Nous sommes embarqués dans un devenir dont les accélérateurs sont la science et les technologies numériques aspirées et contrôlées par le capitalisme totalitaire qui s’accommode des autoritarismes politiques. Loin d’être totalement prédictible, ce devenir est instable et incertain. Il charrie des crises et menaces mortelles multiples, des barbaries, d’inimitiés, ainsi que l’ont montré les multiples décisions de frontiérisations, de repli sur les communautés nationales et la rémanence des discours dans lesquels se réfléchit la persistante tentation de déléguer la mort à quelques peuples toujours perçus inférieurs et transformables en cobayes du progrès scientifique et d’affirmation de la puissance. Au-delà de la célébration de la révolution numérique et face aux menaces virales planétaires, notre temps se donne à l’interprétation comme celui de « la crise de l’humanité qui n’arrive pas à se constituer en humanité, et du coup, la crise du monde encore incapable de devenir monde, la crise de l’homme encore impuissant à s’accomplir homme »[1]. Cette crise constitue un défi à l’intelligence humaine et, particulièrement, à l’institution scolaire en tant qu’espace de production et de transmission des savoirs. Le défi consiste à construire, à l’aide des connaissances disponibles et de toutes les humanités de vie, une nouvelle pensée humaniste susceptible de mettre en conscience la coappartenance de tous les humains à une commune humanité et, ce faisant, la responsabilité de tous face au périssable : la vie, la Cité et la biosphère.

      La pandémie de Covid-19 a obligé les gouvernements, pour garantir la santé de la collectivité, à prendre des mesures exceptionnelles : état d’urgence, assignation à résidence des populations, fermetures des frontières, réquisitions des plateformes, édifices publiques et privées (hôpitaux, logistique militaire, installations sportives, gymnases, hôtels, etc.), déblocages des milliards de dollars, d’euros et de francs en faveur des entreprises et des populations, y compris celles du monde d’en-bas déclassées par le capitalisme. Cette pandémie aura révélé la primauté de l’humain sur l’économie et sur son corolaire, à savoir la recherche effrénée du profit. En somme, l’humanisme unidiversal se pose comme l’incontournable pilier de la politique et la vie apparaît comme sacrée, dans la mesure où l’élan vers une vie bonne est universel.

      Le surgissement et la propagation du virus à partir de la ville chinoise du Wuhan et la rapidité de sa létalité ont bouleversé tant de certitudes philosophiques, scientifiques et technologiques qui servent de levier aux espoirs de l’homme d’être maître de soi, de son corps, de son devenir et du monde, capable de prévision et d’anticipation grâce à l’intelligence artificielle, de se muer en un étant numérique ou un transhumain. L’inaptitude de l’intelligence artificielle à anticiper cette pandémie, à modéliser la vitesse de sa diffusion et les crises subséquentes, dont celles de l’utilité vitale des masques, des matériels de dépistage et des respirateurs en pénurie ou en manque a suscité l’étonnement philosophique et sociologique. L’IA ne pouvait-elle pas prévoir, par exemple, qu’en l’absence de mesure d’isolement immédiat des premiers cas des malades, « les gouvernements déclencheraient malgré eux une crise économique et financière majeure, crise inévitable par des mesures de confinement ? »[2] Quelle est la valeur des innovations des technologies numériques pour l’homme et pour nos sociétés dominées par le capitalisme ?

            La pandémie a remis en question les croyances des hérauts de la rédemption par l’ordo oeconomicus néolibéral postulé, au travers de la formule There is no Alternative (TINA), comme l’ultime option de réalisation générale de la condition humaine et du bonheur. Le ressort de cet ordre est, comme on s’en rend compte désormais, l’ethos sans horizon : l’hédonisme. Cet ordre célèbre un matérialisme spectaculaire et consumériste. Il tend à réduire chaque être humain en une matière calculable et calculant et, somme toute, en esclave des objets qu’il fabrique, possède ou poursuit. En l’espace d’un trimestre, se sont révélés l’illusoire maîtrise humaine de la matière, l’égalité et la finitude des corps, les failles de la gouvermentalité qui cautionne la souveraineté de l’économique sur le politique, du marché sur l’humain, entraînant l’État à se désengager du devoir de protection sociale, de garant du vivre-ensemble et du bien-être collectif


[1] Edgar Morin, Pour sortir du XXe siècle, Paris, Fernand Nathan, 1981, p. 345.

[2] Olivie Duha, « Covid-19 : où est passée l’intelligence artificielle ? », Les Échos. www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-covid-19-ou-passee-lintelligence-artificielle-1199557 [Le 30 avril2020].

Placer l’humanisme unidiversal au cœur de la Politique.

Réflexion sur le Covid-19

 

Emmanuel BANYWESIZE Mukambilwa[1]

 

 

« La révélation foudroyante des bouleversements que nous subissons est que tout ce qui semblait séparé est relié, puisqu’une catastrophe sanitaire catastrophise en chaîne la totalité de tout ce qui est humain. Il est tragique que la pensée disjonctive et réductrice règne en maîtresse dans notre civilisation et tienne les commandes en politique et en économie »[2].

