dim 1 aoû 2010
Cinquantenaire de la RDCONGO/Réflexion: Le Congo-Kinshasa face à son indépendance 50 ans après. Préface du Pr Emmanuel Banywesize
Par Abbé Louis Mpala in Livres← Philosophie africaine/Philosophie africaine en action. Débat avec quelques philosophes congolais(Mabika, Koba, Irung, Ilunga, Mukena, Kaumba,Dimandja, Mabasi,Nketo,Tshamalenga,Mabasi,Banywesize) (en préparation) | Postmodernité et Pastorale: Le néotribalisme comme un des défis de l'archidiocèse de Lubumbashi à l'ère de la postmodernité →
Le livre ( ….) a le mérite de mobiliser les Congolais pour qu’ils reconstruisent le Congo, au tournant du cinquantenaire de son indépendance, afin de donner corps aux paroles chantées dans l’hymne national, Debout congolais. Écrit par ailleurs dans un style simple, didactique, sans aucun souci de recherche stylistique propre aux académiciens, le livre offre une belle leçon de civisme. Chaque jeune congolais devrait donc se l’approprier, le lire, afin de découvrir la beauté et la profondeur du chant patriotique congolais et des défis qui sont ceux de la génération congolaise d’aujourd’hui et de demain, dans le contexte de la mondialisation.
ETUDES
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MPALA Mbabula Louis
LE CONGO-KINSHASA FACE A SON INDEPENDANCE
50 ANS APRES
APPROCHE PHILOSOPHIQUE
EDITIONS MPALA
Le livre ( ….) a le mérite de mobiliser les Congolais pour qu’ils reconstruisent le Congo, au tournant du cinquantenaire de son indépendance, afin de donner corps aux paroles chantées dans l’hymne national, Debout congolais. Écrit par ailleurs dans un style simple, didactique, sans aucun souci de recherche stylistique propre aux académiciens, le livre offre une belle leçon de civisme. Chaque jeune congolais devrait donc se l’approprier, le lire, afin de découvrir la beauté et la profondeur du chant patriotique congolais et des défis qui sont ceux de la génération congolaise d’aujourd’hui et de demain, dans le contexte de la mondialisation.
PREFACE
LE CINQUANTENAIRE DU CONGO A LA LUMIERE DE L’HYMNE NATIONAL RELU PAR LE PHILOSOPHE LOUIS MPALA
Lorsque le Professeur Louis Mpala m’a soumis son manuscrit pour en faire une préface, j’ai hésité. Je craignais qu’il ne soit un pamphlet de propagande politique au service de quelque Parti politique dans la foultitude de partis politiques congolais. Au long de la lecture, il m’est apparu que les textes proposés dans le livre se réclament de la philosophie, du moins dans leur approche. Leur volonté explicite, c’est de contribuer, théoriquement, je vais dire philosophiquement, à l’instauration, au Congo, d’un nouvel ordre des choses, enraciner dans la prise de conscience par les Congolais du contenu essentiel de leur hymne national – Débout congolais –, à savoir : bâtir « un pays plus beau qu’avant, dans la paix ». Mais au fond, ce qui se donne dans tous les textes, c’est le souci de cultiver le nationalisme, tant il est constaté que les Congolais mettent en mal leur souveraineté, ils sont les fossoyeurs de leur indépendance.
Or le nationalisme, comme l’a bien noté V.Y. Mudimbe dans ses Leçons de civisme, télescope, et parfois synthétise à l’extrême, quelque chose. Il s’agit d’un cycle d’histoire. On relie le passé, on interprète le présent en fonction des tâches révolutionnaires et en termes de mission spéciale d’un peuple. Tel est le thème majeur de grandes théories allemandes du XIXe siècle. C’est Fichte qui se propose, dans Discours à la Nation allemande, de restituer aux Allemands, humiliés par la défaite d’Iéna et la victoire de Napoléon en 1806-1807, une confiance absolue en leur avenir. C’est Hegel, dans la Philosophie de l’histoire, qui a présenté ce qu’il croyait être les raisons et les fondements philosophiques de la mission de l’Allemagne : celle de conduire le monde vers l’ère de la liberté et de la libération. En Italie, c’est Gioberti qui a exalté sa nation, lui conférant la prééminence en ce qui regarde l’ordre moral et le degré de civilisation.
Bien qu’il ne fasse pas référence à ces penseurs, Louis Mpala a lu ces textes ou ceux d’auteurs penseurs, tels que Karl Marx et Louis Althusser – ses maîtres à penser. Et de mon point de vue, c’est dans la suite logique de leurs idées qu’il propose au Congolais de refaire le cycle de l’histoire, en s’imprégnant du message du Debout congolais et des discours idéologiques de Patrice Lumumba et de Laurent-Désiré Kabila, cet inconditionnel lumumbiste. « J’ai vu en Debout congolais, écrit l’auteur, une forme idéologique spécifique par excellence. Arme idéologique, le Debout congolais est utilisé dans un champ de bataille où jadis les coloniaux et les colonisés s’affrontaient et où s’affrontent, aujourd’hui, les nouveaux maîtres du monde, les émergents et les laissés-pour-compte (....) [Il importe] de rattacher le présent au Debout congolais et au passé récent afin de créer un présent futur qui n’est rien d’autre qu’un présent historique. Ce dernier est notre Destinée voulue ».
C’est en se réappropriant les « cinq chantiers » arrêtés comme priorités par Joseph Kabila, que l’auteur espère voir les Congolais bâtir un pays plus beau qu’avant, au cœur de l’Afrique. Un pays qui cesserait d’être un « champ de bataille » pour les intérêts économiques, politiques et stratégiques de ce qui est dénoncé ici comme « le Toi-Sauvage, symbolisé par le monde extérieur qui cherche à nous nier » (sic), ce « Toi-Sauvage » qui bénéficie de la complicité du « Moi-Sauvage » (le Congolais).
Il va sans dire que ce que préconise, en filigrane, l’œuvre de Louis Mpala, ce me semble être la refondation de la politique intérieure et extérieure du Congo-Kinshasa sur la spécificité de ce que sont les Congolais et sur ce qu’ils veulent devenir, tel que cela se donne à comprendre dans l’hymne national et dans les différents discours de leurs héros ou leurs « révolutionnaires » pétris d’idéologie de gauche. C’est dans cette perspective que se comprend le soupçon, voire la répudiation du capitalisme, des savoirs élaborés par l’Occident sur l’Afrique et sur le Congo-Kinshasa. Au fond, l’autopsie de l’auteur rappelle un discours dû à L. Monnier – qu’il ne cite cependant pas : « Depuis le partage colonial, les sociétés (…) africaines n’ont plus connu de développement intériorisé, c’est-à-dire contrôlé et dirigé par des forces internes africaines (…) Sous la colonisation, le destin des sociétés africaines était déterminé dans des métropoles. Si la décolonisation entraîne un mouvement de fond qui présenta, de manière éphémère, un type de participation révolutionnaire, réellement produit par la volonté populaire, l’indépendance ne tarda pas à provoquer un reflux qui fit place à l’apathie des populations. Si globalement [le Congo] demeure étroitement tributaire des forces extérieures, il n’en faudrait pas déduire l’inexistence des forces dynamiques internes, elles s’expriment de manière variée dans des groupes d’intérêts, couches, institutions, groupes ethniques etc. mais elles demeurent en quelques sorte subordonnées au temps historique ; cette situation prolonge les rapports qu’avait déterminés la période coloniale ».
Que Louis Mpala use des catégories comme « révolutionnaire », cela se comprend lorsqu’on garde à l’esprit que la plupart des nationalismes se posent comme une révolution. Il est alors remarquable, suis-je tenter d’écrire à la suite de Y. Bénot, dans Idéologies des indépendances africaines (1969), qu’avant et après la période des indépendances africaines, la lutte des idées, la production et la confrontation des idéologies continuent à jouer dans le mouvement de libération africain un rôle considérable, souvent sans commune mesure avec les forces matérielles dont disposent les producteurs de l’idéologie. Et une équivalence est rapidement établie entre idéologie, nationalisme et révolution.
La révolution se fixe toujours comme mission de réaliser une contre-société, une société autre, différente de l’ancienne société ou de la société actuelle. Mais il y a une loi que les révolutionnaires ou ceux qui rêvent de la révolution, en l’occurrence dans le contexte de la mondialisation de l’économie néolibérale, ne doivent pas perdre de vue : la révolution ne triomphe que si l’élite (c’est-à-dire l’ensemble des hommes qui, dans une société, occupent les positions de force découlant de la rareté du pouvoir, des richesses et du prestige) est divisée, sinon elle échoue toujours et l’ordre ancien s’enracine d’avantage.
Face à ce qui travaille à hypothéquer l’indépendance de la République démocratique du Congo, il faut savoir si la conscience nationale est fort ancrée dans les esprits de ce qu’on peut appeler les « nouveaux intellectuels organiques ». Et puis, quel est le véritable ennemi du Congo ? L’Occident ? Que faut-il entendre, concrètement par Occident, aujourd’hui ? La communauté internationale ? Que signifie cette phraséologie ? L’Union européenne ? Les pays de cette Union sont actuellement impuissants à définir une politique étrangère commune. Les Congolais ? Qui précisément ?
Le livre du collègue Louis Mpala n’est pas un livre d’histoire, au sens académique du terme, bien qu’il comporte des références historiques. Et bien qu’il situe le contact entre l’Occident et le Congo au XIXe siècle (la Conférence de Berlin) au lieu de le situer au XVIe siècle (relation Portugal-royaume Congo), par exemple, il a le mérite de mobiliser les Congolais pour qu’ils reconstruisent le Congo, au tournant du cinquantenaire de son indépendance, afin de donner corps aux paroles chantées dans l’hymne national, Debout congolais. Écrit par ailleurs dans un style simple, didactique, sans aucun souci de recherche stylistique propre aux académiciens, le livre offre une belle leçon de civisme. Chaque jeune congolais devrait donc se l’approprier, le lire, afin de découvrir la beauté et la profondeur du chant patriotique congolais et des défis qui sont ceux de la génération congolaise d’aujourd’hui et de demain, dans le contexte de la mondialisation.
Emmanuel M. Banywesize
Professeur à l’Université de Lubumbashi (RDC)
Chercheur associé au Centre Edgar Morin (IIAC-EHESS/France)
INTRODUCTION GENERALE
Le présent ouvrage est un ensemble de différentes conférences sur l’indépendance de notre beau pays. Nous les ressemblons en un seul volume, car elles gardent la même teneur.
Il est de notre devoir de réfléchir sur notre destinée et nous l’avons fait. Ainsi cet écrit est notre contribution. Tout celui ou celle qui s’intéresse à l’avenir de notre pays est invité à lire cet ouvrage afin de voir pourquoi et comment rectifier le tir.
Notre approche se veut philosophique. C’est en tant que philosophie que la question de l’indépendance du Congo-Kinshasa ou RDCongo nous intéresse. Ainsi notre grille de lecture sera matérialiste.
Le premier texte date de 2000 et a fait l’objet d’une communication aux journées scientifiques organisées par la Faculté des Lettres de l’ ‘Université de Lubumbashi sur le thème 40 ans d’indépendance : mythes et réalités ?[1] Notre apport, dans ce texte, est celui de montrer la surdétermination du savoir dans les relations humaines. Autrement dit, notre étude s’est attelée à démontrer comment le savoir joue un rôle plus déterminant dans les relations humaines Occident-R.D.C. Nous avons fait voir comment l’Occident, dans le but de justifier sa domination et son exploitation de la R.D.C. dans les relations de violence, a été à la base de certaines sciences humaines lui permettant de connaître l’Afrique pour mieux la dompter. Le savoir qu’il avait et a de la R.D.C. est un instrument de pouvoir, de manipulation. Par ailleurs, nous avons démasqué l’idéologie qui explique le comportement de l’Occident depuis sa rencontre décidée et programmée à Berlin. C’est une question de vie ou de mort, car le vampire vit du sang de sa victime. Ainsi la logique occidentale est d’exploiter la R.D.C., de préserver ses intérêts.
Le deuxième texte fut une communication faite lors des Journées scientifiques organisées par la Faculté des Lettres et Sciences Humaines sur le Thème Conscience nationale de l’indépendance à la IIIème République : état de la question[2]. Notre « revisitation » de l’Hymne national par une lecture matérialiste est une occasion pour révéler le sens révolutionnaire du Debout Congolais afin d’inviter les Congolais à s’interroger sur leur agir qui doit aller dans le sens de la réalisation du projet de société exprimé dans et par le Debout Congolais et dont la politique de cinq chantiers se veut un moyen de réalisation,
Le troisième texte est Le retour de « Mutwe » du pays biosophique au pays biologique ou plaidoyer pour une stratégie de laboratoire. Le texte étant confectionné sur le modèle d’Ainsi parlait Zarathoustra du philosophe F. Nietzsche, il nous a paru inopportun de le publier sous cette forme. Voilà pourquoi nous avons jugé bon d’en modifier et le titre et le style. Ainsi le titre en est De l’autopsie de la RDCongo au plaidoyer pour une stratégie de laboratoire. Ce texte fut présenté au Staff Seminar organisé par le Département des sciences historiques et documentaires de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Lubumbashi sous le thème 50 ans d’indépendance de la R.D.C. : quelles stratégies prendre pour l’avenir ?[3] Sachant que la thérapie est possible, nous avons pensé à prescrire l’ordonnance, à savoir la création d’un laboratoire interdisciplinaire où viendront se ressourcer tous les conseillers de différents ministères de l’Etat congolais. Ce texte rejoint le précédent, le complète et donne d’autres suggestions.
Le quatrième et dernier texte fut également une conférence tenue lors des Journées scientifiques organisées par l’Université de Lubumbashi sur le Thème Le mandat de Mzee Laurent-Désiré Kabila, Président de la République Démocratique du Congo : Bilan et Perspectives[4]. Ce texte montre comment le Président Mzee Laurent-Désiré Kabila a harmonisé son dire au faire, et ce pour matérialiser l’indépendance de la RDCongo.
Comme on peut le remarquer, ces différents textes manifestent notre souci de voir notre pays être réellement indépendant et ce dans plusieurs domaines.
LA SURDETERMINATION DU SAVOIR DANS LES RELATIONS HUMAINES COMME INSTRUMENT DU NEOCOLONIALISME
Cas de l’occident et de la République Démocratique du Congo
Introduction
In lllo tempore, le prophète Osée constata avec amertume : « Mon peuple périt, faute de connaissance » (Osée 4 : 6). Ce constat est nôtre hic et nunc. La rencontre de deux peuples ou civilisations peut faire apparaître plusieurs phénomènes. Toutefois il est bon de s’interroger sur la qualité de ce constat et sur le « Qu’est-ce qu’il a provoqué ». Cela permet de connaître la nature de ces rapports sociaux et dans quel mode de production ils s’établissent.
Nous analyserons la relation des relations humaines entre l’Occident – entendez les Etats-Unis et l’Europe – et la R.D.C. Notre but est de démontrer que l’Occident a utilisé et utilise encore les sciences humaines pour bien connaître l’Afrique afin de bien déterminer leurs rapports sociaux (économiques, politiques, culturels,…). Il y a surdétermination du savoir dans les relations humaines. La logique comtienne du « savoir pour prévoir et prévoir pour pouvoir » sous-entend tout et explique toute la « logique occidentale »[5]. La connaissance de cette logique ou idéologie sera la clé pour ouvrir la chambre donnant accès au laboratoire du progrès scientifique et technologique occidental. Pour y arriver, nous nous mettrons sur les épaules d’Alf Schwarz, de Michel Schooynas, de Lokadi, de Ngwey, d’Herbert Marcuse,… et nos lunettes auront des unités pro-marxistes.
