ven 15 juin 2018
ECOLOGIE DE L' ÉMANCIPATION BEAUVOIRIENNE CRITIQUE DE LA CRITIQUE DE LA GYNOSOPHIE DU PHILOSOPHE PASCAL KOBA BASHIBIRIRA par P.O. MPALA Mbabula Louis
Par Abbé Louis Mpala in Revues, Articles← Pour réussir à rédiger un article scientifique. Petit guide méthodologique,© EDITIONS MPALA, Lubumbashi, 2018 Numéro du dépôt légal 02.20.2018.10 Ier Trimestre ISBN 978-2-9556054-8-6 EAN 9782955605486 | Mot prononcé à la soutenance de Thèse de Doctorat en Philosophie du C.T. Grison-Trésor KAKUMBI Belumba de l'Université de Kisangani →
Résumé
Cet article se donne pour tâche de « vérifier » si le philosophe Pascal Koba Bashibirira a « raison » de déclarer « fausse » l’émancipation ou la libération de la femme que Simone de Beauvoir propose en se prenant comme le modèle que toutes les femmes peuvent imiter. Pour exposer et apprécier sa pensée, la triangulation méthodologique faite de l’herméneutique philosophique et de la critique a été d’un apport appréciable. De ce fait, les notions de l’écologie de l’esprit et de l’écologie de l’action m’ont permis d’inviter Koba à mettre un peu d’eau dans son verre de vin gynosophique et je le prie de recourir à l’intropathie, une des méthodes qu’il adopte ou préconise, pour ne pas dresser le siège des féministes dans l’enfer. De ce fait, on comprendra pourquoi il qualifie de « fausse » la libération de la femme prônée par Simone de Beauvoir et on appréciera, à juste titre, ma critique faite à la critique gynosophique contre Simone de Beauvoir dont la thèse soutenue a une écologie de l’action remettant en cause la survie de l’espèce humaine au cas où toutes les femmes du monde « nieraient » la maternité en l’imitant.
Mots clés : gynosophie ; écologie de l’esprit ; écologie de l’action ; maternité ; féminisme ; intropathie. ECOLOGIE DE L’EMANCIPATION BEAUVOIRIENNE
CRITIQUE DE LA CRITIQUE DE LA GYNOSOPHIE DU PHILOSOPHE PASCAL KOBA BASHIBIRIRA
par
P.O. MPALA Mbabula Louis
Université de Lubumbashi/Faculté des Lettres et Sciences Humaines/ Département de philosophie
Résumé
Cet article se donne pour tâche de « vérifier » si le philosophe Pascal Koba Bashibirira a « raison » de déclarer « fausse » l’émancipation ou la libération de la femme que Simone de Beauvoir propose en se prenant comme le modèle que toutes les femmes peuvent imiter. Pour exposer et apprécier sa pensée, la triangulation méthodologique faite de l’herméneutique philosophique et de la critique a été d’un apport appréciable. De ce fait, les notions de l’écologie de l’esprit et de l’écologie de l’action m’ont permis d’inviter Koba à mettre un peu d’eau dans son verre de vin gynosophique et je le prie de recourir à l’intropathie, une des méthodes qu’il adopte ou préconise, pour ne pas dresser le siège des féministes dans l’enfer. De ce fait, on comprendra pourquoi il qualifie de « fausse » la libération de la femme prônée par Simone de Beauvoir et on appréciera, à juste titre, ma critique faite à la critique gynosophique contre Simone de Beauvoir dont la thèse soutenue a une écologie de l’action remettant en cause la survie de l’espèce humaine au cas où toutes les femmes du monde « nieraient » la maternité en l’imitant.
Mots clés : gynosophie ; écologie de l’esprit ; écologie de l’action ; maternité ; féminisme ; intropathie.
Introduction
Mon article porte sur l’Ecologie de l’émancipation beauvoirienne. Critique de la critique de la Gynosophie du Philosophe Pascal KOBA Bashibirira. Cet article se veut une réflexion critique sur la critique que le philosophe Pascal Koba, au nom de sa Gynosophie, porte à l’émancipation beauvoirienne et qu’il qualifie d’ « une fausse conception de la libération de la femme » .
Le gynosophe soulève le problème de la famille ; du mariage, de la maternité et du maternage tel qu’il est abordé par Simone de Beauvoir. De ce fait, il cherche « à vérifier si la réussite, c’est-à-dire la libération que Simone de Beauvoir proclame à la fin de son œuvre correspond à la réalité ou si ce n’est qu’une illusion, une mystification, c’est-à-dire si cette libération aboutit réellement à la liberté. Il s’agit aussi de vérifier si son expérience personnelle est une bonne réponse à son oppression personnelle en tant que femme, et si cette expérience lui permet de fonder le passage du singulier à l’universel ; autrement dit si Simone de Beauvoir peut être considérée comme un modèle de réponse à l’oppression de la femme en général » .