 

Introduction

 

      Nous sommes embarqués dans un devenir dont les accélérateurs sont la science et les technologies numériques aspirées et contrôlées par le capitalisme totalitaire qui s’accommode des autoritarismes politiques. Loin d’être totalement prédictible, ce devenir est instable et incertain. Il charrie des crises et menaces mortelles multiples, des barbaries, d’inimitiés, ainsi que l’ont montré les multiples décisions de frontiérisations, de repli sur les communautés nationales et la rémanence des discours dans lesquels se réfléchit la persistante tentation de déléguer la mort à quelques peuples toujours perçus inférieurs et transformables en cobayes du progrès scientifique et d’affirmation de la puissance. Au-delà de la célébration de la révolution numérique et face aux menaces virales planétaires, notre temps se donne à l’interprétation comme celui de « la crise de l’humanité qui n’arrive pas à se constituer en humanité, et du coup, la crise du monde encore incapable de devenir monde, la crise de l’homme encore impuissant à s’accomplir homme »[3]. Cette crise constitue un défi à l’intelligence humaine et, particulièrement, à l’institution scolaire en tant qu’espace de production et de transmission des savoirs. Le défi consiste à construire, à l’aide des connaissances disponibles et de toutes les humanités de vie, une nouvelle pensée humaniste susceptible de mettre en conscience la coappartenance de tous les humains à une commune humanité et, ce faisant, la responsabilité de tous face au périssable : la vie, la Cité et la biosphère.

      La pandémie de Covid-19 a obligé les gouvernements, pour garantir la santé de la collectivité, à prendre des mesures exceptionnelles : état d’urgence, assignation à résidence des populations, fermetures des frontières, réquisitions des plateformes, édifices publiques et privées (hôpitaux, logistique militaire, installations sportives, gymnases, hôtels, etc.), déblocages des milliards de dollars, d’euros et de francs en faveur des entreprises et des populations, y compris celles du monde d’en-bas déclassées par le capitalisme. Cette pandémie aura révélé la primauté de l’humain sur l’économie et sur son corolaire, à savoir la recherche effrénée du profit. En somme, l’humanisme unidiversal se pose comme l’incontournable pilier de la politique et la vie apparaît comme sacrée, dans la mesure où l’élan vers une vie bonne est universel.

      Le surgissement et la propagation du virus à partir de la ville chinoise du Wuhan et la rapidité de sa létalité ont bouleversé tant de certitudes philosophiques, scientifiques et technologiques qui servent de levier aux espoirs de l’homme d’être maître de soi, de son corps, de son devenir et du monde, capable de prévision et d’anticipation grâce à l’intelligence artificielle, de se muer en un étant numérique ou un transhumain. L’inaptitude de l’intelligence artificielle à anticiper cette pandémie, à modéliser la vitesse de sa diffusion et les crises subséquentes, dont celles de l’utilité vitale des masques, des matériels de dépistage et des respirateurs en pénurie ou en manque a suscité l’étonnement philosophique et sociologique. L’IA ne pouvait-elle pas prévoir, par exemple, qu’en l’absence de mesure d’isolement immédiat des premiers cas des malades, « les gouvernements déclencheraient malgré eux une crise économique et financière majeure, crise inévitable par des mesures de confinement ? »[4] Quelle est la valeur des innovations des technologies numériques pour l’homme et pour nos sociétés dominées par le capitalisme ?

      La pandémie a remis en question les croyances des hérauts de la rédemption par l’ordo oeconomicus néolibéral postulé, au travers de la formule There is no Alternative (TINA), comme l’ultime option de réalisation générale de la condition humaine et du bonheur. Le ressort de cet ordre est, comme on s’en rend compte désormais, l’ethos sans horizon : l’hédonisme. Cet ordre célèbre un matérialisme spectaculaire et consumériste. Il tend à réduire chaque être humain en une matière calculable et calculant et, somme toute, en esclave des objets qu’il fabrique, possède ou poursuit. En l’espace d’un trimestre, se sont révélés l’illusoire maîtrise humaine de la matière, l’égalité et la finitude des corps, les failles de la gouvermentalité qui cautionne la souveraineté de l’économique sur le politique, du marché sur l’humain, entraînant l’État à se désengager du devoir de protection sociale, de garant du vivre-ensemble et du bien-être collectif.

 

Illusoire maîtrise humaine de la Matière

 

      La pensée inaugurale du rationalisme moderne avait invité l’homme à promouvoir une science capable de lui offrir le pouvoir de maitrise, de possession et de soumission de la nature. Le monde était alors perçu comme une machine, une matière désenchantée, d’essence mathématique. Sa « structure fondamentale devait être percée et dévoilée, le partage entre l’humain et le non-humain aboli et la vulnérabilité radicale de l’humain suppléée [sic] par les puissances du non-humain »[5].