Ceci étant, notre essai se subdivise de la manière suivante. Le premier chapitre sera consacré à la définition de l’appareil conceptuel ; le deuxième parlera du savoir dans les relations humaines Occident-RDC : de Berlin à la décolonisation politique ; le troisième s’appesantira sur le savoir dans les relations humaines Occident-RDC : de la décolonisation politique à la néo-colonisation et à la fin de la guerre froide ; le quatrième et dernier chapitre posera la question de que faire ou de quel savoir stratégique pour la RDC.
Toutes les étapes indiqueront le rôle surdéterminant du savoir. L’homme informé a le pouvoir. Voilà pourquoi Prométhée inquiétera ZEUS. Ce dernier finira par lui envoyer Hermès afin de s’accaparer du secret ou du savoir. « Hé toi, interpella Hermès, l’astucieux sophiste au cœur gonflé d’amertume, toi qui as trahi les dieux en communiquant leurs privilèges à des êtres éphémères, je veux dire le feu que tu as volé, mon père te somme de déclarer quel est cet hymen dont tu fais tant de bruit et par quoi il doit être renversé du pouvoir ». A quoi rétorqua Prométhée : « Pour toi, reprends en toute hâte la route qui t’a conduit ici : tu ne sauras rien de ce que tu veux savoir de moi »[6] . Tout tourne autour du SAVOIR. Prométhée fait peur au roi des dieux puisqu’il a le savoir.
1. Définition de l’appareil conceptuel
Surdétermination
Dans la littérature marxiste, ce concept se trouve sous la plume de Louis Althusser. Ce dernier fait remarquer qu’il n’a pas forgé ce concept, mais qu’il l’a emprunté à la linguistique et à la psychanalyse[7] . La meilleure saisie de ce concept veut qu’on remonte à Maô. Celui-ci parle de la contradiction principale et de la contradiction secondaire[8]. La première a un aspect principal et décisif et la seconde un aspect secondaire.
Nous dirons que toute structure sociale est une structure à dominante de telle sorte qu’à un moment donné il existe une contradiction principale et des contradictions secondaires. La société à mode de production capitaliste en est un exemple. La contradiction principale est entre le capital et le travail, les propriétaires de moyens de production et les travailleurs vendant leur force de travail. Cette contradiction principale est « spécifiée » ou « surdéterminée » « par des contradictions secondaires, telles que la concurrence entre les nations capitalistes (…), les contradictions au sein de la classe dominante (…) »[9] . Marx dira que l’économie et ou la production, dans sa fonction déterminante, est aussi déterminée par d’autres facteurs. Althusser explicitera : « les contradictions secondaires sont essentielles à l’existence, tout comme la contradiction principale constitue leur condition d’existence… la surdétermination c’est la réflexion des conditions d’existence de la contradiction à l’intérieur d’elle-même »[10].
Nous donnons, quant à nous, au concept surdétermination l’acception marxienne de « en dernière analyse », « en dernière instance ». Cela signifie que nous reconnaissons aux autres facteurs (économiques, politiques, culturels) un rôle décisif et non déterminant dans notre cas présent quand bien même l’infrastructure – ici l’économie et le souci de légitimation auraient été à la source du SAVOIR. Pour nous, le savoir détermine en dernière analyse. D’où surdétermination du savoir face aux autres facteurs.
Savoir
Nous entendons par savoir les sciences humaines, particulièrement l’ethnologie, l’anthropologie, la sociologie, la psychologie avec ses différentes branches spécialisées et le management. Ces sciences sont utiles. Elles sont nées pour la connaissance et la maîtrise de l’homme primitif, urbanisé et civilisé. Ce sont des armes pour domestiquer l’humanité.
Relations humaines
Nous emploierons ces termes sous l’acception de rapports sociaux. C’est sous cet angle, croyons-nous, que l’on peut mieux appréhender les relations humaines. Ces dernières sont une forme de commerce où les différentes personnes entrent en contact, et où leur être-en-commun est déterminé par une pratique sociale ou bien cet être-en-commun donne naissance à une certaine pratique sociale. Il y a interaction ou compénétration des contraires. On parle alors de l’unité et non de l’identité des contraires comme le prétend Maô. Ces relations humaines ou rapports sociaux accoucheront d’un monstre ou d’une société humaine selon la nature qu’elles prendront grâce ou à cause des sujets sociaux qui les tissent. Pour notre cas, nous voyons qu’elles se font selon le savoir que l’un a de l’autre.
2. Le savoir dans les relations humaines Occident-R.D.C. : de Berlin à la décolonisation
Politique
L’Afrique des explorateurs, des voyageurs, des « aventuriers » avec leurs récits et mémoires, l’Afrique caractérisée par l’émerveillement naïf semble prendre fin avec la conférence de Berlin (1884-1885)[11]. Une nouvelle ère commença. Il fut décidé d’embarquer l’Afrique dans un bateau historique. Ainsi le partage de l’Afrique eut lieu. C’est le début de la colonisation. Un prétexte fut trouvé : la mission civilisatrice. L’Afrique ne l’a pas demandée. Elle lui fut imposée. Voilà le cadre dans lequel les relations humaines Occident-Afrique prirent naissance. L’occident s’empara de l’Afrique par les armes. La nature de ces relations fut celle des vainqueurs et des vaincus. Il y a alors exploitation, déportation, pillage et vol de l’histoire africaine. L’Occidentalocentrisme s’installa dans ces relations. Comment justifier la mission civilisatrice à côté des armes ? C’est à ce niveau de justification ou de légitimation que l’Occident demanda à ses ressortissants de fournir à « son administration coloniale des données utiles et pratiques pour ses opérations d’assujettissement… On cherche maintenant à justifier l’assujettissement des africains, leur exploitation par leurs caractéristiques de sous-hommes »[12]. Cette recherche de justification est une idéologie qui est un discours cachant le vrai motif par lequel il est produit. La métropole est le groupe porteur de cette idéologie et la produit pour camoufler ses intérêts. Le « Comment » se fait sous la couverture de mission civilisatrice. Comme quand on veut noyer son chien on l’accuse de rage, l’Occident accusa l’Afrique d’être la terre de sous-hommes sans culture, sans identité, paresseux, sombrant dans la bestialité. Ces préjugés doivent être prouvés scientifiquement pour que la mission civilisatrice perdure. C’est un impératif. C’est dans cette « atmosphère » idéologisée que vont naître l’ethnologie et l’anthropologie, sciences appliquées aux sociétés non occidentales, sciences se livrant aux analyses des structures sociales indigènes. Ces sciences sont chargées « de contribuer à une politique indigène éclairée, de fournir à l’administration coloniale des données utiles et pertinentes »[13]. Les métropoles financèrent les études. Ainsi on parla du Royal Anthropological Institute, devenu plus tard « Ethnological Society » de Londres. L’anthropologie de terrain, les administrateurs anthropologues ou anthropologues du gouvernement firent jour. Pour vous rendre compte de la pertinence de notre thèse, entendez la voix du Roi Baudouin qui résonne : « Lorsque Léopold II a entrepris la grande œuvre qui trouve aujourd’hui son couronnement, il ne s’est pas présenté à vous en conquérant mais en civilisateur (…). Nous sommes heureux d’avoir ainsi donné au Congo, malgré les plus grandes difficultés, les éléments indispensables à l’armature d’un pays en marche sur la voie du développement (…). Je tiens à rendre ici en particulier hommage à la Force Publique qui a accompli sa lourde mission avec courage et un dévouement sans défaillance »[14] .
De cette rencontre ou de ces relations humaines, l’Afrique fut cataloguée :
« Le noir est essentiellement imitateur. Le noir ignore beaucoup de choses, il est à la merci de ce que lui montre le blanc plus civilisé, plus évolué que lui… Le noir est un grand faible ; il manque de personnalité surtout en dehors de son milieu ancestral, où cependant, il comptait bien peu… Le noir a un grand désir de s’élever. Il nous considère comme supérieur à lui… Il s’imagine qu’il s’élève en nous imitant, en imitant même nos vices… Le noir est fort impressionnable. Tout ce qu’il voit le frappe et laisse des images gravées dans son imagination et dans sa mémoire. Bien souvent, le noir a pour son blanc et pour les blancs en général, une sympathie innée, accrue par la vue des bienfaits apportés par la présence du blanc… Au milieu des noirs, le blanc fait facilement figure de demi dieu »[15].
Cette longue citation provient de ces sciences au service de la colonisation. De cette connaissance du noir, on ne peut attendre du blanc qu’un comportement imposant le modèle intellectuel et économique occidental. Ceci conduit à une « épistémocide », i.e. à un « anéantissement total du savoir des économiquement dominés. L’autre n’est que dépossédé matériellement, il ne s’appartient plus dans sa pensée »[16] . Dans cette logique, l’Africain, ne se reconnaît plus, il est comme un arbre sans racines. Une seule solution se présente à lui : admirer le blanc et attendre de lui un certificat d’humanité. C’est ainsi que l’on parla des Evolués.
Dans cette atmosphère d’infantilisation, on en sort avec une fausse conscience, à savoir le noir est inférieur et le blanc est supérieur. Et le langage quotidien le confirmera. Ainsi on dira : il mange comme un blanc, il a une maison comme un blanc, il parle comme,… Conclusion : du noir rien de bon ne peut sortir. La colonisation mentale ou intellectuelle réussit son coup et le néo-colonialisme poursuivra ce travail sous des formes subtiles.
Les relations de cette époque furent conditionnées par l’idée que l’Occident se faisait de l’Afrique et par la façon dont l’Afrique se voyait avec les yeux de l’autre. L’ethnologie et l’anthropologie ont cherché à saisir l’âme africaine. Voilà pourquoi les détracteurs de Tempels ne s’interdiront pas à dire qu’il a mis dans les mains du colon la connaissance qu’il avait du noir pour bien le coloniser et l’exploiter. Nous avons les relations du maître à l’esclave, du capitaliste au travailleur, du vainqueur au vaincu, du civilisé au primitif. Il y a inégalité dans les rapports sociaux, car l’un se croit supérieur et l’autre est déclaré inférieur et souvent il l’a intériorisé. Voilà pourquoi l’Afrique aurait été la servante de l’Occident. Elle doit produire pour la métropole.
Retenons que « sans la conquête et la violence, on n’aurait guère vu apparaître une science dédiée exclusivement aux sociétés non occidentales et sans l’apport de ces sciences des colonies, l’entreprise colonialiste aurait été privée de la base intellectuelle nécessaire à sa rationalisation et à sa légitimation »[17].
Ce chapitre nous servira d’arrière-fond pour comprendre les nouvelles formes des relations humaines qui s’établiront entre l’Occident et la R.D.C. Ne perdons jamais de vue que pour l’Occident les affaires doivent prospérer et qu’envisager un autre choix est de l’utopie. Cette idéologie occidentale fait partie de sa rationalité et pour la réaliser une connaissance plus approfondie de la R.D.C. s’avère encore nécessaire.
3. Le savoir dans les relations humaines Occident-R.D.C. : de la décolonisation politique au néo-colonialisme et à la fin de la guerre froide
Il n’est un secret pour personne que « la colonisation a été une domination en vue d’une exploitation économique des ressources du sol, du sous-sol et d’une main-d’œuvre instrumentale. Mais elle ne s’est trouvée ses justifications et légitimations que sur base de dénégation ontologique et de « tabula rasa » culturelle »[18]. Cela fut le travail des sciences coloniales. Qu’en est-il après la décolonisation ? Cicéron disait : « O mores, o tempora !». De ce fait, il fallait s’adapter ou mieux l’Occident devrait tenir à sa logique idéologique en ayant de nouvelles méthodes de travail. La couverture de la mission civilisatrice fut confectionnée ; il ne s’agit plus d’occuper les anciennes colonies par les armes, il faut les dominer hic et nunc par la science et la technologie. Convaincu que le noir est imitateur, ignorant, homme à la merci du blanc civilisé, grand faible, homme sans personnalité, homme rongé du grand désir de s’élever en imitant le blanc, homme fort impressionnable et considérant le blanc supérieur à lui, l’Occident le conditionna et le convainquit (puisque grand faible) qu’il est prêt à l’aider à résoudre le plus grand problème qu’est celui de sous-développement. Ici se fait encore entendre la voix du Roi Baudouin lors de la pseudo-indépendance : « N’ayez crainte de vous tournez vers nous. Nous sommes prêts à rester à vos côtés pour vous aider de nos conseils, pour former avec vous les techniciens et les fonctionnaires dont vous aurez besoin. L’Afrique et l’Europe se complètent mutuellement et sont appelés en coopérant au plus essor. Le Congo et la Belgique peuvent jouer un rôle de première grandeur par une collaboration constructive et féconde, dans la confiance réciproque »[19]. Il lui promit même de le protéger contre le « diable rouge », i.e. le communisme. Il lui présenta son modèle de développement comme l’unique voie de salut. Voyant la science et la technologie, le noir, avec son grand désir de s’élever en imitant le blanc, tomba dans le piège. Ainsi naquit l’ère de belles et grandes théories de développement. C’est aussi l’ère de toutes formes de coopération (économique, politique, militaire, culturelle,…). Avec l’assistance technique, politique, militaire, économique, l’Occident mit en marche la « stratégie de Hérode » consistant à aller voir pour bien se renseigner. Ainsi en sachant ce que pense la R.D.C., l’Occident peut prévoir ses réactions et à la fin, il peut être capable de changer le cours de l’histoire. L’espionnage fut un savoir bénéfique pour l’Occident et il se perfectionna. C’est le thermomètre et le tensiomètre. Il peut indiquer la température et le pool des africains. Dans cette logique, l’on doit s’interdire de s’étonner quand tel président africain ou tel premier ministre est assassiné. Motif : il devenait « incontrôlable », « inclassable » dans les fichiers occidentaux. Tous ces actes cachent un secret occidental : tous les moyens sont bons pour préserver le champ de chasse, car la R.D.C. doit être et restera une chasse gardée. C’est une question de vie ou de mort. Malheur à tout congolais qui échapperait à leur « radar ». Lumumba fit ses frais. Ngwey nous résume : « Le regard de l’autre-ici l’Occident – semble l’élément le plus déterminant. C’est un regard qui donne consistance, un regard à travers lequel l’objet utilisable qu’on cherche à acquérir son statut de sujet historique, de sujet de l’histoire et donc de partenaire autonome »[20]. Mais, rebondit Ngwey : « Est-il possible, pour un homme, d’accéder à sa propre humanité et même à la reconnaissance mutuelle (dans les relations humaines pour notre cas), dès lors que le regard de l’autre vient transfigurer son être, et à travers l’herméneutique qu’il en fait, lui donne existence, position et nature ? »[21]. Ngwey semble oublier que par une technique subtile d’intériorisation, l’Occident a conduit le noir à vivre par procuration, ce que d’aucuns appellent vivre dans la dépendance.
Sachant que le noir a une sympathie innée accrue par la vue des bienfaits apportés par la présence du blanc et convaincu que le noir est essentiellement imitateur, l’Occident proposa à la R.D.C. la théorie de développement appelée le rattrapage. Ce concept est porté par toute une idéologie pseudo-évolutionniste et qui cache le fait qu’Achille ne rattrapera jamais la tortue. Dans cette logique, mettre la R.D.C. derrière la théorie du rattrapage équivaut à la distraire et à ne pas lui donner le temps de réfléchir à une autre forme de développement. Dans telles relations humaines où le concept de rattrapage est produit suite à un savoir de l’âme noire, les rapports sont ceux d’un évolué et d’un retardé. L’assistance qui suivra l’idéologie du rattrapage n’aura qu’un but, à savoir anesthésier la créativité, l’inventivité du Congolais. Toutes les batteries seront mises en marche. Il y a le contrôle de tous les domaines en commençant par l’école gardienne où l’enfant apprend à admirer le blanc à partir des jouets qu’on lui donne. Ainsi il se moquera de son copain qui aura une voiture en argile.