C’est ici que surgissent ma question de recherche et les questions secondaires : qu’elle est l’écologie (de l’action) de l’émancipation beauvoirienne contre laquelle le gynosophe Koba va-t-il en guerre ? La critique kobaïenne vaut-elle son pesant d’or ? N’est-elle pas insuffisante ?
Pour rédiger cet article, j’utiliserai deux méthodes : l’herméneutique philosophique de David Hirsch me permettra d’interpréter la pensée kobaïenne en respectant son intention comme auteur, en tenant compte du contexte de la production de sa pensée gynosophique et en me situant dans la communauté de sens, celle de ses commentateurs. La critique comme méthode sera un outil indispensable pour apprécier la critique gynosophique de Koba faite à Simone de Beauvoir.
De ce qui précède, l’on comprendra que cet article, dans un premier temps, s’attèlera à clarifier le cadre conceptuel. En second moment, je présenterai la critique faite par le gynosophe Koba à l’émancipation beauvoirienne. A la fin, en troisième moment, je ferai voir l’écologie de l’action, fruit de l’émancipation beauvoirienne et je soumettrai aux lecteurs-lectrices ma critique de la critique kobaïenne.
1. Du cadre conceptuel
Deux concepts clés ressortent du titre de l’article : écologie et gynosophie.
1.1. De l’écologie de l’action
L’écologie, dans mon article, me fait penser à l’écologie de l’esprit de Gregory Bateson . Jean-Jacques Wittezaele résume Grégory Bateson en ces termes :
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« Bateson considère que pour comprendre le comportement d’un individu, il faut tenir compte des liens entre cet individu et les personnes avec lesquelles il est en relation. « L’écologie de l’esprit », c’est toute l’organisation du réseau de communication qui relie l’homme à son environnement que lon retrouve chez l’homme, mais aussi chez l’animal et même dans les grands écosystèmes. Le monde des idées ne se limite pas à l’homme, mais bien à tous ces circuits composés d’éléments pouvant traiter l’information, que ce soit une forêt, un être humain ou une pieuvre L’information consiste en des différences qui font une différence. Pour Bateson, le processus mental émerge de l’interaction entre différents éléments d’un système, il est le résultat d’événements qui se produisent dans le processus d’organisation de ces éléments, dans leurs relations. Ce qui pense, c’est un cerveau à l’intérieur d’un homme appartenant à un système qui comprend un environnement. Les choses qui se passent dans la tête de quelqu’un, dans son comportement et dans ses interactions avec d’autres personnes s’entremêlent et forment un réseau Nous arrivons ainsi à une sorte d’enchevêtrement complexe, vivant, fait de luttes et d’entraides, exactement comme pour n’importe quelle montagne avec les arbres, des plantes et des animaux et qui forment, une écologie » .
Si pour comprendre quelqu’un ou mieux son comportement, il faut tenir compte des liens que cet individu tisse avec les autres personnes et avec son environnement, alors on serait plus tolérant et on vivrait « selon la nature » aux dires d’Héraclite d’Ephèse et des Stoïciens. A dire vrai, la pensée de Gregory Bateson nous fait voir l’unité existant entre tous les êtres et il y a l’holisme quand on sait que « ce qui pense, c’est un cerveau à l’intérieur d’un homme appartenant à un système qui comprend un environnement. Les choses qui se passent dans la tête de quelqu’un, dans son comportement et dans ses interactions avec d’autres personnes s’entremêlent et forment un réseau Nous arrivons ainsi à une sorte d’enchevêtrement complexe, vivant, fait de luttes et d’entraides, exactement comme pour n’importe quelle montagne avec les arbres, des plantes et des animaux et qui forment, une écologie » . Cette conception nous renvoie, en outre, à une vieille conception humaine qui veut que l’on parle à une plante, à une herbe, à un objet que l’on veut utiliser comme médicament pour guérir la maladie. On sous-entend que l’homme vit en harmonie avec tout ce qui est, qu’il communique avec tout ce qui est et que sa santé dépend de tout ce qui l’entoure.
Ce que Gregory Bateson désigne du nom d’ « écologie de l’esprit » ou « écologie des idées » est une conception ou mieux une science, selon lui, qui « en tant que branche de la théorie de la connaissance, n’existe pas encore » .
