sam 20 fév 2010
L'implication de la société civile dans le processus de réforme de la police en RDCONGO/ par Dr TSHINYAMA Kadima Ildephonse (PhD) et Ass. JOE SANDUKU, Université de Lubumbashi
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Une autre question que soulève cette implication, s’agissant plus particulièrement du contrôle, c’est la forme que pourrait revêtir ledit contrôle. Pour certains, l’implication l’est en termes d’un contrôle externe. Pour d’autres, il s’agit plutôt d’une implication interne au processus de la réforme. C’est-à-dire, participer en tant qu’acteur ou artisan contribuant à l’avancement et à l’édification de l’architecture sécuritaire aux côtés d’autres acteurs.
Il faut dire qu’un problème que pose une participation externe, c’est de conférer à la Société Civile en tant qu’appendice de la population un simple rôle réactif, celui de critiquer, ou pour mieux dire, celui d’attendre que le mal soit commis pour enfin constater les dégâts et pouvoir en dénoncer les préjudices après. Alors que dans une participation interne, le risque c’est que l’on ampute au processus de réforme, un agent naturel de contrôle démocratique qu’est la Société Civile. On fait d’elle la complice en l’associant à des structures ou institutions à réformer. Dans ces conditions, il y a lieu de voir les services réformés évoluer sans aucune surveillance populaire. Et en l’occurrence, sans qu’aucune action de monitoring et d’évaluation ne soit initiée, sans qu’aucune dénonciation ne soit faite en cas des dérapages. On assisterait alors à une réforme se présentant comme un véhicule sans véritable contrôleur et sans signal d’alarme en cas de danger.
Ceci dit, la RD Congo a entamé une réforme générale de son secteur sécuritaire. Il est temps que l’on jette un regard rétrospectif sur ce qu’ont été les péripéties de l’implication de la Société Civile de la RDCongo dans le processus de ladite réforme. A titre illustratif, on se limitera à un secteur particulier de l’appareil sécuritaire congolais, la police nationale congolaise, elle qui semble avoir bénéficié d’une très importante implication de la Société Civile ce au regard des séminaires ateliers organisés à ce sujet à travers le pays et en termes du volume de travail y consacré.
L’IMPLICATION DE
Par TSHINYAMA Kadima Ildephonse et JOE SANDUKU
TSHINYAMA Kadima Ildephonse, Docteur en Criminologie, il est enseignant et chargé de recherche à l’Ecole de Criminologie de l’Université de Lubumbashi. Expert en sociologie policière, dans les études qu’il mène, il tente de comprendre les pratiques policières en contexte congolais. La thèse qu’il défendue en novembre 2009 porte le titre : « L’observation ethnographique d’un commissariat à Lubumbashi. Une compréhension des pratiques policières en contexte congolais ».
Tél. 00243 81 27 33 753
E-mail : ildetshinyama@hotmail.com
Joe SANDUKU est Assistant de recherche attaché au CEFOCRIM (Centre de Formation en Criminologie et droits humains) de l’Ecole de Criminologie de l’Université de Lubumbashi, Point Focal National du Réseau congolais pour
Tél. 00243 81 03 47 742
E-mail : jossand2002@gmail.com
Introduction générale
Il est certes vital qu’un Etat se dote d’un appareil sécuritaire efficace afin d’assurer la sécurité de ses citoyens et de ses frontières. Mais il est tout aussi important que ledit Etat atteigne l’objectif ultime auquel doit aspirer tout Etat qui se veut moderne, celui d’être un Etat de droit. Il transparaît donc que la gestion de la sécurité doit se conjuguer avec le respect des normes universelles des droits humains et de bonne gouvernance. D’où le rôle combien délicat de contrôle que doit jouer
Et on le sait, dans une perspective démocratique, l’une des exigences des réformes des institutions publiques notamment la réforme des services de sécurité, par exemple, demeure l’implication de la population dans ledit processus. Et autant de concepts traduisent cette participation. On parle notamment de l’appropriation, du contrôle démocratique, de la redevabilité, de la bonne gouvernance dans la sécurité, de la transparence…
Si tout ceci réfère à l’idée de voir la population prendre une part active au processus de réforme, il n’en demeure pas moins vrai que le rôle à jouer et la place réelle que cette dernière doit occuper afin de faire correspondre la réforme à ses objectifs et/ou besoins sécuritaires réels reste moins une garantie acquise d’emblée.