Le second concept idéologique qui travaillera contre la R.D.C. est celui de transfert des technologies. Son but apparent est de conduire la R.D.C. à se développer. Sa fin inavouée est celle d’aider la R.D.C. à se sous-développer. Postulant que le noir est un grand faible, en lui proposant le transfert technologique, l’Occident le met à sa merci. Ainsi il l’exploitera intelligemment car les temps ont changé. « Le transfert technologique met en contact non seulement les espaces géographiques, mais avant tout, les différentes cultures du tiers monde »[22]. Ici s’établissent les rapports de production au vrai sens du terme : l’un est producteur et l’autre est consommateur ou récepteur. L’Occident exportera sa technique et par la même occasion imposera ses techniciens, exportera aussi son idéologie, ses procédés et méthodes de travail. Quitte à la R.D.C. à s’adapter. Ce transfert « est un vieux mécanisme dont les performances dans les stratégies de domination et de reproduction de domination sont indiscutables »[23]. Et Herbert Marcuse ne se trompera pas en disant qu’avec l’Occident nous avons affaire à « une société qui maîtrise technologiquement l’esprit et la matière »[24]. Et la publicité, cet instrument qui transforme et modèle l’opinion et les désirs, vient au secours de cette manipulation technologique. Ainsi l’Occident, attaché à la technostructure recherchant la mise au point des produits ultrasophistiqués, créera de faux besoins chez le congolais. L’Occident sait bien que la R.D.C. manque l’intelligence organisée et l’aide à ne pas organiser son intelligence.
Ces relations humaines ont engendré un système global de sujétion assurant à la R.D.C. une industrialisation limitée et ayant barre sur l’ordre intérieur des nations[25]. Ce système global de sujétion repose sur le savoir : le noir est grand faible. Conscient de la capacité congolaise de se réveiller, l’Occident lui barre le chemin en pratiquant la politique de fuite de cerveau. Il est sûr qu’il suffit de donner le confort matériel au noir intelligent pour le mettre à son service. Comme il faut toujours contrôler ce qui se passe dans la tête du noir, ce dernier sera bien filé sur le territoire tant occidental que congolais. Ainsi on achètera les écrits et les journaux où le congolais s’exprime. De cette façon on saura mesurer le « degré » de prise de conscience du noir et cette connaissance permettra d’étouffer ou de discréditer tout discours pouvant déboucher sur une pratique de soupçon à l’égard du blanc. L’agression dont la R.D.C. est victime, pensons-nous, entre dans cette logique : la R.D.C. ne doit pas être effectivement indépendante.
De tout ce qui précède, il ressort qu’il existe une inégalité dans les rapports entre l’Occident et la R.D.C., entre le producteur et le récepteur et cette inégalité est savamment entretenue par des mécanismes ayant l’allure de charité. Il ne peut être autrement, car il y va de la survie de l’Occident. Voilà pourquoi toutes les recherches pouvant aboutir à connaître et à maîtriser son partenaire seront financées. Dans les rapports Occident-RDC il n’y a pas de concertation, il y a imposition subtile partant du regard qu’on a de la R.D.C. et de la position de la R.D.C. selon le regard de l’Occident. Les conséquences sont incalculables. Ainsi on embarque la R.D.C., encore une fois, dans un bateau qui la débarque dans un village, désormais appelé, village planétaire mais dans tout ce processus, la faute, en dernière analyse, incombe au Congolais et non au Blanc. Ce dernier a compris qu’il faut survivre. Il a l’instinct de conservation. Quitte à l’imiter. Pourquoi pas ?
4. Que faire ? Ou quel savoir stratégique pour l’Afrique ?
La guerre froide est officiellement terminée avec le démembrement de l’URSS. Les Etats-Unis entourés de leurs acolytes de l’OTAN trônent et se considèrent comme le gardien du monde. Depuis que Mc. Luhan a dit que « The world is a village », tout le monde parle du village planétaire où l’information constitue les autoroutes. La R.D.C. semble même contente d’être membre de ce village sans se poser certaines questions radicales. Sans avoir maîtrisé et joui du téléphone, elle utilise l’Internet. Or ce dernier est un produit social d’un milieu donné et son concepteur lui donne une mission dont l’Afrique ne connaît pas les tenants et les aboutissants. Que faire pour la R.D.C. ?
La R.D.C. doit retrouver la confiance en elle-même, reprendre possession des moyens de production économiques et culturels. Comme avertissait Nietzsche, nul ne peut construire pour un autre le pont pour traverser la rivière de la vie[26]. La R.D.C. doit être l’agent de son propre salut. Cela requiert un GRAND REFUS au sens de Marcuse. Ainsi « en se regardant, tout en regardant l’autre, (elle) s’appartiendra de nouveau dans sa pensée. (Elle) sera de nouveau sujet dans le dialogue… (car) la décolonisation de [la RDC] passe aussi par la décolonisation des vues sur la (RDC) : une décolonisation où (la RDC) reprend le droit de se regarder avec ses propres yeux et non seulement les yeux de l’autre »[27]. Pour atteindre cet état, la R.D.C. doit se poser plusieurs questions et poser aussi des questions à l’Occident. Retenons que « la bataille » économique et politique doit être supportée par une bataille axiologique et épistémologique »[28]. C’est à ce niveau que les intellectuels organiques de la R.D.C. doivent faire la guerre de position au sens d’Antonio Gramsci. Toutefois une critique serrée s’impose. S’agissant du village planétaire, l’intellectuel interrogera : « Qui a créé ce village ? Quel en est le mode de production ? Qui en est le gardien ? » Toutes ces questions et tant d’autres ont l’ultime souci de démasquer l’idéologie qui propulse et que propulse le village planétaire et tout son corollaire comme le nouvel ordre économique et géopolitique international. Ce concept de village renferme en lui-même une division internationale du travail. Ce questionnement cherche à dévoiler la technologie, l’organisation politique ou économique des sociétés occidentales entrant en contact avec la R.D.C. L’intellectuel ne manquera pas de se souvenir de l’autocritique de M. Gandhi : « C’est par nos vices et nos faiblesses qu’il (Occident) conserve son autorité sur nous… »[29]. Quels sont ces vices et faiblesses ? Nous en retenons, entre autres, la philosophie vitale bantoue qui apprend à fuir tout ce qui peut déforcer, les concepts inculqués comme ceux de communalisme (préservant de la lutte des classes), de l’unité indivisible du chef (dispensant des luttes politiques et de la critique), de la fraternité (pansant les plaies de l’insupportable injustice dans la répartition injuste des biens et des services)[30] , la naïveté, se voir avec les lunettes d’emprunt, la politique de vain prestige, le pot de vin, la non « vigilance face aux conditionnements, aux effets de démonstration à la consommation ostentatoire, à la colonisation par la publicité, aux désirs induits »[31], manque de projet de société et des décisions politiques. En dernière analyse, tous ces vices renvoient au premier cliché du savoir que l’Occident a du noir : imitateur, ignorant, à la merci du blanc, grand faible, sans personnalité, admirateur du blanc, impressionnable, etc. L’Occident a fait et fait encore du savoir qu’il a de la R.D.C. un instrument de pouvoir. L’Occident « a utilisé le savoir qu’il a de la personne B (RDC) pour atteindre son objet O (son propre développement) et cela sans considération de l’intérêt particulier de B. Nous sommes en présence d’une relation manipulatrice »[32] dans les relations humaines Occident-R.D.C. Le savoir est devenu un instrument de pouvoir afin de mieux dominer.
Nous convions les intellectuels à faire leur notre conviction, à savoir le savoir que l’on a d’autrui surdétermine nos relations humaines. De ce fait, nous devons arriver à cataloguer l’Occident et à avoir comme ligne de conduite l’adage qui dit : « Timeo Danaos et dona ferentes= j’ai peur des Grecs et des dons qu’ils nous font ». Cette attitude ne conduit pas à l’autarcie, à se fermer sur soi et donc à rétrograder, ce qui serait de l’irréalisme. Notre but est de pousser ou de convier la R.D.C. à entrer en possession du savoir, à avoir un savoir sur l’autre et vice versa. C’est la dialectique dans sa loi de la compénétration des contraires. Sachons que le savoir est intégré aux systèmes d’exploitation – ethnologie et anthropologie pour le village, sociologie pour les villes, psychologie et psychosociologie, y compris le management pour le monde moderne.
Cette attitude critique nous permettra de voir comment on nous vole l’avenir en nous offrant pour toute monnaie d’échange le passé des pays Européens et l’on sera à même de démasquer les moyens utilisés pour nous maintenir dans le sous-développement. Il s’agit, à vrai dire, du complot international qu’il faut démanteler. Le village planétaire en est un et il répond au souhait du projet de société mondiale envisagée par M. Zbigniew Brezézinski dès 1970 et relayé par M. David Rochefeller qui lança en 1973 l’idée « d’une commission trilatérale réunissant les Etats-Unis, l’Europe Occident et le Japon. Loin de s’entredévorer, ces pays doivent collaborer et renforcer leur avance, face à la marée montante des pays du Tiers-Monde. Ceux-ci, du reste, devant être associés (de force, mais subtilement) au processus général du développement, selon la mesure de leurs capacités actuelles »[33]. Ici les Etats-Unis doivent assumer le premier rôle quitte à ne pas écraser les autres. Tout ce discours révèle une idéologie qui justifie pour quoi la technologie de pointe ne peut être exportée que parcimonieusement et explique aussi le discours du protectionnisme du marché Occident dont le dernier écho nous est venu de RFI du 04/03/1998 (seuls, les pays pratiquant la démocratisation peuvent exporter vers les Etats-Unis. On peut deviner que ce discours ne concerne pas la Chine).
Si pour A. Gramsci et I. Lénine le « que faire ? » conduisait à la création et à la publication d’un journal pour une bonne guerre de position, notre « que faire ? » nous invite avant tout à une autocritique et ensuite à une acquisition du savoir à avoir sur l’Occident. Cela requiert sans doute un Grand Refus et une volonté à redéfinir la nature des relations humaines grâce au savoir qu’on a de l’autre et au savoir que l’autre ne peut se passer de notre présen
Conclusion
Notre étude s’est attelée à démontrer comment le savoir joue un rôle déterminant dans les relations humaines Occident-R.D.C. Nous avons fait voir comment l’Occident, dans le but de justifier sa domination et son exploitation de la R.D.C. dans les relations de violence, a été à la base de certaines sciences humaines lui permettant de connaître l’Afrique pour mieux la dompter. Le savoir qu’il avait et a de la R.D.C. est un instrument de pouvoir, de manipulation. Par ailleurs, nous avons démasqué l’idéologie qui explique le comportement de l’Occident depuis sa rencontre décidée et programmée à Berlin. C’est une question de vie ou de mort, car le vampire vit du sang de sa victime. Ainsi la Logique Occidentale est d’exploiter la R.D.C., de préserver ses intérêts. Pour ce faire, les centres de recherches seront financés pour améliorer les moyens de domestication de l’Afrique car le savoir (les différentes sciences humaines) est utilitaire ou indispensable. De cette étude ressort un constat amer : les relations humaines entre l’Occident et la R.D.C. sont celles du producteur et du consommateur, du maître et de l’esclave, du riche et du pauvre. Il y a inégalité dans les rapports de ces deux partenaires. Tout part de la nature et qualité de la première rencontre et de son facteur influant principal. Nous savons que la Conférence de Berlin a été rendue impérieuse par certains événements dont « a. les progrès scientifiques et techniques constitutifs de la seconde révolution industrielle (automatisation) ; b. la naissance et le progrès du capitalisme monopoliste ; et c. la conquête des marchés, de la main-d’œuvre et les matières premières »[34]. Voilà l’arrière-fond de la mission civilisatrice. De cette rencontre la R.D.C. en est sortie cataloguée, infantilisée et les séquelles sont visibles. L’Occident n’a pas sans doute oublié de poser certains actes comme la construction des hôpitaux, des routes, des écoles et de certaines industries. Pour quel motif ? Cela équivaut-il à ce qu’il a pris à la R.D.C. ?
Notre but dialectique est de conduire l’intellectuel Africain à s’interroger sur une nouvelle possibilité d’être en relation avec l’Occident. De ce fait, les relations humaines seront appréhendées comme des champs humains et sociaux, lieux de rencontre, d’échange, et d’élaboration des projets. C’est à ce titre que l’on parlera du village planétaire. Cette façon de discourir n’est pas utopique, car même certains enfants de l’Occident dénoncent la logique Occidentale. Avec eux, nous pouvons faire tomber les murs de Jéricho.
A QUAND LA DESTINEE VOULUE ?
LECTURE MATERIALISTE DE L’HYMNE NATIONAL DEBOUT CONGOLAIS[35]
Introduction
Je ne sais pas si l’histoire peut nous présenter un Etat sans emblèmes et symboles. Pour organiser la Cité, le Peuple a besoin des emblèmes ou des symboles pour s’identifier et pour se mobiliser. Parmi ces emblèmes, nous avons l’hymne national. Celui-ci joue dans l’Etat un rôle idéologique. Le citoyen d’un Etat, en l’utilisant, s’y reconnait et s’identifie à ses concitoyens.
L’homme est Homo simbolicus.
Comme on peut le deviner, mon sujet aura comme objet matériel l’Hymne national Debout Congolais et l’objet formel, l’angle à partir duquel j’aborde cet Hymne, est celui de voir en lui un THERMOMETRE de notre conscience nationale et de notre engagement face au projet de société dont l’Hymne national est le résumé.
Il sied de signaler que notre Hymne national est chanté en français, langue officielle. Je sais que tout texte est perfectible .Mais notre Hymne national n’est pas encore à retoucher, car son idéal ou son projet de société n’est pas encore réalisé.
Je subdivise mon sujet en trois parties. La première, à caractère théorique, intitulée Initiation à la Lecture matérialiste, donnera les canons de cette grille de lecture. Je suis conscient de la richesse de l’Hymne national et qu’il peut, de ce fait même, être lu sous plusieurs angles ou avec plusieurs grilles, dont la grille poétique. J’ai choisi la mienne. La deuxième a comme titre Rattacher le présent au Debout Congolais et au passé récent pour créer un présent futur (=DESTINEE VOULUE) .C’est ici que je ferai voir que le Debout Congolais reste valable et il reste encore une tache. J’analyserai aussi l’Hymne national. La troisième et dernière partie sera faite des recommandations appelant la rediffusion fréquente de cet Hymne national.
Mon but est celui de montrer, à travers ce sujet, que de la réponse positive que nous accorderons à notre Hymne national dépendra notre Destinée voulue.
1. INITIATION A LA LECTURE MATERIALISTE[36]
D’aucuns ont qualifié cette lecture de critique sociologique marxiste. Cette lecture a cinq canons que je formule en ces termes :
1° Son principe des principes : toujours tu partiras du contexte au texte. Je remettrai l’œuvre, à savoir le Texte de l’Hymne national, dans son contexte social et historique, et ce en amont et en aval.
2° Toujours, tu retiendras que le texte ou l’œuvre littéraire est un élément de la superstructure. L’Hymne national est une œuvre d’une élite dont les auteurs singuliers[37] forment le groupe des intellectuels organiques.
3° Toujours, tu te souviendras de Georges Lukacs qui recommande la recherche de l’action réciproque entre le développement économico-social et la conception du monde, et qui recommande l’étude des conditions socio-historiques. Le Debout Congolais n’est pas tombé du ciel comme un fruit mûr de l’arbre. Il est une production résultant des conditions matérielles économico-sociales et d’une certaine conception du monde dont il est une expression.
