux visions du monde et de l’histoire qui s’affrontent.
De tout ce qui précède, l’on comprendra que l’Altermondialisme se veut une conception humano-écologique de l’histoire. Le sens de l’histoire est la construction d’un autre monde possible où l’homme et la nature sont au centre de l’économie. Autrement dit, l’homme et la nature ne doivent pas être au service de l’économie comme le prône la mondialisation néolibérale. En outre, l’Altermondialisme considère la coopération et la solidarité humaines comme des éléments indispensables pour que le moteur de l’histoire, à savoir la lutte contre la mondialisation néolibérale fasse aller l’histoire en avant. En d’autres mots, le sentiment de nous sentir les uns envers les autres comme étant tous fils de la planète terre-mère doit conduire les hommes à s’unir pour bien lutter. Cette conception s’oppose à celle de la mondialisation néolibérale qui veut faire du Marché régulateur et autorégulateur le moteur de l’histoire.
 
 
 
QUATRIEME CHAPITRE
 
 
REGARD CRITIQUE
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Pour un meilleur regard critique, il me semble opportun de commencer par faire voir le rapport existant entre le matérialisme historique[1] et l’altermondialisme. C’est surtout à travers les reproches des marxistes adressés à l’altermondialisme que nous jugerons ce dernier à sa juste valeur.
4.1. Rapport entre le materialisme historique et  
l’altermondialisme
Nous parlerons de leur origine, de leurs analyses objectives du capitalisme, de leurs propositions ou projection d’autres mondes possibles, de leurs alternatives et de leurs moyens pour dépasser le capitalisme.
Le premier rapport concerne l’origine du Matérialisme historique et de l’Altermondialisme, à savoir le capitalisme libéral ou néolibéral. Tous les deux réagissent contre ce mode de production basé sur certains principes dont la propriété privée des moyens de production, la libre concurrence (« laissez faire, laissez passer ») et la non intervention de l’Etat. Ce mode de production a des effets socio-économico-politiques qui révoltent. En d’autres termes, le Matérialisme historique et l’Altermondialisme sont nés de la dénonciation du « monde libéral » qui a mis le monde entier entre les mains de grands industriels, des monopolistes et de grandes firmes transnationales. De là est venue une standardisation des produits, de la culture, etc. Cette domination globale, jadis par l’Europe de l’Ouest et aujourd’hui par les Etats-Unis et ses satellites, a conduit le monde à s’orienter sur la logique des profits et à se soumettre à la dictature du marché. Ainsi, les Etats sont-ils mis au service des capitalistes. Ceux-ci cherchent à transformer tout bien en marchandise. Même la force de travail est devenue marchandise. Tout alors !
Un autre rapport de ressemblance est à situer au niveau des analyses objectives du capitalisme libéral et néolibéral. Les analyses du Matérialisme historique et de l’Altermondialisme sont pertinentes. Marx-Engels analysent le mode de production capitaliste de leur temps en mettant en exergue la qualité des rapports sociaux qu’engendre le capitalisme. S’appuyant sur les propriétés privées et l’achat de force de travail, les capitalistes exploitent les salariés et les réduisent à des objets, simples forces productives et mêmes marchandises. Ainsi, y a-t-il l’aliénation économique et humaine. Seul le profit, la plus-value et le surtravail comptent pour les capitalistes. Profitant de nouvelles découvertes et du développement des forces productives, les capitalistes ont donné un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Il y a une homogénéisation mondiale qui s’est opérée du fait que les capitalistes ont façonné «  le monde à leur image »[2]. La centralisation économique s’accompagnera de la centralisation politique. Cette analyse sera complétée par celle de Lénine. Celui-ci révélera la métamorphose qu’a connue le capitalisme. Ainsi, parlera-t-il de l’impérialisme comme phase du capitalisme de son époque. La monopolisation aura le primat sur la concurrence et le capitalisme financier supplantera le produit /marchandise. La privatisation de plusieurs secteurs s’imposera.
Cette analyse fera du Matérialisme historique un instrument de travail et assurera son succès, quant à ce qui concerne la mobilisation des gens, surtout que la conclusion logique de cette analyse en est que le capitalisme est un système inhumain à remplacer par un autre plus humain.
L’Altermondialisme prolongera l’analyse marxiste. Ou mieux,  il appliquera, tant soit peu, l’analyse marxiste à l’époque actuelle[3]. Son analyse de la mondialisation néolibérale, ses dénonciations de la dictature du marché, ses critiques de la spéculation financière, etc. font la réussite de l’Altermondialisme dans sa mobilisation de la population mondiale et donne l’espoir d’un autre monde possible, surtout que le socialisme historiquement réalisé n’a pas réussi son pari.
La ressemblance dans les analyses fait que les marxistes et les altermondialistes manifestent ensemble pour « un autre monde possible » que chacun d’eux entend à sa façon. Cela explique pourquoi certains membres du parti socialiste et du parti communiste s’inscrivent, à titre privé, dans les associations citoyennes comme ATTAC.
Sortant du cadre capitaliste, le Matérialisme historique et l’Altermondialisme voudront proposer des alternatives au capitalisme et à son mode de gestion politique.
 De ce qui précède, un autre rapport de ressemblance apparaît au niveau de la proposition d’autres mondes possibles afin de dépasser le capitalisme libéral et néolibéral. Le capitalisme étant, de par sa nature, un internationalisme, le Matérialisme historique et l’Altermondialisme le sont aussi. Le Matérialisme historique propose le communisme comme un autre monde possible et voit dans la Commune de Paris l’expérimentation du très possible communisme. Le communisme se veut une alternative au capitalisme de par son mode de production et de gestion politique. La Commune de Paris[4] a été pour Marx-Engels le « laboratoire socio-politico-économique ». Antithèse directe de l’empire, la Commune de Paris fut le premier pouvoir prolétarien. La construction communale a détruit le pouvoir de l’Etat. La Commune visait l’expropriation des expropriateurs et institua la production coopérative. A dire vrai, la Commune avait la conscience d’inaugurer « la nouvelle ère de l’histoire »[5]
Si cette alternative n’a duré que 81 jours, Marx-Engels-Lénine n’y renoncent pas et voudraient qu’un jour le communisme soit appliqué au monde entier. Pour ce faire, ils ont le prolétariat ou la classe ouvrière du monde entier comme moyen de réalisation de cette alternative. Le prolétariat a une mission historique révolutionnaire, internationale et politique. Ce faisant, il doit s’organiser en parti politique et l’A.I.T. doit servir d’organisation de liaison internationale entre les différentes classes ouvrières du monde entier et elle aura aussi à coordonner les luttes syndicales et populaires de tous les pays par son Conseil Général.
 L’Altermondialisme propose aussi ses alternatives pour dépasser le capitalisme néolibéral dans ses excès. Grosso modo, il prône un nouvel ordre économique, juridique, écologique et politique. Internationaliste, l’Altermondialisme veut instaurer une autre société mondiale où on aura une économie soutenable ou durable, sociale et solidaire. Cette économie, de par sa finalité, libérera l’être humain et ne le transformera pas en consommateur. Elle mettra le commerce au service de l’être humain et respectera la nature. Cette économie ira en guerre contre le FMI, la BM, l’OMC, l’AMI, l’AGCS, etc. Cela étant, une réforme de la gouvernance mondiale est réclamée. L’ONU est à réformer profondément pour devenir une gouvernance pluraliste où le droit de veto disparaîtrait ; les Institutions de Bretton Woods sont à abolir et à remplacer par les nouvelles. Cela exige l’établissement d’un parlement mondial au suffrage universel direct. Ceci conduirait à la création de nouvelles Cours de Justice Internationales spécialisées. En outre, l’Altermondialisme exige que la gouvernance mondiale à économie soutenable soit contrôlée par la société civile.
Pour réaliser ces alternatives, l’Altermondialisme a comme moyen les mouvements citoyens et la masse. Signalons que les protestations publiques, les forums sociaux mondiaux et continentaux, etc. font partie de ses moyens. L’Altermondialisme joue sur la balance du contre-pouvoir. Il cherche à faire échec aux forums économiques mondiaux et aux projets du capitalisme néolibéral incarné par des Institutions internationales et le G 8.
Porto Alegre est, pour l’Altermondialisme, une ville symbole d’un autre monde possible, du fait qu’elle construit la démocratie participative à partir d’un budget participatif, et ce, dans un pays acquis à la mondialisation néolibérale. Le mode de gestion économique et politique de Porto Alegre met au centre l’être humain et la nature. Alors ceux qui croient qu’un autre monde est possible viennent tenir leur FSM à Porto Alegre.
Ce rapport de ressemblance ne doit pas cacher les dissemblances.
Celles-ci se situent au niveau de la paternité, de l’organisation interne, de la méthodologie de travail et des alternatives.
 Le premier rapport de dissemblance entre le Matérialisme historique et l’Altermondialisme relève de la paternité. Le matérialisme historique se réclame de Marx avant tout, d’Engels et de Lénine après. L’Altermondialisme ne se réclame d’aucun maître à penser. Il s’est formé par agrégation des cultures, des courants, d’associations et des mouvements sociaux ayant des pratiques différentes. Ce caractère est la condition même de son existence et cela explique son identité marquée par la multiplicité. En d’autres mots, l’agrégation n’est pas une unification idéologique ou culturelle, d’où son hétérogénéité.
Dans l’organisation de la classe ouvrière comme parti politique révolutionnaire, le Matérialisme historique reconnaît la hiérarchie. D’où l’existence du vote lors du choix des dirigeants du mouvement ouvrier et de l’adoption de certaines stratégies. L’Altermondialisme, quant à lui, affirme l’autonomie de chaque instance et mouvement social en faisant partie, quant à la décision et l’exécution de ses plans. En outre, il adopte une méthode de débat excluant le vote, mais se basant sur le consensus. Comme méthode de travail, le consensus ne demande pas d’être atteint en faisant l’impasse sur les problèmes difficiles. Cette méthode ne renvoie pas les divergences. Par contre, elle exige de bien traiter les différences et les divergences sans imposer son point de vue. Elle interdit, par ailleurs, de caricaturer la position adverse, mais elle invite à bien la comprendre. Selon cette méthode, pour faire avancer le débat, chaque acteur engagé doit prendre au sérieux l’argumentation de l’autre, mettre de côté les malentendus et les arrières-pensées. « Cela ne détruit pas le désaccord, cela le rend traitable de façon collective »[6]. Ainsi, cette méthode permet-elle que la diversité ne soit pas un obstacle à son développement ou à sa vie.
Pierre Khalfa s’est beaucoup appesanti sur le consensus qui n’est pas à confondre à l’unanimité. D’après lui, « le consensus présume qu’il soit possible de dépasser les positions de départ, qui peuvent être différentes, pour élaborer une position nouvelle. Il suppose donc (…) un débat approfondi et la claire appréhension de désaccords »[7]. Pour ce faire, chacun est convié à faire la part entre   l’accessoire et le principal pour pouvoir se concentrer sur l’essentiel. Comme on peut le deviner, cette méthode encourage la confrontation des points de vue afin d’aboutir, sans doute, à une position pouvant satisfaire le plus grand nombre. De ce qui précède, on dira que le mode de décision du consensus présuppose deux conditions. La première, c’est de prendre le temps de débattre pour que les participants se comprennent réellement et soient en capacité de dépasser leurs divergences initiales pour construire les compromis nécessaires (…). La seconde condition, c’est de débattre de bonne foi et d’avoir réellement la volonté politique de construire une position commune (...) ».[8] Voilà le second rapport de dissemblance.
Le troisième nous montre le Matérialisme comme un système de pensée lié au monde ouvrier et poursuivant la prise de pouvoir politique, et ce par une révolution violente ou pacifique selon les cas. L’Altermondialisme, quant à lui, se veut un contre-pouvoir de par ses actions et n’a aucune ambition de prise du pouvoir politique. Il ne prêche pas la révolution politique ou armée. Il prône le pacifisme. Il n’est pas un parti politique. D’où, il a sa notion d’Alternative qui ne reprend pas, sous une autre appellation, « ce que les partis politiques nomment programme et les syndicats revendications ». [9]
 Le quatrième et le dernier rapport de dissemblance se fait voir dans les alternatives proposées. Le Matérialisme historique, malgré la chute de Berlin et l’éclatement de l’URSS en plusieurs Etats, tient mordicus au communisme qui n’est pas à confondre avec celui qui était dans le bloc du pacte de Varsovie et qui est en cours en Chine, en Corée du Nord et à Cuba. L’idée d’un autre monde possible proposé par le Matérialisme historique, voulant une société sans classes et où la devise serait « à chacun selon ses besoins », est en opposition à celle que nous propose   l’Altermondialisme. Celui-ci lutte pour une autre mondialisation à visage humain et naturel ou écologique interdisant la marchandisation de la vie, critiquant la course effrénée au profit maximum sans tenir compte de l’intérêt général, luttant pour la construction d’une organisation régulée, concertée du monde, garantissant la sécurité collective (économique, sociale, culturelle, etc.), développant une plus grande  égalité des chances entre les peuples, réduisant les fossés entre pays riches et pays pauvres, promouvant une orientation plus juste du commerce international, luttant contre les paradis fiscaux et les enfers sociaux et réclamant l’annulation de la dette des pays les plus pauvres [10]. Pour ce faire, l’Altermondialisme exige une nouvelle gouvernance mondiale ayant une économie durable, solidaire et sociale. Cependant, la vraie démocratie est retenue comme forme politique.
