1° Monod se veut philosophe et ainsi nous ne l’accusons pas d’avoir une philosophie spontanée comme le fait Althusser. Le sous-titre l’indique bien.

2° Monod exploite idéologiquement la science biologique au profit de son idéologie pratique, à savoir l’Ethique de la connaissance qu’il veut justifier par le postulat de l’objectivité.

3° Monod lutte pour la domination de sa philosophie sur le vitalisme et l’Animisme. Il veut se sacrifier, à toutes les critiques, pour son souverain bien, la science.

4° Par sa philosophie mécaniste, il tombe dans la confusion des genres : il étend sans aucune justification les lois biologiques à l’existence des hommes. Il compare l’évolution des idées, car il y a une sélection des idées selon lui, à celle de la biosphère. Il le fait par ANALOGIE. Il applique son modèle biologique, comparable à celui de la mécanique, à la noosphère ou au Royaume des idées, ou mieux à la société humaine. Voilà le rôle prêté à son modèle (où l’ADN dans l’organisme joue le même rôle que le moteur dans une voiture)[1].

5° Sa philosophie est aussi spiritualiste quand il proclame, dans sa Leçon inaugurale, que le langage a créé l’homme et quand il dit dans Le hasard et la nécessité que « le langage articulé… n’a pas seulement permis l’évolution de la culture, mais a contribué de façon décisive à l’évolution physique (souligné par l’auteur) de l’homme »[2].

6° La tendance philosophique de Monod est idéo-spirito-matérialiste camouflant un athéisme débouchant sur une philosophie de l’histoire où la science, non seulement est le souverain bien, mais aussi et surtout le moteur de l’histoire.



[1] A propos de ce 4ème  point, on peut lire avec intérêt Jürgen habermas,Après Marx, pour qui « l’application de ce modèle biologique à l’évolution sociale pose trois problèmes  essentiellement :

-quel est l’équivalent  social des phénomènes de mutation ?

- quel est l’équivalent social de la capacité de survie d’une population biologique ?

-quel est enfin l’équivalent de la hiérarchie des différentes espèces dans l’évolution ? »

Ces questions font voir, encore une fois, l’absurdité de l’analogie entre le biologique et le social chez Monod. L’analogie comme méthode, n’est pas mauvaise, mais elle exige certains amendements quand il s’agit d’un modèle propre à un contexte vers un autre.

[2] Ib., p.174.

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