Quels Medias pour quelle Démocratie ?

 Discours journée scientifique de Jaman

INTRODUCTION

Notre speach port sur les médias et la démocratie. Nous les aborderons sous l’angle philosophique. Ce qui nous permettra de problématiser notre thème.

De ce fait, notre idéal est celui de poser autrement les questions relatives aux médias et à la démocratie. Ainsi, serons-nous amené à proposer des médiats alternatifs pour un nouveau paradigme démocratique bâtie sur une philosophie de la rencontre.
1. De la problématique des médias

Nous entendons par médias, l’ensemble des moyens de diffusion de l’information.

Celle-ci pose problème. Autrement dit, quelles sont les conditions pour qu’on parle de l’information ? Suffit-il d’avoir un destinateur, un destinataire, un contexte, un code, un contact pour que le message s’appelle information ? Oui, la communication aura lieu. Est-ce une raison suffisante pour dire qu’il y a information ?

Les théoriciens de la communication ont échafaudé différents modèles de communication. Ce modèle de Shannon et Weaver se résume en cette phrase : « Un émetteur (codeur), grâce à un codage, envoie un message (signal) à un récepteur (décodeur) qui effectue le décodage dans un contexte perturbé de bruit (brouillage). D’origine militaire, ce modèle ne sachant pas s’appliquer à toutes les situations de communication et présentant de très nombreux défauts (et s’il y a plus d’un récepteur ? Et s’il y a un lapsus ? Et si le message n’arrive pas en temps voulu ? Et si on décrit au récepteur une réalité qui n’existe que chez l’émetteur ? Et si le message a des jeux de mots ou des symboles nouveaux ?), ce modèle a eu des détracteurs. Le récepteur étant, par ailleurs passif dans ce modèle, il a été bon d’inventer d’autres modèles.

Harold D. Lasswell proposa son modèle à travers les questions suivantes : « qui, dit quoi, par quel canal, à qui et avec quel effet ? » En son temps, Quintilien posait ces cinq questions à tout apprenti rhéteur.

Il y a encore d’autres modèles. Cependant ces modèles ne nous donnent pas les critères d’une information. Celle-ci, selon nous, liée à l’intention du destinateur ou émetteur. Les médias n’en sont que des canaux.

Comme on peut le deviner, les médias son des instruments dont on se sert, mais qui peuvent aussi être défectueux. Ils sont toujours utilisés en vue de…C’est ici que l’on juge les médias à la place des émetteurs qui, dans la société politique, sont au service d’une institution ou d’une personne. C’est cet « en vue de… » qui nous préoccupe, étant dans un environnement socio-politico-économique donné, celui de la République Démocratique du Congo (R.D.C.).

C’est à ce niveau que resurgit la problématique du rôle des médias. Encore une fois, nous revenons aux buts poursuivis par les communicateurs et les fonctions de la communication de masse. Les médias ne sont que des canaux utilisés par des communicateurs. De ce fait, c’est à eux que nous devons nous adresser pour connaître les fonctions qu’ils se donnent en utilisant les médias. Autrement dit, les médias reçoivent de leurs utilisateurs et concepteurs des fonctions. Ainsi, les médias pourront constituer un moyen de contestation, un instrument pour renforcer et reproduire une certaine idéologie, pour inciter les gens à réfléchir et à se comporter d’une façon déterminée, à manipuler l’opinion, à présenter autrement la réalité, à suggérer une certaine interprétation des faits sociaux.

Tout ceci nous renvoie à la question de la transparence, au risque de manipulation.

En dernier analyse, nous devons nous interdire de surestimer le rôle de médias, mais celui de ceux qui les utilisent. Et tout tourne autour de l’axe anthropologique. C’est l’homo communicans qui est en jeu et qui crée les enjeux. C’est cet homme qui fait les enjeux de la communication. Ainsi, peut-il permettre aux médias de faire passer une information ou une émotion, de créer une norme commune pour se comprendre, de favoriser le dialogue, de pousser les gens à agir selon sa volonté, de donner une identité, une personnalité ou une audience au tiers, pour être connu, de détruire l’image de marque de l’autre, d’appeler au secours humanitaire, etc. Tout dépend de l’utilisateur et non de l’outil.

Comme on le perçoit, la problématique des médias remet en question l’homo communicans. « Dis-moi qui tu es, et je te dirais le rôle de tes médias », devons-nous nous résumer.

Que dire de la démocratie ?

2. De la problématique de la démocratie

La Démocratie est définie, à la suite d’Abrahm Lincoln, comme le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple.

Philosophiquement considérée, la démocratie a un schéma juridique organisateur auquel ses défenseurs s’accrochent. Ce schéma repose sur trois présupposés : le consentement du peuple au pouvoir, l’égale liberté de tous citoyens, la garantie de la légalité par l’organisation constitutionnelle des pouvoirs. Comme on le devine, nous parlons de la démocratie libérale et représentative.