Les dissemblances ou divergences étant établies, le Matérialisme historique et l’Altermondialisme n’ont pas encore amorcé le travail de complémentarité. Au contraire, chacun ne rate pas l’occasion de critiquer l’autre[11]
Des penseurs marxistes, à dire vrai, voient dans l’Altermondialisme un mouvement « concurrent » et ils ne supportent pas que le matérialisme historique soit déclaré dépassé. Ils ne ménagent pas l’Altermondialisme.
La critique porte sur la nature de l’Altermondialisme face à la bourgeoisie, sur les analyses du capitalisme, sur la notion de l’Etat, sur l’économie solidaire et l’humanisation du marché, sur l’internationalisme, sur l’hétérogénéité et l’apolitisme de l’Altermondialisme.
D’une façon générale, le Matérialisme historique traite l’Altermondialisme de petite bourgeoisie. Il reproche à l’Altermondialisme d’emboîter le pas à la critique petite bourgeoise de l’impérialisme du capitalisme. La critique altermondialiste de la mondialisation néolibérale n’apporte, selon les Marxistes, aucun élément nouveau à la critique de l’impérialisme et la résolution pratique des problèmes posés par ce dernier. Au contraire, l’Altermondialisme sombre dans la rhétorique flamboyante en utilisant des expressions telles que « développer  la société civile au niveau international », « revitaliser nos démocraties », « exiger l’instauration des mécanismes de solidarité et des normes opposables au niveau international, «démocratiser la mondialisation »[12]. En dernière analyse, selon cette critique, l’Altermondialisme a comme fin la démocratisation de l’impérialisme.
L’Altermondialisme est considéré comme « la dernière carte de la bourgeoisie, son ultime paravent pour détourner les luttes de classes »[13]. Rejetant de ses analyses les notions de classe et de lutte de classe, l’Altermondialisme n’est pas mal vu par les classes dirigeantes de la ploutocratie capitaliste. Ce qui explique les applaudissements de la bourgeoisie à l’égard de la rhétorique flamboyante de l’Altermondialisme. C’est cette logique qui dépolitise la contestation. De ce fait, la bourgeoisie témoigne de la tendresse envers l’Altermondialisme.
S’il en est ainsi, l’Altermondialisme, poursuivent les Marxistes, s’avère être un poison contre la perspective prolétarienne[14] et tous les altermondialistes sont taxés de « titans réformistes ». Ces derniers n’offrent aucune nouvelle théorie de l’analyse du monde actuel pouvant faire ressortir les disfonctionnements de ce denier et pouvant proposer une base à son dépassement. D’où, ils s’arrêtent à une simple contestation.
Comme on le devine, pour les Marxistes, l’Altermondialisme est une émanation idéologique de la bourgeoisie et dont la mission est de détourner toute tentative de la classe ouvrière pour comprendre le monde et en tirer les conséquences en terme de perspective, pour le ramener sur le terrain bourgeois de la défense de la démocratie de l’Etat[15]. Cette critique explique une autre : l’Altermondialisme parle d’un autre monde possible sans faire référence à deux siècles de lutte et de construction théorique par la classe ouvrière de cet autre monde. Cela renforce la thèse selon laquelle l’Altermondialisme est une manipulation idéologique de la bourgeoisie.
En outre, les Marxistes, dans le prolongement de la critique précédente, remettent en question l’Anticapitalisme de l’Altermondialisme. Celui-ci, disent-ils, se limite seulement à dénoncer les excès du capitalisme sans critiquer ce dernier et à émettre des propositions des réformes destinées à sauvegarder la démocratie instaurée par le capitalisme. Et les propositions de l’Altermondialisme, attaquent les Marxistes, sont un patchwork et forment une resucée du traditionnel réformisme de gauche que le mouvement ouvrier n’a de cesse de combattre[16]. Ainsi, l’Altermondialisme est-il qualifié de réforme des illusions.
Par ailleurs, les Marxistes s’attaquent à l’Altermondialisme quant à son discours pro-étatique. Dans sa critique contre la mondialisation néolibérale, l’Altermondialisme souligne que l’Etat-nation s’est retiré de l’économie laissant le terrain libre aux firmes qui sabotent l’intérêt général et la démocratie. D’où, l’Altermondialisme lutte pour le retour et le rôle déterminant de l’Etat-nation dans la création d’un autre monde possible. Pour les Marxistes, l’Etat est présent dans l’économie et reste un acteur économique incontournable, avec une dépense publique qui ne cesse de prendre une part toujours plus importante dans le PIB et des déficits budgétaires toujours plus présents.[17] Cela étant, il est même faux de dire que la souveraineté des Etats est brisée, font remarquer les Marxistes. Les trusts n’ont pas brisé la souveraineté des Etats, la politique de réduction des obstacles protectionnistes entre Etats, complétée par la « déréglementation », n’était pas menée contre les Etats et leur « souveraineté », mais par les Etats eux-mêmes, chacun cherchant à faire prévaloir les intérêts de ses propres groupes industriels et financiers. En effet, aucun de ces grands groupes ne peut se contenter du marché national[18]. Autrement dit, l’OMC n’est pas tombée du ciel pour imposer ses quatre volontés en foulant aux pieds la « souveraineté » des Etats, mais « elle résulte de la volonté partagée des Etats impérialistes de mettre en place un cadre où peuvent se négocier des accords globaux conciliant, autant que faire se peut, les intérêts contradictoires de leurs trusts »[19]. S’il en est ainsi, l’on doit dire logiquement que la mondialisation néolibérale a donné aux Etats nationaux un grand rôle. Celui-ci consiste à défendre les intérêts de leur bourgeoisie, à aider leurs capitalistes sur leurs marchés intérieurs par des subventions, des aides, de multiples formes de protectionnisme ouvert ou déguisé, des politiques d’armement, etc. Alors on comprend pourquoi ces mêmes Etats se contrôlent mutuellement. Ainsi, cet « abandon de souveraineté » intéressée, stratégique ne sera pas nuisible à leurs bourgeoisies.
Les Marxistes argumentent qu’il est aberrant d’appeler au secours les Etats afin de s’opposer aux inégalités et aux injustices produites par l’économie capitaliste. En les appelant au secours, l’Altermondialisme masque  le fait que les Etats sont au service du grand capital impérialiste. En d’autres mots, les Marxistes accusent l’Altermondialisme d’une cécité flagrante, car ce dernier ne constate pas que « l’Etat n’est pas le garant d’un monde meilleur, où les richesses seraient mieux réparties : c’est lui ( l’Etat) qui fait ce monde, par la guerre, les attaques sur les conditions de vie des ouvriers en réduisant les pensions, les couvertures sociales, etc. C’est lui qui soigne la classe ouvrière pour tenir sous les coups de la crise de son système »[20].
Certains écrits d’ATTAC sont remis en cause pour leurs analyses montrant que la mondialisation est contre l’Etat. Et pourtant, pour prospérer, « les entreprises ont besoin d’un Etat »[21].
Et Nicolas Zahia donne quelques différents cas de figure où l’intervention de l’Etat est indispensable : pour stabiliser les conflits internes comme les grèves, les manifestations et les rébellions populaires qui remettent en question leur domination ; pour se défendre contre une agression  extérieure ; pour conquérir de nouveaux marchés ou stabiliser une région rentable en y envoyant l’armée ; pour renflouer directement les caisses des entreprises en cas de risque de faillite. De ce fait, on doit reconnaître que «  l’internationalisation de la production provoque une interdépendance entre les multinationales et leurs Etats »[22]. Par ailleurs, fait remarquer Zahia, la concurrence entre multinationales ne laisse indifférents leurs Etats d’origines. Ces derniers entrent aussi en compétition.
Cette critique de l’Etat dont le retour sur scène est réclamé par l’Altermondialisme se poursuit par celle de la promotion de l’économie solidaire. Quand l’Altermondialisme propose l’économie solidaire, attaquent les Marxistes, il veut généraliser à toute la planète les expériences d’autogestion et de coopérative et veut montrer que l’initiative citoyenne fait de chaque individu un participant à l’amélioration des conditions de vie dans le monde. Les Marxistes s’opposent à cette économie, car, selon eux, elle nie « la division de la société en classe et livre [ipso facto] pieds et poings liés à la bourgeoisie en qualité (sic) de citoyens. Ainsi, engagés dans les méandres de la démocratie participative, les ouvriers devenus citoyens s’éloignent de leur prise conscience en tant que classe, leur combat représentent (sic) la seule issue à la barbarie actuelle »[23].
La remise en question de l’économie solidaire appelle la critique de l’idée altermondialiste d’une meilleure répartition et d’une meilleure gestion de l’économie. Les Marxistes font savoir que cette idée a toujours été prônée par les socio-démocrates. Parler d’une meilleure répartition des fruits de la croissance, c’est oublier que la bourgeoisie n’est jamais prête à répartir les fruits de la croissance mais elle est toujours là pour faire payer les pots cassés de la crise à la classe ouvrière. « Derrière cette question de répartition, se trouve donc un élément essentiel de la propagande altermondialiste : celle de la défense de l’Etat et du service public »[24].
Les Marxistes s’opposent aussi au discours altermondialiste réclamant « l’humanisation du marché » et s’insurgent contre ses manifestations affirmant que « le monde n’est pas une marchandise ». Ces discours et ces manifestations auraient un sens si et seulement si l’Altermondialisme mettait en cause la libre concurrence et la propriété privée. De ce fait, l’Altermondialisme est un somnifère et doit savoir que critiquer radicalement l’ultra-libéralisme ne signifie pas critiquer le capitalisme et encore moins le combattre[25].
Les Marxistes, toujours dans leur élan à combattre l’Atermondialisme, accusent ce dernier de prétendu internationalisme ou mieux ils lui dénient un vrai internationalisme. L’Altermondialisme n’a pas de rapports avec « l’intermondialisme prolétarien selon lequel tous les ouvriers à travers le monde ont les mêmes intérêts et qu’en cela ils forment une unité qui constitue un élément fondamental dans le rapport de force avec la bourgeoisie »[26]. Tout au plus, dira un marxiste, l’Altermondialisme n’est qu’un avatar de l’Internationale[27] et non l’expression d’un nouvel internationalisme.
Les Marxistes s’en prennent aussi à la structure hétérogène de l’Altermondialisme. A cause de cette structure, apprend-on, l’Altermondialisme détournent les questionnements légitimes vers des impasses. Ceci étant, les Marxistes appellent le prolétariat à se dégager du « carcan mortel » [28]qu’est l’Altermondialisme, à reconnaître sa vraie nature afin d’être prêt, en tant que prolétariat, à retrouver la seule perspective possible pour l’humanité : « Celle de la révolution, celle du communisme »[29].
L’Altermondialisme n’ayant aucun lien ni passé ni présent avec le mouvement ouvrier, les Marxistes veulent même lui retirer l’étiquette de réformiste qu’ils lui collent, car au sens originel du mot, « le réformisme est un ensemble d’idées et de revendications issues du mouvement ouvrier ».[30] Et dire que l’Altermondialisme se pleint seulement devant les représentations politiques du grand capital, se contente de demander de bien vouloir tenir compte des aspirations des ouvriers, de les exploiter un peu moins, de piller un peu moins les pauvres, les convie à accepter une taxe sur leurs mouvements internationaux du capital financier, alors que «les [vrais] courants réformistes s’appuyaient, fût-ce pour canaliser [=la réforme] , sur la force du prolétariat organisé et pouvaient imposer un certain nombre de réformes réelles à la bourgeoisie -il est vrai, dans un autre contexte »[31].
 Les Marxistes ne manquent pas de fustiger les analyses et actions de certaines associations altermondialistes. Il est reproché, par exemple, à ATTAC de véhiculer une idée néfaste du point de vue des intérêts politiques des travailleurs : celle de se passer des partis politiques. Cette idée est  une tromperie majeure, alors que ce qui manque à la classe ouvrière, c’est un parti politique qui représente ses intérêts historiques, c’est-à-dire un parti dont l’objectif fondamental est la destruction de l’organisation capitaliste de l’économie et de la société.
Les Marxistes vont, en outre, en guerre contre les actions d’ATTAC, car selon eux, « le vote, les manifestations ou les actions citoyennes ne s’attaquent en rien au cœur du système capitaliste : à savoir les rapports d’exploitation »[32]. ATTAC lutte pour l’imposition de la taxe Tobin au lieu de militer pour la création de nouveaux rapports sociaux dans la perspective débarrassée du salariat, de l’économie et de l’Etat. En d’autres mots, aussi longtemps que le salariat existera, les rapports sociaux seront toujours ceux d’exploitation. Du fait qu’ATTAC est pour la liberté d’entreprise, la valorisation du capital par le travail salarié, elle parle pour ceux qui font la misère de notre époque.