      Dans sa représentation mathématique, l’ordre était symétrique aux sphères macroscopique et microscopique de l'univers. Le désordre et la complexité observables dans la sphère anthropo-sociale apparaissaient comme l’écume de la vraie réalité, l’impensable, sinon l’impensé à considérer comme un accident. En effet, l’un des présupposés métaphysiques de la science moderne considérait que pour chaque sphère du réel, depuis des réalités microscopiques jusqu’aux objets gigantesques de l’astronomie, la seule explication des phénomènes observables se trouve dans les éléments obéissant aux lois mathématiques simples.

      Pour la physique moderne, de Kepler à Newton et Laplace, les étoiles obéissent à une inexorable mécanique dont les lois sont à la portée de l’intelligence humaine. Elles régissent un « Univers horloge »[6] dont la texture, partout identique, serait une matière incréée, dotée d’énergie indestructible. Jusqu’au XIXe siècle, avant la formulation du second principe de la thermodynamique et la naissance, au seuil du XXe siècle, de la mécanique quantique, le fractal, le stochastique, le chaos, l’imprévisible, le hasard et l’incertitude étaient l’impensable, sinon l’impensé de la physique. Pour rendre compte de l’ordre et de la prévisibilité des phénomènes, la science s’était appuyée sur les principes amarrés au paradigme de simplicité, disjoncteur de la complexité et réducteur de ses parties aux entités considérées comme simples. La prévisibilité était mesurable au moyen d’équations mathématiques. Le calcul différentiel de Newton et de Leibniz permettait de décrire les changements continus et la vitesse instantanée d’un corps en mouvement. Les équations différentielles permettaient de connaitre le temps réversible et d’asseoir la conception linéaire de la réalité. Selon cette conception sous-tendue par le calcul intégral, à toute action correspondait une réaction et les mêmes causes produisaient les mêmes effets.

      La physique moderne, qui cherchait les systèmes prévisibles, a fondé l’idée du cosmos, univers ordonné, soumis à une mécanique réitérative. Dans l’univers décrit comme auto-suffisant, et en vertu du principe d’économie posé comme marque de la science, Dieu était désormais une hypothèse explicative de trop. Laplace estimait que ses concepts étaient suffisants pour ne plus retenir Dieu comme hypothèse pertinente. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, on avait confiance dans la capacité de la physique moderne à livrer des certitudes absolues et à apporter des solutions à tous les problèmes de l’humanité. La physique, sous-tendue par diverses technologies, a augmenté les connaissances sur la complexité des réalités macroscopiques et offert à l’homme la possibilité d’explorer des horizons éloignés de celui de la Terre, d’atterrir sur la lune et de rêver immigrer sur d’autres planètes.

      Le XXe siècle a produit des connaissances et une révolution technologique numérique formidables qui ont remis en question bien des certitudes fondées sur la physique. La microphysique a permis d’accéder aux étants quantiques qui actualisent des incertitudes dans la sphère microphysique de la matière. L’Ordre a cessé d’être Roi, puisque désordre, fractalité, imprévisibilité et incertitude se sont révélés consubstantiels à la matière connaissable. Nous avons cru retrouver les certitudes grâce aux technologies numériques et à l’IA qui modifient notre culture perceptive et épistémique (comment nous percevons et connaissons les choses, la réalité). Ces technologies permettent à l’homme de fabriquer les mondes virtuels qui le transportent dans un ailleurs de rêve. Elles révèlent la complexité de la matière et un infini qui résiste ou se dérobe à nos capacités cognitives.

      Le surgissement du coronavirus viendra nous rappeler que nous ne deviendrons pas les rois de l’univers et que notre esprit, même technicisé, ne pourra ni dominer, ni contrôler la matière. Celle-ci est un englobant dont la complexité tempère la prétention humaine d’autosuffisance et rend impossible la connaissance exhaustive et définitivement assurée de la réalité. Aussi peut-on diversement faire ce constat : les avancées des sciences fournissent « d’extraordinaires découvertes et élucidations à propos de l’univers, de la Terre et de la vie », mais aussi des révélations « des nappes de plus en plus profondes et amples d’ignorance ; la nouvelle ignorance est différente de l’ancienne, qui vient du manque de connaissances ; la nouvelle émerge de la connaissance elle-même »[7]. La connaissance montre que l’intelligence humaine, même supplée par l’intelligence machinique, reste confronté aux limites dont le non-totalement connaissable, l’imprévisible, l’imprédictible, le mystère.

