Conforté par les expériences diverses relatées dans cet ouvrage, je conseille instamment et avec insistance, d'éviter le monisme méthodologique pour faire avancer la science sociale au Congo et créer un esprit scientifique propre aux Congolais. Je note qu'il existe trois types de méthode scientifique comme mode de constitution et de validation des connaissances.[1]

Il y a d'abord la déduction, que j'assimile au courant de pensée théologico-métaphysique et qui opère par syllogisme, en partant de la cause aux effets, du principe aux conséquences, du général au particulier. On l'assimile souvent au sophisme qui consiste en un raisonnement en apparence logique, mais conçu délibérément pour tromper ou faire illusion ou manipuler les consciences. Bien que l'on ne puisse pas pouvoir vérifier par les faits que les théories émises par cette méthode, cela ne signifie nullement qu'elles sont résolument fausses. Dès lors, la métaphysique comme méthode d'approche s'invite dans toute recherche scientifique qui se fonde toujours sur une conception philosophique certaine.

Il y a ensuite l'induction, méthode considérée comme scientifique par excellence, et qui consiste à partir des observations pour aboutir à établir les lois, les théories qui régissent les faits observés. Ici, la rigueur s'invite fort car les erreurs même bénignes peuvent conduire à des résultats tronqués, mitigés. Cependant, la marge d'erreur reconnue n'autorise pas que l'on considère les résultats obtenus comme vrais définitivement. Ces derniers doivent se prêter à d'incessantes remises en question, bases du progrès scientifique dans tous les domaines de recherche. Cette étape de la vérification des hypothèses émises au départ, sur un fond philosophique généralement (déduction), est fondatrice de la science. Indispensable donc.

Le dernier type de recherche concerne "l'abduction : la découverte faite par hasard ou par curiosité. A l'inverse du truisme 'L'exception confirme la règle', les exceptions détruisent les théories. La capacité à organiser les découvertes fortuites est liée aux personnalités et conduit à une recherche qui prend appui sur la curiosité... elle peut permettre de découvrir des parties du monde inexplorées. C'est la recherche à la Christophe Colomb, la sérendipité - découverte par chance." [2] C'est la découverte par hasard et par sagacité, recette à laquelle on ne s'attendait pas, alors que l'on cherchait parfois autre chose !

En définitive, c'est en associant sans exclusive les trois méthodes qu'on fait avancer la science.

Enfin, il faut, pour les pays Africains, assigner l'optique utilitariste aux recherches dans tous les domaines. Face aux multiples défis qui gangrènent nos sociétés, la science doit servir à quelque chose, notamment à éclairer les actions visant à affronter ces défis. On n'a pas droit au luxe que peuvent se permettre les autres en la matière.



[1] Me lire dans Sociologie et Sociologues africains... op. cit. ; Notes de Cours de Méthodes de recherche en sciences sociales, G2 SPA, FSSAP/UNIKIN et dans L'émergence par la science. Pour une recherche scientifique citoyenne au Congo-Kinshasa, L'Harmattan, Paris, 2017.

[2] Didier Raoult, Recherche, Le trio gagnant, in Le Point, n° 2320 du 23 février 2017, p. 10.

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