Quel hommage rendrais-je à ce « sorbonnard »[1] qui, à 29 ans, « habillé en abacost léger »[2], entra dans un des auditoires du Campus universitaire de Lubumbashi « un certain mardi du mois d’Octobre 1973 en début d’après-midi »[3] ?

 

         Quel propos tiendrais-je sur cet homme devenu « la référence incontournable de l’histoire congolaise »[4] ?

 

         C’est en entendant sa voix quand il répondit à Martin Kalulambi Pongo que je me suis dit que j’avais affaire à un intellectuel engagé qui ,e renvoie au spectateur engagé de Raymond Aron[5] : « Martin ! Martin ! Le Congo a besoin de se tourner vers son passé pour projeter l’avenir ».[6] Quelle passion pour son Congo ! Oui, Hegel n’a pas tort, dans son cas, quand il affirme que « rien de grand ne s’est produit dans le monde sans passion »[7].

 

         C’est cette passion qui explique l’intitulé de ma communication Du cri de guerre « Libérer l’Avenir » à la philosophie de l’histoire. Libérer l’Avenir est, pour Ndaywel, le sens d’être de son existence intellectuelle. Ce cri se fera toujours entendre toutes les fois qu’il écrira sur son  Congo natal et chaque fois qu’il parlera de son Congo, celui  de ses aïeux. Ce cri de guerre, à mon humble avis, débouche sur une philosophie de l’histoire propre à Ndaywel et non à moi. Que dis-je ? A lui d’en prendre acte, car elle colle à sa peau scientifique. Paraphrasant Louis Althusser[8], je dirais qu’en chaque historien dort ou  sommeille un philosophe de l’histoire. S’agit-il de la philosophie spontanée ? Quaeretur ! Ainsi j’annonce mes couleurs et j’avance à visage découvert : c’est en tant que philosophe de l’histoire que je lis Ndaywel.

 

Puisqu’il s’agit d’un cri de guerre d’un intellectuel engagé ayant des lunettes dont les unités sont celles de la philosophie de l’histoire pour bien projeter et voir l’Avenir de son Congo, Don Béni, je présenterai sa philosophie de l’Histoire en partant de sa CONVICTION comme fil d’Ariane afin de suivre Ndaywel quand il pénètre dans la forêt du Congo ancien qui le conduit au Congo moderne et contemporain et en passant par sa «  tentative d’étancher la soif d’histoire des acteurs congolais »[9].



[1] M. KALULAMBI Pongo, Préface à I. NDAYWEL E Nziem, L’invention du Congo contemporain. Traditions, mémoires, modernités. Tome I, Paris, L’Harmattan, 2016, p. 9.

[2] Ibidem, p. 9.

[3] Ibidem, p. 9.

[4] Ibidem, p. 9.

[5] R. ARON, Le spectateur engagé. Entretien avec Jean-Louis Missika et Dominique Wolton, Paris, Julliard, 1981.

[6] M. KALULAMBI Pongo, op.cit.,  p. 9.

[7] F. HEGEL, HEGEL, .G.W.F ,- La philosophie de l’histoire, édition réalisée sous la direction de Myriam Bienenstock, traduction française de Myriam Bienenstock, Christophe Bouton, Jean-Michel Buée, Gilles Marmasse et David Wittmann, appareil critique de Norbert Waszek, Paris, Librairie   générale française, 2009, p.164.      

 

[8] Cf. L. ALTHUSSER, Philosophie et philosophie spontanée des savants (1967), Paris, François Maspero, 1974, p.70.

[9] I. NDAYWEL E Nziem, L’invention du Congo contemporain. Traditions, mémoires, modernités. Tome I, p.65.

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