ven 9 dec 2016
Pour une meilleure REVISITATION de Karl MARX
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De ce qui précède, vous comprendrez pourquoi il faut Un nouveau programme et non mon Programme de Gotha. L’intelligentsia moderne, attaqua-t-il, correspond à ce que mon petit fils italien Antonio Gramsci appelait intellectuels organiques. Tous sont au service du système et non indépendants. Ils ne peuvent plus indiquer le Sens, la Direction, le Moteur et les Acteurs de l’Histoire. Qui en profite ? Le système qui les finance. Encore une fois, l’infrastructure détermine la superstructure. Mais ça dépend ! Cette expression nous l’avions utilisée car selon les circonstances on peut vivre l’inverse ; c’est là a eu lieu avec l’Etat de Providence avec les trente glorieuses. Oui, en ce temps-là la politique déterminait l’économie. La Révolution conservatrice du tandem THATCHER et REAGAN a tout bouleversé. Il n’y a plus d’idéologues pour une alternative. Aussi longtemps qu’on n’écrira pas sur le capital sans avoir un capital comme cela fut mon cas, l’intelligentsia moderne, au nom du ventre, vend sa tête et au nom de l’argent il est au service du système.
Professeur Abbé Louis MPALA Mbabula[1]
Université de Lubumbashi
POUR UNE MEILLEURE REVISITATION DE Karl MARX
Cher Professeur Olivier,
Suite aux questions que vous m’avez posées pour cerner le thème Le Marxisme comme perspective d’un autre visage de la mondialisation, je suis allé rendre visite à Marx. Il fut content de me revoir comme je prétends être un de ses héritiers critiques[2] et un ami critique des altermondialistes[3]. En lui annonçant le thème, il a répété sa devise qui lui vient de Terence : rien de ce qui est humain ne m’est étranger. En effet, dit-il, en 1848, Engels et moi avions publié le Manifeste du parti communiste et sans avoir prononcé le concept mondialisation, notre description était celle de la mondialisation néolibérale. Mais, poursuit-il, tout-e celui ou celle qui veut me revisiter doit opérer en lui une Révolution de la mutation conceptuelle et contextuelle. Disons-le honnêtement, les concepts que nous avions forgés comme ceux de prolétariat, de lutte de classes, de communisme, de bourgeoisie, de division du travail, etc. ne sont plus très opératoires car la mondialisation néolibérale, dans sa pratique, est pire que le libéralisme de notre temps et il faut forger d’autres concepts comme elle en a forgé pour son existence matérielle et conceptuelle. Par ailleurs, la mutation contextuelle est telle que le nouveau terrain est tellement mouvant que je ne sais plus voir clair et tout cela est dû aux nouvelles techniques de l’information et de la communication qui rendent ma vision floue. O mores, o tempora !, s’exclama-t-il. À notre temps, la religion était l’opium du peuple, il n’en est pas ainsi aujourd’hui exception faite pour les gourous et leurs disciples.
De ce qui précède, vous comprendrez pourquoi il faut Un nouveau programme et non mon Programme de Gotha. L’intelligentsia moderne, attaqua-t-il, correspond à ce que mon petit fils italien Antonio Gramsci appelait intellectuels organiques. Tous sont au service du système et non indépendants. Ils ne peuvent plus indiquer le Sens, la Direction, le Moteur et les Acteurs de l’Histoire. Qui en profite ? Le système qui les finance. Encore une fois, l’infrastructure détermine la superstructure. Mais ça dépend ! Cette expression nous l’avions utilisée car selon les circonstances on peut vivre l’inverse ; c’est là a eu lieu avec l’Etat de Providence avec les trente glorieuses. Oui, en ce temps-là la politique déterminait l’économie. La Révolution conservatrice du tandem THATCHER et REAGAN a tout bouleversé. Il n’y a plus d’idéologues pour une alternative. Aussi longtemps qu’on n’écrira pas sur le capital sans avoir un capital comme cela fut mon cas, l’intelligentsia moderne, au nom du ventre, vend sa tête et au nom de l’argent il est au service du système.