Une autre question que soulève cette implication, s’agissant plus particulièrement du contrôle, c’est la forme que pourrait revêtir ledit contrôle. Pour certains, l’implication l’est en termes d’un contrôle externe. Pour d’autres, il s’agit plutôt d’une implication interne au processus de la réforme. C’est-à-dire, participer en tant qu’acteur ou artisan contribuant à l’avancement et à l’édification de l’architecture sécuritaire aux côtés d’autres acteurs.
Il faut dire qu’un problème que pose une participation externe, c’est de conférer à
Ceci dit,
Outre cette brève introduction, la présente monographie s’articule ainsi autour de deux chapitres à savoir :
I. Le processus de réforme de l’appareil policier en RDCongo
Sont traités sous ce point les aspects ci-après :
- Des enjeux de l’institution policière en RDCongo (section I) ;
- Le contexte général de l’émergence de la réforme des services de sécurité en RDCongo (section II) ;
- La doctrine de la réforme de la police nationale congolaise (section III) ;
- Les phases de la réforme de la police nationale congolaise (section IV) ;
- Les grandes étapes du processus de réforme (section V) ;
- Des acteurs de la réforme de la police (section VI).
II. La société civile de
- L’aperçu général de
- De l’implication et de la contribution de
Enfin, une conclusion générale boucle cette monographie.
Chapitre premier : Le processus de réforme de l’appareil policier en RDCongo
Avant de circonscrire le contexte actuel de l’émergence de la réforme des services de sécurité en RDCongo, la doctrine de la réforme, les différentes étapes du processus de réforme et les acteurs impliqués, faisons un tour d’horizon des enjeux de l’institution policière en RDCongo comme point d’ancrage d’une compréhension générale de ce qu’ont été les visages de l’appareil policier que l’on se propose de réformer à nos jours.
Section I. Des enjeux de l’institution policière en RDC
Nous commençons par un tour d’horizon sur les enjeux de l’institution policière en RDCongo. Ensuite, nous reprenons la doctrine de la réforme de la police et les différentes étapes du processus de réforme avant d’identifier les acteurs de la réforme.
Partons du constat que fait Marc-Antoine Pérouse De Monclos (2008, 11) de la police en tant qu’objet d’étude. L’auteur remarque sans équivoque que la police demeure fort peu prisée des chercheurs. Et si, poursuit l’auteur, la police occidentale a ses spécialistes, celle du sud ne retient guère l’attention des sciences sociales. Ouvrons cette parenthèse en affirmant que ce constat fait par l’auteur est d’autant vrai pour
Ceci dit, dans les lignes qui suivent, nous commençons par dégager ce qui paraît représenter, à chaque époque de l’évolution de
§.1. Les enjeux coloniaux de l’institution policière en RDCongo
Deux faits marquent l’évolution des missions policières : Léopold II crée par le décret du 5 Août 1888
Et comme pour se démarquer de la forme léopoldienne, par décret du 22 mars 1927, le pouvoir colonial belge introduit la distinction entre les missions purement militaires et celles purement policières. Sont alors institués deux corps au sein de l’armée : les troupes campées et les troupes en service territorial. Les premières s’occupent des missions militaires tandis que le deuxième corps veille à l’ordre intérieur et donc, assure les missions policières. Et le même décret institue des corps de police municipale dans les grands centres.
A en croire Loubet Del Bayle, l’idéologie qui fonde jusque là la fonction policière est celui d’ordre public et non celle de la sécurité. Mais si au départ, les préoccupations sont celles du pouvoir, il faut constater que l’on évolue déjà vers une police plurielle, celle qui concilie centralisation et décentralisation notamment avec la création des polices municipale qui, on le sait, sont à ancrage local. Cette tendance à la décentralisation se confirme par ordonnance n°21/432 du 10 décembre 1948 qui crée les polices territoriales mises au service des provinces et qui ne seront effectives qu’en 1950.
Et quand naît la gendarmerie en 1959, par ordonnance législative n° n°081/188 et appelée à assurer l’ordre public sur l’ensemble du pays, il faut y lire les préoccupations purement d’ordre public ce après les émeutes du 04 janvier 1959, une révolte populaire face à laquelle les polices territoriales démontrent leurs limites en matière de maintien d’ordre. Un signe que le pouvoir colonial revient à renforcer encore davantage des préoccupations de pouvoir. Mais la tendance à la décentralisation demeure, car, sont maintenues à côté de cette force militaro-policière centralisée qu’est la gendarmerie, les polices territoriales qui elles continuent à évoluer sous dépendance directe des autorités politico-administratives locales ou mieux provinciales. Et la fin de la colonisation intervient en juin 1960 sur fond d’une police plurielle, celle qui concilie à la fois les intérêts de pouvoir et de sécurité. Commence alors la période post coloniale.