4° Toujours, avec Lucien Goldmann, tu répéteras : l’élément essentiel quand on étudie un texte est de savoir que la littérature et la philosophie sont, sur des plans différents, des expressions d’une vision du monde et que les visions du monde sont des faits sociaux et non individuels. Toute vision du monde est exprimée par l’écrivain qui reflète le groupe. Le second élément est la recherche des rapports entre l’œuvre et les classes sociales du temps de l’écrivain. Expression d’une vision du monde, l’Hymne national est, en lui-même, une vision du monde partant d’une conscience réelle vers une conscience possible.
5° Toujours, avec Louis Althusser et avec son groupe de travail, tu affirmeras que la littérature est une forme idéologique spécifique. Le Debout Congolais est une forme idéologique spécifique. Arme idéologique, le Debout Congolais est utilisé dans un champ de bataille où jadis les coloniaux et les colonisés s’affrontaient et où aujourd’hui les nouveaux maîtres du monde, les émergents et les laissés pour compte s’affrontent .Ainsi, celui qui chante cet Hymne doit prendre position.
2. RATTACHER LE PRESENT AU DEBOUT CONGOLAIS ET AU PASSE RECENT POUR CREER UN PRESENT FUTUR (PRESENT HISTORIQUE=DESTINEE VOULUE)
Un mot sur la parole. Ducrot nous rappelle que « toute parole est en elle-même une action et (…) toute action peut s’accomplir par l’intermédiaire d’une parole »[38]. Ainsi la parole est un ORGANON, un instrument et un moyen tactique et stratégique. L’Hymne national est un ensemble de paroles codifiées. Voilà pourquoi il est un Texte. Ainsi nous pouvons l’étudier en le situant dans son contexte.
Ecrit par le Révérend Père Simon-Pierre Boka, composé par J. Lutumba et adopté l'année de l'indépendance du pays en 1960, le Debout Congolais est l’Hymne national de la République Démocratique du Congo. Le voici :
Debout Congolais,
Unis par le sort
Unis dans l'effort pour l'indépendance.
Dressons nos fronts, longtemps courbés
Et pour de bon prenons le plus bel élan,
Dans la paix
Ô peuple ardent
Par le labeur
Nous bâtirons un pays plus beau qu'avant
Dans la paix
Citoyens
Entonnez l'hymne sacré de votre solidarité
Fièrement
Saluez l'emblème d'or de votre souveraineté
Congo!
Don béni, Congo !
Des aïeux, Congo !
Ô pays, Congo !
Bien aimé, Congo !
Nous peuplerons ton sol
et nous assurerons ta grandeur
Trente juin, ô doux soleil
Trente juin, du trente juin
Jour sacré, soit le témoin,
Jour sacré, de l'immortel
Serment de liberté
Que nous léguons
A notre postérité
Pour toujours
Cet Hymne, de par ses paroles, se veut « le lieu d’épiphanie d’une manière d’être des sujets dans leur rapport à l’existence (…) ; en elles se trouvent conjuguées intentionnalité et responsabilité »[39]. En lui, comme le dirait Eboussi Boulaga, « le dedans s’expose en dehors »[40].
Le Débout Congolais est une production littéraire dont le contexte est celui de la lutte pour l’Indépendance. Sur la scène politique s’affrontent deux camps fondamentaux, à savoir les colons belges et les colonisés congolais. Ces derniers réclament l’Indépendance illico. Ils veulent la souveraineté nationale. Devant la pression, la Belgique acceptera d’accorder l’Indépendance à son ancienne colonie.
C’est dans ces conditions que le Débout Congolais sera écrit, composé et adopté.
Le Texte est un chant révolutionnaire, mobilisateur et bon pour la guerre idéologique. Il commence par Débout congolais. Cette phrase donne le titre à l’Hymne. Pourquoi Débout congolais ?
Debout Congolais,
Unis par le sort
Unis dans l'effort pour l'indépendance.
Dressons nos fronts, longtemps courbés
Et pour de bon prenons le plus bel élan,
Dans la paix
Débout sous-entend que les Congolais étaient « assis » avec des fronts longtemps courbés. Avoir un front courbé signifie que l’on est mécontent, humilié, battu, exploité, violé, etc. Ainsi tous les Congolais étaient Unis par le sort réservé aux colonisés considérés comme des « macaques », des « sauvages » à qui il fallait amener la « Civilisation ». Et pour y arriver, tout était permis. Le sort par lequel les Congolais étaient unis, n’était pas radieux. Le discours de Patrice Lumumba en dit plus :
« Car cette indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd’hui dans l’entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d’égal à égal, nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c’est par la lutte qu’elle a été conquise, une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n’avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang. C’est une lutte qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu’au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin à l’humiliant esclavage, qui nous était imposé par la force.
Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste, nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions les chasser de notre mémoire.
Nous avons connu le travail harassant exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir ou de nous loger décemment, ni d’élever nos enfants comme des êtres chers.
Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres. Qui oubliera qu’à un noir on disait « Tu », non certes comme à un ami, mais parce que le « Vous » honorable était réservé aux seuls blancs !
Nous avons connu nos terres spoliées au nom de textes prétendument légaux, qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort.
Nous avons connu que la loi n’était jamais la même, selon qu’il s’agissait d’un blanc ou d’un noir, accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres.
Nous avons connu les souffrances atroces des relégués pour opinions politiques ou, croyances religieuses : exilés dans leur propre patrie, leur sort était vraiment pire que la mort elle-même. Nous avons connu qu’il y avait dans les villes des maisons magnifiques pour les blancs et des paillotes croulantes pour les noirs ; qu’un Noir n’était admis ni dans les cinémas, ni dans les restaurants, ni dans les magasins dits « européens » ; qu’un Noir voyageait à même la coque des péniches au pied du blanc dans sa cabine de luxe.
Qui oubliera, enfin, les fusillades où périrent tant de nos frères, ou les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d’une justice d’oppression et d’exploitation !... »[41]
Cependant l’Hymne invite les Congolais, une fois débout, à prendre le plus bel élan, et ce pour de bon et dans la paix. Le concept PAIX revient deux fois : et pour de bon, prenons le plus bel élan dans la paix et nous bâtirons un pays plus beau qu’avant dans la paix. En effet, personne ne peut prendre la résolution de prendre le plus bel élan, et ce pour de bon sans la paix. La grande question est celle de savoir si ce plus bel élan a été pris pour de bon et s’il a été réellement pris. L’histoire nous renseigne que le manque de la paix a brisé et continue à briser le plus bel élan tant souhaité. Dès l’Indépendance, la RDCongo vit des crises et connaît des guerres. Voilà qui casse ce qui devrait être le plus bel élan.
Ô peuple ardent
Par le labeur
Nous bâtirons un pays plus beau qu'avant
Dans la paix
L’Hymne, dans son rôle mobilisateur, qualifie les Congolais de Peuple ardent. Les Congolais s’étaient montrés ardents (= brûlants en âme et en conscience) dans la lutte pour acquérir l’indépendance. Unis, non seulement par le sort, mais surtout dans l’effort, ils se sont sacrifiés au nom de l’indépendance. Pour avoir manifesté cette ardeur, l’auteur de l’Hymne, et à travers lui le peuple congolais, veut se considérer toujours ardent et par le labeur, l’on prend la résolution de bâtir le Congo plus beau qu’avant, et ce, encore une fois, dans la Paix. Lumumba y est revenu :
« Ensemble mes frères, mes sœurs, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité et à la grandeur.
Nous allons établir ensemble la justice sociale et assurer que chacun reçoive la juste rémunération de son travail.
Nous allons montrer au monde ce que peut faire l’homme noir lorsqu’il travaille dans la liberté, et nous allons faire du Congo le centre de rayonnement de l’Afrique toute entière.
Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants. Nous allons revoir toutes les lois d’autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes et nobles.
Et pour tout cela, chers compatriotes, soyez sûrs que nous pourrons compter non seulement sur nos forces énormes et nos richesses immenses, mais sur l’assistance de nombreux pays étrangers dont nous accepterons la collaboration chaque fois qu’elle sera loyale et qu’elle ne cherchera pas à nous imposer une politique quelle qu’elle soit.
Ainsi, le Congo nouveau que mon gouvernement va créer sera un pays riche, libre et prospère. Je vous demande à tous d’oublier les querelles tribales qui nous épuisent et risquent de nous faire mépriser à l’étranger.
Je vous demande à tous de ne reculer devant aucun sacrifice pour assurer la réussite de notre grandiose entreprise. L’Indépendance du Congo marque un pas décisif vers la libération de tout le continent africain. Notre gouvernement fort -national- populaire, sera le salut de ce pays.
J’invite tous les citoyens congolais, hommes, femmes et enfants de se mettre résolument au travail, en vue de créer une économie nationale prospère qui consacrera notre indépendance économique. »[42]
Le réalisme voudrait que l’on s’interroge sur la beauté du Congo, sur l’ardeur du peuple Congolais. Malgré les humiliations que le peuple congolais a connues de la part des colons, il reste vrai que quelques écoles, quelques hôpitaux, quelques routes, etc. étaient construites. Devant une certaine inconscience dont ont fait montre certains Congolais, le Congo est devenu plus laid qu’avant. Ceci explique la nouvelle idéologie de la RECONSTRUCTION NATIONALE. Ainsi est né le discours de Cinq Chantiers. Je pense que le sixième chantier est aussi à mettre en œuvre, à savoir le changement de la mentalité, qui nous fera passer de la civilisation de la cueillette à celle de la production, du travail bien fait.
Si le peuple Congolais fuit le labeur, alors Congo ne sera pas reconstruit. Si le peuple congolais travaille et que son travail n’est pas rémunéré à sa juste valeur, alors le Congo ne sera pas plus beau qu’avant.
Il sied de signaler que le texte du « Débout Congolais à Nous bâtirons un pays plus beau qu’avant dans la paix » a une allure d’identification du peuple à l’auteur. Ainsi les verbes sont à la première personne du pluriel : Dressons, prenons, bâtirons. Il y a le NOUS et le NOS.
Citoyens
Entonnez l'hymne sacré de votre solidarité
Fièrement
Saluez l'emblème d'or de votre souveraineté
Congo!
Cependant à partir de « Citoyens à Saluez l’emblème d’or de votre souveraineté Congo ! », l’on passe de Nous à Vous à travers le Entonnez et le Saluez, de Nos à Votre (2 fois). Pourquoi n’a-t-on pas « Entonnons, notre et saluons » ? Est-ce pour la beauté du chant ? Est-ce un signe de marquer la distinction de l’auteur du peuple Congolais ? Je pense que cela ressort de l’interpellation, de l’invitation.
Idéologique, l’Hymne est qualifié de sacré. Pourquoi ? Il est le signe de la solidarité congolaise, car en l’entonnant le peuple s’y reconnaît congolais, unis par le sort, unis dans l’effort pour l’indépendance et s’engage à dresser le front, à être un peuple ardent et à bâtir le Congo plus beau qu’avant, et ce par le labeur et dans la paix. Voilà qui motive le peuple à saluer fièrement l’emblème d’or de la souveraineté du Congo.
Si l’Hymne est sacré, pourquoi le même auteur a-t-il accepté d’écrire un autre Hymne, à savoir la Zaïroise[43] en 1971 sous Mobutu ? Devrait-il renier son « œuvre » au nom d’une autre ? Quel a été son vrai sentiment ? Dieu merci, Laurent Désiré Kabila est venu et en 1997, Débout Congolais est redevenu l’Hymne sacré. Sacré, cet Hymne est celui de la grandeur et du respect du peuple congolais. Sacré, cet Hymne est le symbole de la solidarité du peuple congolais et de la souveraineté du Congo. Qu’a-t-on fait de la solidarité devant le tribalisme, le népotisme et la distribution inéquitable de la richesse du pays ? Jusqu’à quand cessera-t-on de violer la souveraineté du Congo ? Doit-on donner raison à ce quidam qui a dit : « Après l’indépendance c’est comme avant l’indépendance ? »[44]. Pourquoi ne saluons-nous pas fièrement l’emblème d’or de notre souveraineté ? Pourquoi ne savons-nous pas entonner correctement l’Hymne sacré dans lequel nos pères de l’indépendance ont reconnu leur solidarité ? Voilà tant des questions qui méritent d’être posées surtout si l’on sait que le Débout Congolais est l’Hymne de conscience nationale. La pratique quotidienne lui enlève cette qualité. Ceci explique pourquoi le Congo est devenu le « congo[45] (lisez tshongo) = bruit en cibemba ». Ou mieux le Congo provoque le congo (= bruit) à cause de sa nature.
Don béni, Congo !
Des aïeux, Congo !
Ô pays, Congo !
Bien aimé, Congo !
Cinq fois, le nom Congo est prononcé dans l’Hymne. Don béni, le Congo devenu souverain reste toujours convoité. D’où le congo (= bruit, conflit, guerre, etc.). Si le Congo est un Don béni, son peuple semble être maudit à cause de sa richesse. Qui aimerait voir tous les Congolais riches ? L’ennemi du Congolais est Congolais. Au nom de certains intérêts, certains Congolais n’hésitent pas à spolier son concitoyen, à exploiter ses semblables, à écraser ses propres sœurs et frères, à tuer son alter ego, etc. Ce Congo des aïeux est devenu une terre de déplacés des guerres, une terre exploitée par des multinationales. Combien de Congolais ne sont-ils pas déplacés de la terre des aïeux au nom des Investisseurs, et ce parce que les minerais sont une source de richesse ? Richesse pour qui et pour quoi faire ?
Le Congo provoque le congo (bruit). Loin d’être un Congo bien aimé par les Congolais, le Congo est devenu mal aimé. Certains Congolais vivant à l’étranger n’aimeraient plus rentrer au Congo à cause du congo (bruit).
S’il en est ainsi, comment et quand allons-nous nous référer à nos aïeux ? Faisons nôtre le sens du Debout Congolais et nous serons fiers de nos aïeux. Ainsi nous assumerons notre Passé et nous n’hypothéquerons pas notre Futur. Et nous aurons une Destinée voulue et non un destin subi.
Nous peuplerons ton sol
et nous assurerons ta grandeur
Après avoir exalté le Congo rendu congo (bruit) par certains fils du Congo et d’ailleurs, l’Hymne revient à un idéal : Nous peuplerons ton sol et nous assurerons ta grandeur. De par sa superficie de 2.500.000 Km², le Congo est à peupler. Comment le ferons-nous avec toutes ces guerres qui, depuis l’Indépendance, déciment des congolais ? Comment et pourquoi peupler le Congo si l’on ne sait pas éduquer les enfants, si l’on n’est pas capable de les nourrir, de les faire soigner, de les protéger contre les antivaleurs ? Comment le peupler si certains Congolais à cause du congo (bruit) sont devenus des réfugiés dans d’autres pays ?
S’il en est ainsi, comment assurerons-nous la grandeur du Congo ? La politique ou l’idéologie de Cinq Chantiers veut répondre à ces vœux. Le contexte actuel et l’incivisme de certains Congolais vont à contre courant. Le Président Joseph Kabila Kabange en est conscient :
« En effet, nous vivons dans un monde de plus en plus concurrentiel où l’assurance légitime du peuple qui aspire au progrès est parfois incomprise, voir délibérément contrariée. Dans ce contexte, notre hymne national est l’appel permanent à la vigilance et sur les questions qui touchent à notre liberté, à notre indépendance, à notre souveraineté et à notre dignité, nous enjoint à une coïncidence.»[46].
La réalisation de la grandeur du Congo exige de la part des Congolais la connaissance de soi, de la politique internationale et le respect du serment du Président Laurent-Désiré Kabila.
Trente juin, ô doux soleil
Trente juin, du trente juin
Jour sacré, soit le témoin,
Jour sacré, de l'immortel
Serment de liberté
Que nous léguons
A notre postérité
Pour toujours
Par ailleurs, l’Hymne exalte la date du 30 juin dont le soleil était doux. Jour d’indépendance, Trente juin est dit jour sacré, et ce par deux fois. Ce jour est pris pour Témoin de l’immortel Serment de liberté légué à la postérité congolaise, et ce pour Toujours. Lumumba a vanté ce jour :
« A vous tous, mes amis, qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez.