Que faire ? Voilà la question que mon neveu Lénine posait en tant qu’idéologue averti. Il prônait la guerre de question et il indiquait le journal comme son arme de guerre. Répondez au Que faire ? Je sais que vous aimez marcher dans des rues et parler aux foules lors de vos rassemblements altermondialistes financés par vos ennemis. Les nouveaux réseaux sociaux ne sont pas vos armes de guerre, car vous manquez des leaders idéologues. C’est à ce niveau qu’il sied de comprendre comment l’ISLAM radical, à travers ses idéologues, radicalise la jeunesse. À notre temps, on ne parlait pas des kamikazes ou des gens capables de se faire exploser. Voyez bien comment fonctionne cette idéologie et la religion, du moins l’Islam radile, est devenue un appareil idéologique. L’Europe, en rompant avec le christianisme qui l’a façonnée, a laissé un vide spirituel que comble l’ISLAM qui envoie ses adeptes prier dans des rues aux heures bien déterminées. Il y a une mutation qui se fait et l’Europe ne sera plus ce qu’elle est s’il arrivait que l’Etat islamique se répandait chez elle grâce à son idéologie d’immigration et aux guerres que l’Occident ne sait pas gagner car tout est nébuleux. Qui achète le pétrole de l’Etat islamique ? Qui leur fournit des armes, des blindés et des véhicules ? Tout bouge et on ne sait plus qui est son vrai ennemi. Eux le savent et faute d’idéologue, l’Europe et les États-Unis font du Conseil de Sécurité de l’ONU un lieu d’épreuve à travers le droit de véto. Voilà pourquoi il faut changer l’ONU en Communauté des Nations, CDN en sigle, car Kant fait toujours entendre sa voix sur ce sujet. Une nouvelle narration du monde est impérieuse et le Conseil de Sécurité –que dis-je d’Insécurité- est voué à disparaître. Cela exige une autre Révolution.
Je tiens à signaler que le terrorisme n’a rien avoir avec la lutte des classes, car celles-ci sont flouées et la mondialisation fait de tout le monde des salariés sans salaires fixes et fait de tout une marchandise. L’Etat est devenu un garçon des courses de Multinationales qui voyagent avec les Chef d’Etat afin de leur ouvrir des marchés et font de ces Chefs en papiers leur garde-corps et bouches. La Chine est devenue plus que capitaliste. Il lui faut un autre attribut pour bien la qualifier.
Bref, ceux qui semblent bien penser, se retrouvent avec ce que Gianni Vatimo qualifie de Pensiero debole. Ubi sumus et quod facimus ? Quaretur !-that’s the question !
Les atouts pour créer un nouveau paradigme ne sont pas totalement visibles car la boussole est devenue folle ; la politique est en panne faute de nouveau projet de sociéte- sauvetage ; les repères scientifiques sont floues ; tout le monde veut le panem et circenses et la mondialisation a tout compris.
Il n’y a pas à sombrer dans le pessimisme, car on ne se pose des questions qu’auxquelles on est capable de répondre. C’est ce que moi Marx je disais jadis et je le redis encore une fois. Vous voulez me revisiter ? Relisez-moi en m’actualisant, relevez mes limites compte tenu de votre temps, étudiez bien l’idéologie de vos ennemis et de l’Etat islamique, combattez la mondialisation néolibérale par une autre mondialisation et n’oubliez jamais cet adage : sine pecunia vita quasi imago est. J’ai tenu et écrit parce qu’Engels a mis à ma disposition de l’argent. Trouvez-le et financez les recherches et colloques pour tailler dans le roc et retrouver une nouvelle idéologie. Il y va de la survie de mes idées et de la Révolution pour un autre monde possible.
Ainsi parla Karl Marx.
Voilà mon grand frère et Professeur quelques réflexions.
C’est votre petit et Professeur Abbé Louis MPALA Mbabula Jahman.
[1] Louis MPALA a comme domaines de recherche le Matérialisme historique, la Mondialisation, l’Altermondialisme, la Philosophie de l’Histoire, la Philosophie africaine, la Postmodernité et la Méthodologie de la recherche scientifique. Il a publié des articles et des livres dans chaque domaine.
[2] L.MPALA Mbabula, Critique de l’anthropologie philosophique de Karl Marx, Lubumbashi, Ed. Mpala, 1999, IDEM, La dialectique : de Héraclite d’Éphèse à Georges Gurvitch 2000, IDEM, L’histoire a-t-elle un sens ? Petite introduction à la philosophie de l’histoire de Karl MARX et de Friedrich ENGELS , Lubumbashi, Ed. Mpala, 2002, IDEM, La conception du travail chez Karl MARX. Préface critique de Tom ROCKMORE, Lubumbashi, Ed. Mpala, 2002, IDEM, Hegel et Marx face au sens de l’histoire .Préface du Professeur Tom
ROCKMORE et postface du Professeur Emmanuel BANYWESIZE, Lubumbashi, Ed. Mpala, ,2011, IDEM, Pour une nouvelle narration du monde. Essai d’une philosophie de l’histoire, Paris, Edilivre, 2016
[3] IDEM, L’Altermondialisme à l’assaut de la mondialisation. Regard critique, Préface du Pr Nkombe Oleko, Lubumbashi, Ed. Mpala, 2007