Professeur Abbé Louis Mpala

dimanche 20 décembre 2020

« L’homme d’aujourd’hui face à la terre, reprit la Tortue, a renié ses racines terrestres et s’est proclamé supérieur de par sa Raison (et pourtant nous semblons plus raisonnables que lui). Il s’est autoproclamé maitre de l’univers. Il est allé plus loin en s’établissant propriétaire[1] de la Terre. Peut-il nous montrer  l’acte par lequel la Terre a accepté d’être propriété de l’être humain, poussière qui doit rentrer à la poussière, à la terre ?

Se sentant Prométhée désenchaîné, l’homme, de par sa techno-science, est devenu un « Démiurge »[2] rendu fou par Jupiter pour avoir bu le vin de la rationalité instrumentale. Comme un apprenti sorcier, il ne sait plus dompter les « esprits impurs qui le poussent à faire de tout ce qui existe une « marchandise ». Il trafique même ses propres fils humains. Ainsi, votre rapport fondamental avec la Nature a pris la forme de la guerre et de la propriété, vous dit Michel Serres[3].

Les mégapoles, fruits de l’intelligence humaine, attirent toujours les gens avec ce qu’elles ont de positif. Les êtres humains s’y entassent[4] et souvent ils ne respectent plus les règles de vie et de construction. Indifférents les uns aux autres, ils le sont aussi envers la Nature qu’ils polluent naïvement. Le bruit, le déchet, les sachets n’effraient personne. Les règles d’urbanisme n’existent plus. Tout cela concourt à la pollution culturelle qui crée la mentalité de trouver «  tout comme étant normal ».

Et quand dans les médias on dénonce les méfaits de la techno-science sur le quotidien de vie des êtres humains, les sceptiques parlent « de purs mythes médiatiques »[5] alarmistes. Ainsi, les climato-sceptiques traitent l’écologie comme étant la nouvelle religion contemporaine ayant pour « dieu l’environnement, des prophètes illuminés [à savoir les écologistes] et des pécheurs impénitents »[6]. Voilà qui explique des « prophéties environnementales »[7] sur la disparition de la Terre et des villes. Ils pensent, au contraire, que « l’homme est un démiurge [sage] assez puissant pour menacer l’équilibre de la nature [et] assez puissant pour le contrôler »[8]. Bref, trêve du fanatisme de l’Apocalypse et à bas la « séduction du désastre »[9].

Les climato-convaincus sont qualifiés d’ « affolés sensibles »[10] à la moindre alerte et les climato-sceptiques, par leurs déclarations, sont devenus « fous à force de rester calme »[11] et ils sont reconnus comme les « marchands du doute »[12] qui, pour se calmer, invitent les pays du Sud à demeurer des éternelles « sentinelles climatiques »[13] en protégeant les forêts, poumons de la Terre.



[1] Ibidem, p.59.

[2] S. KANGUDI Kabwatila, L’homme comme démiurge de la nature,  dans Revue Philosophique de Kinshasa  vol.XV, n°37-38, (2006), p.35-41.

[3] Cf. M.SERRES, op.cit., p.58-62

[4] Cf. A. GRANDJEAN, art.cit.

J.-M. FEDIBA cité par L.OBADIA, Religion, Ecologie, Climat dans les sciences humaines et sociales . Un tournant politique, dans Archives de Sciences sociales des religions, n°18, (janvier-mars 2019), p.198.

[5] Cf. L.OBADIA, Religion, Ecologie, Climat dans les sciences humaines et sociales . Un tournant politique, dans Archives de Sciences sociales des religions, n°18, (janvier-mars 2019), p.191-204.

Ibidem, p.198.

[6] J.-M. FEDIBA cité par L.OBADIA, art.cit., p. 198.

[7] Ibidem, p.198.

[8] C. ALLEGRE cité par L.OBADIA, art.cit., p.198.

[9]P. BRUCKNER cité par L.OBADIA, art.cit., p.199.

[10] L.OBADIA, art.cit., p.191.