 

Égalité des corps et responsabilité vis-à-vis du périssable

 

      En effet, la pandémie du coronavirus témoignage non seulement de l’illusion de maîtrise humaine de la matière, mais aussi de l’égalité des corps. Les logiques arbitraires qui fondent les inégalités socioéconomiques rendent aveugle à la finitude des corps, à leur vulnérabilité, à leur putrescence et, par-delà la symbolique du corps, à la fragilité de la vie humaine. En nous éveillant à la conscience de notre finitude dans un univers infiniment complexe, la pandémie de Covid-19 nous engage à prendre soin de nos corps pour protéger l’humain et la vie. Certaines philosophies ont tant dévalorisé le corps qu’elles l’ont placé tantôt du côté obscur de l’impureté, tantôt du côté de réservoir d’énergie capitalisable, de la chose dont l’âme n’a pas besoin pour exister ou de la chair techniquement perfectible. Les différences inscrites dans les corps humains objectivés ont maintes fois servi de prétexte à des théoriciens, idéologues et politiques pour justifier ou asseoir les inégalités, les bioségrégations, les gouvernementalités qui induisent de multiples formes de relégation de certains humains au bord de monde des « vrais humains », devenant ainsi des êtres que l’on peut laisser mourir, sinon réduire au statut de « déchets humains »[8].

      En infectant et en anéantissant les corps humains, indistinctement, en neutralisant leurs différences chromatiques, le Covid-19 les a égalisés, géométriquement, socio-anthropologiquement et philosophiquement. Il nous renvoie au miroir des limites des hiérarchisations arbitrairement postulées et instituées pour justifier quelque suprématie ou volonté de puissance. La recherche de l’affirmation de la suprématie et du triomphe total sont les pièges qui font périr toute civilisation. « Pourquoi telles civilisations (…) furent-elles mortelles ? Parce qu’elles voulurent l’emporter sur toutes, devenir la plus grande, la plus forte, la première, et, pour cela, détruire les autres »[9]. Pourquoi tel homme auto-conçu et proclamé puissant est-il tombé ? Une hypothèse : en se remplissant d’un vice de puissance, l’orgueil, et en s’investissant de la mission de réaliser la gloire d’une seule communauté : celle à laquelle il appartient. La minuscule bête qu’est le virus causal de Covid-19, quant à elle, a dégonflé les prétentions des hommes, puissants et faibles, riches et pauvres, aux rôles-titres à partir desquels ils estiment être portés au pinacle. Elle nous renvoie à nos peurs, à notre fragilité et à l’humilité face à la puissance imprévisible et destructrice de la matière que nous espérions avoir domptée, réduite au déterminé, au prédictible, au calcul intégral et à la satisfaction du désir effréné du pouvoir, de l’avoir et de la gloire. « [L]es hommes plantent leur tente fragile et mobile, sans mur ni protection contre l’illimité. (…) Tout se joue donc à cette limite : jusqu’où ne pas aller trop loin ? »[10]

      L’inconscience rend somnambule et aveugle face aux périls globaux de plus en plus nombreux. Le consumérisme synthétise ce que l’éthique nomme vice de la croissance, et la théologie chrétienne, péchés capitaux. Il s’agit, entre autres, de l’avarice, la gourmandise, l’ébriété, la perte de satiété, la luxure, la vantardise, l’orgueil, toutes choses vantées par la culture hédoniste mais dont l’expérience de confinement a montré l’inanité. Michel Serres a observé avec justesse que, faute de comprendre la vertu, les vices forment l’unité d’une cohérence ainsi résumée :

 

Une vie entière se voue à l’inflation, à l’agrandissement d’une masse qui s’expanse. Cette croissance évolue selon une pente d’allure narcotique : l’avare, le paresseux et le gourmand se droguent de sommeil, d’alcool ou d’argent ; il faut augmenter la dose de fureur, de haine ou de gloire pour rester longtemps enchanté de colère, d’envie ou d’orgueil[11].

 

Aussi se demandait-il pourquoi notre époque s’offusquait de la vertu. Et de répondre :

 

Parce que le monde où nous vivons se construit, tout justement, sur la croissance générale et quantifiable : l’économie, la finance, la consommation et le progrès innovateur des sciences et des techniques, tout ce qui paraît sérieux et lourd, semblent la rendre aussi nécessaire qu’un destin, aussi indispensable que l’assuétude. Du coup, notre culture elle-même ressemble à s’y méprendre à une narcose croissante qui asservit à sa dépendance[12].  

 

      La crise du coronavirus nous soumet à une épreuve qui présente deux faces, négative et positive. Négativement, nous avons perdu tant de vies, d’êtres chers, parents et amis, sans que nous ayons eu la possibilité d’organiser les cérémonies et les rites funéraires. Nous allons entrer dans une époque de faillite d’entreprises, de récession qui va aggraver les inégalités, de perte d’emplois, de diminution de la qualité de vie, de recrudescence de la criminalité et de contestations sociales,... Positivement, cette épreuve sanitaire nous remet en conscience notre finitude et notre responsabilité pour le périssable, dont la vie, pour continuer la politique au double sens : polis, rassemblement des humains divers sur une terre finie, sous le règne des lois édictées en vue de les protéger contre les abus de toutes formes, de garantir la dignité et leur permettre de mener une vie bonne ; et politeia, citoyenneté qui implique la participation à la res publica, la chose publique, par l’exercice de la liberté politique. Cette acception implique que vivre en république ce n’est pas se contenter d’une vie nue consistant à séparer la vie biologique des autres fonctions : les rapports sociaux, la vie politique, la vie intellectuelle et la vie religieuse. C’est tendre à une vie bonne en relation et, partant, en complétude avec les autres humains dans des institutions justes. Ainsi la gestion de la polis et de la res publica ne peut être abandonnée aux technocrates de la croissance, mais intéresse tous ceux qui travaillent à la protection sociale et à la promotion de la vie bonne, dépendante de la promotion de toutes les humanités et de la refondation du vivre-ensemble dans la dignité, la justice et la solidarité.