A vous tous, mes amis qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffaçablement gravée dans vos cœurs, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants, pour que ceux-ci à leur tour fassent connaître à leurs fils et à leurs petits-fils l’histoire glorieuse de notre lutte pour la liberté. »[47]
Joseph Kabila en parle aussi :
« Chers compatriotes
En ce jour mémorable où la République Démocratique du Congo célèbre le 48ème anniversaire de son indépendance, je souhaite à toutes et à tous, une joyeuse fête nationale. Ma pensée se tourne d’abord vers les Héros nationaux, les martyrs et généralement les pionniers de l’indépendance et de la démocratie .Bref, cette fête, à tous ceux qui célèbre de leur sang et sueur, l’avènement d’un Congo libre et indépendant. »[48]
Ce Jour semble sacré, car même le feu Président Mobutu n’a pas su le supprimer quand bien même ce Jour aurait été plus d’une fois un jour de méditation et non de festivité. Que dire de l’immortel Serment de liberté ? Qu’avons-nous fait de notre liberté ? A quoi nous a-t-elle conduits ? A bâtir le Congo plus beau qu’avant par le labeur ? A malmener notre souveraineté ? A nier notre solidarité ? A ne plus connaître et reconnaître notre Hymne national ? A dépeupler le Congo ? A ne pas assurer la grandeur du Congo ? A brader nos richesses ? A vivre pauvre dans un Congo Don béni ? A déshonorer nos aïeux ? A désacraliser et l’Hymne et le Trente juin ? A dire vrai, nous sommes près de la TRAHISON DE L’IMMORTEL SERMENT DE LIBERTE.
Que léguerons-nous à notre postérité ? Ce serment avec un Congo détruit ou reconstruit pour toujours ? L’Histoire nous le dira ou le leurs (nos enfants) dira. Alors faisons de l’Idéologie de Cinq Chantiers[49] un leitmotiv pour réaliser le projet du Debout Congolais.
Comme on peut le remarquer, l’Hymne national est une forme idéologique spécifique dont nous devons nous réapproprier afin d’en faire une vraie arme de bataille dans un vaste champ de bataille où le premier ennemi est le Moi-Sauvage qui nie aux autres Congolais le droit d’exister, qui les empêche de se mettre débout, qui leur fait encore courber les fronts. Le second et dernier ennemi est le Toi-Sauvage symbolisé par le monde extérieur qui cherche à nous nier parce que notre Congo est un Don béni et qui suscite, par certains Congolais interposés, le congo (bruit) au sein du Congo.
Vision du monde, l’Hymne national est un élément de la superstructure censée conduire et guider nos actions afin de réaliser le projet de société qu’il véhicule.
En amont, le Débout Congolais est une œuvre littéraire sublime qui exprime la vision, la détermination et l’idéal sociétal du peuple Congolais.
Pour y arriver, nous devons atteindre la MAJORITE et nous défaire de la MINORITE dont parle Kant. Celui-ci entend par minorité l’ « incapacité de se servir de son entendement sans direction d’autrui, minorité [dont nous avons été nous-mêmes responsables], puisque la cause en réside non dans un défaut de l’entendement, mais dans un manque de décision et de courage de [nous] servir de [notre] propre entendement. La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu’un si grand nombre d’hommes (…), restent cependant volontiers, leur vie durant, mineurs, et qu’il soit si facile à d’autres de se poser en tuteurs des premiers »[50]. Oui, ils nous ont pris pour des gamins, ils nous ont forcés à l’être et nous avons fini par croire que sans l’Occident nous ne pouvons pas décoller.
Alors levons l’option de Laurent-Désiré Kabila : « Mais le choix est nôtre. Ou nous abandonnons notre chemin de dignité, et nous rentrons dans la structure du passé, ou nous continuons à créer des nouveautés »[51]. Ce temps de rupture par et grâce à l’Indépendance est en fait une ORIGINE. Celle-ci est notre MOMENT AXIAL, début du temps calendaire qui est le 30 juin 1960, « événement fondateur »[52]. Depuis lors, notre présent est devenu PRESENT HISTORIQUE bien exprimé par Debout Congolais et dressons nos fronts afin de commencer notre propre histoire, car «commencer, c’est donner aux choses un cours nouveau, à partir d’une initiative qui annonce une suite et ainsi ouvre une durée. Commencer, insiste Paul Ricœur, c’est commencer de continuer : une œuvre doit suivre »[53]. L’œuvre, pour nous, est d’initier une DESTINEE VOULUE. Voilà qui nous conduit à réaliser le projet sociétal de l’Hymne. C’est dans cet élan du présent historique, temps d’initiative, que NOUS DEVONS NOUS RENDRE MAJEURS. Donner à notre présent historique une FORCE INTEMPESTIVE, « hors saison d’exploitation » pour bien veiller sur nos propres intérêts.
C’est ainsi qu’en aval, la vraie réception de l’Hymne national sera la réalisation du projet de l’Hymne national.
3. RECOMMANDATIONS
Voici quelques recommandations que je formule, et ce à l’endroit du Gouvernement congolais :
Que le Debout Congolais soit aussi traduit et chanté en langues nationales afin que toute la population congolaise s’imprègne de son sens révolutionnaire.
Que les Ecoles publiques et privées fassent entonner l’Hymne national avant d’entrer en classe et à la sortie.
Que les Parlementaires et les Sénateurs chantent l’Hymne national avant et après leur séance.
Que les Ministres exécutent l’Hymne national au sein de leurs ministères, et ce au début du travail. Cela exige qu’ils soient les premiers à arriver au lieu du travail.
Que les informations à la Radio et à la Télévision tant publiques que privées commencent et finissent par l’Hymne national.
Par ces recommandations, nous n’avons aucune prétention de reconduire les gens à l’Institut Makanda Kabobi, le tristement célèbre. Sachant que le Débout Congolais est une vraie arme idéologique, il nous incombe de l’intérioriser pour bien livrer la complexe bataille tant nationale qu’internationale. Il y va de notre survie comme nation et comme peuple ayant une conscience nationale.
Conclusion
Ma « revisitation » de l’Hymne national par une lecture matérialiste est une occasion pour révéler le sens révolutionnaire du Debout Congolais. Afin d’inviter les Congolais à s’interroger sur leur agir qui doit aller dans le sens de la réalisation du projet de société exprimé dans et par le Debout Congolais et dont la politique de cinq chantiers se veut un moyen de réalisation, j’ai subdivisé mon étude en trois parties.
La première se voulait une initiation à la lecture matérialiste avec ses cinq canons. Pour analyser un texte, on doit partir du contexte. De ce fait, j’ai remis l’œuvre, à savoir le Texte de l’Hymne national, dans son Contexte social et historique, et ce en amont et en aval. En outre, j’ai considéré le texte ou l’œuvre littéraire, l’Hymne national, comme un élément de la superstructure. L’Hymne national est une œuvre d’une élite dont les auteurs singuliers forment le groupe des intellectuels organiques. Sachant que le Debout Congolais n’est pas tombé du ciel comme un fruit mûr de l’arbre, j’ai montré qu’il est une production résultant des conditions matérielles économico-sociales et d’une certaine conception du monde dont il en est une expression.
Par ailleurs, convaincu que toute vision du monde est exprimée par l’écrivain qui reflète le groupe, j’ai insisté sur le fait que l’Hymne national est, en lui-même, une vision du monde partant d’une conscience réelle vers une conscience possible. Reconnaissant que la littérature est une forme idéologique spécifique, j’ai vu en Debout Congolais une forme idéologique spécifique par excellence. Arme idéologique, le Debout Congolais est utilisé dans un champ de bataille où jadis les coloniaux et les colonisés s’affrontaient et où aujourd’hui les nouveaux maîtres du monde, les émergents et les laissés pour compte s’affrontent.
La deuxième partie était un effort de rattacher le présent au Debout Congolais et au passé récent afin de créer un présent futur qui n’est rien d’autre qu’un présent historique. Ce dernier est notre Destinée voulue. Pour y arriver, j’ai analysé l’Hymne national en interpelant les Congolais et en l’invitant à s’aligner sur la politique de Cinq chantiers afin de réaliser le projet de société de l’Hymne national. Pour bien éveiller la conscience nationale, j’ai fait appel aux discours de Lumumba, du président joseph Kabila et de Laurent-Désiré Kabila Mze.
La troisième et dernière partie est une formulation des recommandations. Celles-ci invitent, entre autres, le Gouvernement congolais à traduire et à faire chanter aussi l’Hymne national en langues nationales, à imposer l’exécution de l’Hymne national avant et après les cours à l’école primaire et secondaire tant publique que privée, avant le travail dans des ministères, avant et après les séances des Assemblées provinciales et nationale et celle du Sénat, avant les informations à la radio et à la télévision tant publique que privée.
DE L’AUTOPSIE DE LA RDCONGO AU PLAIDOYER POUR UNE STRATEGIE DE LABORATOIRE
Introduction
C’est depuis 50 ans bientôt que notre pays, la République Démocratique du Congo, est indépendant. Un regard critique, qui voudrait partir du 30 juin 1960, jour du doux soleil, ne peut laisser indifférent tout intellectuel patriote. Ceci étant, nous voudrions, à travers ce texte, apporter notre pierre à la reconstruction de notre beau pays.
Pour ce faire, nous subdiviserons notre travail en deux parties. La première partie fera l’autopsie de notre pays, et ce à partir de l’hymne national Debout Congolais. Cette autopsie débouchera sur la proposition d’une stratégie pouvant nous permettre, tant soit peu, de mettre notre pays sur le rail. Cela constituera la deuxième partie de notre texte.
1-De l’autopsie de la RDCONGO à partir du Debout Congolais
Debout Congolais,
Unis par le sort
Unis dans l'effort pour l'indépendance.
Dressons nos fronts, longtemps courbés
Et pour de bon prenons le plus bel élan,
Dans la paix
Ô peuple ardent
Par le labeur
Nous bâtirons un pays plus beau qu'avant
Dans la paix
Citoyens
Entonnez l'hymne sacré de votre solidarité
Fièrement
Saluez l'emblème d'or de votre souveraineté
Congo!
Don béni, Congo !
Des aïeux, Congo !
Ô pays, Congo !
Bien aimé, Congo !
Nous peuplerons ton sol
et nous assurerons ta grandeur
Trente juin, ô doux soleil
Trente juin, du trente juin
Jour sacré, soit le témoin,
Jour sacré, de l'immortel
Serment de liberté
Que nous léguons
A notre postérité
Pour toujours
Debout Congolais,
Unis par le sort
Unis dans l'effort pour l'indépendance.
Dressons nos fronts, longtemps courbés
Et pour de bon prenons le plus bel élan,
Dans la paix
In illo tempore Débout Congolais sous-entendait que les Congolais étaient « assis » avec des fronts longtemps courbés à cause du mécontentement, de l’humiliation, du fouet, de l’exploitation, du viol, etc. Ainsi tous les Congolais étaient unis par le sort réservé aux colonisés considérés comme des « macaques », des « sauvages » à qui il fallait amener la « Civilisation ». Et pour y arriver, tout était permis. Le sort par lequel les Congolais étaient unis, n’était pas radieux. Le discours de Patrice Lumumba en dit plus.
Hodie le travail harassant exigé en échange de salaires ne permettant ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir, ni de nous loger décemment, ni d’élever nos enfants comme des êtres chers, a été instauré pour nos propres concitoyens ; on spolie au nom de textes prétendument légaux des terres à nos concitoyens tout en oubliant que les ressources du sous-sol sont non renouvelables et qu’on se développe avec l’agriculture. Hier, les fusillades ont fait périr nos frères et sœurs qui réclamaient l’Indépendance, et aujourd’hui, on fait des fusillades un modus vivendi.[54]
Les pères de l’indépendance nous ont invité à prendre le plus bel élan, et ce pour de bon et dans la paix. Mais la vie quotidienne montre que nous avons opté pour la DANSE et la GUERRE des Congolais contre les Congolais. Le manque de la paix a brisé et continue à briser le plus bel élan tant souhaité. Dès l’Indépendance, la RDCongo vit des crises et connaît des guerres. Ceci casse ce qui devrait être le plus bel élan.
Ô peuple ardent
Par le labeur
Nous bâtirons un pays plus beau qu'avant
Dans la paix
Les pères de l’indépendance ont vu que les Congolais était un Peuple ardent. Et cela s’est vu dans la lutte pour acquérir l’indépendance. Unis, non seulement par le sort, mais surtout dans l’effort, ils se sont sacrifiés au nom de l’indépendance.
Les pères de l’indépendance croyaient que par le labeur, nous prendrions la résolution de bâtir le Congo plus beau qu’avant, et ce, encore une fois, dans la Paix tout en établissant « ensemble la justice sociale et [en assurant] que chacun reçoive la juste rémunération de son travail, [en montrant] au monde ce que peut faire l’homme noir lorsqu’il travaille dans la liberté, et [en faisant] du Congo le centre de rayonnement de l’Afrique toute entière,[en veillant] à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants, [en revoyant] toutes les lois d’autrefois et [en faisant] de nouvelles qui seront justes et nobles. »[55] Mais le vivre-ensemble d’aujourd’hui prouve le contraire.
Ils pensaient que nous pourrions compter non seulement sur nos forces énormes et nos richesses immenses, mais aussi sur l’assistance de nombreux pays étrangers dont nous accepterions la collaboration chaque fois qu’elle sera loyale et qu’elle ne cherchera pas à nous imposer une politique quelle qu’elle soit. Comparables aux courges dormant à même le sol et dont les autres consomment leurs feuilles, y compris elles-mêmes, nos richesses font notre pauvreté et notre collaboration avec les Institutions de Breton Wood nous aide à ne pas prendre l’élan économique et social. Nous avons pensé qu’il y aurait plus de bonheur à recevoir qu’à donner et encore plus bonheur à voler qu’à recevoir. Le recevoir comme le voler diminue l’être et appellent bonheur l’illusion. Au contraire, il faut rechercher la grandeur de l’existence humaine.
N’ayant pas oublié les querelles tribales, nous nous sommes mis à DANSER en lieu et place de TRVAILLER et l’Indépendance du Congo marque un pas en arrière vers la libération de tout le continent africain.[56]
Suite à cela, le Congo souverain depuis 50 ans, est devenu plus laid qu’avant. Ceci explique la nouvelle idéologie de la RECONSTRUCTION NATIONALE dont les Cinq Chantiers risquent de se transformer en Cinq chansons, si le sixième chantier, à savoir le changement de la mentalité, qui nous fera passer de la civilisation de la cueillette à celle de la production, du travail bien fait, n’est pas mis en œuvre.
Citoyens
Entonnez l'hymne sacré de votre solidarité
Fièrement
Saluez l'emblème d'or de votre souveraineté
Congo!
Il sied de signaler qu’il est rare d’entendre entonner l’hymne sacré de notre solidarité et l’emblème d’or de notre souveraineté se voit à peine. Qu’avons-nous fait de la solidarité devant le tribalisme, le népotisme et la distribution inéquitable de la richesse du pays ? Jusqu’à quand continuerons-nous à violer la souveraineté du Congo ? Voilà des questions d’une autocritique éclairée.
Don béni, Congo !
Des aïeux, Congo !
Ô pays, Congo !
Bien aimé, Congo !
