dim 28 juin 2020
Colonisation et Décolonisation (?) de l'Afrique: on tourne en rond Après Karl MARX
Par Abbé Louis Mpala in Travaux inédits← La nature humaine face à la violence. Plaidoyer pour une approche prosôponiste/ Livre en chantier. Toute contribution est la bienvenue pour une publication collective d'ici fin Juillet 2020 | Prendre au sérieux les foules en période des crises / par Emmanuel M. Banywesize Philosophe et sociologue Professeur des universités Secretary for Outreach to the French-Speaking Africain Academic Communities (Caribbean Philosophical Association) →
COLONISATION ET DECOLONISATION(?) DE L'AFRIQUE: ON TOURNE EN ROND APRES KARL MARX
Cher Olivier Nkulu Kabamba, Ainé en âge et en productions scientifiques,
Je vous remercie de m’avoir associé, en privé, à votre panel dont le thème est Les intellectuels africains et afro-américains et les pays communistes après 1945.
En effet, le constat selon lequel durant la période de la Guerre froide li y a eu plusieurs intellectuels africains et afro-américains intéressés par le modèle et la culture des pays communistes qu’ils admiraient, est fondé. Et pour preuve, beaucoup d’entre eux firent de long séjour dans lesdits pays soit pour leur formation scientifique et idéologique, soit pour les conférences et festivals, soit pour y publier des écrits, etc.
Comment revisiter ces relations en nos jours ?
Après avoir longtemps été à l’écoute et à l’école de Marx en obtenant un Diplôme en Athéisme de l’Université Urbaniana de Rome, une Licence en philosophie à l’Université Catholique du Congo, un DEA et une Thèse en Philosophie de l’Université de Lubumbashi, toujours en travaillant sur Karl Marx, j’en suis sorti avec une conviction : le communisme théorisé et pour lequel Marx a blanchi ses cheveux et sa barbe n’a pas encore eu lieu ; nous sommes encore dans la « préhistoire » selon lui . Nous ne sommes pas encore entrés dans l’Histoire et le Continent histoire de Louis Althusser est encore inhabité. Qu’est-ce à dire ? Les pays qui s’étaient « proclamés » communistes sont allés vite en besogne et ont confondu dictature du prolétariat à la dictature du parti. Et Mikhaïl Gorbatchev, séduit et aveuglé par le tandem Reagan-Thatcher, n’ayant pas bien maîtrisé le complexe Parti-Etat-Idéologie-Economie en prônant le Glasnost et la Perestroïka, a sombré dans la folie qui a séparé le Parti de l’Etat et avec lui s’est écroulée l’URSS le 8 décembre 1991. Quelle cécité dans la stratégie de « Que faire ? » de Lénine ! Ce dernier comme Mao et Gramsci ont été, selon moi, de bons disciples de Marx qui ont bien retenu la leçon de « CA DEPEND » de Marx-Engels, c’est « ça dépend » qui fait voir que la révolution peut avoir plusieurs cas de figures selon le temps, les lieux et les circonstances ou situations politiques. Et Marx a eu des mots justes quand il qualifia la Commune de Paris d’Antithèse directe de l’Empire, si pas « le communisme » au moins « du très possible » communisme. Tout en la reconnaissant comme l’ALTERNATIVE à l’Empire, Marx, toujours critique et auto-critique, a décelé les imperfections de la Commune et a écrit : « Dans toute révolution, il se glisse, à côté de ses représentants véritables des hommes d’une tout autre trempe »(La guerre civile en France,Pékin, 1972, p.82). Cette Commune communiste ne dura que 81 jours. Bref, en dehors de la Commune, point de pays communistes, selon moi « historiquement » parlant.
Point n’est besoin de reconnaître que l’IDEOLOGIE des soi-disant pays communistes fut une source d’inspiration pour les Sékou Touré, les Nkrumah, les Lumumba, les Nyerere, les Kaunda, les Castro, toute cette race des « REVOLUTIONNAIRES » hors pairs, hors pairs parce qu’ils n’ont pas encore eu d’ héritiers dignes de ce nom hormis SANKARA ; oui, comme le souligne Marx, à côté d’eux, les représentants véritables de la révolution se sont glissé et se glissent encore des « hommes d’une tout autre trempe » qui se réclament d’eux comme des loups portant la peau de la brebis. Voilà qui nous fait comprendre comment la Révolution a pour compagne la Contre-Révoltion . Les Capitalistes ne dorment pas sur leur argent comme coussin, ils veillent en train de débaucher les futurs représentants véritables ou de les éliminer physiquement ou intellectuellement. QUE FAIRE ? Ainsi revient naturellement LENINE avec la « guerre de position ». QUI FERA CETTE GUERRE DE POSITION pendant que la Guerre froide a pris fin en 1991 avec la Guerre du Golfe dont le nom de code fut « Tempête du désert » et avec la chute de Mur de Berlin le 9 novembre 1989 ? Sans doute, l’actuel président de la RUSSIE essaie de « reprendre la situation ». C’est un autre discours.