L’écologie de l’action montre, selon Edgar Morin, que « toute action échappe à son auteur en entrant dans un jeu complexe d’inter-rétroactions sociales, établit un principe d’imprévisibilité des résultats de l’action, y compris dans des perspectives évolutives prévisibles. Or, ce qui caractérise désormais notre siècle, c’est une perte d’avenir, et donc une incertaine profonde sur les évolutions, régressions, progressions, transformations futures. Ce déficit d’avenir rend l’action politique plus profondément incertaine, et cela renforce la conscience des paris et les besoins de stratégie » . Autrement dit, toute action humaine, faite de bonne volonté de la part de son auteur, a son propre parcours pendant qu’elle entre dans le jeu des inter-rétroactions du milieu où elle intervient et où elle interviendra. Ainsi, elle peut connaître plusieurs sorts dont l’échec, le détournement, la perversion de son sens (pensons à l’effet pervers de l’action, à son inanité et surtout à la dégradation des acquis suite à plusieurs causes), l’indifférence, l’incompréhension, la réussite, un passage incognito. Le cas de la politique est plus illustratif, car il s’agit d’un champ d’action, « large, dense, complexe [et dans lequel] l’action est incertaine. Quelles que soient les intentions et la rationalité supposée qui la motivent, elle échappe naturellement à ceux qui la mènent. L’action résiste, elle ne relève pas d’un automatisme qui à telle intention associe systématiquement et exclusivement tel résultat. Même planifiée avec le plus grand soin, la plus sage réflexion, la meilleure des volontés, une fois impulsée, l’action est à la merci des imprévus »
Soulignons qu’Edgar Morin nous réveille d’un « sommeil pragmatique et utilitariste » quand il nous fait voir que les effets de l’action humaine ne dépendent pas seulement des intentions de l’auteur ou mieux de l’acteur, mais aussi des conditions, indépendantes de l’acteur, propres au milieu où elle se déroule . Bref, il nous invite à l’humilité, à l’autocritique, à la concertation, à la reliance, à plus de patience et surtout, d’après moi, à avoir une conscience aigüe et à avoir peur de sa conscience devant les incertitudes qui se pointent à l’horizon de l’action à accomplir. L’on ne doit pas seulement tenir compte du court terme de l’action, mais aussi l’on doit prévoir ses effets imprédictibles à long terme. Cependant, ce réalisme ne doit pas nous plonger dans l’ « aboulisme ». « Qui ne risque rien, n’a rien », dit-on.
Edgar Morin nous avertit et prévient, et ce avec raison, que « nulle action n’est assurée d’œuvrer dans le sens de son intention » .
Cette écologie de l’action s’applique à toute conception philosophique, puissé-je penser.
1.2. De la Gynosophie
Ce concept est de la plume du philosophe Pascal Koba. Ce concept, selon Koba, s’est imposé à lui « pour traduire l’intuition » de son projet, celui de tenir « un discours philosophique sur la féminité non entaché de préjugés » . Le contour étymologique de gynosophie relève de la contraction et par fusion des éléments « gynéo-»→ « gyno » (par élision), et « -sophie » .
D’après son concepteur, la gynosophie a un objet qui consiste « principalement à rechercher et à fixer les conditions de possibilité de la libération effective et de la promotion de la femme, en fixant un cadre conceptuel qui puisse permettre de se débarrasser des préjugés millénaires qui émaillent les relations homme-femme » .
En tant que « personnologie », la gynosophie prétend à un dépassement des philosophies intersubjectives comme les existentialismes et les personnalismes et « essaie de concrétiser encore davantage la personne humaine dans sa qualité de femme devant l’homme, c’est-à-dire dans son rapport à l’homme. Elle prend l’être-femme comme point de départ de la définition des relations inter-sexes et insiste sur la manière (saine) dont ces relations devraient être conduites »
La gynosophie se donne pour méthodes la différance et l’intropathie. La première, prise chez Derrida, lui permettra de déconstruire la société des classes sexuelles, « non pas dans le sens où seraient supprimés les sexes dans leur matérialité, dans le sens où le sexe ne serait plus le préalable à la façon d’apprécier l’individu et des relations avec autrui, c’est-à-dire dans le sens où on verrait en chaque individu, non pas d’abord le sexe, mais avant tout sa personne humaine » . La dernière, à savoir l’intropathie, fera que les relations inter-sexes reposent sur une connaissance d’autrui afin de sentir l’autre, de l’éprouver, de « se mettre en tout à sa place, non pas en lui arrachant cette place par une identification négative qui anéantirait l’autre, mais par participation à ses sentiments, à sa sensibilité, à sa pensée, bref à l’ensemble de sa personnalité. Participer à l’autre, c’est sentir comme lui, penser comme lui, souffrir comme lui ; c’est fondre en lui » .
C’est au nom de cette gynosophie que le philosophe Koba ira en guerre contre Simone de Beauvoir.
2. De la critique gynosophique de Pascal Koba à l’émancipation beauvoirienne
2.1. Que dire du mariage ?
Dans le mariage, on fonde une famille et la femme, dans les meilleurs des cas, peut devenir mère et ainsi on aura la maternité et le maternage. Et pourtant le féminisme s’était assigné des objectifs, dont celui d’aller en guerre contre l’institution familiale et matrimoniale.