Les pères de l’indépendance savaient que le Congo était un Don béni. Mais, en réalité, le peuple congolais semble être maudit à cause de sa richesse et ce, parce que nous avons bradé le Congo. L’ennemi du Congolais est Congolais. Au nom de certains intérêts, certains Congolais n’hésitent pas à spolier leurs concitoyens, à exploiter leurs semblables, à écraser leurs propres sœurs et frères, à tuer leur alter ego, etc. Ce Congo des aïeux est devenu une terre de déplacés des guerres, une terre exploitée par des multinationales. Combien de Congolais ne sont-ils pas déplacés de la terre des aïeux au nom des Investisseurs, et ce parce que les minerais sont une source de richesse ? Richesse pour qui et pour quoi faire ? That is the question.
Nous peuplerons ton sol
et nous assurerons ta grandeur
A la question de savoir quel est le nombre de Congolais, personne ne sait ; cependant nous avançons un chiffre sans référence provenant de recensement. Tout en étant plus nombreux que nous le fumes le 30 juin 1960, nous ne savons pas éduquer les enfants, nous ne sommes pas capables de les nourrir, de les faire soigner, de les protéger contre les antivaleurs.
S’il en est ainsi, de quelle façon assurons-nous la grandeur du Congo ? Le contexte actuel et l’incivisme de certains Congolais vont à contre courant.
Trente juin, ô doux soleil
Trente juin, du trente juin
Jour sacré, soit le témoin,
Jour sacré, de l'immortel
Serment de liberté
Que nous léguons
A notre postérité
Pour toujours
Le 30 juin durant laquelle le soleil est doux n’est plus un jour sacré, il est devenu celui de danse, et quand nous le prenons comme Témoin de l’immortel Serment de liberté légué à la postérité congolaise, il nous dit que vous l’avons trahi tout en trahissant les pères de l’Indépendance.[57]
Que léguerons-nous à votre postérité ? 50 ans après, l’Histoire nous désapprouve et l’Idéologie de Cinq Chantiers[58] est en elle-même notre accusatrice.
Pour y arriver, nous devons atteindre la MAJORITE et nous défaire de la MINORITE dont parle Kant. Celui-ci entend par minorité l’ « incapacité de se servir de son entendement sans direction d’autrui, minorité [dont nous avons été nous-mêmes responsables], puisque la cause en réside non dans un défaut de l’entendement, mais dans un manque de décision et de courage de [nous] servir de [notre] propre entendement. La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu’un si grand nombre d’hommes (…), restent cependant volontiers, leur vie durant, mineurs, et qu’il soit si facile à d’autres de se poser en tuteurs des premiers »[59].
Cette autopsie ne doit en aucun cas engendrer un pessimisme existentiel.
Sachant qu’il y a beaucoup d’intellectuels ayant produit des travaux scientifiques de haute facture, nous devons partit d’eux pour proposer une certaine stratégie pour l’avenir de notre pays.
2-Plaidoyer pour une stratégie de Laboratoire
La stratégie que nous proposons est celle de la création d’un laboratoire stratégique qui regrouperait en son sein des chercheurs venant de tous les horizons. Ce laboratoire se fondera sur l’option de Laurent-Désiré Kabila : « Mais le choix est nôtre. Ou nous abandonnons notre chemin de dignité, et nous rentrons dans la structure du passé, ou nous continuons à créer des nouveautés »[60]. Ce temps de rupture par et grâce à l’Indépendance est en fait une ORIGINE. Celle-ci est notre MOMENT AXIAL, début du temps calendaire qui est le 30 juin 1960, « événement fondateur »[61]. Depuis lors, notre présent est devenu PRESENT HISTORIQUE bien exprimé par Debout Congolais et dressons nos fronts afin de commencer notre propre histoire, car «commencer, c’est donner aux choses un cours nouveau, à partir d’une initiative qui annonce une suite et ainsi ouvre une durée. Commencer, insiste Paul Ricœur, c’est commencer de continuer : une œuvre doit suivre.»[62]
En outre, nous insistons sur le fait que la vie authentique se fait dans la confiance mutuelle où le oui est oui et le non est non. L’ouverture et la clarté sont deux qualités d’un être humain évolué, expansif.
Sachons que l’homme doit se considérer comme devenir et comme tel, il doit avoir la soif d’apprendre « à parler », c’est-à-dire à créer, à inventer afin de s’assumer.
La mission de ce Laboratoire est celle de répertorier tous les travaux universitaires produits dans différentes Facultés de l’UNILU, et ce selon le domaine. Ainsi, on aura des propositions à suggérer aux différents ministères toutes les fois qu’on aura besoin d’une expertise. De ce fait, chaque Ministère n’engagera des Conseillers que ceux-là qui sauront consulter les travaux de ce Laboratoire. Cela exige que l’engagement des Conseillers se fasse sur un critère autre que celui de l’appartenance au parti politique.
Toutefois le réalisme nous fait voir les gens lutter contre les meilleurs et ils font tout pour étouffer tout ce qui semble nouveau, du jamais entendu et vu. L’on doit aller en guerre contre le formalisme, et le conservatisme, le « c’a toujours été ainsi ». « On aura beau annoncer sa sagesse à son de cloche, les marchands sur la place en couvriront le son du tintement de leur gros sous »[63].
Nous pointons du doigt la mauvaise volonté des réactionnaires, des conservateurs ou « statuquoïstes ». Nous fustigeons le nihilisme sous sa forme subtile où le « marchand » -symbole des gens qui sont au courant de tout et qui parlent à tous, par le tintement de ses gros sous, c’est-à-dire par son verbiage que l’on prend pour la sagesse,- est capable de grands maux insoupçonnés. Insoupçonnés, ces maux le sont, parce que quand ce marchant agit, les autres ne voient pas ce qu’il vise. Le marchand symbolise aussi le malhonnête se faisant passer pour un bon et juste. Il est « habile ». Devant des telles gens, Nietzsche relève que tout ce qu’on dira de bon tombera à « l’eau » -symbole de ce qui fait couler et non retenir –et ainsi rien ne s’enfoncera dans « des puits profonds » -symbole de tête bien faite et bien pleine, pleine parce qu’elle retient et bien faite, parce que profonde, capable d’approfondir « la matière » reçue et d’en faire autre chose ou grâce à elle on peut être capable de devenir autre que ce qu’on était. Nietzsche, par ce réalisme de ce qui se passe chez les humains, interpelle tout homme qui veut mieux faire à ne pas se décourager, mais à passer à l’action même si les autres le contrecarrent.
Par ailleurs, nous nous inscrivons en faux contre la démission humaine. Pour nous, « tous coquettent, mais on n’en trouverait pas un pour rester au nid et couver des œufs » [64]. Les hommes ne semblent pas se prendre en charge et ne veulent pas remplir leur mission de dépasser l’homme. Or pour le faire, il faut savoir rester au nid symbole de la maison, de soi –et couver des œufs –symbole des projets à réaliser. Sans cela, c’est le constat amer : « Chez eux tout parle et rien n’aboutit et ne vient à maturité… Chez eux tout parle, tout s’effrite en paroles ». Comment remédier à cette situation ? Nietzsche ne se contente pas de parler et de dénoncer, il indique aussi la voie de sortie à la mouche se trouvant dans la bouteille (nous empreinte l’image à Wittgenstein II) : il faut savoir rester au nid et couver ses œufs. Tout est là.
Que dire des sages chez les hommes ? Ce sont ceux-là qui font avaler les mots. Nous les nommons les fossoyeurs et nous les appelons « chercheurs » et « explorateurs ».
Le marchand précité, les sages fustigés sont des obstacles sur la concrétisation de cette stratégie. Cela étant, nous proposons la lutte pour l’esprit critique et le combat contre le dogmatisme. Sauf un esprit critique peut voler de ses ailes au moment où le dogmatisme emprisonne l’esprit.
De ce fait, la création du laboratoire nous protégera du pessimisme, car la vie vaut la peine d’être vécue, mais il faut la voir d’en haut « sur la montagne », symbole de la haute conscience, de l’œil réaliste et aussi symbole de lieu d’acquisition de la sagesse qui, comme la lampe allumée, nous permet de voyager même dans la nuit épaisse.
Sans volonté politique dans le chef de ceux pour qui nous proposons cette stratégie, nous verserons les larmes avec ce chant funèbre : « Tel est le requiem de mon discours qui se meurt de rejoindre le paradis perdu de la Nécropole des idées avant d’avoir vécu pour vous servir de viatique. »[65] Autrement dit, les hommes politiques doivent se donner la peine de mettre en pratiques les résolutions et suggestions provenant des hommes des sciences ; au cas contraire, les résultats de leur réflexion ou recherche rejoindront toujours le paradis perdu de la Nécropole des idées.
Conclusion
Notre réflexion sur les 50 ans d’indépendance de notre pays s’est proposée de contribuer à la reconstruction de la RDCONGO. Ce souci nous a contraint à faire, dans la première partie, une autopsie de notre pays, et ce à partir de l’hymne national Debout Congolais. Celui-ci nous a servi de thermomètre ou mieux d’instrument d’autopsie. Ainsi, nous avons pu diagnostiquer le mal dont souffre la RDCONGO. Il s’agit du Congolais lui-même. Sachant que la thérapie est possible, nous avons pensé à prescrire l’ordonnance, à savoir la création d’un laboratoire interdisciplinaire où viendront se ressourcer tous les conseillers de différents ministères de l’Etat congolais. Les ennemis de cette stratégie ne manqueront pas, mais la lutte est à engager, car il y va de la survie de notre être et de notre dignité.
*
DU DESTIN SUBI A LA DESTINEE VOULUE
Approche matérialiste du mandat de L.D.KABILA
Introduction
Le texte que voici fut, dans un premier temps, exposé comme une conférence lors des Journées scientifiques organisées par l’Université de Lubumbashi sur le Thème Le mandat de Mzee Laurent-Désiré Kabila, Président de la République Démocratique du Congo : Bilan et Perspectives, et ce du 1er au 3 mars 2001.
Je le reprends parce que Laurent-Désiré Kabila est l’un des Congolais qui a voulu accorder à la RD Congo sa vraie indépendance. Je sais que cette affirmation ne fera pas l’unanimité, mais il reste vrai que son discours se traduisait en un agir dont le fruit était palpable.
Je ne sais pas si l’histoire peut nous présenter un Etat où le Président fut un muet. Pour organiser la Cité, le Peuple a besoin d’un Chef. Ce dernier doit être un Homo loquens. Pensons à la façon dont chacun de nous attendait le discours inaugural du Président Joseph KABILA pour voir que nous avons besoin d’un Homo loquens et communicans. Ayant le pouvoir, un chef d’Etat a la PAROLE et il doit savoir s’en servir à temps et à contre temps. Le Chef orateur se veut stratège, et à ce propos, il a un arsenal de figures de style.
Comme on peut le deviner, mon sujet aura comme objet matériel les Discours du feu Président Laurent-Désiré KABILA, et l’objet formel, l’angle à partir duquel j’aborde les Discours, est celui de voir en eux (les Discours) un Thermomètre de son mandat. Sachant que Laurent – Désiré KABILA a prononcé beaucoup de Discours, j’en retiens trois, à savoir ceux qui ont été prononcés à Libreville et rapporté dans Le Palmarès 1343 (28/09/1998), p.2 et 12, au Palais du Peuple et rapporté dans Le Palmarès 1438 (22/01/1999), p.2 et Le Palmarès 1439 (23/01/1999), p.4-5. J’analyse aussi son Interview accordée à Jeune Afrique Economie, publiée dans Le Palmarès 1526 (6/5/1999), p. 4-9 et 12.
Je subdivise[66] mon sujet en deux parties. La première a comme titre Libérer le présent du passé lointain et du passé récent pour créer un présent futur .C’est ici que je ferai voir le Quand dire, c’est faire de Austin comme étant la force même des discours kabiliens -passez-moi l’expression. La troisième et dernière partie sera une recommandation appelant la rediffusion fréquente des discours kabiliens ainsi que la publication (édition) de ses discours.
Mon but est de montrer, à travers ces Discours, que le Mandat de KABILA se résume en Du destin subi à la Destinée voulue.
1. LIBERER LE PRESENT DU PASSE LOINTAIN ET RECENT POUR CREER UN PRESENT FUTUR (PRESENT HISTORIQUE)
Un mot sur le discours. Ducrot nous rappelle que « toute parole est en elle-même une action et (…) toute action peut s’accomplir par l’intermédiaire d’une parole »[67]. Ainsi la parole est un ORGANON, un instrument et un moyen tactique et stratégique. Voilà pourquoi je dirais que « le discours [de KABILA] est à la fois instrument et enjeu de pouvoir »[68]. De ce fait, il devait éviter les dangers qui guettent tout discours politique, à savoir l’intolérance, la violence, l’incivisme, la démagogie, la mystification, etc. Pour ce faire, son agir devrait coïncider avec son dire et vice versa. Voilà qui nous débarque sur les Performatifs de Austin où le Quand dire, c’est faire[69].
Reconnaissons qu’avant d’être un instrument, la parole ou le discours « est d’abord le lieu d’épiphanie d’une manière d’être des sujets dans leur rapport à l’existence (…) ; en elle se trouvent conjuguées intentionnalité et responsabilité »[70]. En elle, comme le dirait Eboussi Boulaga, « le dedans s’expose en dehors »[71]. Les notions d’intentionnalité et de responsabilité nous font voir que la parole parlante, acte de la volonté, nous dévoile le sujet parlant « animé par la volonté de communiquer une manière d’être, voire de la défendre par rapport à d’autres dans un monde donné »[72]. Ainsi le sujet parlant est non seulement un être-au-monde, mais il est aussi et surtout un être-avec-autrui.
Concluons ce petit mot sur le discours en disant avec Paul Ricœur qu’en « un sens large, tous les actes de parole (ou de discours) engagent le locuteur et l’engagent dans le présent.[La sincérité dans mon dire doit signifier ce que j’affirme] (…). C’est de cette façon que toute initiative de parole (Benveniste disait : toute instance de discours) me rend responsable du dire de mon dit »[73].
Quelques mots à signifiance éthico-politique apparaissent : engagement, responsabilité, intentionnalité, sincérité. Il y a, en dernière analyse, une certaine contrainte qu’on s’impose à soi-même, et cette obligation posée dans le présent engage le futur. C’est ici qu’apparaît, entre autres, le Serment de Kabila[74], car comme le dit si bien Paul Ricœur, « tenir parole, c’est faire que l’initiative ait une suite, que l’initiative inaugure vraiment un nouveau cours des choses, bref que le présent ne soit pas seulement une incidence, mais le commencement d’une continuation »[75].
Ce petit mot sur le discours étant clos, je passe aux discours kabiliens intégrés dans la dialectique du présent, passé et futur.
Que dire du contexte au texte ?