Il existe une autre critique adressée à ATTAC voulant opposer le capital productif au capital financier. ATTAC s’en prend au capital financier et oublie que « son rôle croissant dans l’économie [permet] la continuation d’une tendance inhérente au capitalisme à accumuler pour accumuler »[33]. Ceci fait qu’il ne suffit pas de supprimer la financiarisation croissante des activités pour contrer les inégalités et la fracture sociales.   Le capital financier n’est qu’une phase vitale de mutation dans le développement du capitalisme dont la tendance est d’accumuler et de provoquer les inégalités sociales. Alors le capitalisme cherchera toujours les moyens pour maximiser les profits et la spéculation financière en est un. Sachons seulement que  « plus les profits sont massifs, plus la spéculation s’intensifie et plus l’épée de Damoclès s’alourdit au-dessus de la tête des travailleurs »[34]. Et Zahia de conclure : « L’objectif final n’est pas de faire pression sur le marché financier en insérant une quelconque taxe par l’intermédiaire des Etats et des institutions internationales qu’il faudrait préalablement réformer. C’est seulement par une appropriation et une socialisation de la production qui (sic) faudra dépasser pour construire une véritable « économie au service de l’homme », une économie socialiste »[35].
Devant de telles critiques, les altermondialistes préféreront surtout faire une auto critique et préciser leur position.
Les altermondialistes, s’attaquant aux marxistes, font allusion à la faillite de l’idéologie communiste, défendent la démocratie, critiquent le système hiérarchique, louent l’hétérogénéité, glorifient l’apolitisme et réclament le retour en force de l’Etat.
Les Altermondialistes prêtent plus l’oreille aux critiques qu’à contre- attaquer. Cependant, ils cherchent à se démarquer de tous les socialismes qui ont réellement existé et contrairement aux Marxistes, ils ne veulent pas donner à croire qu’il suffirait de « changer » le système pour régler d’un coup tous nos problèmes. En outre, les Altermondialistes font remarquer que la faillite de l’idéologie communiste, dans la réalité comme dans l’idéal, a cherché donc à faire perdre aux ouvriers leur statut de classe porteuse de l’avenir de l’humanité.
Attentifs aux critiques portant sur la démocratie qu’ils veulent défendre, sur l’hétérogénéité faisant leur force, sur le pouvoir politique qu’ils ne veulent pas conquérir et sur leurs alternatives, les Altermondialistes débattent sur toutes ces critiques afin de bien se démarquer des Marxistes et de se présenter comme l’unique alternative crédible. Ainsi le débat est ouvert pour arriver plus tard à un consensus.
Tout en s’accrochant à la démocratie comme idéal d’organisation politique[36], les Altermondialistes reconnaissent qu’il serait opportun de penser à une hypothèse d’organisation politique alternative de la démocratie après l’échec de l’expérience du socialisme réel en union soviétique. Cette autocritique proposée par José Vidal Beneto de l’Association les Amis du Monde[37] est partagée par Francine Bavay du Forum de la gauche Citoyenne(FGC) qui propose certaines pistes et qui invite à « remettre de la démocratie dans la démocratie[en se posant des questions telles que] : comment pouvons-nous construire des décisions ensemble, dire notre manière de délibérer et affirmer, face à la société, que cette manière de délibérer doit être inclusive, qu’elle donne la parole à tous ceux qui désespèrent de la construction politique(pas seulement aux chômeurs, aux sans droits ou aux sans voix )»[38]. Francine Bavay veut que l’on passe à la «  Multicratie »[39] et cela poussera à savoir comment on se réapproprie la démocratie pour poser les questions environnementale, sociale et d’organisation de la société, de manière inclusive »[40]. En d’autres mots, il faut, renchérit Jeannine Guepin, des réflexions sur ce que peut être une nouvelle culture démocratique, et ce en partant des contradictions qui existent dans notre propre culture démocratique[41].
Comme on le constate, les Altermondialistes optent pour la démocratie tout en ne voulant pas considérer celle-ci comme un horizon indépassable. D’où les altermondialistes, suite aux critiques contre la démocratie réellement existant, se proposent de penser un au-delà politique à la démocratie.
Quant à la critique portant sur l’hétérogénéité, les Altermondialistes en sont conscients et veulent faire de leur hétérogénéité un atout du pluralisme et un moyen pour inventer un processus de haute qualité économique. C’est à cette condition seulement, reconnaissent les altermondialistes, qu’ils éviteront leur propre régression ou destruction «  à l’instar des précédentes alternatives historiques au capitalisme »[42].
Face aux critiques concernant l’apolitisme, les Altermondialistes, malgré leurs voix discordantes à ce propos, persistent et signent qu’à la différence « des précédentes tentatives      d’ alternative au capitalisme, [ils] ne cherchent pas à conquérir un pouvoir (c’est davantage un mouvement de contre-pouvoir »249selon l’analyse de P. Khalfa. Cependant Patrick Viveret de la revue Transversales invite certains altermlondialistes à ne pas prendre le contre-pouvoir comme la dénonciation du pouvoir qui ne serait que domination. D’où il interpelle : « Changer la nature des rapport au pouvoir ou à la puissance (…), c’est considérer le pouvoir non comme un droit à dominer autrui (POUVOIR « substantif », écrit en majuscule qui se suffit à lui-même), mais le pouvoir comme capacité créatrice (verbe auxiliaire écrit en minuscules, qui n’a de sens qu’avec des compléments), qui, du coup, appelle des logiques de coopération. On se donne mutuellement du pouvoir, plutôt que de chercher à le conquérir ou à le conserver »[43]. Alain Bertho voudrait, pour sa part, attirer l’attention d’autres altermondialistes à ne pas trop s’attarder sur la discussion de la prise du pouvoir ou du contre-pouvoir, mais à contribuer à construire une autre façon de vivre et de décider ensemble[44]. Daniel Bachet, quant à lui, appelle à vivre une autre approche du pouvoir et de la gestion de l’économie pour trouver des marges de manœuvre pour le travail et pour l’emploi[45]. Certains, dont Jean-Pierre Lancry, voudraient que les altermondialistes articulent le mouvement social et le changement de politiques publiques; et « pour changer les politiques publiques, il faut aussi être dans les institutions et dans des mécanismes de démocratie représentative. Pas simplement pour les gérer, mais pour les transformer à tous les niveaux »[46]. ATTAC se dit, selon elle, un acteur politique, mais elle fait la politique au sens premier et le plus noble du terme : « Nous nous occupons des affaires de la cité. Lutter contre la marchandisation du monde, contre la domination de la finance, c’est remettre en cause l’ensemble des rapports économiques et sociaux aujourd’hui dominants, c’est aussi remettre en cause l’ordre politique qui les porte. Notre objectif est de redonner au peuple, aux citoyens les moyens de redevenir maîtres de leur destin. Il s’agit donc [d’un] objectif hautement politique qui vise à conquérir des espaces démocratiques, à permettre le développement de processus démocratiques »[47].
Comme on le remarque, les Altermondialistes ne cherchent pas à prendre le pouvoir politique, le débat reste ouvert sur leur rapport avec le pouvoir politique et les partis politiques.
Quelle réponse donnent les Altermondialistes face aux critiques faites à leurs alternatives ? Pascal Van Griethuysen y répond et qualifie d’ « esprits chagrins » ceux qui critiquent le mouvement altermondialiste en raison de ses « modestes accomplissements ».[48]Rejetant la critique faisant des alternatives de l’Altermondialisme comme une utopie, Griethuysen pense que l’utopie n’est pas de croire qu’un autre monde est possible, mais de croire que le monde tel qu’il est et tel qu’il évolue, pourrait perdurer. Ainsi, il plaide en ces termes : « Laissons une chance à ceux pour qui la solidarité, le respect des différences, l’unité dans la diversité ne sont pas des notions creuses, mais bien un ensemble de valeurs, susceptibles d’orienter les relations humaines »[49]. Il interpelle les critiques : « Reconnaissons-lui [altermondialisme] la paternité d’un slogan planétaire à l’origine d’une certaine prise de conscience envers la nature (sic) socialement injuste et écologiquement suicidaire des fondements de la mondialisation actuelle, ainsi que la volonté de la transcender au travers d’une organisation sociétale nouvelle »[50].
Malgré les critiques sur l’Etat et l’économie solidaire, l’Altermondialisme tient à ce que les Etats-Nations jouent leurs rôles dans la gestion économique et politique dans leurs frontières. L’économie solidaire, soutenable et sociale reste l’option de l’Altermondialisme
Cet idéal est et restera toujours au cœur de tout celui qui reste insatisfait du « monde actuel » et qui ne veut pas croiser les bras.
C’est dans ce sens que l’Altermondialisme, par son slogan « un autre monde est possible », se met sur les épaules du Matérialisme historique afin de voir plus loin. Ainsi, se trouvant dans un nouveau contexte historique où l’exploitation et l’aliénation existent grâce à un autre mode de production, l’Altermondialisme place-t-il l’humain et la nature au cœur de l’histoire. Cela ne veut pas dire que l’économie ou la vie matérielle sont déconsidérées. Au contraire, leur importance aura de sens si l’homme et la nature sont mis au centre de leur activité.
Devant l’offensive de la mondialisation néolibérale qui a remis en question le socialisme réellement existant censé mettre en pratique ou réaliser le Matérialisme historique, l’Altermondialisme est né sans être la métamorphose du Matérialisme historique. Tout en important l’analyse sociale du Matérialisme historique, l’Altermondialisme a le mérite de se poser en s’opposant à la mondialisation néolibérale. Celle-ci est remise en question dans ses principes néolibéraux prônant le primat du marché. Comme la mondialisation néolibérale s’organise et a son temple[51] d’exercices pour se rajeunir qu’est le Forum Economique Mondial de Davos, l’Altermondialisme s’organise et crée ses FSM comme laboratoire pour une autre mondialisation solidaire où l’homme et la nature sont au centre. Sachant que la mondialisation néolibérale est partout dans le monde, au Nord comme au Sud, l’Altermondialisme a opté pour une tenue simultanée de FSM dans plusieurs continents. Cela s’appelle FSM polycentrique. En effet, les effets de la mondialisation néolibérale, tout en étant les mêmes, ne sont pas ressentis et vécus de la même manière au Nord comme au Sud.
 Le FSM polycentrique crée une conscience locale ou continentale en étroite liaison avec la conscience mondiale. L’on cherche à penser local pour agir mondial et penser mondial pour agir local.
Par ailleurs, l’Alterrmondialisme a le mérite de contrer l’universalisme unificateur de la mondialisation néolibérale par un universalisme particulariste. Cela s’expérimente par l’hétérogénéité de la vie altermondialiste.
De par son idéologie opposée à l’idéologie néolibérale, l’Altermondialisme a le mérite de mobiliser les gens de toutes les origines, du Nord au Sud pour mener une lutte commune contre les effets de la mondialisation néolibérale, et ce en vue de protéger l’homme et la nature, et surtout en vue de les mettre au cœur de l’économie. Celle-ci est conviée à être au service de l’homme et de la nature.
En outre, il sied de signaler un autre mérite dû à la nouvelle philosophie humaniste que propose l’Altermondialisme. La dimension humaniste s’exprimant par le mot d’ordre « le monde n’est pas à vendre », pousse l’Altermondialisme à proposer « un autre monde possible » où domineraient une économie solidaire et durable, une démocratie participative expérimentée à Porto Alegre et une éthique humano-écologique. C’est à ce niveau que l’Altermondialisme est pertinent quand il refuse de réduire l’homme à une ressource humaine au même titre que les ressources naturelles, les ressources technologiques, les ressources financières. Si la personne est une ressource humaine, elle n’a droit d’existence que « dans la mesure où elle contribue à l’efficacité de la production des biens et des services vendables sur les marchés solvables. Son droit à l’existence cesse de lui être reconnu dès que la ressource humaine n’assure plus l’efficacité dans la mesure souhaitée par l’entreprise »[52].
Les luttes altermondialistes font de l’Altermondialisme une interprétation philosophique de l’histoire se concrétisant par la transformation du monde sous l’altermondialisation[53].
Nous ne devons pas fermer les yeux sur les insuffisances de l’Altermondialisme dans ses analyses de la mondialisation. C’est à ce niveau qu’il sied de relever ses limites.
 Même si l’offensive de l’idéologie néolibérale est forte, personne ne peut soutenir que la dynamique des marchés interdits aux pays ou aux Etats de protéger les chômeurs et d’assumer leur fonction de sécurité sociale. Ne pas le reconnaître fait que l’Altermondialisme soit victime du « mythe de l’Etat impuissant »[54].
Loin de parler de l’impuissance des Etats au temps de la mondialisation néolibérale, il serait exact de parler du « retrait volontaire des Etats ». Ce retrait relève de choix politiques délibérés quand bien même la recommandation viendrait des bailleurs des fonds étrangers. Nous devons même savoir qu’en « matière de régulation sociale, les gouvernements ont parfois même un rôle d’autant plus important qu’ils ont favorisé une politique de libéralisation des échanges de biens, de services et de capitaux »[55].
En outre, l’Altermondialisme retarde l’avènement d’un autre monde possible du fait qu’il ne s’engage pas activement dans les jeux politiques. Il est souhaitable qu’il propulse certains de ses membres à briguer le pouvoir. Cela permettrait à l’Altermondialisme, sans être une plate forme politique, de se mesurer aux aléas de la gestion politique. Ceci le conduirait à avoir plus tard un discours réaliste et révolutionnaire. Sans cela, l’Altermondialisme contribuerait, malgré lui, au désintéressement politique.
Nous attendons les résolutions du FSM 2007 pour voir si notre regard critique mérite d’être revu à la baisse.
 