Pour Koba, s’insurger contre la famille « et contre le mariage qui en est le fondement serait vouloir fonder une société de jungle, une société anomique, où n’existerait plus aucune loi ». Koba accuse le féminisme radical de vouloir « créer le désordre social » et quand ce féminisme opte « pour une liberté sexuelle absolue », Koba pense qu’il plaide « pour le diable ».
S’inspirant d’Engels quant à ce qui concerne la famille et le mariage, Kate Millett a préconisé « une révolution sexuelle qui, selon elle, ne serait bien menée que si disparaissait l’unité économique de la société que serait la famille conjugale ». Et pour cause, au dire d’Engels, « la famille conjugale serait fondée sur l’esclavage domestique de la femme. L’homme, comme bourgeois, y aurait une autorité souveraine, tandis que la femme y jouerait le rôle de prolétaire. Aussi, la famille conjugale devrait-elle être supprimée pour laisse (sic) la place au principe de liberté sexuelle totale ».
Vouloir instaurer le principe de liberté sexuelle totale, selon Koba, exprime « la volonté de destruction de la société » et les conséquences en sont néfastes : la jeunesse sera abandonnée à elle-même dans ce domaine sans guide ; en outre, en ignorant le principe de choix, elle manquerait la maturité de sa personnalité. Par ailleurs, argumente-t-il, « en dehors des prétendus tabous et inhibitions ou interdits, il n’est guère possible de conduire la personnalité de l’enfant à sa maturité si l’adulte ne lui impose pas un mode de vie réglementé. La liberté sexuelle totale risquerait plutôt d’être un libertinage qui affecterait et entraverait la personnalité entière ».
Certaines femmes, fustige Koba, croient que leur libération est en dehors du mariage, car la « cohabitation, le mariage [sont] des antidotes de toute relation réelle entre un homme et une femme. [Ce sont] les meilleures chaines pour nous coincer, surtout moi [Anne Tristan], pour nous ôter toute autonomie et tout choix ».
Contre cet argument, Koba lève le bouclier et, pour lui, ces femmes « se fuient en fuyant une dimension de la condition humaine » et il affirme que « le mariage, en fait, n’est plus contraignant, ni plus une occasion de dépendance pour la femme que pour l’homme, car les deux y trouvent les mêmes exigences, les mêmes responsabilités. Certes, pour la femme, le mariage entraîne la maternité et le maternage, il est question de l’assumer, car c’est cette assomption qui seule permet la libération ».
2.2. Que penser de la maternité ?
C’est dans cette lancée que Koba pourfend la « thèse très rationalisée et phallocratique » qui proclame, urbi et orbi, que « la maternité est la fin naturelle de la femme » et elle a voulu mouvoir en nécessité la possibilité pour une femme d’être mère. De ce fait, Koba dénonce la thèse centrale de J Michelet qui s’énonce en ces deux propositions : « La femme ne devient pas mère, elle naît ainsi » et « la femme n’est pas sans l’homme ». C’est contre cette thèse, fait remarquer Koba, que Simone de Beauvoir a haussé la voix et a pu dire : « La maternité n’était pas mon lot ». Bref, pour Simone, la maternité n’est pas naturelle à la femme et qu’elle serait « même un monstre à deux têtes (la procréation et la prise en charge) dont la stratégie patriarcale aurait intérêt à entretenir la confusion » proclament certaines féministes. Ceci étant, argumentent-elles, la maternité serait la pierre d’achoppement de l’oppression féminine, le lieu de l’aliénation et de l’esclavage féminin ».
Et puisqu’il en est ainsi, ces féministes revendiqueront le droit à ne pas avoir d’enfant, car elles estiment, selon Koba citant E. Badinter, que « la maternité est un don et non un instinct ». Et logiquement, elles exigent que la maternité soit dissociée d’avec la féminité.
2.3. Simone de Beauvoir et l’émancipation de la femme
Simone de Beauvoir est la figure emblématique que le gynosophe Koba étudie. Recourant à l’argument ad hominem, et ce sans avoir exposé au préalable sa pensée, Koba nous renseigne que Simone de Beauvoir a recouru au récit de sa propre vie pour monter son projet de l’émancipation de la femme et cela lui a valu, selon Koba, l’objection selon laquelle « son projet a été considéré comme une expérience singulière et personnelle qui ne devrait en rien engager toutes les femmes ». Par honnêteté intellectuelle, Koba cite A Memmi qui approuve la démarche beauvoirienne : « Sans cet inventaire concret, individuel, aucune conclusion générale n’a de valeur … [Simone de Beauvoir] propose clairement, à l’appui de son investigation théorique une expérience, la sienne, la seule dont on est finalement tout à fait sûr ».