Comment revisiter les anciennes relations pendant cette période durant laquelle le Bloc de Varsovie n’y est plus, durant laquelle la Chine a basculé dans un capitalisme étatique et d’occupation en instaurant une autre forme de colonisation de l’Afrique et même une colonisation financière en Occident, durant laquelle la Russie a ses propres préoccupations et le Cuba les siennes ? Qui de ces pays précités est encore à même de former idéologiquement les « Jeunes révolutionnaires », d’octroyer des bourses d’études et de formation aux « futurs révolutionnaires », d’inviter les intellectuels africains et afro-américains marxisants aux colloques et de traduire en plusieurs langues leurs publications ? La pandémie COVID-19 empirant la situation socio-politico-économique déjà pourrie par la mondialisation néolibérale sauvage confine chacun de nous dans son trou de survie et fait renaître une autre forme de capitalisme qui pointe à l’horizon et pourtant, durant cette même période , la voix étouffée de Marx-Engels se fait entendre de loin : « Prolétaires du monde entier, unissez-vous ! » ou mieux avec la mort de George Floyd qui fait sortir les gens de toutes les couches confondues, et ce à travers tous les continents, pour crier leur ras-le-bol contre le racisme et le système de castes en Inde, il nous faut un nouveau Marx pour écrire et crier : « Les maltraités de toutes les races, les exploités du monde entier et les exclus du monde entier, unissez-vous pour faire tomber les Murs de Babylone système ». Attention ! les Capitalistes ne somnolent pas, ils cherchent comment récupérer la « situation » et sachant que le ventre creux ne sait pas marcher pendant longtemps, ils seront « charitables », et ce en suivant les conseils de Nicola Machiavel et les pauvres gens que nous sommes, nous les applaudirons grâce aux dons pleins d’anesthésie, etc. Ainsi les vagues de la tempête vont se taire. Ubi sumus !
Nous avons cru que les ONG et d’autres Mouvements citoyens allaient apporter une ALTERNATIVE avec l’ALTERMONDIALISME proclamant qu’ un AUTRE MONDE EST POSSIBLE. Seul le monde néocapitaliste persiste et signe son existence. Et POURTANT un AUTRE MONDE EST POSSIBLE. Pour ce faire, une autre race d’idéologues organiques des exclus, des intouchables, des exploités, des prolétaires est à naître et une nouvelle conception de l’histoire ayant une seule race humaine apte à partager les mêmes joies et peines, est à envisager. D’où un George Floyd vivant, un nouveau Lénine, un nouveau Gramsci, un nouveau Mao, un nouveau Lumumba, un nouveau Castro, un nouveau Sékou Touré, un nouveau Sankara, un nouveau Nkrumah, un nouveau Nyerere, un nouveau Mandela, un nouveau Gandhi , etc., sont à surgir en nous inspirant des Anciens, car le colonialisme, l’apartheid, le racisme, l’exploitation, etc. persistent parce que nos propres frères comme des Juda continuent à nous vendre à vil prix et se moquent de nous parce que nous tenons à vivre en étant à genou. Nous avons cru que la Chine venait nous libérer, mais elle nous a enchaînés dix fois plus que les Occidentaux . Comme nos vieux parents sont nostalgiques de la colonisation qui leur donnait à manger tout en les maintenant dans des chaînes, de même nous avons la nostalgie de la Banque Mondiale , du FMI, de la politique du Consensus de Washington POUR NOUS IMPOSER UNE AUTRE FORME DE COLONISATION A CAUSE DE NOTRE POLITIQUE DE LA MAIN TENDUE, FRUIT DE LA CIVILISATION DE LA CUEILLETTE ET NON DU "RETROUSSONS NOS MANCHES".
La lutte pour les droits de l’homme, la justice sociale et le développement doit être permanente et sa victoire dépendra de notre UNION sacrée pour un AUTRE MONDE POSSIBLE et ne sera jamais gagnée par procuration. Nous avons besoin des « mercenaires intellectuels » dont les écrits pourront apporter de l’eau à notre moulin révolutionnaire. Apprenons de la manière dont les capitalistes nous manipulent pour créer une autre vision. Cela dépendra avant tout de moi, d’un autre moi et d’autres moi pour une UNION d’esprit et d’action. Les outils dont l’Internet, les réseaux sociaux, etc. sont à notre portée quitte à nous lever, à nous mettre debout et à nous battre avant tout contre notre moi-servile ( ce moi qui accepte l'exploitation, l'aliénation et la domination pourvu que l'on mange et que l'on vivre) et moi-sauvage ( ce moi sadique qui trouve du plaisir en voyant son frère et soeur souffrir) afin d’attiser le feu qui embrasera le monde entier. Cela fut la conviction de Marx qui mourut sans capital si ce n’est sa pensée dont le flambeau éclaire encore ceux qui veulent s’approcher de lui.
Que la violence symbolique qui nous empêche de voir nos chaînes soit extirpée de nos schèmes mentaux pour arriver à ne pas considérer l’Occident et la Chine comme des ETALONS et luttons pour réformer l’ONU et cela exige une défaite, symbolique soit-elle, de cinq membres permanents du Conseil de Sécurité, que dis-je ! de l’INSECURITE. La COVID-19 nous a permis de voir que tout le monde est TOUCHABLE.
Voilà, mon cher Aîné, ma petite contribution limitée faute d’interaction ou d’interlocuteur ou de mon vis-à-vis qui m’aurait incité et inspiré à pousser plus loin ma pensée.
J’espère que ce petit écrit a rencontré les intentions des animateurs de la plateforme.
Mon livre Pour une nouvelle narration du monde publié en 2016 à Paris chez Edilivre peut enrichir le débat .
Bien à toi,
Ton jeune frère Louis MPALA Mbabula, Professeur Ordinaire à l’Université de Lubumbashi www.louis-mpala.com