 
CONCLUSION
 
Mon essai portait sur L’Altermondialisme  à l’assaut de la mondialisation. Le sous-titre était Regard critique. Pour comprendre l’Altermondialisme, il me fallait, de prime abord, l’exposition de la mondialisation néolibérale dans ses différentes articulations.
Ainsi, le premier chapitre a-t-il abordé la mondialisation comme un nouveau concept. Ceci m’a permis d’étudier la mondialisation néolibérale sous l’angle philosophique. De ce fait, elle est apparue comme un stade historique, une époque historique, une phase historique nommée le « Capitalisme à la place de l’Etat ». Cela m’ a conduit à donner quelques critères pour parler de l’époque de la mondialisation. Le critère déterminant est celui de transformation économique.
La mondialisation néolibérale, ai-je affirmé, est propulsée par l’idéologie néolibérale. Cette mondialisation constitue un « tournant de civilisation » ou mieux, elle ouvre et instaure une époque historique ayant le primat du Marché sur l’homme, la politique, l’environnement et l’Etat, et légitime l’omni marchandisation. Ainsi, y a-t-il un nouveau mode de production composé de nouvelles forces productives et de nouveaux rapports sociaux de production.
Cet aspect explique le contexte de la naissance de l’Altermondialisme. Ainsi, le deuxième chapitre a fait voir comment l’altermondialisme est né comme une réaction contre cette mondialisation néolibérale. Cependant, j’ai fait remarquer que l’origine de l’Altermondialisme est à situer en Amérique latine, continent où le modèle néolibéral fut expérimenté pour la première fois. De ce fait, j’ ai remis en question la coutume qui situe en novembre 1999, à Seattle, la naissance de l'Altermondialisme. Celui-ci est devenu ce qu'il est après avoir été antimondialisation. Il est passé de la contestation à la proposition. Ou mieux, la contestation s'accompagne de la proposition. Cela explique pourquoi ce mouvement social mondial propose un autre monde possible en dehors de notre monde géré par la mondialisation néolibérale et la dictature des marchés financiers. Il prône une autre mondialisation où la personne humaine et le respect de la nature sont au cœur de l'économie et de la politique. Ce mouvement a une structure. Ses membres proviennent de tous les horizons; cet aspect explique son hétérogénéité. Ses "organes" sont le Conseil International et les Comités de mobilisation.
 Grâce à son idéologie charriée par la Charte des principes du Forum Social Mondial (FSM) approuvée et signée le 9 avril 2001 à Sao Paulo et modifiée et approuvée par le Comité international du FSM le 10 juin 2001, l’altermondialisme mobilise les gens et par ses critiques, il monte à l’assaut de la mondialisation néolibérale. Le FSM est le lieu privilégié pour affûter ses armes et repenser ses stratégies.
Le troisième chapitre s’est appesanti sur les alternatives altermondialistes pour un autre monde possible et sur le sens de l’histoire. J’ ai parlé de la vie    dialectique de l’Unité (l’Un) et de l’Hétérogénéité (le Multiple) qui se vit en son sein. En outre, nous avons indiqué que l’Altermondialisme professe l’humanisme. Il met au centre de toute activité humaine, commerciale ou marchande, l’homme et la nature. C’est ainsi que dans sa critique de la mondialisation néolibérale, il propose des alternatives économiques (économie solidaire durable), politique (démocratie participative à la Porto Alegre) et éthique (où le défi humano-écologique fait l’objet) pour « un autre monde possible », définissant aussi un nouveau paradigme, « le paradigme altermondialiste » qui inspire les discours et les combats altermondialistes.
Le quatrième et dernier chapitre a jeté un regard critique sur la manière dont l’altermondialisme s’attaque à la mondialisation néolibérale. Pour bien relever les mérites et les limites de l’altermondialisme, j’ai jugé bon de confronter celui-ci au matérialisme historique.
Cet essai permet de comprendre ce qui se passe, du point de vue économique, en République Démocratique du Congo et en Afrique.

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54. STALOWICZ, B., La gauche latino-américaine : entre épreuve du 
                                     pouvoir et   volonté de   changement, dans Alternatives
                                    sud n°2 Volume 12 (2005), p. 47-71.
55. TARTAKOWSKY, P. Altermondialisme:fondamentalisme ou nouvel
                                       humanisme ?;  [en ligne] www.france.attac.org/a1398
                                       (page consultée le 25/03/2005).
56. TOURE Marèma, L’impact de la mondialisation au niveau social,
                                       BIT/CODESRIA [en ligne]
                                      http://www.ile.org/public/english/wcsdg/docs/poure.pdf    
57. Trente glorieuses, [en ligne]   
                                     http://fr.wikipedia.org/wiki/Trente_glorieuses
                                     (page consultée le 14/08/2005)
58. VAN GRIETHUYSEN, P., Quatre forums sociaux mondiaux et après ?
                             [en   ligne]  www.lued.unif.ch (age consultée le 18/05/2005).
59. WASSERMAN, G. L’altermondialisme et les classes populaires, dans
                                  Tribus Altermondialistes(19 novembre 2003),    [en ligne]
                              wwwlillepop.org/article.php3 ?id_article=42 (page consultée  
                              le 20/03/2005).
60. WEYDERT, J., Prophètes néo-libéraux, dans Etudes (mai 1990), p.609-
                                                                                                             620.
 
61. WILLIAMSON J., Un train de réforme devenu un label galvaudé.
                                Consensus de Washington, un  bref historique et
                                quelques suggestions, dans Finances et Développement
                                 (septembre 2003), p 10. 
62. ZAHIA, N.,- Où va ATTAC ? Une économie au service de l’homme, dans
                           Socialisme    International 2 (février 200), [en ligne] http://
                           mapage.noss.fr/revue socialisme/s2economie.htm.(page
                           consultée le 26/03/2005).
                   - Où va ATTAC ? Une économie au service de l’homme, dans  
                                    Socialisme   International 2 (février 2000), [en ligne]
                   http:// mapage. noos. fr/ revue socialisme/ s 2     economie. htm
63. ZARIFIAN, P., La mondialisation comme appartenance au même monde,
                                 [en ligne] http://perso.wanasoo.fr/philippe.zarifian (page
                                 consultée le 15/11/2005).
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
TABLE DES MATIERES
 
 
 
Abréviations et sigles………………………………………………………..…7
Préface ……………………………………………………………..…………..8 
Avant-propos………………………………………………………..………...15
Introduction …………………………………………………………..………….….17
 
PREMIER CHAPITRE : UN CONCEPT NOUVEAU : LA MONDIALISATION …………………………………………………………………..21
 
1.1.         Critères pour parler de l’époque de la mondialisation………………...22
1.2.         Idéologie néolibérale……………………………..……………………….23
1.3.         Mondialisation néolibérale……………………………………………….26
1.4. Essai de définition de la mondialisation néolibérale………..………….33
1.5. Paradigme mondialiste néolibéral………………………………………37
 
DEUXIIEME CHAPITRE :ALTERMONDIALISME : IDEOLOGIE ALTERMONDIALISTE ET CRITIQUE DE LA MONDIALISATION NEOLIBERALE………………………………………………………………40
 
2.1. contexte de la naissance de l’altermondialisme…………………...……41
2.1.1. Effets négatifs de la mondialisation néolibérale………………...……41
2.2. Naissance et nature de  l’Altermondialisme…………..………………..46
2.3. Ideologie altermondialiste à partir de la charte des principes du FSM55
2.1.1. Charte des principes du FSM………………………………………….57
2.1.2. Idéologie altermondialiste…………………….………………………..60
2.4. Critique de la mondialisation néolibérale………………………………61
 
TROSIEME CHAPITRE : ALTERNATIVES ALTERMONDIALISTES.79
 
3.1. Vie dialectique au sein de l’altermondialisme……………………….….80
3.1.1. Unité et hétérogénéité au sein de l’altermondialisme……………...…80
3.2. Philosophie humaniste……………………………………………………84
3.3. Economie solidaire et durable……………………………………….…..85 
3.4. Démocratie participative à la Porto Alegre……………………………..88
3.4.1. Les principes du budget participatif………………………………..…88
3.4.2. Principaux acteurs et niveaux de participation du budget participatif……………………………………………………………………..90
3.5. Ethique humano-ecologique………….………………………………….92
3.6. Paradigme altermondialiste……………………………………………..94
 
 
QUATRIE ME CHAPITRE : REGARD CRITIQUE…………………..….97
 
4.1. Rapport entre le matérialisme historique et l’altermondialisme….…..98
4.2. Mérites de l’altermondialisme………………………………………….113
4.3. Limites de l’altermondialisme……………………………………….....115
 
Conclusion …………………………………………………………………...116
 
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE………………………………………..…117
TABLE DES MATIERES…………………………………………………..128
 
 
 
 
 
 


[1] Le matérialisme historique sert à "désigner une conception de l'histoire qui cherche la cause première et le grand moteur de tous les événements historiques importants dans le développement économique de la société, dans la transformation des modes de production et d'échange, dans la division de la société en classes qui en résulte et dans les luttes de ces classes entre elles"( ENGELS, F., Le matérialisme historique, dans MARX, K. - ENGELS,F., Etudes philosophiques, Paris, 1961, p.123. Si le Matérialisme historique est pour Engels une conception de l’histoire, il n’en sera pas ainsi pour les épigones qui en feront une science de l’histoire. Ce texte est une préface qu’Engels a écrite pour l’édition anglaise de son ouvrage Socialisme utopique et socialisme scientifique de 1892.). Par conséquent, devons-nous ajouter qu’ il propose une autre société, un autre mode de production et un autre mode de gestion politique. 
 