De ce qui précède, le gynosophe Koba s’est assigné un objectif : « Il est donc question de chercher à vérifier si la réussite, c’est-à-dire la libération que Simone de Beauvoir proclame à la fin de son œuvre correspond à la réalité, ou si ce n’est qu’une illusion, une mystification, c’est-à-dire si cette libération aboutit réellement à la liberté. Il s’agit aussi de vérifier si son expérience personnelle est une bonne réponse à son oppression personnelle en tant que femme, et si cette expérience lui permet de fonder le passage du singulier à l’universel ; autrement dit si Simone de Beauvoir peut être considérée comme un modèle de réponse à l’oppression de la femme en général ».
En effet, Simone de Beauvoir, malgré ses liens avec Sartre, n’a pas contracté le mariage avec lui et « elle est restée indépendante de lui sur le plan légal et économique » , car selon elle, la femme mariée est soumise à une oppression légalisée, la pire des oppressions. En refusant le mariage ainsi que la possibilité de la maternité, Simone de Beauvoir justifie aussi l’absence d’enfants. Ce choix fait partie de la libération de la femme. « L’enfant est une très lourde responsabilité matérielle, morale et métaphysique » , estime-t-elle. Déchargé de ce fardeau, le « couple » Simone de Beauvoir et J.-P. Sartre peut voyager et s’adonner à d’autres loisirs.
2.4. Critique gynosophique kobaienne
Pascal Koba, en s’attaquant à la conception beauvoirienne de l’émancipation de la femme, expose déjà sa propre conception de l’émancipation de la femme, du rôle du mariage et de la maternité. Pour lui, la libération de la femme, comme projet, s’adresse également à l’homme. Car il s’agit du couple homme-femme. Qui parle du Couple homme-femme, parle, ipso facto, de la sexualité de ce couple. Cependant , attaque Koba, « Simone de Beauvoir n’a rien dit à propos de sa sexualité commune avec J.-P. Sartre. Et pourtant, son expérience est proposée comme modèle de libération pour toutes les femmes ». Puisqu’elle tait expressément cette dimension, en quoi, percute Koba, les autres femmes se reconnaitraient-elles en elle ? Quand bien même elle dirait qu’ « il y a eu dans [sa] vie une réussite certaine : [ses] rapports avec Sartre » , Koba n’est pas convaincu car elle ne saurait pas répondre à sa question de savoir si cette réussite concernerait aussi ses rapports sexuels avec Sartre. Et Koba remet en question le modèle de couple Simone de Beauvoir-J.-P. Sartre que Simone voudrait proposer à l’humanité, couple dans lequel les deux sont libres et indépendants l’un de l’autre et dans lequel « chacun pouvait mener son train de vie comme il l’entendrait ». Epousant la pensée d’A. Memmi, Koba affirme que le couple est « un substitut de la sécurité, de la chaleur et de la confiance indiscutable que l’on trouve chez les parents, et que l’on défend par jalousie, l’agression et le crime s’il le faut ».
Comme le couple Simone de Beauvoir/Sartre est un couple formé abstraitement, il va de soi que Simone de Beauvoir justifie l’absence d’enfants dans son couple. Et Koba ne s’empêche pas de dire qu’elle a la « peur de la maternité » , et il s’attaque à sa célèbre déclaration selon laquelle la maternité n’était pas son lot. Koba fait voir que « l’enfantement n’est pas un devoir, mais plutôt un droit ». Si Simone de Beauvoir a le droit de n’avoir pas réclamé ce droit, « est-ce là le sens de la libération qu’elle devait alors proposer à tous les couples ? » s’interroge Koba.
Toujours s’appuyant sur A. Memmi, Koba qualifie Simone de Beauvoir d’avoir opéré un « refus de soi », « car refuser la maternité, c’est en définitive se refuser comme femme » et de ce fait, juge Koba, « Simone de Beauvoir ne peut, sur ce point aussi se proposer comme modèle » pour la simple raison qu’il n’est pas « évident que la femme sans couple et sans enfants, à la manière beauvoirienne, soit la femme libérée ; et par conséquent, il ne semble pas qu’un tel idéal de femme puisse être généralisé à toutes les femmes ».
Faisant appel à E. Badinter, Koba révèle quelques traits motivant les femmes à ne pas vouloir enfanter : l’égoïsme et l’amour-propre. « Cet égoïsme et cet amour propre qui leur font miroiter une liberté d’ailleurs apparente ne sont en fait qu’une manière orgueilleuse de satisfaire leur narcissisme ».
Bref, cette libération est une nouvelle aliénation, estime Koba à la suite d’E. Badinter. Le refus de l’enfant les rend « jouisseuses dont le principe de plaisir ne devrait être contrebalancé par aucun devoir, aucune obligation morale ou sociale particulière, Bref par aucun principe de réalité… Ce sont les mondaines qui invoquent la liberté… Délivrées des enfants, elles s’empressent d’obéir à tous les caprices de la classe dominante. Leur plaisir est limité par la morale du plaisir, leur liberté par l’obligation sociale d’apparaître libres. L’apparence est donc leur grand maître ».