§.2. L’institution policière post coloniale et ses enjeux
A l’indépendance, le Congo hérite d’un système sécuritaire colonial qui comprend, entre autres, l’armée ou la force publique et qui s’appelle désormais l’ANC (Armée Nationale Congolaise), la gendarmerie que l’on continue à nommer comme telle et les polices territoriales qui deviennent polices provinciales. Et si l’armée et la gendarmerie relèvent des autorités centrales, comme à l’époque coloniale, les polices provinciales échappent au pouvoir central et relèvent des autorités politico-administratives provinciales ou locales. Ceci, sans compter avec les tendances de certaines provinces à l’autonomisation qui va vite changer la donne de la gestion policière. En effet, lorsque les deux provinces, le Katanga d’abord et le Sud Kasaï par la suite, annoncent leur indépendance ou sécession en juillet et août 1960, ces pouvoirs provinciaux vont s’appuyer sur les polices provinciales qu’ils vont surarmer afin de confirmer leur autonomie face au pouvoir central. Ce qui contribue à donner une allure militaire à ces polices provinciales concernées. Et en 1964, lorsque se négocie la nouvelle constitution à Luluabourg, l’idée est au renforcement du pouvoir central et de son contrôle sur les provinces par l’institution d’une force de police du gouvernement. Et le décret-loi du 13 octobre 1964 institue cette nouvelle institution policière à l’idée d’une force qui renforcerait la gendarmerie pour venir à bout des polices provinciales qui tenteraient, comme en 1960, à se compromettre en glissant vers des forces sécessionnistes. On le voit, avec cette nouvelle institution policière, le couple centralité-décentralité reste de mise, mais le penchant vers la centralité est fort pour davantage renforcer le pouvoir du gouvernement central en province. Il est donc maintenu aux côtés de l’armée et de la gendarmerie, deux forces de police, l’une centralisée et l’autre à ancrage local. Après le coup d’état par Mobutu en 1965, la tendance à la centralisation policière se renforce davantage. Pour consolider son pouvoir, Mobutu procède à une restructuration profonde des forces de police. Pour ce faire, l’Ordonnance-loi n°66-423 du 20 juillet 1966 consacre la fusion des forces de police en une unique force, la police nationale. Désormais, l’ère est donc à la centralisation totale de l’institution policière. Et c’est la période qui signe la fin des polices locales en RDC. On garde en présence trois forces fortement centralisées soit l’armée, la gendarmerie et la police nationale. Par la suite, pour se prémunir des menaces rebelles qui pèsent encore sur lui, le nouveau pouvoir va encore fusionner la gendarmerie et la police nationale. A la place, il sera institué en 1972, par Ordonnance-loi n°72/031 du 31 juillet 1972, la gendarmerie nationale. Et l’Ordonnance-loi n°72/033 sera l’acte qui dissout la police nationale. Comme on peut le constater, on quitte le schéma d’une police plurielle, celle, avons-nous soutenu, qui conciliait ordre public et sécurité. Et comme aux débuts de la colonisation, on revient à une logique militaire, à l’idéologie d’ordre et qui du reste est révélatrice des fortes préoccupations de pouvoir. La gendarmerie nationale, c’est donc une force militarisée, fortement centralisée et appelée à assurer seule les fonctions policières sur l’ensemble du territoire. Et pour attester de son visage militaire, alors que les forces de police précédentes relevaient du ministère de l’Intérieur, la gendarmerie nationale dépend elle du ministère de
Après ce tour d’horizon des enjeux de l’appareil policier, comment circonscrire le contexte actuel de l’émergence de la réforme des services de sécurité en RDCongo ?
Section II. Le contexte général de l’émergence de la réforme des services de sécurité en RDCongo
Le gouvernement congolais a entamé la réforme du secteur de sécurité en général et celle de la police en particulier sur base des recommandations issues des négociations du dialogue inter-congolais tenu en RSA. Ledit dialogue a débouché sur « l’Accord Global et Inclusif », dès lors considéré comme véritable nouveau pacte social national.
C’est ainsi que, depuis novembre 2005, le gouvernement congolais, assisté des partenaires bi et multilatéraux, a initié la réforme du secteur sécuritaire notamment, celui de la police. Précisons qu’au niveau institutionnel, dans ce processus de réforme, les partenaires du gouvernement ont été essentiellement
Et en 2005, au moment où cette initiative est lancée, la sécurité relève encore du domaine exclusivement réservé à l’exécutif et directement sous contrôle personnel du Président de la république. Et donc, une chasse gardée bref un sujet tabou.
