Fort de son hypothèse, Mayele voudrait que la notion d’environnement soit éclatée ou mieux élargie jusqu’aux ancêtres et les génies « en tant que entités spirituelles participant d’une dimension autre du monde et en quelque sorte externes au monde humain vivant et néanmoins intimes à lui (…) »[1]. Philosophe, Mayele veut aller là où le scientifique ne peut le suivre sous peine de se métamorphoser.  Mayele, pour bien argumenter, s’atèle à se faire une idée plus ou moins exacte de la personne humaine. Ceci le conduit à s’intéresser à l’âme et à la conception de la vie après la mort. En Afrique noire, malgré certaines différences entre les ethnies dans la conception de la personne, l’être humain est composé de plusieurs principes ou éléments de diverses origines : « des parents biologiques, d’ancêtres, de l’initiation, etc. »[2]. Un seul de ces éléments en est le substratum. Ce dernier reçoit plusieurs noms : âme, le double, le souffle, l’ombre, la force vitale, l’énergie vitale, etc. c’est lui qui assure à l’individu défunt et décomposé la continuité de la vie sous une autre forme. C’est à ce niveau que Mayele, pour éviter certaines confusions, distinguera la réincarnation pythagoricienne d’inspiration orphique de la réincarnation afro-archaïque commandée uniquement par le principe d’anthropogenésie et n’obéissant à aucune exigence d’ordre éthique. Pour la réincarnation afro-archaïque, « les défunts, les ancêtres distribuent leur force vitale à leurs descendants et continuent ainsi à exercer un rôle dans la société des vivants »[3]. Cette remarque est importante et fait de Mayele un chercheur averti et pourquoi pas un savant dans son domaine ! Mayele souligne que c’est dans ce contexte où l’on voit l’action des défunts, des ancêtres et leur intervention plus ou moins tangible dans le monde de vivants qu’il faut situer, pour la meilleure compréhension, le problème de la causalité de la procréation en général mais surtout de la dyosynchrogenèse, pour ce qui concerne l’Afrique noire.

            Voulant être plus original, et ce pour expliciter sa « métaphore heuristique », Mayele prend l’initiative de donner un nouveau contenu au terme « ancêtre ».


[1] Ib., p. 278.

[2] Ib., p. 279.

[3] Ib., p. 281.

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