Tout couple dissociant féminité et maternité, estime Koba, répond aux besoins sociaux et affectifs et ne voulant pas procréer, on peut lire dans leur refus la négation de l’humanité. En effet, préconiser « une conception de la vie à deux et non à trois, [c’est aller] à court et à long terme à l’encontre de la survie de l’humanité, car elle met un terme à la reproduction de l’espèce humaine. Prôner un solipsisme communautaire qui ne revient à prôner une communauté à deux qui se dit : après nous, le déluge ?, et il est vrai qu’après une telle communauté plus rien de l’espace humain ne pourrait être espéré ».
En outre, Koba dénonce la tendance à la solitude dans le couple qui se solde par le divorce qui est « le chemin le plus sûr par lequel la femme, surtout lorsqu’elle jouit d’une certaine indépendance économique, retrouve la meilleure expression de sa solitude ». Contre Virginia Woolf et Eveline Le Garrec réclamant le droit d’être seules et introduisant de ce même fait, le « culte du moi » où « la solitude contre laquelle on pensait se prémunir en cohabitant devient le fer de lance », Koba s’allie à G. Lipovetsky qui voit « dans cette recherche d’autonomie à tout prix le symptôme d’une apathie pathologique, proche de l’état dépressif ».
En dernière analyse, le gynosophe Koba donne le sens d’être du couple : « Faire un, dans le couple, signifie constituer une unité à partir de deux personnalités dissemblables mais autonomes chacune, c’est accepter de réunir les potentialités diverses… cette unification n’est possible que par une attitude de dépassement des oppositions pour le besoin de l’unité à deux ». Les deux, femme-homme formant le couple, doivent se placer au-dessus de leurs différences, car ils participent « de la Transcendance de [leur] Créateur, [et ils doivent tendre], dans [leur] finitude, à réaliser ce qui [leur] manque, à combler le vide en [eux] ».
De ce qui précède, le gynosophe Koba prononce le verdict : « Le féminisme nous paraît échouer à réaliser son projet de libération, entre autres, à cause de ses conceptions erronées… Il n’est pas invraisemblable que les féministes qui s’insurgent contre les normes sociales relatives à la famille et au mariage, soient des femmes qui ont échoué à fonder une famille conjugale. Déçues par leur expérience malheureuse, l’amour qui, auparavant, devait avoir milité pour leur liaison de couple, se mue en haine viscérale contre le mariage. D’où le dénigrement de celui-ci et une propagande contre lui ».
Comme pour conclure, Koba conseille : « La relation à deux a ses exigences, et davantage la relation inter-sexes ». Bref, l’émancipation beauvoirienne qui exclut la famille, la maternité et le maternage est une fausse conception de la libération de la femme,, dixit Koba.
3. Critique de la critique gynosophique de Pascal Koba
De prime abord, il sied de signaler que l’article de Koba sous examen n’est pas facile à analyser et donc à interpréter compte tenu de sa forme Cet article est un tout sans « division » ou « section ». En outre, il donne peu d’espace à la conception beauvoirienne de l’émancipation de la femme. Il a fallu « déplier le texte » pour retrouver le fil d’Ariane et exposer sa pensée.
En philosophie, l’on reconnaît souvent le philosophe par les concepts qui lui sont propres. Koba se fait connaitre par le concept de Gynosophie qui lui est propre, qui est sa marque déposée. Son « anthropologie sexuelle » ou « personnologie » survivra après lui, et mon propos en est une preuve.
Au nom de sa Gynosophie, Koba a voulu remettre les pendules à l’heure dans son combat engagé contre le féminisme qui défigurait le sens du mariage et de la famille. En accusant le féminisme de vouloir fonder une société de jungle, une société anomique, où n’existerait plus aucune loi, Koba mène un combat noble. En effet, la Postmodernité, avec son relativisme qui frappe l’institution matrimoniale, crée une société permissive et ébranle les « fondations » sur lesquelles était bâtie la famille. Le combat pour une liberté sexuelle absolue a ses dérives dont la pornographie. Celle-ci, non seulement, fait des femmes et des hommes des objets de plaisir ( ?), mais aussi elle « marchandise » les êtres humains, alimente le trafic des femmes et dégénère en zoophilie. Au nom de la « liberté », le sexe est devenu un objet de commerce et la sexualité n’a plus sa teneur anthropologique, car elle est « sans frontières ». Les nouvelles technologies de la communication, dont les réseaux sociaux, la banalisent et corrompent non seulement les majeurs mais aussi les mineurs. Tout mineur qui n’a jamais visionné les vidéos pornographiques, est considéré par ses camarades comme un « arriéré ». Qui est ce parent qui contrôle ce que son enfant regarde et expérimente en groupe ? Les adultes n’ont plus d’emprise sur la jeunesse quant à ce qui concerne les règles et la conduite portant sur la sexualité. Doit-on parler d’une révolution sexuelle » ? N’avons-nous pas perdu un des repères de notre humanité ? Est-ce pour cela que Koba a raison de dire que le féminisme plaide « pour le diable » ? S’agit-il d’un argument scientifique ou spirituel ? Pour quelqu’un qui ne croit pas en Dieu, l’argument de Koba ne vaut rien et pourtant son intention est de faire voir que quand l’homme/femme est sans foi ni loi, il devient « bête » faute d’être « ange ».