      Une vie bonne, c’est une vie vécue avec les autres. Je ne partage pas seulement une commune identité terrienne avec les autres humains, mais je suis aussi inscrit, avec eux, dans une communauté de destin dans l’univers, celui qui consiste à vivre pour l’autre dont la vie impacte ma propre vie. Comme telle, la communauté de destin induit la conscience d’une coappartenance à une communauté éthique qui engage à la solidarité, à la justice et à la responsabilité vis-à-vis de l’humain, de la Cité et de la biosphère. Notre exposition commune aux menaces, à la précarité et à la perte constitue le terrain partagé d’une égalité potentielle et nos obligations réciproques de produire ensemble les conditions de vie vivables pour tous dans une terre qui n’est ni soumise à la domination d’oligarchies, ni aspirée par « l’impérialisme du marché »[13]. Pourquoi, dès lors, ne pas repenser l’humanisme comme pilier de la politique pour une vie bonne ? L’humanisme désigne ce qui doit être accompli de bien et de juste pour tous les humains et pour tout un chacun afin de garantir la fonction du vivre-ensemble sur la Terre : la pérennité de l’homme et de la vie.

 

Révélations au gré de la diffusion du virus

 

      En décembre 2019 (novembre ?), une minuscule partie de la matière vivante, microscopique, pénètre, parasite et infecte, on ne sait comment et quand, un être humain, dans une ville chinoise, qui, en respirant ou en toussant, contamine d’autres personnes. Le flux de la circulation humaine à l’échelle mondiale favorise la propagation de l’épidémie qui gagne l’Europe, les Amériques, l’Océanie et l’Afrique. En mars, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) la requalifie en pandémie mondiale. La quasi-totalité des pays sont touchés.

      En Europe et en Amérique, l’inflation du nombre des personnes infectées par le virus étale des impréparations et défaillances des politiques publiques qui ont favorisé non seulement les délocalisations aux fins de maximiser la production à bas coût, mais aussi « sacrifié prévention et précaution pour accroitre la rentabilité et la compétitivité »[14]. La carence des masques pour les braves soignants, les malades et les populations engendrent la panique et quelques comportements surréalistes : cambriolages des pharmacies, des voitures d’infirmiers ou de médecins pour s’emparer de ces précieux tissus de protection, vol ou détournement, par quelques pays, des masques destinés à d’autres ! Débordées, les salles de réanimation manquent de respirateurs suffisants.

      Les armées sont rappelées pour construire des hôpitaux de fortune et évacuer les malades vers des espaces sanitaires disponibles. Les images d’enterrement des corps dans des fosses communes a accru la désillusion envers le Progrès et la modernité humaniste, autant que l’incrédulité face à la suffisance de nos Puissances et face à l’optimisme des discours de ceux qui ont le pouvoir surplombant de dire et de faire (experts et gouvernants) le bien collectif, de garantir la protection et la santé collective, de veiller au respect de la dignité inhérente à l’être humain, vivant ou mort. Et pour ceux qui, comme nous, ont été conditionnés à regarder, dans la société des éblouissements, la vantardise de l’avarice, l’autoglorification et la valorisation de la prééminence de la Puissance, les fragments des textes de Platon ne cessent de hanter la mémoire : « C’est donc à ceux qui gouvernent la cité, si vraiment on veut l’accorder à certains, que revient la possibilité de mentir »[15] ? Platon faisait une distinction entre le mensonge par ignorance, qui résulte de l’impossibilité humaine à tout savoir, et le mensonge en paroles, professé consciemment par le menteur. Il est à craindre que ce ne soit « la conjonction de ces deux mensonges qui caractérise, de nos jours, la parole publique. Et il n’y a donc pas lieu de s’étonner que celle-ci soit, avec constance et, certainement, durablement, suspectée voire méprisée et devienne ainsi, totalement, inaudible »[16]. La parole publique sur la gestion de la crise provoquée par le Covid-19 donne à penser…   