« Il y a un contexte présupposé qui conditionne l’ensemble de l’activité de parole : lorsqu’on entreprend de parler, nous dit Latraverse, on présuppose que ce qu’on dit a un sens repérable [je souligne] que certaines expressions qu’on utilise ont une référence identifiable (…), qu’autrui dispose de moyens permettant de comprendre ce qu’on lui dit (…) »[76]. Le sens repérable et la référence identifiable sont ici ce que Paul Ricœur appelle espace d’expérience, le Passé présent[77]. Notre passé lointain et récent est présent, car il est notre référence. C’est le contexte-prétexte et L.- D. Kabila l’analyse : « Mais le régime (…) a plongé dans l’irresponsabilité illimitée. Chose que Mobutu a reconnu, parce qu’il ne faisait que s’étonner sur le bateau [Outenika] (…). Ils [les Blancs] nous ont pris pour des gamins* (…). Un grand pays où l’on trouve la végétation la plus luxuriante et où les gens ne cultivent pas parce que nous sommes condamnés à vivre avec l’occident alors que nous sommes riches »[78]. C’est un passé où « le pays (…) était alors dirigé par un Etat anti-peuple, un Etat dont la mission essentielle était de défendre les intérêts étrangers et de contenir le courroux des populations congolaises exploitées afin de permettre à ces intérêts étrangers de saigner à blanc la RDC. Les résultats, c’est la création de la misère un peu partout. C’est l’économie dite ravageuse extravertie. [Et à ce propos, en 1993, Kabila avait adressé une lettre de 17 pages à Mobutu où il disait entre autres : « Cessez d’avec la civilisation de la cueillette pour opter pour celle de la productivité »[79]]. Toutes les critiques, dit Kabila, ont convergé pour dire que l’Etat d’alors n’était pas autre chose qu’une sorte de garde-chevaux. Un Etat qui avait une seule mission : que les intérêts des grands pays et des petits pays priment sur l’intérêt national. Le caractère répressif de cet Etat est là. [C’était un] Etat-compradore (…), un gouvernement pour la sauvegarde des intérêts non nationaux, un gouvernement de marionnettes, un gouvernement actionné de l’étranger. (…). C’était la courroie de transmission des directives de l’étranger et qui œuvrait uniquement à protéger les intérêts (je souligne), et vous êtes tous au courant, poursuit Kabila, on parlait des intérêts des Américains, des Français, des Belges… mais jamais des intérêts du peuple congolais. Et vous savez que cet Etat-là, conclut Kabila, l’Etat-compradore a trop duré. Il avait créé une culture, des habitudes dans le mode de production, de la pensée… le comportement des citoyens. Tout était façonné par ce gouvernement, c’est Etat-là, afin que le Congolais soit instable mentalement, socialement, économiquement, culturellement »[80]. Dans ces discours de dénonciation, de rupture, d’engagement politique, Kabila fait une analyse politique qui conduit à celle de Louis Althusser parlant de l’appareil (répressif) de l’Etat (AE) et des Appareils idéologiques de l’Etat (AIE)[81].
La conclusion est qu’avec le passé lointain et récent, nous avons SUBI LE DESTIN, nous étions une MINORITE, au sens où Emmanuel KANT entend par minorité l’ « incapacité de se servir de son entendement sans direction d’autrui, minorité [dont nous avons été nous-mêmes responsables], puisque la cause en réside non dans un défaut de l’entendement, mais dans un manque de décision et de courage de [nous] servir de [notre] propre entendement. La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu’un si grand nombre d’hommes (…), restent cependant volontiers, leur vie durant, mineurs, et qu’il soit si facile à d’autres de se poser en tuteurs des premiers »[82]. Oui, ils nous ont pris pour des gamins, ils nous ont forcés à l’être et nous avons fini par croire que sans l’Occident nous ne pouvons pas décoller. C’est contre cette minorité que Kabila est venu nous libérer avec cette complicité qu’il reconnaît : « Le peuple nous a accueillis, l’ancienne armée ne s’était pas battue avec ferveur. Parce que tout le monde avait pris conscience qu’on ne pouvait plus soutenir ce régime. Nous avons dû bénéficier de cette sorte de complicité de la population qui m’ovationnait partout où je passais »[83]. Après l’avoir entendu et vu à l’œuvre, le peuple a refusé de rentrer dans la minorité, et Kabila confirme : « Ici à Kinshasa, les envahisseurs lorsqu’ils ont tenté leur coup, le peuple dans son ensemble s’est soulevé pour écraser ceux qui voulaient l’infiltrer et venir recoloniser le peuple congolais »[84]. Ainsi le but de tout discours politique, but de faire-dire et de faire-faire, a réussi[85].
Rappelons que ces discours sont prononcés dans un Contexte-prétexte où l’agression contre-révolutionnaire a lieu.
De ce passé présent, nous sommes devenus des patients, des ETRES-AFFECTES-PAR-LE-PASSE, et c’est en tant que tels que nous devons construire notre PRESENT HISTORIQUE. C’est à ce niveau que les discours de Kabila, éléments de la superstructure, deviennent une forme idéologique spécifique et nous servent de ciment comme l’entend Marta Harnecker (disciple de L. Althusser) pour qui tout discours idéologique assure « la cohésion des individus dans leur rôles, leurs fonctions et leurs rapports sociaux »[86]. Par ailleurs, je dois faire remarquer que les discours de Kabila sont charriés par et charrient une conception politico-anthropologique selon laquelle « tout ce qui se fait dans le monde est politique »[87] ; d’où, il faut le faire avec tout le sérieux du monde, car l’on est jugé sur ses actions. Dans cette conception politique, j’entends la voix de Louis ALTHUSSER pour qui « l’homme est par nature un animal idéologique »[88].
Notre présent avec Kabila a été perçu comme « un temps de transition entre les ténèbres du passé et les lumières de l’avenir »[89]. Voilà pourquoi Kabila nous invitait à lever l’OPTION : « Mais le choix est nôtre. Ou nous abandonnons notre chemin de dignité, et nous rentrons dans la structure du passé, ou nous continuons à créer des nouveautés »[90]. Ce temps de transition est en fait une ORIGINE. Celle-ci est notre MOMENT AXIAL, début du temps calendaire qui est le 17 Mai 1997, « événement fondateur »[91]. Depuis lors, notre présent est devenu PRESENT HISTORIQUE bien exprimé par le verbe commencer, car «commencer, c’est donner aux choses un cours nouveau, à partir d’une initiative qui annonce une suite et ainsi ouvre une durée. Commencer, insiste Paul Ricœur, c’est commencer de continuer : une œuvre qui suivre »[92]. L’œuvre, pour nous, est d’initier une DESTINEE VOULUE. Voilà qui a conduit Kabila à AGIR : « Nous avons décidé [le 27/07/1998] de mettre fin à une sorte de coopération [avec les Rwandais] qui n’était pas réelle (…). Notre lutte est une lutte de l’intelligence contre la force brute (…). Fort de cette conviction, nous essayons de transformer l’environnement économique, social, culturel, avec l’argent de notre pays. Nous n’avons reçu l’argent d’un seul de ces pays qui viennent avec des gants avec les mêmes programmes qu’ils ont toujours amenés voici 37 ans, toujours les mêmes. Ils sont venus avec ça, j’ai dit non [cf. le grand REFUS de H. MARCUSE]. Notre plan est le nôtre et c’est nous qui souffrons (…). Ils savent bien que nous ne défendrons pas leurs intérêts (…). Ils nous ont pris pour des gamins. Mais cette fois-ci, ils se rendent compte que le Congo est devenu Majeur (…). Le peuple a saisi que la politique est la sienne. Nous ne sommes que des exécutants fidèles, c’est pourquoi tout le monde au Congo doit se mettre ensemble avec le gouvernement du pays, afin que nous puissions atteindre nos objectifs. (Le peuple doit s’en sortir) avec leur propre argent sans compter sur l’argent des autres. (…). Avec cet argent là nous allons construire notre bonheur. [L’actuel Président a confirmé ce discours par son discours inaugural lorsqu’il a dit que Mzee KABILA est parti sans laisser une dette extérieure] »[93]. C’est dans cet élan du présent historique, temps d’initiative, que KABILA a promis de «créer un gouvernement populaire, un gouvernement du peuple, qui n’est pas capable de trahir les intérêts nationaux. Ce n’est pas possible : nous pouvons faire de petites erreurs, reconnaît-il, mais pas de trahison[94]. Chez nous, il n’y aura pas de dictature, promet-il la main sur le cœur. (…). La finalité, poursuit-il, c’est que le peuple gouverne sur son sol. Et pour que le peuple gouverne, il faut organiser ce peuple (…) pour qu’il assume seul ses responsabilités et pour que son destin soit affaire du peuple congolais (…). Organiser le peuple, suppose le mettre en mobilisation permanente et lui confier des pouvoirs (…). Dans notre cas, organiser le peuple, c’est le prédisposer à s’assumer »[95]. Ainsi naquit le C.P.P., signifiant pour KABILA, « le peuple prend donc son destin dans sa main. C’est le peuple organisé ». Avec le C.P.P., le présent historique fait de nous un être-en-commun, et le C.P.P., devient une instance de CRISE, crise étendue au sens de jugement et de décision. Voilà pourquoi KABILA nous présente des moyens pour forger notre Destinée voulue : « La volonté politique » transférée au C.P.P., compter sur « notre capacité intellectuelle » et avoir « le courage ». Nous voyons à travers les discours, le souci de KABILA, celui de NOUS RENDRE MAJEURS. Il veut donner à notre présent historique une FORCE INTEMPESTIVE, « hors saison d’exploitation » pour bien veiller sur nos propres intérêts. Il est vrai que tous les discours de KABILA proviennent de son groupe partageant la même vision du monde. Il est aussi vrai que les discours de KABILA sont une forme idéologique spécifique qui a voulu que KABILA soit plus aimé que ses ministres, car le peuple se reconnaissait plus en lui qu’en ses collaborateurs. Ainsi, à mon humble avis, le BILAN du Mandat de Kabila se résume en DU DESTIN SUBI A LA DESTINEE VOULUE.
De ce qui précède, je cesserais d’être philosophe, me conseille Raymond Aron, si je tombe dans le fanatisme des idéologues[96]. Qu’est-ce à dire ? Ce que Kabila a reconnu comme « petites erreurs » ont été amplifiées par certains de ses collaborateurs trop zélés qui se sont permis d’arrêter l’un ou l’autre à temps et à contre temps, de vouloir extorquer le diamant à un paisible citoyen, de traîner certains civils devant les tribunaux militaires, et j’en passe pour le pire. Il fallait parfois l’intervention personnelle de Mzee KABILA pour éviter certaines dérives.
2. RECOMMANDATIONS
Je recommande que les discours de Mzee L.D. Kabila soient rediffusés à des heures de pointe sur la R.T.N.C. pour qu’ils soient déposés, goutte par goutte, dans notre être profond afin de devenir le FERMENT DE NOTRE ELAN PATRIOTIQUE.
Je demande aussi que ces mêmes discours soient publiés pour la mémoire de nos générations futures.
Je propose à l’actuel Président de notre cher et beau pays de décourager un certain excès de zèle de ses collaborateurs risquant de ternir l’image de son règne.
Soyons tous, d’autres Kabila.
Conclusion
De tout ce qui précède, l’on aura compris que j’ai fait des discours de Kabila le thermomètre de son mandat se résumant en du destin subi a la destinée voulue.
QUAND DIRE |
C’EST FAIRE |
Affirmations des discours |
Confirmation des actes |
1. Cessez avec la civilisation de la cueillette 2. Dénonciation de l’Etat garde-chevaux, Etat-compradore avec sa culture et ses habitudes 3. Dénonciation de la Minorisation 4. Le choix est nôtre 5. Transformation de l’environnement économique, social, culturel avec notre argent 6. Créer un gouvernement populaire, etc. |
1. Civilisation de la productivité : Service National, Exaco, First Bank of Development… 2. Création de l’Etat défendant les intérêts nationaux. D’où l’Eveil, la consolidation de la conscience nationale, l’amour patriotique… 3. Effort de la Majorisation : Education politique de la masse, amorce de la reconstruction nationale, revalorisation de la production textile locale, responsabilisation de l’Université congolaise… 4. Retour de l’hymne national, du drapeau, du nom du pays, nouvelle devise (Démocratie-Justice-Paix), création de la monnaie congolaise, mise en place d’une économie sociale pour ne pas vivre pauvre dans un pays riche. 5. Refus de l’entendement extérieur à charge de l’Etat, création de nouvelles sociétés et Banques, création de cantines populaires, attention accordée aux artistes musiciens… 6. Création de C.P.P., etc. |
CONCLUSION GENERALE
Notre livre est composé de trois textes dont le thème est l’indépendance de la RDCongo.
Le premier texte est une réflexion qui s’est attelée à démontrer comment le savoir joue un rôle plus déterminant dans les relations humaines Occident-R.D.C. Nous avons fait voir comment l’Occident, dans le but de justifier sa domination et son exploitation de la R.D.C. dans les relations de violence, a été à la base de certaines sciences humaines lui permettant de connaître l’Afrique pour mieux la dompter. Le savoir qu’il avait et a de la R.D.C. est un instrument de pouvoir, de manipulation. Par ailleurs, nous avons démasqué l’idéologie qui explique le comportement de l’Occident depuis sa rencontre décidée et programmée à Berlin. C’est une question de vie ou de mort, car le vampire vit du sang de sa victime. Ainsi la Logique Occidentale est d’exploiter la R.D.C., de préserver ses intérêts. Pour ce faire, les centres de recherches seront financés pour améliorer les moyens de domestication de l’Afrique car le savoir (les différentes sciences humaines) est utilitaire ou indispensable. De cette étude ressort un constat amer : les relations humaines entre l’Occident et la R.D.C. sont celles du producteur et du consommateur, du maître et de l’esclave, du riche et du pauvre. Il y a inégalité dans les rapports de ces deux partenaires. Tout part de la nature et qualité de la première rencontre et de son facteur influant principal. Nous savons que la Conférence de Berlin a été rendue impérieuse par certains événements dont « a. les progrès scientifiques et techniques constitutifs de la seconde révolution industrielle (automatisation) ; b. la naissance et le progrès du capitalisme monopoliste ; et c. la conquête des marchés, de la main-d’œuvre et les matières premières »[97]. Voilà l’arrière-fond de la mission civilisatrice. De cette rencontre la R.D.C. en est sortie cataloguée, infantilisée et les séquelles sont visibles. L’Occident n’a pas sans doute oublié de poser certains actes comme la construction des hôpitaux, des routes, des écoles et de certaines industries. Pour quel motif ? Cela équivaut-il à ce qu’il a pris à la R.D.C. ? Notre but dialectique est de conduire l’intellectuel Africain à s’interroger sur une nouvelle possibilité d’être en relation avec l’Occident. De ce fait, les relations humaines seront appréhendées comme des champs humains et sociaux, lieux de rencontre, d’échange, et d’élaboration des projets. C’est à ce titre que l’on parlera du village planétaire. Cette façon de discourir n’est pas utopique, car même certains enfants de l’Occident dénoncent la logique Occidentale. Avec eux, nous pouvons faire tomber les murs de Jéricho.
Le deuxième texte est une « revisitation » de l’Hymne national par une lecture matérialiste est une occasion pour révéler le sens révolutionnaire du Debout Congolais. Afin d’inviter les Congolais à s’interroger sur leur agir qui doit aller dans le sens de la réalisation du projet de société exprimé dans et par le Debout Congolais et dont la politique de Cinq Chantiers se veut un moyen de réalisation. La première se voulait une initiation à la lecture matérialiste avec ses cinq canons. Pour analyser un texte, on doit partir du contexte. De ce fait, j’ai remis l’œuvre, à savoir le Texte de l’Hymne national, dans son Contexte social et historique, et ce en amont et en aval. En outre, j’ai considéré le texte ou l’œuvre littéraire, l’Hymne national, comme un élément de la superstructure. L’Hymne national est une œuvre d’une élite dont les auteurs singuliers forment le groupe des intellectuels organiques. Sachant que le Debout Congolais n’est pas tombé du ciel comme un fruit mûr de l’arbre, j’ai montré qu’il est une production résultant des conditions matérielles économico-sociales et d’une certaine conception du monde dont il en est une expression. Par ailleurs, convaincu que toute vision du monde est exprimée par l’écrivain qui reflète le groupe, j’ai insisté sur le fait que l’Hymne national est, en lui-même, une vision du monde partant d’une conscience réelle vers une conscience possible. Reconnaissant que la littérature est une forme idéologique spécifique, j’ai vu en Debout Congolais une forme idéologique spécifique par excellence. Arme idéologique, le Debout Congolais est utilisé dans un champ de bataille où jadis les coloniaux et les colonisés s’affrontaient et où aujourd’hui les nouveaux maîtres du monde, les émergents et les laissés pour compte s’affrontent. La deuxième partie était un effort de rattacher le présent au Debout Congolais et au passé récent afin de créer un présent futur qui n’est rien d’autre qu’un présent historique. Ce dernier est notre Destinée voulue. Pour y arriver, j’ai analysé l’Hymne national en interpelant les Congolais et en l’invitant à s’aligner sur la politique de Cinq chantiers afin de réaliser le projet de société de l’Hymne national. Pour bien éveiller la conscience nationale, j’ai fait appel aux discours de Lumumba, du président joseph Kabila et de Laurent-Désiré Kabila Mze. La troisième et dernière partie est une formulation des recommandations. Celles-ci invitent, entre autres, le Gouvernement congolais à traduire et à faire chanter aussi l’Hymne national en langues nationales, à imposer l’exécution de l’Hymne national avant et après les cours à l’école primaire et secondaire tant publique que privée, avant le travail dans des ministères, avant et après les séances des Assemblées provinciales et nationale et celle du Sénat, avant les informations à la radio et à la télévision tant publique que privée.