[11] B. LATOUR cité par L.OBADIA, art.cit., p.191.

[12]L’expression est tirée du titre du livre de N. ORESKES et E.M. CONWAY , Marchands de doute, Paris, Le Pommier, 2012 cité par A. GRANDJEAN, art.cit., p.379, note 36.

[13] B. HERIARD, Réduire les inégalités écologiques et sociales ? Un chantier pour la doctrine sociale de l’Eglise, dans Revue d’éthique et de théologie morale/ HS 2018, p.84.

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« L’homme d’aujourd’hui face à la terre, reprit la Tortue, a renié ses racines terrestres et s’est proclamé supérieur de par sa Raison (et pourtant nous semblons plus raisonnables que lui). Il s’est autoproclamé maitre de l’univers. Il est allé plus loin en s’établissant propriétaire[1] de la Terre. Peut-il nous montrer  l’acte par lequel la Terre a accepté d’être propriété de l’être humain, poussière qui doit rentrer à la poussière, à la terre ?

Se sentant Prométhée désenchaîné, l’homme, de par sa techno-science, est devenu un « Démiurge »[2] rendu fou par Jupiter pour avoir bu le vin de la rationalité instrumentale. Comme un apprenti sorcier, il ne sait plus dompter les « esprits impurs qui le poussent à faire de tout ce qui existe une « marchandise ». Il trafique même ses propres fils humains. Ainsi, votre rapport fondamental avec la Nature a pris la forme de la guerre et de la propriété, vous dit Michel Serres[3].

Les mégapoles, fruits de l’intelligence humaine, attirent toujours les gens avec ce qu’elles ont de positif. Les êtres humains s’y entassent[4] et souvent ils ne respectent plus les règles de vie et de construction. Indifférents les uns aux autres, ils le sont aussi envers la Nature qu’ils polluent naïvement. Le bruit, le déchet, les sachets n’effraient personne. Les règles d’urbanisme n’existent plus. Tout cela concourt à la pollution culturelle qui crée la mentalité de trouver «  tout comme étant normal ».

Et quand dans les médias on dénonce les méfaits de la techno-science sur le quotidien de vie des êtres humains, les sceptiques parlent « de purs mythes médiatiques »[5] alarmistes. Ainsi, les climato-sceptiques traite l’écologie comme étant la nouvelle religion contemporaine ayant pour « dieu l’environnement, des prophètes illuminés [à savoir les écologistes] et des pécheurs impénitents »[6]. Voilà qui explique des « prophéties environnementales »[7] sur la disparition de la Terre et des villes. Ils pensent, au contraire, que « l’homme est un démiurge [sage] assez puissant pour menacer l’équilibre de la nature [et] assez puissant pour le contrôler »[8]. Bref, trêve du fanatisme de l’Apocalypse et à bas la « séduction du désastre »[9].



[1] Ibidem, p.59.

[2] S. KANGUDI Kabwatila, L’homme comme démiurge de la nature,  dans Revue Philosophique de Kinshasa  vol.XV, n°37-38, (2006), p.35-41.

[3] Cf. M.SERRES, op.cit., p.58-62

[4] Cf. A. GRANDJEAN, art.cit.

J.-M. FEDIBA cité par L.OBADIA, Religion, Ecologie, Climat dans les sciences humaines et sociales . Un tournant politique, dans Archives de Sciences sociales des religions, n°18, (janvier-mars 2019), p.198.

[5] Cf. L.OBADIA, Religion, Ecologie, Climat dans les sciences humaines et sociales . Un tournant politique, dans Archives de Sciences sociales des religions, n°18, (janvier-mars 2019), p.191-204.

Ibidem, p.198.

[6] J.-M. FEDIBA cité par L.OBADIA, art.cit., p. 198.

[7] Ibidem, p.198.

[8] C. ALLEGRE cité par L.OBADIA, art.cit., p.198.

[9]P. BRUCKNER cité par L.OBADIA, art.cit., p.199.

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