Je ne voudrais pas appelé Smet l’Africain  pour avoir « fait surgir du néant une discipline philosophique : la philosophie africaine… » (page 105).La déclaration du professeur OKOLO me semble gratuite. Je crois que la philosophie africaine, même antique , a existé. Smet n’a pas fait surgir du « néant » la discipline philosophique appelée philosophie africaine ; il a contribué à l’essor et à la diffusion de cette philosophie et c’est à ce niveau que moi africain, je lui en suis gré et me décide de l’appeler Smet- l’A- fricain en répondant au vœu d’OKOLO  (page 106).

 

            La meilleure façon de rendre hommage à Smet pour avoir blanchi ses cheveux à lutter  et à diffuser la philosophie africaine, est celle de le nommer ou mieux de le baptiser, de son vivant,  Smet-l’Africain. Ce nom résumerait tous les témoignages que l’ont peu faire sur lui. Il y ba beaucoup de Smet et de Alfons Josef ; mais il  sera ou il est le seul Smet-l’Africain.

AU  NOM DE LA PHILOSOPHIE AFRICAINE, JE TE BAPTISE : SMET–L’AFRICAIN

 

0. INTRODUCTION

       

       Smet, Sans l’avoir vu, je l’ai connu par ses écrits. En 1984, sa traduction de la philosophie de bantou de Blacide Temples me servit de livre de base pour mon travail de fin de cycle intitulé La conception de l’au- delà dans "La philosophie bantoue" de Placide Temples face à la conception de Moksha dans le Sanatana-Dharma. En 1998, j’ai eu l’occasion, en tant que délégué des étudiants de la Faculté de philosophie (Facultés Catholiques de Kinshasa), de prononcer un speach lors de la cérémonie de son éméritat.

 

             Le 12/05/1998, Smet me fut parvenir le livre de M. Buassa -livre qui lui a été consacré- en me demandant de faire une lecture matérialiste de ses efforts. J’ai eu peur de le décevoir en proclamant tout haut que ma présente méditation sur Smet-l’Africain ne remplit pas toutes les conditions, toutefois elle s’en inspire.

 

             Le R.P. Smet, j’ai cru le voir  et le comprendre dans l’interview qu’il a accordée à M. Buassa. Ma méditation ira  du soupçon à Smet - l’Africain.

 

I. DU SOUPCON...

            Je ne voudrais pas avancer avec  un masque. Je présente mon  visage. Mon réflecteur  est un des trois  maîtres du soupçon. J’ai cité Karl Marx. Ce  dernier m’a appris à ne pas croire quelqu’un à partir de ce qu’il dit, de l’idée  qu’il se fait ou  des idées que les autres se font de lui. La  praxis est  l’un des critères.  En d’autres termes, seule  la bonne  volonté  ne suffit pas.

 

            Dès  la préface dudit livre, beaucoup de pourquoi ont  surgi dans  ma tête. Il  y est écrit, entre autres, ceci : « Trois choses  essentielles nous auraient manqué : l’émergence… » (p.7). Restant fidèle à Marx, je dirais que les temps étant accomplis, un autre aurait pu faire ce que Smet a  réalisé ; une autre affirmation de la préface me dérange :  « Oui, dans un contexte socio-culturel  où il était ‘ indécent’ de parler de ‘philosophie africaine’, le Père Smet s’est appliqué à en écrire l’histoire et celle de diverses positions et méthodes en ce domaines »(p.7). J’ai un soupçon : Smet est blanc. N’est-ce pas là une façon de reconnaître que ce sont toujours les blancs qui ont le droit et le devoir de nous refuser et de nous accorder la même chose ? Smet n’est-il pas le fils de ses propres pères ? Ce n’est qu’un soupçon. Il vaut ce qu’il vaut. Entre nous, ce n’est  pas puisque Smet est blanc que son entreprise  a réussi ? Encore un soupçon et non un préjugé. Un fait est pourtant vrai : soupçon ou préjugé, l’œuvre de Smet demeure pour nous et la postérité une référence sûre.

 

            Laissons la préface pour reconnaître avec l’introduction (p.12) que Smet a pris le risque d’écrire l’histoire d’une philosophie dont l’existence était problématique. Derrière ce risque, n’y a-t-il pas la volonté de devenir « grand » ? Ce n’est qu’un soupçon. Entre nous soit dit, le R.P. Smet est énigmatique. J’aurais l’occasion d’y revenir. Supportez mon style car je parle à partir d’un lieu théorique et pratique donné.

 

            Que dire du premier chapitre où l’on parle de la vie et de l’œuvre de Smet ? M. Buassa peut se contenter de ses commentaires faisant de Smet l’homme qui a fait sortir la philosophie africaine de sa « préhistoire ». Quel éloge !Aux chercheurs de vérifier la pertinence de cette affirmation.