      Mais d’où vient ce virus qui nous terrorise et nous oblige à accepter les conduites dictées, les réactions des impuissances publiques et à prendre pour ultime recours, en dépit de son autoritarisme, de ses défaillances et de ses mensonges, l’État flanqué des représentants du pouvoir médical ? D’une chauve-souris ou d’un pangolin, animaux arrachés à leurs écosystèmes, encagés et vendus, vaille que vaille, sur la place du marché pour assouvir quelque avarice ou gourmandise ? Procède-t-il d’une manipulation maladroite de quelque molécule en laboratoire, destinée à fabriquer un vaccin à usage thérapeutique, mais tout de même commercialisable ? Les positions des savants, virologues, biologistes et médecins, les nouveaux acteurs de l’épistémocratie, ce pouvoir des scientifiques, ne fournissent aucune certitude, mais alimentent scepticisme et méfiances. Quelle que soit la réponse, nous serions face à une logique consumériste irrespectueuse des questions écologiques et des lois de la nature, dont les morts collatérales pourraient se compter en millions. La multitude des propositions de thérapie et les divergences affichées ont révélé, outre les relations d’intérêts entre les grands scientifiques et les firmes pharmaceutiques dont les lobbys sont puissants auprès des institutions internationales, gouvernements et médias, comment le virus échappe encore à la prise et la matière se dérobe à la maîtrise des spécialistes.

      L’individualisme promu par la pensée moderne et intensifié par le capitalisme nous a poussés à s’occuper chacun de soi, à s’affirmer comme sujet autonome, capable de se réaliser comme liberté, parfois indifférent au sort des autres êtres. L’une de leçons de la pandémie de Covid-19 rappelle la reliance des entités séparées de la matière et l’indissociabilité des destins des hommes et des femmes du monde. Il y a une dépendance des destins locaux du destin global de la planète. Celui-ci « dépend aussi d’événements, innovations, accidents, dérèglements locaux, qui peuvent déclencher des actions et réactions en chaîne, voire des bifurcations décisives affectant ce destin global »[17]. En ce destin global, les corps humains se découvrent, collectivement, indistinctement, incertains, fragiles, facilement périssables.

      Notre vie et la santé de notre corps sont liées à celles des autres êtres humains et de tous les vivants. Divers et économiquement différents, nous avons en commun une même humanité dont nous devons tous être responsables. À l’incontournabilité du gouvernement par le marché, énoncée autrefois au détour de l’acronyme « TINA », There is no alternative, qui a fini par imposer « le règne de la logique de l’Un hostile au multiple »[18], il faut opposer la primauté et l’incontournabilité de l’humain : « il n’y a pas d’alternative à l’humanisme »[19]. Pourtant, c’est l’humanisme qui est en crise. Celui promu par la pensée moderne s’est discrédité par ses barbaries, discriminations et exclusions. Il s’est assombri dans les nasses du capitalisme qui ne cesse de produire des richesses contrôlées par quelques minorités dans le monde, mais aussi de fabriquer des humains considérés comme inutiles, « en trop », puisque ne disposant « ni des compétences susceptibles de favoriser leur employabilité ni des actifs, titres ou avoirs nécessaires pour leur solvabilité »[20].

 

Un humanisme unidiversal pour la politique de la vie

 

      Il est nécessaire de penser la protection de la vie et la bonne santé pour tous les humains comme condition essentielle de la durabilité de la politique et, somme toute, du vivre-ensemble. La pandémie de Covid-19 nous aura appris l’attachement de tous les humains à la vie et réveillé à l’existence d’un élan universel vers la vie bonne dans des sociétés bien gouvernées. Elle nous aura fait comprendre que lorsque la vie humaine est menacée, toutes les autres activités sociales s’en trouvent impactées. L’acceptation du confinement, même par les personnes les moins exposées à la létalité du virus, peut s’interpréter comme l’acceptation de la coappartenance à une commune humanité riche des diversités et l’obligation collective de veiller à la pérennité de la vie et de l’humanité. Cette acception met en lumière le fait que l’humanité partagée est une valeur fondamentale et que tous les humains ont une valeur égale. Ils cherchent l’union vitale avec les autres êtres, proches et lointains. Ils affirment l’incontournabilité de l’humanisme. Celui-ci se fonde sur le fait que l’humanité est à la fois une communauté d’identité terrestre et une communauté de destin qui implique une communauté éthique qui a une valeur intrinsèque et est source de la valeur de bienveillance et de celle de l’égalité de tous les êtres humains, quoique divers. La recherche d’une vie bonne est commune à tous les humains ; elle indique, ce faisant, notre appartenance à une communauté éthique qui ne peut être limitée par quelques frontières nationales ou continentales.