En effet, certaines femmes, suite à des expériences conjugales les ayant rabaissées à l’esclavage domestique, ont décrié le mariage et sont tombées dans un autre extrême, celui de l’aliénation sexuelle à travers « l’involution sexuelle ». D’autres y sont tombées par mode, théories philosophiques ou par manque d’argent. Chaque personne militant pour la soi-disant « révolution sexuelle » est dans une écologie de l’esprit ou des idées qui mérite toute une étude, car nous sommes dans un malaise de civilisation. Les repères sont brouillés et la visibilité intellectuelle est floue, d’où des lobbyings féministes lèvent le bouclier contre toute personne remettant en question la soi-disant révolution sexuelle. Dieu merci, certaines féministes se lèvent contre cette forme de révolution sexuelle. Néanmoins, puisqu’il est interdit d’interdire, l’homme est devenu la mesure de toute chose, y compris l’usage du sexe.
Koba ne se trompe pas de cible quand il récuse la théorie de libération de certaines féministes qui font croire à certaines femmes que la libération féministe est en dehors du mariage. Si Koba a une conception saine du mariage, qui fait que deux soient UN, réunissant les potentialités diverses, faisant appel à une attitude de dépassement des oppositions pour le besoin de l’unité à deux et s’il conseille de tenir à l’esprit que la relation à deux a ses exigences, et davantage quant à ce qui concerne la relation inter-sexe, l’on ne doit pas oublier que certaines femmes et hommes connaissent la cohabitation et le mariage comme des antidotes de toute relation réelle et de meilleures chaînes pour être coincés et être privés de toute autonomie. C’est ici que la Parole de Dieu –Je suis un chrétien et prêtre – dans Proverbes 31,10-12 se fait entendre : « Une maîtresse femme, qui la trouvera ? Elle a bien plus de prix que les perles… Elle fait son bonheur [ époux] et non son malheur, tous les jours de sa vie ». Ceci vaut aussi pour l’homme. Et Proverbes 17,1 renchérit : « Mieux vaut une bouchée de pain sec et tranquillité qu’une maison pleine de sacrifices de discorde ». Et puisqu’on ne se marie pas pour divorcer le lendemain, il est bon de suivre le conseil de Proverbes 16,3 : « Recommande à Yahvé tes œuvres, et tes projets se réaliseront ». Le mariage fait partie des projets à recommander à Dieu Yahvé, sinon nous connaitrons des mariages par essai, des concubinages, d’union par contrat pour quelques mois ou années, etc. Il est possible que certaines féministes qui s’insurgent contre les normes sociales relatives à la famille et au mariage, soient des femmes qui ont échoué à fonder une famille conjugale. Suite à quoi ? Voilà la question qui s’impose. Il est aussi possible qu’elles aient été déçues par leur expérience malheureuse, l’amour qui, auparavant devait avoir milité pour leur liaison de couple, se mue en haine viscérale contre le mariage. D’où le dénigrement de celui-ci et une propagande contre lui. Quelle a été la véritable cause de leur expérience malheureuse ? Pourquoi cette haine viscérale ? A dire vrai, elles sont victimes et méritent notre attention. C’est ici que Koba devrait appliquer son INTROPATHIE qui consiste « à sentir l’autre, à l’éprouver, à se mettre en tout à sa place… par participation à ses sentiments, à sa sensibilité, à sa pensée, bref à l’ensemble de sa personnalité. [Car] participer à l’autre, c’est sentir comme lui ; penser comme lui, souffrir comme lui ; c’est fondre en lui ». Ceci vaut aussi pour certains hommes blessés de par le mariage antérieur et qui en sortent avec une haine viscérale contre le mariage. Il faut les « prendre en charge » pour ne plus vivre dans les douleurs de vie.