On comprend dès lors, la résistance des acteurs sécuritaires à accepter promptement que d’autres acteurs, notamment ceux de
La réforme, selon quelle doctrine ?
Section III. La doctrine de la réforme de la police nationale congolaise
Pour
A ce sujet, Janine Rauch,[1] voulant caractérisait ces deux types de police, en propose les caractéristiques ci-après :
a) Police force
• Organisation très hiérarchisée ;
• Commandement + contrôle centralisés de style militaire, peu de pratique d’appréciation discrétionnaire ;
• Usage non proportionné de la force ;
• Peu ou sans application du respect de l’état de droit ;
• Contrôle politique et/ou influence politique très rigide ;
• Confiance à la connaissance traditionnelle.
b) Police service
• Organisations ‘plates’, avec plus d’égalité ;
• Nouvelle méthode de gestion du public, y compris la décentralisation dans la prise de décision ;
• Usage proportionnée de la force ;
• Interprétation discrétionnaire, subtile du respect de la loi ;
• ‘Indépendance professionnelle’.
Et donc, selon
Cette nouvelle doctrine introduisait les notions de redevabilité, de responsabilité, de transparence et de bonne gouvernance dans le chef de la police.
Comme on le voit, si cette nouvelle doctrine traduisait une co-paternité incontestable du processus de la réforme par
Section IV. Les phases de la réforme de la police nationale congolaise
Le Gouvernement congolais a commencé la réforme de la police en l’articulant en trois phases :
1°) La phase de la conception où des experts réunis au secrétariat exécutif du Comité de Suivi de
2°) La deuxième phase est celle de la mise en œuvre du plan de la réforme .C’est la période d’exécution des différents projets conçus par le secrétariat exécutif du CSRP. Cette phase est confiée à la police elle-même qui devra exécuter le plan qui lui sera confié ;
3°) La troisième phase est la phase d’évaluation du processus de la réforme pour déterminer le niveau d’atteinte des objectifs et de possibles corrections à y apporter.
Et entre la conception par le secrétariat exécutif du CSRP et la mise en œuvre par la police sous la conduite de son Inspecteur Général, il y a été inséré une étape transitoire que l’on a dénommée : phase d’appropriation. C’est une étape de remise et reprise entre les concepteurs et les exécutants du projet conçu. Et le groupe de remise et reprise pour l’appropriation du projet conçu par le secrétariat exécutif du CSRP s’appelle le groupe AMO (Appropriation et Mise en Œuvre) et c’est lui qui aura la tâche de comprendre le projet conçu avant de le mettre en exécution sous l’autorité de l’Inspecteur Général de
En outre, il faut préciser que le projet de conception exécuté au CSRP est reparti en neuf groupes de travail portant sur des secteurs suivants :
-cadre légal et réglementaire
- ressources humaines
- formation
- budget et finances
- logistique et infrastructures
- informations et communication
- organisation
- genre, violences sexuelles et protection de l’enfant
- suivi et évaluation
A chacun de ces groupes de travail correspond une direction administrative fonctionnant dans la police existante. Comme déjà dit, c’est du travail de la conception qu’est sorti le Plan Global de la réforme de la police nationale congolaise.
Ce plan comprend 19 petits projets issus des neufs groupes de travail précités. Et ces petits projets ont été classés en :
-plan d’action prioritaire de la réforme de la police ou plan triennal ;
-cadre stratégique à long terme
Quelles sont alors les différentes étapes de réalisation du processus de réforme ?
Section V. Les grandes étapes du processus de réforme
En effet, en 2005, le ministre de l’Intérieur a initié le processus de la réforme de la police nationale congolaise. Cette réforme va passer par les étapes ci-après :
1°) Faire l’état des lieux de la police nationale congolaise afin d’identifier toutes les faiblesses, les insuffisances et les maux qui rongent
2°) Faire des recommandations par rapport à la réforme en vue de créer une nouvelle police. A ce sujet, certains changements ont été préconisés pour une police républicaine au regard des recommandations du dialogue inter congolais de Sun city ;
3°) Produire un avant projet de loi organique sur la police afin de doter la police d’un nouveau cadre juridique qui lui permette d’agir en toute légalité ;
4°) Mettre sur pied un comité de suivi de la réforme pour concevoir un plan de travail pour amorcer la réforme ;
5°) Faire exécuter le plan de la réforme sur le terrain par la police elle-même ;
6°) Evaluer les résultats de la réforme.