      La pandémie de Covid-19 nous aura appris que la vie bonne, dépendante de la bonne gouvernance sociale et de la bonne santé collective, et, somme toute, l’homme ne sont pas des vains mots. Pourtant le capitalisme a érigé la rentabilité économique en valeur suprême à laquelle tout le reste serait subordonné et à l’aune de laquelle la valeur d’une vie serait jugée. Or ce qui vaut pour l’homme, ce n’est pas tant ce qu’il a, mais ce qu’il est, c’est-à-dire un être qui recherche, par ses activités, une vie bonne qui ne peut être telle que si elle est une vie vécue avec les autres dans le monde. Ce n’est pas un sujet solipsiste qui agit dans le monde, mais un « Nous » qui englobe un « je » et un « tu ». C’est la leçon de l’humanisme africain, l’ubuntu, qui pose l’ouverture et la reliance du sujet à tous les humains dans leurs diversités, faisant coïncider fraternité, solidarité et responsabilité. Il exprime une philosophie du « Je-Nous » dont la prémisse est que personne ne peut se réaliser tout seul. L’homme est moins un individu qu’un élément d’un maillage infiniment complexe fait de divers êtres humains dans le monde. Les humains sont liés les uns aux autres, interdépendants, de sorte que le « je » est toujours porté et agi par le Nous collectif. Les humains ne sont tels qu’à travers l’humanité des autres, de sorte que lorsqu’un homme réalise quelque chose, il ne l’accomplit qu’en solidarité avec les autres et pour les autres. L’ubuntu pose la nécessité de l’ouverture et de la solidarité humaines qui révèle comme essentielle le respect de l’humanité de tout homme et la responsabilité, afin d’assurer la reprise en main de la destinée humaine collective. 

      Un tel humanisme indique que le « je » est relationnel et dialogal, non pas seulement par le langage, mais aussi par ses activités rationnelles et laborieuses[21]. Il parle aux autres, travaillent avec les autres et pour les autres. Ils cherchent aussi la concorde au sein d’une société civile portée par le respect de la vie et par la bienveillance, celle-ci étant un pilier du vivre-ensemble inclusif. La bienveillance rattache les hommes les uns aux autres par les liens d’amour, d’estime et de reconnaissance mutuelle. On peut alors penser que la réalisation du projet de refonder le vivre-ensemble dans nos sociétés dominées par l’individualisme ne sera pas possible tant que l’on choisira de nier l’humain chez le Semblable, de le traiter comme un rebut d’humanité, de l’enfermer dans sa supposée altérité, où on s’autorise à l’assigner à toutes les humiliations, à toutes les violences et, au pire, à le laisser mourir, en lui privant des conditions d’une vie digne. Une telle inhumanité se réfléchit dans les « politiques de l’inimitié »[22] qui charrient des discriminations et des bioségrégations. Ces politiques récapitulent les logiques d’évaluation des humains selon les différences chromatiques, les paramètres socioculturels, la valeur productive d’une vie, ce qu’elle vaut économiquement, ou sa valeur virtuelle, c’est-à-dire l’espérance qu’elle incarne. Les partisans de telles politiques ignorent que l’homme n’est pas un être fixé. De-fixé, il est un être lâché qui, en dépassant constamment la densité de l’Histoire, ouvre le cycle de sa liberté et de sa créativité dans le monde pluriel en partage. Il y participe à l’humanisme unidiversal. 

      L’humanisme unidiversal est relationnel et complexe. Il est sous-tendu, penserai-je avec Édouard Glissant[23] et Edgar Morin, par la quantité réalisée de toutes les différences du monde qu’il distingue non pas pour les opposer, mais les unir. Il n’est pas d’élévation mais de reliance, de complexification et de quête de complétude mutuelle. Ses propositions seraient alors qu’il s’élargit jusqu’à quantifier absolument la totalité des différences. Il ne se rehausse ni ne se justifie d’aucune représentation primale des humains, d’aucune supériorité raciale, d’aucune verticalité, le virus ayant établi l’égalité et la finitude de corps humains. Il se multiplie en continu, s’achève et se prolonge à même cette totalité absolument. Il se nourrit de l’idée que la Terre, la matrice de tous les humains, constitue ce à quoi chacun a part, devrait prendre part, en tant qu’il est en partage. L’humanisme unidiversal étale l’unité différentielle des humains dans le monde, rendue possible par la Relation en tant qu’expression de la complexité essentielle du réel. Celle-ci n’impose pas un absolu de l’être, voulu profondeur, magnificence et limitation. Elle prône le respect, la bienveillance universelle, la solidarité et le cosmopolitisme. Le respect ne signifie pas la volonté manifestée d’être évalué par l’autre au prix que l’on s’évalue soi-même, mais comme restriction de l’estime de soi-même, en domestiquant sa propre nocence pour valoriser l’humanité de l’Autre. Comme tel, il cimente la bienveillance et la concorde sociale. La concorde sociale recherchée au sein de la société civile exige l’observance des lois communes et des valeurs partagées, dont la fraternité, le respect, la bienveillance, l’égalité et la justice. Il importe alors de résister aux barbaries qui se coalisent contre ces valeurs. Résister à la barbarie, c’est contribuer à faire durer la vie, à pérenniser l’humanité.