La critique kobaienne contre la thèse très rationalisée et phallocratique proclamant que la maternité est la fin naturelle de la femme , est louable. Cette thèse a son écologie d’action incarnée par Simone de Beauvoir pour qui la maternité n’est pas un lot et qui pousse certaines femmes à considérer la maternité comme un monstre à deux têtes (la procréation et la prise en charge). Louis Althusser n’avait pas tort de faire remarquer que les mots sont des explosifs qu’il faut savoir manipuler, faute de quoi ils explosent. En effet, le patriarcat est pour beaucoup dans la « révolte » féministe. En effet, certaines femmes, dans certains couples et dans certaines tribus de par le monde, voient en la maternité une pierre d’achoppement de l’oppression féministe, le lieu de l’aliénation et de l’esclavage féminin. C’est une expérience malheureuse à combattre, car elle nie la femme dans son humanité. Mais, quant à faire de ce « malheur » une occasion pour revendiquer le droit à ne pas avoir d’enfant, serait un autre « malheur ». Le naturel revenant au galop, nous assistons à la revendication du droit à l’insémination artificielle de la part des couples lesbiens, à la revendication au droit à l’adoption de l’enfant de la part des couples homosexuels (masculins et féminins). Ce « malheur » du refus de la maternité conduit certaines femmes à l’avortement légal ou illégal, à la vente des fœtus et des bébés pour prélever sur eux des organes, etc. Voilà l’écologie de l’action de ce refus de la maternité. Nous sommes entrés dans un cercle vicieux et non vertueux. Comment s’en sortir ? Quaeretur (that is the question) !
Simone de Beauvoir, en voulant libérer les femmes en les émancipant du mariage, de la maternité et du maternage, et ce en partant de son expérience, est tombée dans le paralogisme et non dans le sophisme. Je crois qu’elle est honnête envers elle-même, mais elle fait un faux argument qui fait que, selon Koba, son émancipation de la femme soit fausse. A Koba, aussi, nous pouvons faire remarquer que la réussite de son mariage est à la source de sa gynosophie. L’on part toujours de « quelque part » pour théoriser. L’écologie de l’esprit est notre ombre, ténébreuse soit-elle. Quitte à savoir si son expérience existentielle peut être prise comme un exemple et un modèle que n’importe qui et sous n’importe quelles tropiques peut imiter. C’est ici que l’impératif catégorique trouve ses limites devant les morales de situation qui nous assaillent de toute part. Est-ce pour dire que la critique kabaienne lancée contre Simone de Beauvoir ne vaut-elle pas son pesant d’or ? Loin s’en faut ! Par un argument ad hominem, Koba a abattu « l’arbre philosophie » planté par Simone de Beauvoir, et de ce fait il a vérifié que la libération de la femme proclamée par Simone de Beauvoir ne correspond pas à la réalité, faute d’avoir compris la quintessence de la famille, du mariage, et de la maternité. Quant à savoir si sa conception relève d’une illusion ou d’une mystification, cela ne nous est pas permis de l’affirmer avec la dernière énergie. Avec son IPSE DIXIT (ce qu’elle affirme d’elle-même et pour lequel nous n’avons pas toutes les preuves pour le confirmer ou l’infirmer), elle affirme avoir réussi son expérience avec Sartre. Quant à fonder le passage du singulier à l’universel, c’est là que se trouve son punctum dolens, son point faible. Elle est tombée dans une généralisation abusive et elle oublie que chaque expérience existentielle face à la famille, au mariage, à la maternité et au maternage est unique et exceptionnelle. Un fait est de critiquer la société patriarcale instrumentalisant et dévalorisant la maternité, un autre fait est de récuser la maternité au nom de l’émancipation de la femme. Et le patriarcat et Simone, tous aliènent la femme. Le premier volontairement et la seconde involontairement. A-t-elle été victime de la RUSE de la « maternité » ? Sans celle-ci pas de survie de l’espèce humaine, et Simone et les homosexuels, tous n’auraient pas vu le jour et ne gouteraient pas aux délices de la terre. Et sur ce point Koba a raison et il n’a pas tort d’indiquer la meilleure voie de sortie pour le couple homme-femme qui se trouve comme la mouche, dans la « bouteille » des théories féministes quant à la libération et l’émancipation de la femme. Accuser ces femmes victimes de plusieurs maux de narcissisme, d’égoïsme, d’apparence, etc. et ce d’une façon unilatérale, serait un manque de charité. La situation est complexe, l’intropathie est nécessaire et la lutte pour les « CONVERTIR » s’avère indispensable, sans répit et de tout temps.
Conclusion
Personne, alors personne n’échappera à l’écologie de l’esprit et à l’écologie de l’action. Quitte à prier Dieu Yahvé pour nous montrer chaque jour la voie à suivre et devenir plus humain (Ps 119(118)). Oui, l’insensé dit dans son cœur que Dieu n’existe pas ! Qu’à cela ne tienne, mais prenons notre HUMANITE au sérieux et l’approche genre aura son sens d’être. Cela relève ou exige un autre article.
Koba, par sa gynosophie, nous invite à prendre position devant certaines thèses oséees de certaines féministes et il nous prie de nous pencher là-dessus car il y va de la survie humaine et de la réhabilitation de notre « humanité ». Est-ce puisque « tout » semble être permis par notre société postmoderne, que « tout » nous est « utile » selon notre « humanité » ?