Le troisième texte portant sur les 50 ans d’indépendance de notre pays s’est proposé de contribuer à la reconstruction de la RDCONGO. Ce souci nous a contraint à faire, dans la première partie, une autopsie de notre pays, et ce à partir de l’hymne national Debout Congolais. Celui-ci nous a servi de thermomètre ou mieux d’instrument d’autopsie. Ainsi, nous avons pu diagnostiquer le mal dont souffre la RDCONGO. Il s’agit du Congolais lui-même. Sachant que la thérapie est possible, nous avons pensé à prescrire l’ordonnance, à savoir la création d’un laboratoire interdisciplinaire où viendront se ressourcer tous les conseillers de différents ministères de l’Etat congolais. Les ennemis de cette stratégie ne manqueront pas, mais la lutte est à engager, car il y va de la survie de notre être et de notre dignité.
Le quatrième et dernier texte a fait des discours de Kabila le thermomètre de son mandat se résumant en du destin subi a la destinée voulue.
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
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1982, p.466- 485.
Table des matières
Préface : Le cinquantenaire du Congo a la lumière de l’hymne national relu par le philosophe Louis
Mpala………………………………………….……………………..1
Introduction générale………………………………………..6
La surdétermination du savoir dans les relations humaines comme instrument du néocolonialisme : cas de l’occident et de la République Démocratique du Congo
Introduction……………………………………………….….10
Définition de l’appareil conceptuel……………….………11
Surdétermination……………………………………..…….11
Savoir…………………………………………………………13
Relations humaines………………………………………..13
Le savoir dans les relations humaines Occident-R.D.C. : de Berlin à la décolonisation politique………………… 14
Le savoir dans les relations humaines Occident-R.D.C. : de la décolonisation politique au néo-colonialisme et à la fin de la guerre froide…………………………………….. .19
Que faire ? Ou quel savoir stratégique pour l’Afrique ?............................................................................24
Conclusion …………………………………………………..29
A quand la destinée voulue ?
Lecture matérialiste de l’hymne national debout congolais
Introduction……………………………………………….…32
Initiation a la lecture matérialiste…………………….….33
Rattacher le présent au debout congolais et au passé récent pour créer un présent futur (présent historique=destinée voulue)… …………………………….34
Recommandations…………………………………………..54
Conclusion………………………………………………..…55
De l’autopsie de la RDCongo au plaidoyer pour une stratégie de laboratoire
Introduction……………………………………………….…59
De l’autopsie de la RDCONGO à partir du Debout Congolais……………………………………………………..59
Plaidoyer pour une stratégie de Laboratoire……………..67
Conclusion…………………………………… ……..……….71
Du destin subi à la destinée voulue :
approche matérialiste du mandat de L.-D. Kabila
Introduction…………………………………………………73
Libérer le présent du passé lointain et récent pour créer un présent futur (présent historique)………………….…74
Que dire du contexte au texte ?........................................76 Recommandations………………………………………….83
Conclusion……………………………………………………84
Conclusion générale………………………………………86
Bibliographie sommaire………………………………...…90
Table des matières…………………………………………..94
xx
[1] Ces journées scientifiques ont eu lieu du 1er au 3 juin 2000. Notre texte est publié dans 40 ans d’indépendance : mythes et réalités ? Tomme II ; questions sociales, Lubumbashi, P.U.L., 2004, p.309-327.
[2] C’est le vendredi 5 juin 2009 que ces Journées scientifiques ont eu lieu.
[3] Ces Journées scientifiques ont été organisées le 19 mars 2010.
[4]C’est du 1er au 3 mars 2001 qu’eurent lieu ces journées scientifiques.
[5] Sur la « logique occidentale » on peut lire avec intérêt notre Lecture matérialiste de la philosophie Bantoue de P.Tempels… Lubumbashi, Ed. MPALA, 2000.
[6] ESCHYLE, Théâtre complet, Paris, 1964, p. 123.
[7] L. ALTHUSSER, Pour Marx, Paris, 1986, p. 206-224.
[8] MAO TSETOUNG, Cinq essais philosophiques, Pékin, 1976, p. 151-251.
[9] F. MARMOR, Le petit rouge de Maô Tsé-Toung. Analyse critique, Paris, 1977, p. 54.
[10] L. ALTHUSSER, o.c., p. 211-212.
[11] Loin de nous de faire croire que la première rencontre d’avec l’Occident date de la conférence de Berlin. Celle-ci inaugure seulement une nouvelle ère.
[12] 6. A. SCHWARZ, Les faux prophètes de l’Afrique ou l’Africanisme, Laval, 1980, p. 11-12.
[13] Ibidem, p. 13.
[14] Discours du Roi Baudouin, Souverain des Belges. Le 30 juin 1960, dans Congo-Meuse 2 et 3 (1998/1999), p. 317-319.
[15] J. ROUSSEL, Leçon de déontologie coloniale, Louvain, s.d., p. 120-121.
[16] A. SCHWARZ, o.c., p. 15.
[17] Ibidem, p. 13.
[18] NGWEY NGONDA, Science, extraversion économique et marginalisation culturelle en Afrique, dans COLLECTIF, pourquoi la Science ? Impact et limite
de la recherche, Seyssel, 1997, p. 16.
[19] Discours du Roi Baudouin…, o.c., p. 320.
[20] NGWEY NGONDA, o.c., p. 117.
[21] Ibidem, p. 117.
[22] P. MANDY, Transfert de la technologie et efficacité de la coopération, Louvain, 1980,
p. 68.
[23] LOKADI et LONGADJO, Transfert de technologie et développement de l’Afrique, dans NORAF 3 (1986), p. 553.
[24] H. MARCUSE, L’homme unidimensionnel, Paris, 1968, p. 125.
[25] C.F.M. SCHOOYANS, Droits de l’homme et technocratie, Tours, 1982, p. 60.
[26] F. NIETZSCHE, Schopenhauer come educatore, Roma, 1982, p. 35.
[27] A. SCHWARZ, o.c., p. 48.
[28] Ibidem, p. 52.
[29] M. GANDHI, La non violence, s .l., 1973, p. 149.
[30] ELUNGU PENE ELUNGU, Philosophie et sous-développement par-delà le mythe et Idéologie, dans Philosophie africaine et développement, Kinshasa, 1984, p. 6.
[31] M. SCHOOYANS, o.c., p. 64-65.
[32] R. CHAPPUS, La psychologie des relations, Paris, 1989, p. 39.
[33] SCHOOYANS, o.c., p. 59.
[35] Dans ce texte, nous maintenons la première personne du singulier sous laquelle le texte a été exposé.
[36] - On peut lire avec intérêt le livre de G. GENGEMBE, Les grands courants de la critique littéraire. Paris, Seuil, 1996. Cf. L.MPALA MBABULA, Lecture matérialiste de la philosophie bantoue de P. TEMPELS face aux mutations socio-politiques en RDC.,,Lubumbashi, Ed. MPALA, 2000.
[37] A dire vrai, notre Hymne a comme auteur un Sujet Collectif qui se reconnaît dans le NOUS ; cependant, quand le VOUS apparaît dans le texte, il y a un retour aux auteurs singuliers ou individuels.
[38] - O. DUCROT , Dire et ne pas dire. Paris, 1972, p.75.
[39] - G. NDUMBA Y’OOLE, Critique de la raison pragmatique comme indice de la rationalité éclatée, dans Philosophie africaine : rationalité et rationalités, Kinshasa, 1996, p. 177.
[40] - F. EBOUSSI B., cité par C. KABONGO, Recension de Manipulations et discours politiques… de Mufuta et Kongolo, dans Raison Ardente 55 (1999), p. 136.
[41] Discours de Patrice LUMUMBA, Premier ministre et ministre de la défense nationale de la République du Congo [en ligne] http://www.mlc-france.org/article.php3?id_article=129 (page consultée le 1juin 2009).
[42] Ib.
[43] Loin de moi de remettre en question l’intégrité du R.P. BOKa. M’inscrivant dans la lignée des philosophes de soupçon dont Karl Marx, il m’est permis de m’interroger sur le pourquoi le R.P. BOKA a-t-il accepté d’écrire un autre hymne national. Es-ce sous contrainte ? A-t-il reçu un « don » de la part du feu Président Mobutu ? En annexe sera mis le texte de La Zaïroise afin de faire voir, selon moi, que le feu Président Laurent-Désiré KABILA Mze avait raison de nous faire revenir au Debout Congolais. Comparez les deux textes. Pour ma part, et c’est ma position, La Zaïroise proclame, sur plus d’un point, ce que nous n’étions et ne sommes pas.
[44] J’ai revisité le Debout Congolais pour ne pas lui donner raison. Cela est une moquerie et une sous-estimation d’un peuple qu’on considérait comme mineur et donc primitif.
[45] Dans mon texte Congo avec majuscule est le nom de notre pays et congo avec minuscule signifie bruit.
[46] Discours du Président Kabila à la nation à l’occasion du 48ème anniversaire de l’Indépendance de la République Démocratique du condo [en ligne] http://www.cinqchantiers-rdc.com/pdf/DISCOURS_kab.pdf (page consultée le 15 mai 2009).
[47] Discours de Patrice LUMUMBA, Premier ministre et ministre de la défense nationale de la République du Congo [en ligne] http://www.mlc-france.org/article.php3?id_article=129 (page consultée le 1juin 2009).
[48] Discours du Président Kabila à la nation à l’occasion du 48ème anniversaire de l’Indépendance de la République Démocratique du condo [en ligne] http://www.cinqchantiers-rdc.com/pdf/DISCOURS_kab.pdf (page consultée le 15 mai 2009).
[49] La vigilance est de mise pour que cette politique ne soit pas un vœu pieux comme cela fut le cas avec l’OBJECTIF 80 du feu Président Mobutu.
[50] - E. KANT, Réponse à la question : qu’est-ce « Les lumières » ?, dans La philosophie de l’histoire (opuscules), Paris, 1947, p. 3.
[51] - L.-D. KABILA, Discours dans Le Palmarès 1439 (23/01/1999) , p.4.
[52] - P.RICOEUR, Temps et récit. T. 3. Le temps raconté, Paris, 1985, p. 380.
[53] - Ib., p. 414.
[54] Cf. Discours de Patrice LUMUMBA, Premier ministre et ministre de la défense nationale de la République du Congo [en ligne] http://www.mlc-france.org/article.php3?id_article=129 (page consultée le 1juin 2009).
[55] Ib.
[56] Ib.
[57] Cf. Ib.
[58] La vigilance est de mise pour que cette politique ne soit pas un vœu pieux comme cela fut le cas avec l’OBJECTIF 80 du feu Président Mobutu.
[59] - E. KANT, Réponse à la question : qu’est-ce « Les lumières » ?, dans La philosophie de l’histoire (opuscules), Paris, 1947, p. 3.
[60] - L.-D. KABILA, Discours dans Le Palmarès 1439 (23/01/1999) , p.4.
[61] - P.RICOEUR, Temps et récit. T. 3. Le temps raconté, Paris, 1985, p. 380.
[62] - Ib., p. 414.
[63] Ib., p. 79.
[64] Ib., p. 79.
[65] NIAMKEY Koffi, Qui sont les philosophes africains ? Statut théorique de la question, dans Dix an d’activité philosophique en Afrique et au Zaïres . Actes du colloque sur la philosophie africaine tenu à Lubumbashi du 11 au 15 janvier 1982, Université de Lubumbashi, Lubumbashi, 1982, p.485.
[66] Je devrais parler dans la première partie de la lecture matérialiste. Comme elle est déjà exposée dans un des textes précédents, je ne la reprends plus.
[67] - O. DUCROT , Dire et ne pas dire. Paris, 1972, p.75.
[68] - G. NDUMBA Y’OOLE, Discours politique et pouvoir en Afrique, dans Pensée Agissante 5/6 (1997), p.45.
[69] - Cf. AUSTIN, J.-L, Quand dire, c’est faire., Paris, Seuil , 1970.
[70] - G. NDUMBA Y’OOLE, Critique de la raison pragmatique comme indice de la rationalité éclatée, dans Philosophie africaine : rationalité et rationalités, Kinshasa, 1996, p. 177.
[71] - F. EBOUSSI B., cité par C. KABONGO, Recension de Manipulations et discours politiques… de Mufuta et Kongolo, dans Raison Ardente 55 (1999), p. 136.
[72] - G. NDUMBA Y’OOLE, Critique de la raison pragmatique, p. 178.
[73] - P. RICOEUR, Temps et récit. T.III, Paris, 1985, p. 419.
[74] Celui de ne pas trahir le Congo.
[75] - Ib., p. 419.
[76] - F. LATRAVERSE, cité par G. NDUMBA, Critique de la raison pragmatique, p. 175.
[77] - Cf. P. RICOEUR, o.c., p. 376.
* C’est moi qui souligne les mots se trouvant en italiques dans les discours de KABILA.
[78] - L.D. KABILA, Discours, dans Le Palmarès 1343 (28/9/1998), p. et 6.
[79] Lettre citée par G. MUKENDI et B. KASONGA, Kabila le retour du Congo, cité par D. BIKOKO, Recension du KABILA le retour du Congo de Mukendi et Kasonga , dans Raison Ardente 50 (1997), p. 131.
[80] - L.D. KABILA, Discours, dans Le Palmarès 1438 (22/01/1999), p. 2.
[81] - Cf. l. ALTHUSSER, Idéologie et appareils de l’Etat, dans Positions, Paris, Ed. Sociales, 1976, p.67-125.
[82] - E. KANT, Réponse à la question : qu’est-ce « Les lumières » ?, dans La philosophie de l’histoire (opuscules), Paris, 1947, p. 3.
[83] - L.D. KABILA, Discours, dans Le Palmarès 1343 (28/09/1998), p. 2.
[84] ID., Discours, dans Le Palmarès 1438 (22/01/1999), p. 2.
[85] - Cf. MUFUTA KABEMBA et ILUNGA KONGOLO, Manipulations et discours politiques. Pratiques Politiques, pratiques discursives au Congo-Zaïre, cité par C. KABONGO, o.c. dans Raison Ardente 55 (1999) , p. 136.
[86] - M. HARNECKER, Les concepts élémentaires du matérialisme historique, Paris-Bruxelles, 1992, p. 83.
[87] - L.D. KABILA, dans Le Palmarès 1439 (23/01/1999), p. 4.
[88] - Ib.
[89] - L. ALTHUSSER, o.c, p. 111 et ID., Sur la philosophie, Paris, Gallimard, 1994.
[90] - RICOEUR, o.c. p. 380.
[91] - Ib., p. 414.
[92] - Ib., p. 415.
[93] - L.D. KABILA, Discours, dans Le Palmarès 1343 (28/09/1998), p. 2.
[94] Cfr Le serment de Kabila.
[95] - ID., Discours, dans Le Palmarès 1438 (22/01/1999), p.2.
[96] - Cf. R. ARON, Dimensions de la conscience historique, Paris, 1961, p. 366.