Notre réflexion porte sur le Découpage, et ce sous l’angle  socio-culturel. Loin de nous, de nous engager dans un débat de « pour » ou « contre » le découpage. Aussi longtemps que le train qui « découpe » sur chaque gare la RD Congo est en marche, il sied de cogiter sur le nouvel ordre du « bien-vivre-ensemble » dans l’ensemble de la RD Congo tout en étant dans les sous-ensembles provinciaux.

Ceci étant, il faut dépassionner le débat tout en tenant compte des arguments. Ceux qui refusent le Découpage au nom du refus du tribalisme, du fait qu’ils parlent à partir d’un lieu théorique et pratique donné, peuvent-ils nous dire en âme et conscience, ce qu’ils ont fait, in concreto, pour éliminer le tribalisme, le favoritisme, le népotisme dans la gestion de la res publica ? Et ceux qui sont pour le Découpage, que cachent-ils derrière leur « tête » ou arguments ? Est-ce le repositionnement ? La revanche ? Ou le ressentiment ? De quel lieu théorique et pratique parlent-ils ? C’est en philosophe de soupçon que nous les interrogeons.

Pour ou contre le Découpage, tournons le regard vers les principes sur lesquels devrait se bâtir la Bonne Gouvernance. Le train a quitté la gare centrale et le 30 juin 2015-sauf imprévu-, il aura traversé toutes les petites gares.

Nous y trouvant dedans, puisque embarqués- malgré nous ? –nous prenons soin de baliser le chemin socio-culturel capable d’engendrer un nouveau modus vivendi, source du « bien-vivre-ensemble » en RDCongo tout en étant dans des identités culturelles provinciales.

Comment créer cette identité culturelle provinciale tout en étant encré dans l’identité nationale ? C’est en voulant répondre à cette question cruciale que notre réflexion aura à juguler les incidences de la tribalité. Point n’est besoin de rappeler que chacun de nous, en RDCongo, conjugue avec la « tribalité »[1], signifiant « le fait tout à fait naturel et, en lui-même, « neutre » (…) d’appartenir à une tribu »[2]. Le Découpage mal compris risque d’engendrer les « incidences » de la tribalité et par-là « il faut entendre ce que les intérêts conscients ou non, les stratégies argumentaires et socio-politiques, les passions, les fixations, les représentations  mentales et les expressions idéologiques-facteurs à considérer comme de second ordre par rapport à la tribalité-nous font faire de ce donné ».[3] Et là où les « incidences de la tribalité » s’expriment, la tribalité se transforme en tribalisme qui fonctionne « tantôt comme un plus grand commun diviseur, tantôt comme un plus petit commun dénominateur, et dans tous les cas, comme un instrument (r) usé de maintien ou d’accroissement de la domination »[4].

Et pour que Découpage ne soit pas égal ou confondu au tribalisme-un plus grand commun diviseur ou/et un plus petit commun dénominateur-, la thèse que défend notre réflexion est celle-ci : le paradigme de la philosophie de la rencontre, servant de fondement de l’émergence de l’identité culturelle provinciale et de l’identité nationale, sera la matrice de « la nouvelle conscience sociale et politique, c’est-à-dire [elle engendrera] un nouvel esprit communautaire fondé sur une fraternité au-delà de la tribu »[5] en partant des tribus.

Pour bien argumenter, notre réflexion se fera en trois temps forts. D’abord nous présenterons le paradigme de la philosophie de la rencontre ; ensuite nous parlerons de l’ethnie et de la tribu comme lieux d’émergence de l’identité culturelle. Enfin, nous nous appesantirons sur la compénétration de l’identité culturelle provinciale et de l’identité culturelle nationale.



[1] Cf. C. DIMANDJA Eluy a Kondo, Un pas vers une nouvelle conscience sociale et politique, dans NORAF volume 3-N°11. Spécial Les incidences de la tribalité, avril, 1988, p. 333.

[2] Ibidem, p. 334.

[3] Ibidem, p. 334.

[4] Ibidem, p. 335.

[5] Ibidem, p. 335. Loin de nous de prôner la suppression des tribus.

Télécharger ici