[2] Cf. MARX, K., - ENGELS, F., Manifeste du parti communiste, p. 38.
[3] Signalons que certains marxistes dont Henri Houben font partie du conseil scientifique de plusieurs mouvements altermondialistes. ATTAC compte parmi ses analystes scientifiques des anciens marxistes.
[4] La Commune de Paris a été une occasion d’or pour tester historiquement la dictature du prolétariat. En effet, la Commune de Paris fut l'œuvre de l'Internationale, devenue une force en Angleterre, en France, en Suisse et en Belgique .Les ouvriers parisiens, aidés par d'autres groupes, ont pris le pouvoir à Paris à l'aube du 8 mars 1871 et le prolétariat organisa la société. C'est le premier pouvoir et Etat prolétariens. La Commune fut l'antithèse directe de l'Empire. Son premier décret fut la suppression de l'armée permanente et son remplacement par le peuple en armes. La Commune fut composée des conseillers municipaux élus au suffrage universel dans les divers arrondissements de la ville. La fonction publique fut assurée pour un salaire d'ouvrier depuis les membres de la Commune jusqu'au bas de l'échelle. On supprima le pouvoir des prêtres. L'instruction, accessible à tous, fut gratuite. Magistrats et juges, comme le reste des fonctionnaires publics, devraient être élus. La Commune était une forme politique dont l'unité de la nation était organisée par la Constitution Communale qui détruisait le pouvoir de l'Etat. Chaque Commune rurale administrait ses affaires par une assemblée de délégués au chef-lieu du département. Le gouvernement central était dans les mains des fonctionnaires de la Commune strictement responsables. Le véritable secret de la Commune se trouve dans le fait qu'il était essentiellement "un gouvernement de la classe ouvrière", la forme politique enfin trouvée qui permettait de réaliser l'émancipation économique du travail. Elle visait  « l'expropriation des expropriateurs ». Elle a institué un mode de production, la production coopérative. Pour Marx, c'était, si pas le communisme, au moins "du très "possible" communisme". La Commune, dans ses réalisations, était une ALTERNATIVE à l'Empire. Ainsi, la Commune avait-elle conscience d'inaugurer " la nouvelle ère de l'histoire". Marx reconnaît, toutefois, les imperfections, car, dit-il, "dans toute révolution, il se glisse, à côté de ses représentants véritables des hommes d'une tout autre trempe". La victoire de la Commune prit des mesures en faveur de la classe ouvrière (ainsi on supprima le travail de nuit des boulangers), en faveur des classes moyennes (remise totale du loyer de trois derniers termes jusqu'en avril) et certaines mesures générales furent prises : conscription abolie, jeux de hasard supprimés; mêmes les mesures de salut public existèrent: sur les représailles, visites domiciliaires. Il n’en fut pas autrement des mesures financières. Le 28 mai 1871, la Commune de Paris fut vaincue. Elle ne dura que 81 jours. ( Cf.MARX, K., La guerre civile en France, Pékin, 1972.
 
[5] MARX, K., La guerre civile en France, p. 80.
[6] WASSERMAN, G., L’Altermondialisme et les classes populairess, [en ligne] Tribu Altermondialistes(19 novembre 2003), dans wwwlillepop.org/article.php3 ?id_article=42 (page consultée le 20/03/2005).
[7] KHALFA, P., Contribution de Pierre Khalfa en réaction à la note de Jacques Nikonoff, « Nouvelle dynamique : bilan intermédiaire », [en ligne] http: // france.attac.o rg/ a. 2700.( page consultée le 21/03/2005).
[8] Ib. Nous soulignons
[9] NIKONOFF, J., Altermondialisme tout terrain, [en ligne] www. monde-diplomatique.ffr/ imprimer/11172/ 9bd 889O729 (page consultée le 15/04/2005).
[10]Cf. MONTEIRO, D., Altermondialisation. Le FSE et nous, [en ligne] www. ps-versailles.oOrg/prod/article.php 3 ? id_ article= 1001(page consultée le 15/04/2005).
[11] Henri Houben et Pol Vor ont organisé un cours intitulé Humaniser la mondialisation ? dans le cadre de l’université marxiste de l’été 2003. Ils l’ont réorganisé du 17 au 22 Août 2004. Ils essaient de récupérer quelque chose du Marxisme qu’ils qualifient de dépasser depuis la disparition de l’URSS. Nous avons écrit à Henri Houben pour en savoir plus. Aucune réponse. Cependant Jean-Marie Harribey a mis à notre disposition son site afin d’en télécharger des textes pouvant nous servir dans le cadre de notre travail. Henri Houben comme Jean-Marie Harribey sont tous membres d’ATTAC et sont de formation marxiste.
 
[12] Alteemondialisme et Marxisme. « Altrermondialisme : la nouvelle internationale ?, [en ligne] www. les communistes. net vbochevisme/ marxisme et altermondialisme. htm (page consultée le 22/03/2005).
[13] Ib.
[14]Cf.L’altermondialisme un poison contre la perspective proletarienne , [en ligne] www.internationalism.org/french/ri/339__altermondialisation htm (page consultée le 22/03/2005).
[15]Cf.L’Alterrmondialisme contre la perspective prolétarienne, [en ligne] www.lescommunistes.org/articlephp3 ? id_article= 470. ’Altermrondialisme : un poison contre la perspective prolétarienne, [en ligne] www. Interrnationalism.org/ french/ ri/ 339-altermondialisme. Htm (page consultée le15/03/2005).
30Cf.Ib.
[17]Cf.Ib.
[18]Cf.Altermorndxialisme et anticapitalisme, [en ligne] www.libres.org/ français/ editorial/ archives/ editorial_ 0804 /altermondialisme_e3504 htm (page consultée le 15/03/2005).
[19]Ib.
[20]Ib.
[21] ZAHIA, N., Où va ATTAC ? Une économie au service de l’homme, dans Socialisme
   International 2 (février 2000), [en ligne] http:// mapage. noos. fr/ revue socialisme/ s
  economie. Htm (page consultée le 20/05/2005).
[22] Ib.
[23]L’altermondialisme contre la perspective prolétarienne, a.c.
[24]Ib.
[25]Cf.Altermondialisme et anticapitalisme, a.c. 
[26]L’altermondialisme contre la perspective prolétarienne, a.c.
[27]Cf.Altermondialisme et anticapitalisme, a.c.
[28] Altermondialisme contre la perspective prolétarienne, a.c.
[29]Ib.
[30] Altermondialisme et anticapitalisme, a.c.
[31] Ib.
[32]Ib.
[33] Ib.
[34] Ib.
[35] Ib. Nous soulignons
[36] Dans cette section, nous nous référons particulièrement à un texte produit par certains altermondialistes lors du séminaire du 5 mai 2003. Ce texte a comme titre Responsabilités nouvelles des auteurs de l’altermondialisation  [en ligner] www. interacions-tpts./IMG/doc/debat du 5 mai. doc ( page consultée le 20/05/2005).
[37]cf. COLLLECTIF, Responsabilités nouvelles des acteurs de l’Altermondialisme, p. 7,[en ligne] www.interactions tpts. net/IMG/doc/débats du_ 5_ mai. doc. Le document est en PDF, voilà pourquoi il est paginé(page consultée le 20/05/2005).
[38]Ib. p.27.
[39]Ib.,p.28.
[40]Ib.,p.32.
[41]Ib.
[42]Ib., p.1.
[43] Ib.
[44] Cf. Ib., p. 11.
[45] Cf. Ib., p.12.
[46] Ib., p.18.
[47] -ATTAC, Tout sur Attac 2002, Paris, 2002, p.25.
[48] Van GRIETHUYSEN, P., Quatre forums sociaux mondiaux et après? dans Journal de l’institution 43 publié
    [en ligne] www. iued.unig. ch  (page consultée le 18/05/2005).
[49]Ib.
[50]Ib.       
[51] Contrairement à ce que pense John Saul, Davos reste toujours le temple de la mondialisation ou globalisation et non un cirque ouvert à n’importe quelle mode pour attirer quinze minutes l’attention (Cf. SAUL, J., o.c.,p.303.).
[52] PETRELLA, R., Ecueils de la mondialisation. Urgence d’un nouveau contrat social, p.35.
[53] Nous entendons par Altermondialisation des actions concrètes posées sous le paradigme altermondialiste. Celui-ci inspire les discours et les combats altermondialistes. C’est cela l’altermondialisation à ne pas confondre à l’Altermondialisme.
[54] Ib., p.88. L’expression est de Linda Weiss.
[55] Ib.,p.88.
 
 
 
 
 
 