Cependant la démocratie a ses dilemmes et apories. La représentativité fait que la démocratie, ne soit pas totalement le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple, celui-ci se retrouve très mal dans son représentant. Ceci conduit à ce que d’aucuns ont appelé « un écart de légitimation ». Voilà qui explique pourquoi le Pouvoir se réclamant de la démocratie est gros de la crise fondamentale, crise d’identité entre le représenté et le représentant. Quel(s) rapport(s) existent(nt)-il entre les deux ? Cet écart instaure ce que Michel Maffesoli a appelé le « temps du mépris ». Ce mépris s’exprime par l’abstention, le vote blanc, les marches de protestation. En effet, le peuple est ébranlé dans ses croyances et aspirations les plus fermes. En d’autres termes, ce peuple ne reconnaît plus ses aspirations et motivations dans les instances qu’il a voulues dans la législation qu’il croyait incarner sa volonté. De ce fait, la Démocratie est le pouvoir des partis grâce au peuple.

Le problème de légitimité ou mieux de la représentativité va de pair avec celui des interférences de la vie « publique » et de la vie « privée ». C’est à ce niveau que le courant libértarien s’oppose au courant communautarien. Le premier estime nécessaire l’absence d’ingérence du public dans la sphère individuelle privée, le second enseigne que l’Etat doit régir à la fois la vie privée des individus et les affaires publiques. C’est sous cet angle que l’on demande aux politiciens de déclarer leurs biens.

Encore une fois, nous voyons surgir le problème anthropologique,. L’homme est un animal politique. Mais de quelle nature ? Comment se concoit-il face à autrui et à l’Etat ? Faut-il accepter comme John Rawls, « l’égale liberté » et « la différence des individus » ? Voilà qui nous pousse à ne pas poser la question de savoir si la démocratie est « le meilleur » des régimes, si nous voulons réellement nous interroger sur la « nature et la valeur de la démocratie ». Mais, pensons-nous, la question est à poser à l’homo politicus. Comment doit-il se comporter pour vivre heureux avec les autres dans la société démocratique. Autrement dit, s’il est homme normatif, politique et démocratique, il y a plus de chance de vivre « démocratiquement » avec les autres.

Or la démocratie libérale, représentative ou parlementaire ne semble pas dépasser les problèmes qu’elle crée ou liés à sa nature.
Voilà pourquoi nous devons penser autrement et les médias et la démocratie.

3. Quels médias pour quelle démocratie ?

Nous suggérons des médias alternatifs et un nouveau paradigme démocratique. Cela suppose une éducation à l’intercompréhension, à la conscience d’appartenir à la même communauté humaine aspirant à un mieux être et un plus être. Autrement dit, l’homme doit se convertir pour que les médias soient une occasion pour cultiver l’amour du prochain et de la patrie, pour nous éduquer à la tolérance, au dialogue, au respect de l’autre et de sa culture, etc. C’est cela qui engendrera un nouveau paradigme démocratique basé sur la philosophie de la rencontre. La rencontre authentique modifie la biographie de ceux qui se rencontre, car il y a un « rencontrer l’autre ». Ce nouveau paradigme sera un ensemble de nouvelles notions, de valeurs à cultiver, des raisonnements propres pour le bien de l’autre, de présupposés légitimes et non obstacles, de pratiques positives, de croyances nobles et d’arguments fondés sur la recherche du bien commun, etc. Ce nouveau paradigme démocratique nous interdit de parler de système politique mais de « modèle de société ». Le modèle que nous proposons est le modèle démocratique participatif et prosôponiste, tel qu’il est développé dans notre thèse de doctorat en philosophie.

Ce paradigme voudrait échapper aux impasses du paradigme « communicationnel » de la démocratie selon J. Habermas.

Le paradigme habermassien manque de contenu. Si l’Ethique de la discussion sur quoi se fonde ce paradigme ne donne que des règles, elle ne nous dit rien sur « ce quoi on va discuter », ne se prononce pas sur la consultation, ne semble pas laisser place à l’exposé des motifs et des conseils, ne prévoit pas un commerce d’idées, ne dit pas comment et sur quoi doivent porter la négociation, la transaction, les compromis. En outre, il y a un silence sur le « commet » et le « par qui » seront conduites les phases successives de la discussion. Par ailleurs, rien n’est indiqué quant à ce qui concerne les critères auxquels doit obéir la performance argumentative, car cette éthique n’est pas une rhétorique. A partir de quels critères jugera-t-on de la « compétence communicationnelle » et qui possède cette compétence pour juger de cette compétence ?

Cependant, notre paradigme de la rencontre a un contenu.

BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE

LIVRES
1.HABERMAS, J.,
- De l’éthique de la discussion, Paris, Cerf, 1992.
- Théorie de l’agir communicationnel, Paris, Fayard, 1987
2. MAFFESOLI, M.,
- Notes sur la postmodernité. Le lieu fait lien suivi de la hauteur de quotidien. A propos de l’œuvre de Michel Maffesoli, Paris, Le Félin, 2003.
3. Qu’est-ce que la démocratie ?, Paris, s.e, 1998.
ARTICLE
MAFFESOLI, M., Le temps du mépris [en ligne] http://www.ceaq-sorbonne.org/maffesoli/armepris.htm, (page consultée le 10/08/2005).

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