A ce jour, le secrétariat exécutif du CSRP a réussi à produire le plan global pour la réforme de la police.
Ce plan est réparti en deux temps :
1°) le plan d’actions prioritaire à exécuter en trois ans ou plan triennal ;
2°) le plan d’actions à long terme qui va s’étaler sur dix ans ou cadre stratégique à long terme.
Section VI. Des acteurs de la réforme de la police
Au moment où le ministre de l’Intérieur de l’époque, Monsieur Théophile Bemba, lançait la réforme de la police en 2005 ce selon les recommandations du dialogue inter congolais, personne ne se représentait les défis auxquels le gouvernement devait être confronté.
Les premières actions qui tendaient à la mise sur pied d’un comité de réflexion connu sous la dénomination de GMRRR (Groupe Mixte pour
Et pour élaborer ce plan de la réforme, la première question qui se posait était celle de l’identification des experts. On sait, par exemple, que s’agissant de
Les véritables experts ou policiers professionnels faisant défaut au pays, l’on fit appel aux experts étrangers, issus principalement des partenaires bilatéraux et multilatéraux dont
Le travail confiait auxdits experts consistait à faire un état des lieux de la police, formuler des recommandations quant à la nouvelle police et préparer un avant projet de loi sur la police. On le sent, les défis à relever étaient énormes.
Et l’autre question qui se posait, c’étaient les moyens à mettre à la disposition de ces experts afin de leur permettre de réaliser les objectifs leur assignés. Il faut dire à ce niveau que les moyens étaient fort réduits. Il était donc compréhensible que le gouvernement ait pensé à un projet minimum. Le tout dans un contexte de reprise des guerres à l’Est du pays.
Il fallait que des bailleurs des fonds viennent à la rescousse du gouvernement. L’on fit appel à l’union Européenne pour le lancement du CSRP, à la coopération britannique pour l’appui à
La commission Européenne, principal bailleur des fonds a appuyé financièrement et techniquement le GMRRR et le CSRP. Pour sa part, l’Angola a offert plusieurs programmes de formation à la police congolaise. On peut retenir les formations des formateurs, la formation de la brigade anti-crime, de contrôle et de gestion des foules.
L’agence de coopération britannique Dfid quant à elle a soutenu, à travers Idasa, une ONG sud africaine, le renforcement et la participation de
L’agence de coopération suédoise, Sida, a elle financé, à travers Idasa, les échanges d’expériences dans la réforme de la police avec les acteurs et chercheurs d’autres pays. Et l’Afrique du sud a fourni des formations dans le renseignement et le contrôle des foules, la prolifération des armes à feu, la protection des VIP et le commandement opérationnel.[2]
Tandis que le JICA, agence de coopération japonaise, a intervenu dans la démocratisation de
Enfin, la Belgique[3] et
La réforme de la police nationale congolaise ainsi envisagée devait s’intégrer dans le processus global de réforme des services de sécurité et/publics notamment l’armée, la justice, la fonction publique, les finances publiques, les services du ministère du plan…
Et donc, les différents ministères auxquels relèvent tous ces services publics sont d’office membres du comité de pilotage du CSRP, une instance politique décisionnelle où siègent aussi quelques représentants de
Au regard de cette configuration, il faut avouer que les chercheurs et les secteurs privés constituent de grands absents du processus.
Il se dégage de ce qui précède que les acteurs de la réforme de la police nationale congolaise peuvent être catégorisés en quatre groupes :
1°) Les différents ministères représentant les différents secteurs du gouvernement ;
2°) Les experts policiers nationaux représentant
3°) Les experts policiers et gendarmes étrangers représentant les partenaires techniques et financiers internationaux ;
4°) Les délégués experts de
Il faut noter que chacun de ces acteurs a travaillé en essayant de faire prévaloir sa vision et sa conception de la réforme. Et le plan d’action global de la réforme qui a été produit est la synthèse de toutes les contributions des parties prenantes ou les visions des uns viennent soit bousculer soit rencontrer celles des autres dans un jeu des coalitions et contradictions d’intérêts.
Une question s’impose pourtant, dans cette multitude des partenaires, quelle a été la place, le rôle et la contribution réelle de la société civile de
La réponse à cette question constitue l’essentiel du second chapitre.
A SUIVRE
[1] Schémas proposé par Janine Rauch : Éléments communs à la réforme de la police
[2] International Crisis Group. 2006. ‘Security Sector Reform in the
[3] 101 See EU@UN. 2005. “Council establishes mission” [en ligne] http://europa-eu-un.org/articles/en/article_4654_en.htm (page consultée le 5/3/2006).