[1] Pour les aphorismes ayant trait à Héraclite, nous nous sommes référé à VOILQUIN, J., Les penseurs grecs avant Socrate. De Thalès de Millet à Prodicos, Paris, Garnier Frères, 1964.
[2] Cf. MARTIN, Altermondialisme: une analyse critique, perso. [en ligne] wanadoo.fr/dm01/Altermondialistes.htm
[3] Cf. STIGLITZ, J. E., La grande désillusion, Paris, 2002, p.35-49.
[4] Cf Ib., p.35-49. On peut aussi lire avec Intérêt KALELE – KA – BILA, Le FMI et la Situation Sociale au Zaïre. Basusu na bisengo. Basusu na mawa! Lubumbashi, 1984, et GOLDSMITH, E. et MANDER, J. (dir), Le procès de la mondialisatios, Paris, 2001, p.215 – 396 où il s'agit des effets de la mondialisation.
[5] TARTAKOWSKY, P., Altermondialisme: fondamentalisme au nouvel humanisme?, [en ligne] www.france.attac.org/a1398 (page consultée le 25/03/2006).. Nous soulignons.
[6] Cf. MERLANT, P., Mouvement altermondialiste: quatre questions clés pour un débat, [en ligne] www.place-publique.fr/article345.html (page consultée le 18/03/2006). Il analyse l'ouvrage collectif Où va le mouvement altermondialisation?… et autres questions pour comprendre son histoire, ses débats, ses stratégies, ses divergences de Christophe Aguitom, Miguel Benasayag, Bernard Cassem, Nadia Demona, Gustave Massiah, Bruno Rebelle et Chico Whitaker
[7] Ib.
[8] Ib.
[9] VIVERET, P., cité par Ib.
[10] Le Séminaire du 5 mai 2003 dont nous avons parlé soulève toutes ces questions, mais, encore une fois, les divergences demeurent.
[11] TARTAKOWSKY, P., a..c..
[12] Ib.
[13] Walden Bello résumé par ATTAC France, La mondialisation et ses alternatives,[en ligne] www.france.attac.org/a2382 (page consultée le 8/04/2006).
[14] GANDHI, cité par Wolfgang Sachs cité par ATTAC France, La mondialisation et ses alternatives.
[15] ATTAC France, La mondialisation et ses alternatives.
[16] Cf. Ib.
[17] Cf. FENOUIL, N., Tout un programme, [en ligne] www.france.attac.org/a1357 (page consultée le 10/04/2005). Dans le jargon du développement durable, on parle de coopération décentralisée.
[18] MONDIO, G., résumé par Ib.
[19] Cf. BELLO, W., résumé par ATTAC France, La mondialisation et ses alternatives.
[20] Cf. MONDIO, G., résumé par ATTAC France, La mondialisation et ses alternatives
[21] Ib.
[22] On doit mettre fin à la collusion des dirigeants d'entreprises et des partis politiques, instaurer une séparation définitive entre le pouvoir politique et économique, contrôler les flux financiers en provenance du Sud vers les comptes en Suisse (et en toute l'Europe) et aux Etats Unis.
[23] Cf. FENOUIL, N., a.c.
[24] Il s’agit d’une taxe d’un certain pourcentage qu’on prélèverait sur chaque transaction financière.
[25] Beaucoup d’articles de journaux parlent de Porto Alegre. Nous citons, par exemple, KIKASSA MWANALESA, F., Porto Alegre, les voix de la démocratie. Vivre le Budget participatif, dans Congo-Afrique 386 (juin-juillet 2004), p.330 – 334. Nous vous inspirerons particulièrement du texte du site www.aquitaine-Portugal.com/lusofonie/ portoalegre.htm
[26] POLET, F., Genèse, principes et acteurs du Budget participatif de Porto Alegre, dans Gresea Echos 36 (nov.-déc. 2002)[en ligne ] http://www.cetri.be/Exploreur4/Textes/Gresea.doc (page consultée le 19/06/2005.
[27] Ib.
[28] Ib.
[29] Ib.
[30] Ib.
[31] DE WOOT, P. et DELCOURT, J., Finalité du développement. Valeurs chrétiennes, dans DELCOURT, J. et DE WOOT, P. (dir), Les défis de la mondialisation. Babel ou Pentecôte, Louvain, 2001, p.627.
[32] PASSET, R.,  Nous sommes tous « mondialisés », [en ligne]http://www.attac.org/fra/asso/doc/doc1001.htm (page consultée le 17/O6/2005).
[33] PETRELLA, R., Les principaux défis de la mondialisation actuelle, [en ligne] http://www.attac.org/fra/list/doc/petrella22.htm#haut (page consultée le 5/O9/2005).
[34] ID., Ecueils de la mondialisation. Urgence d’un nouveau contrat social, p.36.
[35] ID., Les principaux défis de la mondialisation actuelle, o.c.
[36] Cf. Ib.
[37] La troisième partie en parlera largement. Ainsi, la Postmodernité récupérera cette épistémologie pour l’expliciter et( faire une critique, sans merci, à la Modernité.



[1] BLAIN, D., a.c.
[2] Cf. Le 5e Forum Social Mondial en chiffres, [en line] www.linternaute.com/afp/depeche/dos1/050126100957.qimmlxzc_i.shtm l(page consultée le 22/03/2005).
[3] PIRO, P., Forum social mondial de Porto Alegre : l’âge de raison, [en ligne] www.politis.fr/article 1226.html (page consultée le 15/04/2005).
[4] LOSSON, C., Porto Alegre à maturité, [en ligne] www.liberation.fr/page.php?Article=272230 (page consultée le 10/04/2005).
[5] CRID, Le Forum social mondial 2005, [en ligne] www.crid.asso.fr/chantiers/fsm/fsm_5 intro.htm (page consultée le 12/04/2005).
[6] Ib.
[7] FARGE, L. et GARIN, V., Priorité à la lutte contre la pauvreté, [en ligne] www.rtl.fr/rtlinfo/assiette/article.asp?dicid=255795 (page consultée le 12/04/2005).
 
[8] Ib.
[9] Le 5e Forum Social Mondial en chiffres, a.c.
[10] Retenons que depuis novembre 2004, Porto Alegre n’est plus dans les mains du Parti des travailleurs (PT), parti cher à Lula.Le maire de Porto Alegre,en ne voulant pas d’alternative,a fait sanctionner son parti,le PT.De nombreux brésiliens de gauche reprochent à Lula de ne pas avoir tenu ses promesses électorales,et d’avoir surtout voulu continuer la politique de son prédécesseur libéral pour rassurer les milieux économiques. Porto Alegre ne risque –t-il pas d’être comparé à la Commune de Paris du temps de Marx-Engels ? Dans la section suivante, nous parlerons de Porto Alegre.
[11] BRUNELLE, D., Le FSM V : le mouvement citoyen mondial en pause, [en ligne] www.alternatives.ca/article 1679.html
[12] Ib.
[13] FARGE, L. et GARIN, V., a.c.
[14] Cf.Ib.
[15] Nous reproduisons en annexe le texte du manifeste.
[16] LOSSON, C., a.c.
[17] BRUNELLE, D., a.c.
[18] FARGE, L. et GARIN, V., a.c.
[19]    [en ligne] http://www.forumsocialmundial.org.br/dinamic.php?pagina=temas_karachi_fr (page consultée le 22/02/2006).
 
[20] QUEMAR , C., Bilan à chaud du Forum Social Mondial polycentrique de Bamako, [en ligne] http://www.cadtm.org/article.php3?id_article=1742 (page consultée le 22/02/2006).
 


[1] CHAMPEAU, S., L’idéologie altermondialiste,  dans Commentaire 107 (automne 2004), p.700.
[2] Pour les chiffres nous nous référons au CRID, a.c. p.21 tout en sachant que d’autres avancent un autre nombre.
[3] Cf. CRID, a.c. p.8 et 27.
[4] Cf. Ib., p. 10-13.
[5] Cf. Ib., p. 14-17.
[6] Cf. Ib., p.18-19
[7] Ib., p.15.
[8] Pour les propositions cf. Ib., p.16
[9] Ib., p.19.
[10] Ib., p.18.
[11] Cf. DELUZET, M., Le monde que nous voulons. Bilan du 2ème Forum social mondial (Porto Alegre – février 2002) ; dans www.cfdt.fr/actualité/inter/dossier/mondia/mondia.06.htm.( page consultée le 11/04/2005).
[12] Nous nous inspirons de l’analyse du CFDT, Porto Alegre3, dans www.cfdt.fr et de BLAIN, D., DELUZET, M.et GERARD, T., Fin du 3e Forum social mondial : premières critiques contre le gouvernement Lula, [en ligne] www.cfdt.fr/actualité/inter/actualite/monde/2003/inter_010.htm, (page consultée le 12/04/2005). ID., travail décent : une mondialisation avec des emplois dignes, [en ligne] www.cfdt.fr/actualite/inter/actualite/monde/2003/inter_009.htm (page consultée le 12/04/2005).
[13] CFDT, a.c.
[14]   Noam Chomsky, né à Philadelphie (Pennsylvanie) le 7 décembre 1928, est un linguiste éminent, auteur et philosophe politique radical de réputation internationale. Les parents de Chomsky sont des juifs de petite bourgeoisie. Il est "Institute Professor" et professeur de linguistique au Massachusetts Institute of Technology (MIT), membre de l'Académie américaine des arts et des sciences, membre de l'Académie nationale des sciences, et il s'est vu décerner dix grades honorifiques d'universités de par le monde. En 1988, le Japon lui remettait le Prix des sciences fondamentales de Kyoto qui, du point de vue de son prestige et de sa valeur monétaire (350 000 $) s'apparente au Prix Nobel.
        En 1955, il termine son doctorat à l'Université de Pennsylvanie, pour lequel il dépose un des chapitres de son ouvrage The Logical Structure of Linguistic Theory. L'importance de ce travail ne se révèle pas dès l'abord, puisqu'il faut attendre vingt ans avant que l'ouvrage soit publié.
        L'étendue et la profondeur des écrits de Chomsky témoignent à l'envi du cercle de ses idées, qui embrassent des sujets aussi variés que la guerre et la paix à l'échelle planétaire . C’est à ce niveau qu’il s’intéresse à l’Altermondialisme. Il est l'auteur de plus de 30 livres et d'une multitude d'articles. La bibliographie de ses écrits (la troisième à ce jour - sous couverture cartonnée) contient plus de 700 notices; plus de la moitié de ses oeuvres portent sur des questions politiques (     Biographie de Noam Chomsky [en ligne] http://www.necessaryillusions.ca/mfc/MCChomksyBiofrancais.htmli(page consultée le 22/02/2006).
[15] CFDT, a.c.
[16] Nous en parlerons au quatrième chapitre de notre travail.
[17] BLAIN, D., IVème Forum social mondial : Joseph Stiglit en vedette américaine, [en ligne] wwww.cpdt.FR/actualite/inter/actualite/monde/2004/_002.htm 
[18] Ce programme est tiré de www. Rfifr/fichiers/MFI/Politiquediplomatie/1149.asp.


[1] Nous y reviendrons dans une autre section , plus spécialement quand il s'agira de l'unité de l'Altermondialisme. En effet, la phobie contre ces institutions fait l'unité des mouvements intégrés dans l'Altermondialisme.
[2] Nous en parlerons amplement .
[3] Propos de Patrick Viveret dans Responsabilités nouvelles des acteurs de l'altermondialisme (Séminaire du 5 mai 2003), [en ligne] www.onteractions-tpts.net/IMG/doc/debats_du_5_mai.doc (page consultée le 15/04/2005).
[4] Pour cette classification en courants nous nous inspirons de www.altermondialisme.net
[5] Les réunions du Conseil International peuvent se tenir même dans d'autres pays. Ainsi la dernière réunion s'est tenue à Passignono en Italie, du 4 au 7 avril 2004. Elle a jeté les bases de la forme du FSM 2005 qui a lieu à Porto Alegre.
[6] On appelle "grandes activités" les Conférences, les Tables rondes, les Témoignages et les Tables de dialogue et de Controverse.
[7] Cf. CRID, a.c., p.7
[8] Nous nous référons au texte publié par le CRID, a.c. p. 4-6
[9] A ce propos on peut lire avec intérêt le RAPPORT BRUNDTLAND, Notre avenir à tous, [en ligne] www.agora21.org/dd/rapport-brundtand. D’après ce rapport, « le développement soutenable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». L’on peut aussi lire les 27 principes de la Déclaration de Rio
mettant l’homme au centre des préoccupations (cf. principe 1) dans le respect des générations présentes et futures (cf. principe 3), réclamant la protection de l’environnement (cf. principe 4), invitant le public à s’impliquer dans les décisions (cf. principe 10), prônant l’interdépendance et l’indissociabilité entre la paix, le développement et la protection de l’environnement(cf. principe 25), interpellant les Etats à ne pas nuire aux autres Etats quand ils exercent le droit souverain d’exploiter leurs ressources(cf. principes 2 et 27), etc.
[10] Nous parlerons de cette philosophie dans un autre point. En effet, l’Altermondialisme ne conçoit pas l’homme en dehors de la nature ou environnement.