      La politique n’a pas pour ressort la poursuite de l’intérêt de quelques catégories sociales dans la Cité, elle ne vise pas à clôturer la société sur elle-même, mais à promouvoir les conditions d’une vie bonne pour les membres de la collectivité et à contribuer à la réalisation du bien du monde, par la réalisation morale de l’humanité en chacun des hommes. Elle poursuit ainsi l’idéal du cosmopolitisme. L’hospitalité signifie alors le droit reconnu à chaque être humain de ne point être traité ni comme un ennemi, ni comme un subside humain dans la société où il arrive, mais toujours avec humanité et bienveillance. Le monde doit être conçu et vécu comme « la Maison commune »[24], le plus grand bien commun à tous les humains. Chaque province du monde est une partie emboîtée dans un tout en capillarité dans chaque partie dont la prospérité ne peut être recherchée qu’en tant qu’elle s’accorde avec et contribue (à) la prospérité du tout. Les humains ont une identité terrienne commune et sont inscrits dans une communauté de destin, confrontés aux mêmes périls.            

      Penser un nouvel humanisme pour asseoir la politique de la vie, celle qui réinvente les conditions d’une vie bonne pour tous et de mieux vivre-ensemble, tel est le défi, après la crise de Covid-19. Il s’agit notamment d’envisager et de traiter les humains, non pas tant comme individus isolés et enfermés dans des structures tels États, Nations, ethnies ou tribus, mais en tant qu’humanité ancrée dans la Terre, servant de fondement à la commune identité et à la communauté de destin qui engagent les humains à la reconnaissance mutuelle, à la fraternité, à la bienveillance et à la solidarité. La politique de l’humain ne peut être telle que si elle promeut, partout, le bien proprement humain, en transcendant les préjugés, les discriminations, les exclusions et en réalisant la reliance des humains afin qu’ils puissent « faire l’humanité ensemble et ensemble habiter la Terre »[25] et œuvrer pour sa protection. Dès lors, défendre l’humanité, c’est aussi défendre la Terre, cette matrice de la commune identité humaine, qui est en même temps la maison commune et un Bien commun universel, néanmoins périssable.



[1] Professeur ordinaire à l’Université de Lubumbashi, enseignant à l’École supérieure de la gouvernance économique et politique (EcoPo-Lubumbashi) et Chercheur associé au Centre d’études transdisciplinaires stratégiques et prospectives (CETRAS). emmabanywesize2016@gmail.com

[2] Edgar Morin, Festival d’incertitudes, Tracts de crise, n° 54 (21 avril), Paris, Gallimard, 2020.

[3] Edgar Morin, Pour sortir du XXe siècle, Paris, Fernand Nathan, 1981, p. 345.

[4] Olivie Duha, « Covid-19 : où est passée l’intelligence artificielle ? », Les Échos. www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-covid-19-ou-passee-lintelligence-artificielle-1199557 [Le 30 avril2020].

[5] Achille MBEMBE, Brutalisme, Paris, La Découverte, 2020, p. 40.

[6] Edgar Morin, La Méthode 1. La nature de la nature, Paris, Seuil, 1977/1981, p. 33.

[7] Edgar Morin, Connaissance, ignorance, mystère, Paris, Arthème Fayard/Pluriel, 2018, p. 18.

[8] Zygmunt Bauman, Le présent liquide. Peurs sociales et obsession sécuritaire, Paris, Seuil, 2007.

[9] Michel Serres, C’était mieux avant !, Paris, Le Pommier/Hemensis, 2017, p. 90.

[10] Michel Serres, Variations sur le corps, Paris, Le Pommier, 2013, pp. 35-37.

[11] Ibid., p. 43.

[12] Ibid.

[13] Cf. Michael Walser, Sphères de justice. Une défense du pluralisme et de l’égalité, Paris, Seuil, 1983/1997.

[14] Edgar Morin, Festival d’incertitudes, p. 11.

[15] PLATON, La République II, 282a, traduction de Georges Leroux, Paris, Flammarion, 2016.

[16] Michel Maffesoli, « Puissance populaire contre pouvoirs institutionnels : Spartacus contre Matamore », Atlantico.fr ; avril 2020.

[17] Edgar Morin, La Méthode 5. L’humanité de l’humanité. L’identité humaine, Paris, Seuil, 2001, p. 285.

[18] Dominique Bourg, Le marché contre l’humanité, Paris, PUF, 2019, p. 118.

[19] Francis Wolff, « Il n’y a pas d’alternative à l’humanisme », https://liberation.fr/auteur/9932-francis-wolff. Texte consulté le 20 avril 2020.

[20] Achille Mbembe, op. cit., p. 138.

[21] Cf. Francis Wolff, Plaidoyer pour l’universel. Fonder l’humanisme, Paris, Fayard, 2019.

[22] Achille Mbembe, Politiques de l’inimitié, Paris, La Découverte, 2016.

[23] Cf. Édouard Glissant, Philosophie de la Relation. Poésie en étendue, Paris, Gallimard, 2009.

[24] Pape François, Laudato si’. Sur la sauvegarde de la maison commune. Lettre encyclique, Vatican, Libreria, 2015.

[25] Souleymane Bachir Diagne, « Faire humanité ensemble et ensemble habiter la terre », Présence Africaine, n° 193, 2016, pp. 11-19.