 

            Je passe au deuxième chapitre, car je voudrais voir et comprendre Smet à partir de ses  réponses  aux questions précises et pertinentes. Souffrez que je dise que Smet est ambigu  à première vue. A la page 21, paragraphe 3, il parle de « plus tard » sans nous dire en quoi consistait le «  avant tout » qui, à mon humble avis, se situerait dans le temps où il suivait les cours de Maquet qui l’ont orienté. Or il me semble que les missionnaires, avant d’aller dans une colonie, suivaient certains cours. Qu’est-ce que Maquet lui a appris sur l’ « âme africaine »  avant de parler de la « pensée africaine » ? « Plus tard, dit-il, j’ai compris que l’accoutumance peut rendre agréable ce qui, initialement, semble insupportable » (p.21). S’agit-il tout simplement d’une chaleur ou son « plus tard » a un non-dit ?Encore une fois, il s’agit d’un soupçon. Smet n’éclaire pas notre lanterne sur son affirmation : « Mes premiers commentaires au sujet de la culture africaine provoquèrent des chuchotements  et des murmures dans la salle de la part des étudiants. Ils ne semblaient  guère intéressés. » (p.22). Pourquoi ? Smet ne s’était –il pas trompé d’auditoire ? De ce dernier apprendra-t-il à être africain comme le suggère mon titre ? Il y a beaucoup d’affirmations de Smet qui font surgir plusieurs pourquoi et qui rendent le R.P. Smet énigmatique, ambigu, silencieux, etc. Je crois que si j’étais un de ses étudiants, je le comprendrais mieux à présent, car j’aurais eu un point de référence.

 

            Cet homme que je soupçonne un peu trop me contraint à le soupçonner encore plus quand il prend des positions fermes ou tranchées devant Hountondji qui «  risquait de compromettre toute recherche philosophique à partir de la pensée  traditionnelle ou de la littérature orale africaine »(p.25). Toute la page 25 fait preuve de son courage, du rejet de l’a priori, etc. La page 26 en fait autant. Il nous dit qu’il n’est pas tempelsien  sans donner le parce que. Parfois Smet me laisse perplexe. Il nous dit qu’il a voulu récupérer l’intuition de Tempels sans nous la citer. Toutefois un parti pris se voit quand Smet affirme que « la pastorale était d’ailleurs son objectif, même en faisant de la philosophie bantoue » (p.26). Qu’on n’oublie pas de nous dire que Tempels voyait aussi la mission civilisatrice  de son beau pays la Belgique. Chez Tempels, qu’on se le dise, il y a un peu de pastorale et de politique, car il s’adressait aux « gens de bonne volonté » de son pays. Alors vous comprenez pourquoi je soupçonne à tout moment Smet. Voilà pourquoi je soupçonne Smet de ne pas avoir pris le courage de juger Tempels à la mesure de son temps. Je m’explique : à mon humble avis, Tempels, aveuglé par la mission civilisatrice à parfaire, il n’a aucune fois demandé l’abolition de la colonisation. Et Smet n’y fait pas allusion. Pourquoi ? Lui -même connaît la réponse si et seulement si cette question l’a intéressé. Lisez les p. 37-38 pour voir la position floue.

 

            Je passe sous silence l’éloge mesuré que Smet fait à la critique de        Franz CRAHAY et à Laleye avec sa Phénoménologie évocative.

 

II …AU SMET-L’AFRICAIN

 

            Je ne voudrais pas appelé Smet l’Africain  pour avoir « fait surgir du néant une discipline philosophique : la philosophie africaine… » (page 105).La déclaration du professeur OKOLO me semble gratuite. Je crois que la philosophie africaine, même antique , a existé. Smet n’a pas fait surgir du « néant » la discipline philosophique appelée philosophie africaine ; il a contribué à l’essor et à la diffusion de cette philosophie et c’est à ce niveau que moi africain, je lui en suis gré et me décide de l’appeler Smet- l’A- fricain en répondant au vœu d’OKOLO  (page 106).

 

            La meilleure façon de rendre hommage à Smet pour avoir blanchi ses cheveux à lutter  et à diffuser la philosophie africaine, est celle de le nommer ou mieux de le baptiser, de son vivant,  Smet-l’Africain. Ce nom résumerait tous les témoignages que l’ont peu faire sur lui. Il y ba beaucoup de Smet et de Alfons Josef ; mais il  sera ou il est le seul Smet-l’Africain.

 

CONCLUSION

 

            Il n’est pas facile de parler de Alfons Josef Smet. Ses étudiants devenus professeurs d’université et ses collègues professeurs ont de la matière, moi, le dernier de ceux-là qui l’ont connu et moi qui aie eu le privilège de prononcer  un speech au nom de tous les étudiants défunts et vivants, j’ai voulu soupçonner ce géant arbre grandi sur le sol africain, et à la fin, j’ai cru bon de le nommer Smet –l’Africain ,car il n’y a pas de plus meilleur cadeau à lui offrir qu’en l’appelant ainsi dès son vivant.

 

            Smet-l’Africain, pour tout ce que l’Afrique te doit, nos ancêtres africains vivants –car ils ne sont pas morts-te disent merci à travers moi dont le nom MPALA est venu d’eux et non du vouloir de mes  parents.

                                           Texte écrit à Kinshasa, le 05 mars 1999

Abbé MPALA  Mbabula Louis