[1] MARCOS, Message de D’EZLN à la rencontre pour l’humanité et contre le néo-libéralisme, dans CENTRE TRICONTINENTAL, Le marxisme a-t-il un sens pour le sud ? (2) Les pratiques, Paris, 1996, p.160-163. Nous soulignons.
[2] FORUM DE SÃO PAULO, Déclaration de San Salvador, dans L.c, p.152-159.
[3] John Saul, dans son livre Mort de la globalisation (Paris, Payot, 2006,p.95-97) nous renseigne qu’au début le FEM était un symposium européen du management. Le FEM se propose «  de voir la sociéte à travers le prisme économique et l’économie à travers le prisme des gestionnaires des grands groupes, plutôt que par les yeux des capitalistes » (Ib., p.96.). John Saul précise que « le but de Davos était et est toujours de promouvoir la politique favorable à ceux qui détiennent le pouvoir » (Ib.,p.97.).Mais tout est fait en ayant à l’esprit que « le roi de Davos [est] est un concept : la société vue à travers le prisme de l’économie » (Ib., p.96.).
[4] Cf. HOUTART, P. et POLET, F. (dir), L’Autre Davos : Mondialisation des résistances et des luttes, Paris, L’Harmattan, 1999.
[5] A ce propos nous nous inspirons de Francisco Whitaker. Quelques extraits de son article du 22 janvier 2001 ont été publiés par le CRID dans Les Cahiers de la solidarité (novembre 2002).
[6] WHITAKER, F., cité par le CRID, Le forum social mondial : des principes, un cadre, un processus, dans Les Cahiers de la solidarité (novembre 2002), p.2.
[7] Ib., p.3.
[8] André Bellon, dans son article Dieu créa la mondialisation…, publié dans Le Monde diplomatique 608 (novembre 2004) , à la page 36, critique le concept d’altermondialisme et fait l’éloge de l’antimondialisation. Pour lui, la critique d’une globalité (mondialisation) ne doit pas aboutir sur une autre globalité (altermondialisation). Celle-ci serait génératrice d’autres aliénations. Sachons que Serge Latouche n’est pas loin de cette position, car il refuse la mondialisation et prêche la décolonisation des esprits de l’imaginaire économique. Celle-ci , selon lui, aboutira à la survivance (s’adapter au monde où l’on vit tout en résistant mentalement à la domination ravageuse de la pensée unique), à la résistance (freiner le monstre-le bolide, la mégamachine techno-économique où l’on a conscience d’être embarqué-, changer la direction, passer en arrière, si cela est encore possible) et à la dissidence (songer à quitter l’engin en délire, faire sa niche ailleurs).Cf. sa conférence-débat, Pour en finir avec la marchandisation, du 5 mars 1999.
[9] Un mouvement social et citoyen est celui qui   lutte pour le social et quand il mobilise les gens et que ses acteurs ne sont pas l’Etat, ni des entreprises. Comme le dit si bien C. Aguiton, les mouvements sociaux se mobilisent « contre les conséquences sociales et environnementales en particulier, de la mondialisation libérale et à partir de là, en arrivent à une contestation beaucoup plus globale » (AGUITON, C., o.c. p.20). Cependant, un mouvement est citoyen quand il éduque à la citoyenneté, c'est-à-dire aux droits humains, aux devoirs civiques, aux respects des gens et de la nature et quand il protège tout homme menacé dans sa culture, sa religion, sa race et son appartenance sexuelle. En outre, le mouvement citoyen fait pression sur les pouvoirs publics. C’est ici qu’il convient de faire la différence entre l’Altermondialisme et les ONG. « Les ONG sont des organisations très spécialisées et très attachées à leur image de compétence et de responsabilité. Elles vivent dans un monde très concurrentiel et doivent constamment faire la preuve de leur sérieux et de leur efficacité auprès de leurs donateurs privés et publics. Elles dépendent fortement, pour leur existence, des dons privés et, pour une partie d’entres-elles, des financements des Etats et des organisations internationales. Cette fragilité les amène à s’organiser et à fonctionner selon des critères d’efficacité davantage que selon ceux de la démocratie. Leur fonctionnement n’a rien de comparable avec celui des mouvements contestataires » (COHEN, S., ONG, altermondialisme et société civile internationale, dans Revue française de science politique, vol. 54, n°3 (juin 2004), p.389). Dans la mouvance altermondialiste, au contraire, on trouve de nombreuses associations se réclamant d’un fonctionnement démocratique passant par un mode de décision par « consensus ». Cependant, certaines ONG font partie des membres de l’altermondialisme. Nous devons reconnaitre que les grandes ONG internationales se comparent plutôt à des grandes firmes multinationales, organisées sur un mode hiérarchique afin d’arriver à une prise de décision rapide et cohérente. Il y a, à cet égard, un hiatus considérable entre ces grandes organisations et les mouvements contestataires. Certaines ONG permettent «  à leurs membres de débattre de leurs orientations. Elles se sont dotées, du moins pour une partie d’entre elles, de conseils d’administration ou de comités de donateurs exerçant un rôle de surveillance. Mais la décision appartient in fine à quelques responsables, à qui il revient de trancher et d’arbitrer entre points de vue différents » (Ib., p.389). Mais sachons que quand l’altermondialisme organise ses forums, ceux-ci sont des lieux où l’on parle car le souci premier est celui de permettre à tous les membres de s’exprimer longuement. Les ONG internationales constituent, quant à elles, des lieux où l’on agit plus qu’on ne discute. Elles se veulent plus pragmatiques et moins dogmatiques. Par ailleurs, « elles se disent prêtes à travailler avec les Etats et les entreprises, qu’elles considèrent comme des partenaires incontestables. Les institutions financières internationales comme le FMI ou la Banque mondiale ne sont pas vouées aux gémonies. Ce sont des partenaires sur lesquels il faut faire pression pour les amener à modifier leur politique et non pas pour les faire disparaître, [ ce qui n’est pas le cas pour l’Altermondialisme. Nous en parlerons au temps opportun] » (Ib., p. 389).
[10] Patrick MIGNARD, dans son article Les ambiguïtés de l'anti/intermondialisation, publié [en ligne] http;//ende-hors.org/news/1959.shtml, différencie la mondialisation marchande de la mondialisation libérale. La première est liée au principe de l'économie de marché, "c'est-à-dire du "salariat", avec toutes les implications que cela entraîne au niveau de l'instrumentalisation des individus". Mais, dit-il, la mondialisation libérale est un "monde de gestion" de l'économie de marché. A notre humble avis, il s'agit, en dernière analyse, de la même mondialisation dont les effets sont les mêmes.
[11] Cet "Appel de Porto Alegre" contient les grandes dénonciations de l'Altermondialisme contre la mondialisation néolibérale et marchande. Par ailleurs, cet "Appel" esquisse quelques alternatives. Tous les passages mis entre guillemets dans ce paragraphe proviennent de cet "Appel". Le texte de cet Appel est repris, in extenso, dans l’annexe.


[1] MARCOS, cité par MARTIN, H. R.,  La mondialisation racontée à ceux qui la subissent,  Castelnau-le-Lez, 1999, p.79.
[2] La mondialisation de quoi, comment, pour qui ?, [en ligne] http : //www.france.attac.org/a462 (page consultée le 15/04/2005).
[3] Ib.
[4] Ib.
[5] Ib. R. Petrella, en ne prenant pas en compte le quatrième élément, a parlé de la Sainte Trinité de la Libéralisation des marchés, de la Déréglementation et de la Privatisation de l’économie ( PETRELLA, R., o.c., p.24).
[6] LINARD, A., Le monde au pas de la porte, dans Univers vivant 440 (mars-avril 1999), p. 15.
[7] Nonna Mayer les appelle « unholy Trinity » (MAYER, N. et SIMEANT, J., L’espace de l’altermondialisme, dans Revue française de science politique vol 54 n°3 (juin 2004), p.375.
[8] Jacques Bidet, cet homme qui a "converti" Louis Althusser dans l'interprétation de Marx, appelle la mondialisation une " mutation historique" dans son article  L'impérialisme régnant et l'Etat-monde en gestation  du janvier 2003 [en ligne] http://perso.wanadoo.fr/:jacques.bidet/imperez.pdf (page consultée le 10/04/2005).
[9] ADDA, J., o.c., p.4.
[10] SAMUEL, A., o.c. p.6.
[11] ADDA, J., o.c., p.89.
[12] Ib,, p.78.
[13] Cf. LINARD, A., a.c., p. 5-7.
[14] ADDA, J., o.c., p.4.
[15] Cf. MOLNAR, T., a.c., p.319.
[16] ADDA, J., o.c., p.89-90.
[17] DOLLFUS, O., o.c., p.103-104.
[18] Ib.,  p.107-108.
[19]   Ib., p. 83.
[20] MARTIN, H. R., o.c., p.85.
[21] D’aucuns appellent cela « l’origine médiatique ».


[1] Nous ne sommes pas sans savoir que beaucoup d’auteurs ont écrit sur la mondialisation. Cependant notre essai de définition   a la particularité de présenter la mondialisation néolibérale en partant des préalables l’inscrivant dans le champ de la philosophie de l’histoire. Sur ce sujet Jacques Adda ( La mondialisation de l’économie , Tome I : genèse, 4e édition, Paris, La Découverte, 2001), Serge Latouche (Les dangers du marché planétaire, Paris, Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques, 1998 et La planète uniforme, Paris, Sisyphe/climats, 2000), François Houtart (La mondialisation, Paris/.Bruxelles, Editions Fidélité (que penser de … ?), 2003) et Beatriz Stalowicz (La gauche latino-américaine : entre épreuve du pouvoir et volonté de changement, dans Alternatives sud n°2 Volume 12 (2005), p. 47-71), ne peuvent qu’approcher positivement notre approche de la mondialisation.
[2] DE MONTBRIAL T., Perspectives à la fin du millénaire, dans DE MONTRBRIAL T. et Jacquet, P. (dir), Rames, Pris, 2001, p.13.
[3] MOUSTAPHA Kassé, Consultation sur la dimension sociale de la mondialisation, BIT/CODESRIA (27 août 2002, Hôtel Savana Dakar) [en ligne] http : // www. ilo.org/public/english/wcdg/docs/kassé. pdf (page consultée le 29/06/2005).
[4] Ib .C’est à ce niveau que d’aucuns parlent de la Globalisation réelle  qui n’est rien d’autre qu’une « interconnexion des marchés des facteurs et des produits à travers les échanges et l’investissement direct étranger [IDE]» (CROZET, Y. et alii, Les grandes questions de l’économie internationale, Paris, 2003, p. 138).
[5] Ib. Nous soulignons. Cette interdépendance est connue sous le nom de Globalisation financière, signifiant « interconnexion des divers   marchés des capitaux à l’aide des techniques informatiques autorisant le déplacement instantané des capitaux » (CROZET, Y. et alii, o.c. , p 138).
[6] CROZET Y. et alii, o.c.,  p. 146.
[7] Ib., p.147.
[8] MOUSTAPHA Kassé, a.c.
[9] BONOFACE, P., Le monde contemporain : grandes lignes de partage, Paris, 2001, p.11.
[10] Nous reviendrons sur ces transformations quand nous aborderons les critiques que l’Altermondialisme adresse à la mondialisation néolibérale.
[11] Nous appelons Acteur, celui qui est doté de la capacité d’élaborer, d’exprimer et de traduire en acte des intentions.
[12] DOLL FUS, O., La mondialisation, p. 108. Nous soulignons.
[13] MBAYA Kankwende, Mondialisation, défis économiques et régionalisation en Afrique, dans CENTRE TRICONTINENTAL, Et si l‘Afrique refusait le marché ?, Louvain-la-Neuve, 2001, p. 50. Nous soulignons.
[14] Cette définition est celle d’E. Morin. Celui-ci attribue douze caractéristiques au concept paradigme tel qu’il l’entend. Nous en retiendrons quatre   « 1.Le paradigme est « non falsifiable » » ( La méthode 4. Les idées : leur habitat, leur vie, leurs mœurs, leur organisation, Paris, 1991,, p.216.). Cette caractéristique s’inscrit en faux contre la théorie de Karl Popper. De ce fait, tout paradigme est à l’abri de toute infirmation vérification empirique. Seules les théories scientifiques qui en dépendent sont falsifiables. « 2. Le paradigme dispose du principe d’autorité axiomatique » (Ib.,p.216). Le paradigme ne se confond pas avec les axiomes dont il est le fondateur. Cependant, ajoute E. Morin, «  l’autorité de l’axiome légitime rétroactivement le paradigme » ( Ib., p.216) . Voici deux exemples d’axiomes tirés du paradigme de simplification : « Tout phénomène naturel obéit au déterminisme » et « tout phénomène proprement humain se définit comme sur-naturel » ( Ib.,p.214) « 3. Le paradigme dispose d’un principe d’exclusion : le paradigme exclut non seulement les données, énoncés qui ne lui sont pas conformes, mais aussi les problèmes qu’il ne connaît pas » ( Ib.,p.217) De ce fait, un paradigme de simplification jouant sur la disjonction (séparant, e.g., l’humain et le naturel) et sur la réduction (réduisant, p.e, l’humain au naturel) ne peut reconnaître l’existence du problème de la complexité.    « 4. Ce qu’il exclut n’existant pas, le paradigme rend aveugle » ( Ib.,p.217). Pour illustrer cette caractéristique, E. Morin parle du paradigme structuraliste dans lequel le sujet et le devenir n’ont aucune réalité. Cela a conduit Michel Foucault, avec son paradigme épistémo-structuraliste à qualifier l’homme d’invention épistémique. « Dès lors, fait remarquer E. Morin, tout discours « humaniste » disqualifie celui qui le tient » ( Ib.,p.217). Le premier Louis Althusser était sous cette cécité quand il refusa tout discours humaniste au Marx de la maturité.
 
[15] Albert Samuel nomme justement « mondialisme » l’idéologie néolibérale (SAMUEL, A., a.c., p.9.)
[16] D’aucuns ont parlé de « fin d’idéologies ». Oui, c’est la fin de certaines idéologies (socialisme dit réel et le keynésianisme) et le règne d’une autre idéologie, le néolibéralisme. L’homme étant un animal idéologique selon Louis Althusser, les idéologies existeront toujours. Michel Maffesoli, pour sa part, pense qu’il ne s’agit pas de la fin des idéologies mais de leur transfiguration.
[17] PETRELLA, R., o.c., p.9.


[1] Ib, p 10. Quand John Williamson parle de ce programme en 2003, donc 14 ans après, il se défend contre les attaques qui font de « son » programme la charte du néolibéralisme. A ce propos il écrit : « (…), un certain nombre de doctrines clairement néolibérales sont notablement absentes de ma liste : le monétarisme, les faibles taux d’imposition indissociables de la théorie de l’offre, l’Etat minimal (qui ne se charge ni de corriger les inéga    lités de revenu ni d’internaliser les externalités) et la libre circulation des capitaux » (Ib., p11). Malgré cette justification, l’application de ce « son » programme donne raison à ses détracteurs, voilà qui explique, après constat de sa part, l’emploi de l’imparfait.  Chaque fois qu’il parler de « son » programme, il se repent en ces termes  : « Pour la réforme des taux d’intérêt, j’aurais dû opter pour une formulation plus généralisée en parlant de libéralisation financière, souligner que les avis divergeaient quant au rythme souhaitable et reconnaître que le processus devrait s’accompagner d’un contrôle prudent. [Pour la réforme de taux de change compétitif ], , je crains d’avoir pris mes désirs pour des réalités en affirmant l’existence d’un consensus en faveur de l’application de taux de change compétitifs. [Pour la réforme de la libéralisation des investissements directs en provenance de l’étranger], c’est sciemment que je n’ai   pas parlé de libéralisation complète des mouvements de capitaux, car je ne pensais pas qu‘il existait un consensus à ce sujet. [Quant à la réforme de la privatisation), c’était le seul domaine où une idée initialement néolibérale avait fini par convaincre un très large public. Depuis, nous avons été forcés de reconnaître que les modalités de la privatisation sont très importantes : le processus peut être très corrompu et conduire à brader des actifs à une élite privilégiée. [Impénitent, il affirme qu’] à l’évidence, la privatisation est bénéfique (notamment parce qu’elle améliore les services ) si elle est opérée correctement et si l’entreprise privée   est soumise à la concurrence ou à une réglementation appropriée » (Ib ; p 10). A dire vrai, John Williamson a été dribblé par la « ruse » de la Raison hégélienne, pour avoir ignoré la « logique » du Marché.
[2] BERGER D., Pérestroïka, la révolution réellement existante ? [en ligne] http:// multitudes.samizdat. net/article. php3 ? id. article =491(page consultée le 29/06/2005).
[3] Ib.
[4] Ib.
[5] Ib.
[6] Ib.
[7] Ib.
[8] Ib.
[9] Mikhaïl Gorbatchev, cité par Ib. Cette déclaration   peut être interprétée de plusieurs façons. Les conservateurs  ont vu en elle un mensonge, car, de par la Glasnost et la Pérestroïka, cette issue était prévisible. Si réellement Mikhaïl Gorbatchev était sincère, alors Hegel a vu sa thèse se réaliser. En effet, Hegel pense que la Raison, par sa ruse, utilise certaines personnes, et ce à leur insu, a réalisé sa matérialisation dans l’histoire concrète. Encore une fois, nous revenons à la « ruse » de la Raison.


[1] BALIBAR, E., Frontières du monde, frontières de la politique, dans DELBACCIO, M. et PELLOILE, B. (dir), Du cosmopolitisme, Paris, 2000, p.182.
[2] Cf. MARAIS, H., L’intégration régionale en Afrique australe, dans AMIN, S. (dir), Afrique. Exclusion programmée ou renaissance, Paris, 2005, p.178-179.
[3] PETRELLA, R., Ecueils de la mondialisation. Urgence d’un nouveau contrat social, Montréal/Québec, 1997, p.7.
[4] BALIBAR, E., a.c., p.184.
[5] ANDERSON, P., Histoire et leçons du néolibéralisme, dans HOUTART, F. et POLET, F. (dir), Un autre Davos. Mondialisation des résistances et des luttes, Paris, 1999, p.12.
[6] Ib., p. 12-13.
[7] Ib., p.13.
[8]  L’expression de « Trente Glorieuses » est de Jean Fourastié. Ce dernier a publié un ouvrage intitulé Les trente Glorieuses (Paris, 1979). Cette expression ferait écho « aux Trois glorieuses, journées révolutionnaires du 26 au 28 juillet 1830 qui auraient vu la chute de Charles X et l’instauration de la monarchie de juillet de Louis-Philippe Ier » (Trente glorieuses, [en ligne] http://fr.wikipedia.org/wiki/Trente_glorieuses (page consultée le 14/08/2005)
[9] Cf. SAMUEL, A., a.c. p.9.
[10]  DE SENARCLE, La mondialisation. Théories, enjeux et débats, p.78.
[11] SOW, O., cité par TOURE Marèma, L’impact de la mondialisation au niveau social, BIT/CODESRIA [en ligne] http://www.ile.org/public/english/wcsdg/docs/poure.pdf (page consultée le 29/6/2005).
[12] Cf. WEYDERT, J., Prophètes néo-libéraux, dans Etudes (mai 1990), p.609.
[13] Cf. LATOUCHE, S., Les dangers du marché planétaire, Paris, 1998, p.62.
[14] ANDERSON, P., a.c.., p.13.
[15]Ib., p. 13-14.
[16]Ib., p. 14.
[17] Cf. AGUITON, C., Le monde nous appartient, Paris, 2001, p.33.
[18] CHESNAIS, F., cité par Ib ., p.37.
[19] AGUITON, C., o.c. p.38.
[20] Ce terme est emprunté à F. Chesnais. Cependant, M. Aglietta et J. Chesnier emploient le concept de « marchéisation ». Ce terme décrit le mécanisme de libéralisation des marchés obligataires publics et la transformation des créances bancaires en titres négociables. Cette explication nous vient d’AGUITON, C., o.c. p.39, note de bas de page n°2.
[21] AGUITON, C., o.c. p.39.
[22] Ib., p.40.
[23] SCHMIDT, H., cité par Ib., p.40.
[24] HOUBEN, H., La mondialisation néolibérale n’est-elle qu’économique ?[en ligne] http : // bxl. Attac.
    be/spip/article. php 3? Id_article=9 (page consultée le 15/03/2005). Jean Ziegler cite aussi l’Heritage Foundation dans son livre Les nouveaux maîtres du monde et ceux qui leur résistent (Paris, 2002)..
[25] Cf. Ib.
[26] Ib.
[27] Cf. MOLNAR, T., Néolibéralisme : idéologie d’une classe aux Etats-Unis, dans Etudes (octobre 1990), p.317-318.
[28] NOVAK, M., cité par Ib., p.318.
[29] BERGER, M., cité par MOLNAR, T., a.c. p.319. Ce propos a été tenu lors d’un colloque organisé à New York en novembre 1989.
[30] Ib., p. 293. Tout en étant discutable sur l’exactitude de la périodisation, cette façon de voir de Michel Albert reste valable dans son contenu.
[31] - Qu’est-ce que la mondialisation ? [en ligne] http://-radio-canada.ca/nouvelles/dossiers/mondialisation/ 1a. asp (page consultée le 22/03/2005). Edouard Herr, dans son article La mondialisation : pour une évaluation éthique ?, publié dans Nouvelle revue théologique 122 (2000), à la page 51, se contente de dire que « le terme [mondialisation] nous vient des années 1980 ».
[32] Cf. Ib.
[33] WILLIAMSON J., Un train de réforme devenu un label galvaudé. Consensus de Washington, un bref historique et quelques suggestions, dans Finances et Développement (septembre 2003), p 10. Contrairement à ce que d’aucuns disent, ce document à thèses néolibérales a été conçu avant tout pour l’Amérique Latine.


[1] Ce dernier se veut une publication de la deuxième partie de notre thèse de doctorat (Matérialisme historique, Altermondialisme et Utopies postmodernistes.Contribution à la philosophie de l’histoire) soutenue publiquement le 1 juillet 2006 à l’Université de Lubumbashi, en République Démocratique du Congo.
[2] NDIAYE Babacar, Mouvement altermondialiste et utopie,  dans  Ethiopiques 74 (1er semestre 2005), [en ligne] http://www.refer.sn/ethiopiques//article.php3?id_article=285&artsuite=3 (page consultée le 27/12/2006).
[3] RIOT-SARCEY, M., Dictionnaire des utopies, Paris, Larousse, 2002, p.239, cité par Ib. C’est moi qui souligne.
[4] NDIAYE Babacar, a.c.
[5] MORIN, E., La méthode 5.L’humanité de l’humanité. L’identité humaine, Paris, 2001, p.211. Bernard Lugan partage aussi cette idée tout en signalant en passant que cette idée est la source d’une question qui n’est pas tranchée. Pour lui, si l’hominisation s’est faite en Afrique et uniquement en Afrique, alors « le peuplement de l’Asie et de l’Europe serait donc le résultat d’un diffusionnisme à partir de la ‘Zone d’hominisation africaine ‘ née de l’effondrement il y a huit millions d’années de la faille du Rift qui entraîna une coupure écologique » (LUGAN, B., Atlas historique de l’Afrique des origines à nos jours, s.e., 2001, p.5).
[6] Ib., p.211.
[7] Ib., p.211.
[8] Ib., p.211
[9] FOURCANS, A., La mondialisation racontée à ma fille, Paris, 2001, p.30.
[10] Cf.Ib., p.30.
[11] Ib., p.20.
[12] DOLLFUS, O., La mondialisation, Paris, 2001, p.21.
[13] DE SENARCLENS, P., La mondialisation. Théories, enjeux et débats, Paris, 2001, p.72.
[14] Cf. Ib.,  p.72-73.
[15] Nous adjoignons un qualificatif au mot mondialisation pour plus de clarté, car comme le souligne Albert Samuel, « il y a une mondialisation communicationnelle, une mondialisation néolibérale, une mondialisation anarchique (…). Mais aussi : une mondialisation solidaire, une mondialisation maîtrisée » (SAMUEL, A., La mondialisation, qu’est-ce que c’est au juste ?, dans Spiritus 166 (2002), p.7-8.). Tout discours sur la mondialisation qui se veut clair a tout intérêt à adjoindre au mot mondialisation un adjectif. Selon l’adjectif, la mondialisation sera « malheureuse » ou « heureuse », catastrophique ou bénéfique, porteuse de craintes ou d’espoirs.
[16] ALBERT, M., Capitalisme contre capitalisme, Paris, 1991, p.293.